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Citations de Alex Haley (85)


Alex Haley
Les grands-parents saupoudrent de la poussière d'étoiles sur la vie de leurs petits-enfants.
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Au fond, elle n'avait jamais bien compris la rancœur de son papa envers les Blancs - les "toubabs", comme il les appelait. Elle n'avait guère mieux compris non plus les paroles de Bell : "Quand j'vois la chance que t'as, fillette, ça m'fait peur, pasque tu sais pas c'que c'est qu'd'être un négro, au fond ; mais j'prie l'Seigneur pour que t'ayes jamais à l'savoir."
Eh bien, elle le savait, à présent - et elle avait appris, en plus, qu'il n'existait pas de limites aux souffrances que les Blancs pouvaient infliger aux Noirs.

N.D.L. : Elle (Kizzy) a été violée continuellement par son maître même juste après avoir donné naissance à l'enfant issu de ces viols.
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Il y en avait toujours un pour dire que la première chose, avec les esclaves, était de bien comprendre ce que leur passé africain, cette vie dans la jungle au milieu des bêtes, leur avait légué : stupidité, paresse, saleté. Le devoir du chrétien, à qui Dieu avait donné la supériorité, était d'inculquer à ces créatures le sens de la discipline, la morale et le sens du travail - en leur montrant l'exemple, bien entendu, mais aussi au moyen de lois et de châtiments adéquats, sans négliger pour autant d'encourager et de récompenser les méritants.
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Voilà des Noirs qui obéissaient - cela, Kounta pouvait le comprendre, ils y étaient obligés ; mais ce qui le dépassait, c'était qu'ils paraissaient s'y "complaire". Et puis, si ces Blancs aimaient leurs esclaves au point de leur donner des cadeaux, pourquoi ne les rendaient-ils pas vraiment heureux - en leur donnant la liberté ?
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Les fouets claquèrent pour les pousser vers un endroit où se trouvaient déjà une dizaine d'hommes enchaînés sur lesquels on déversait des seaux d'eau de mer remontés par-dessus le bordage. Et puis, malgré leurs cris, les hommes furent frottés par les toubabs avec des brosses à long manche. Kounta se mit lui aussi à hurler sous le flot d'eau salée qui pénétrait comme du feu dans les sanglantes zébrures du fouet et dans la marque au creux de ses épaules. Mais lorsqu'on se mit à le frotter à la brosse, en insistant bien, pour décoller les plaques d'ordure, la douleur devint intolérable, car les durs brins pénétraient dans les sillons sanglants du fouet, arrachaient la peau, fouillaient la chair à vif. A leurs pieds, l'eau moussait rose. Puis on les repoussa jusqu'au milieu du pont, où ils s'effondrèrent, pressés les uns contre les autres.
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Au début de l'année 1775, toutes les nouvelles semblaient tourner autour de Philadelphie. Du peu qui arrivait aux oreilles de Kounta - et de ce qu'il en comprenait - il ressortait clairement que les Blancs allaient vers un affrontement avec le roi de l'autre côté de l'eau, dans le pays appelé Angleterre. En plus, il y avait ce m'sieu Patrick Henry qui avait crié :
- Donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort !
Kounta aimait bien la formule, mais qu'un "Blanc" ait pu dire une pareille chose, là, il ne comprenait plus : les Blancs lui semblaient plus que libres.
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Le vieillard dit que le toubab l'avait arrêté au passage, mais seulement pour lui demander où commençait le fleuve.
- Je lui ai dit que le fleuve commence très loin de l'endroit où il finit.
- Il ne te voulait pas de mal ? demanda Omoro.
- Il s'est montré très aimable, dit le vieillard, mais le chat mange toujours la souris après avoir joué avec elle.
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Je repris l'avion à Dakar. Et ce fut pendant ce vol de retour que je décidai d'écrire un livre. L'histoire de mes ancêtres serait, symboliquement, le geste de tous les descendants d'Africains- tous issus, comme nous de Kounta, d'un homme ou d'une femme né dans un village d'Afrique noire et puis un jour capturé et enchaîné au fond d'un de ces vaisseaux négriers qui l'avait emmené de l'autre côté de l'Océan. Ces descendants d'Africains pour qui, après la succession des plantations, était venue la lutte pour l'émancipation.
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La loi, elle dit que çui qui t'rattrappe il peut te tuer, et il s'ra pas puni. Cette loi-là, tous les six mois on la lit dans les églises des Blancs. Moi, quand j' commence sur la loi j'arrête plus. Z'ont qu'à s'installer quèq' part, les Blancs, et hop, ils bâtissent une cour de justice, pour faire encore plus de lois; et après ça c'est I'temple, pour prouver qu' c'est des chrétiens. Pour moi, cette Chambre des Bourgeois de Virginie, elle fait rien d'autre que d'passer encore plus de lois contre les négros. La loi, elle dit que l'négro il doit pas porter un fusil, il doit même pas porter un gourdin. La loi, pour toi, c'est vingt coups pas d' fouet s'ils t'attrapent sans papiers de route, dix coups si t'as r'gardé un Blanc dans les yeux, trente si t'as I'vé la main sur un chrétien blanc. La loi, elle dit que l' négro il peut prêcher que si un Blanc est là pour l'écouter; qu'ils prennent seulement l'enterrement d'un négro pour un rassemblement, et I'négro il ira en terre tout seul - c'est la loi. La loi, elle te coupe une oreille si un Blanc jure que t'as menti; les deux oreilles s'il jure que t'as fait deux mensonges. Tu tues un Blanc, et tu t' balances au bout une corde; mais va tuer un négro et tu s'ras fouetté, rien de plus. La loi, elle donne à l'Indien qu'a rattrapé un négro qui s'ensauve tout l' tabac que c't Indien- là peut emporter. La loi, elle défend d'apprendre à lire et à écrire aux négros et aussi d'leur donner des livres. Y a même une loi qui défend aux négros d' frapper des tambours- tout c' qu'est africain, quoi.
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Oui, disaient-ils, cette saison chaude est dure, mais moins que beaucoup d'autres dont nous avons mémoire. Kounta trouvait que les vieilles gens se souvenaient toujours de quelque chose de pire.
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Et ils m'apprirent alors quelque chose dont je n'aurais jamais osé rêver : dans les villages les plus reculés, on trouvait encore des hommes de très grand âge, les griots, qui étaient véritablement des archives vivantes de la tradition orale. Le griot émérite, celui que l'on sollicitait dans les grandes occasions pour raconter l'histoire séculaire des villages, des clans, des familles, des héros, avait largement dépassé la soixantaine; en dessous de lui venaient des griots dont le savoir décroissait avec l'âge, jusqu'aux garçons débutants- ainsi était-ce après avoir entendu répéter les mêmes récits pendant quarante à cinquante ans que l'on devenait griot émérite. Dans toute l'Afrique noire, des chroniques orales s'étaient transmises depuis les ancêtres. Quelques griots légendaires avaient emmagasiné un tel trésor d'événements historiques qu'ils pouvaient littéralement parler trois jours dans s'arrêter- et sans jamais se répéter.
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Mais pour les épouses le grief le plus sérieux- et, si les villageois en avaient eu vent, elles assistaient à toute la séance- était que le mari ne se conduisait pas en homme, c'est-à-dire qu'il manquait de puissance virile au lit. Dans ce cas, les anciens nommaient en guise d'arbitres trois personnes de grand âge: une dans la famille de l'épouse, une dans celle du mari et une choisie parmi les anciens. Au jour dit, ces vieillards assistaient aux ébats conjugaux. Si deux d'entre eux donnaient raison l'épouse, le divorce lui était accordé et sa famille conservait les chèvres qu'elle avait reçues pour prix de la fiancée; mais s'ils étaient deux à estimer que le mari faisait correctement son devoir, non seulement celui-ci récupérait les chèvres, mais encore il avait le droit de battre sa femme et, s'il le désirait, de divorcer.
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Dans le fond de son cœur, il savait aussi qu'il ne reverrait jamais son village, et que quelque chose de précieux et d'irremplaçable était en train de mourir en lui. Mais il n'abandonnait pas tout espoir : sans doute ne reverrait-il jamais les siens, mais peut-être un jour serait-il en mesure de fonder sa propre famille.
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Et, bien qu'il ait honte de le reconnaître, il commençait à préférer la vie telle qu'on la lui laissait mener dans cette plantation à la mort certaine que lui vaudrait une nouvelle fuite. Dans le fond de son cœur, il savait aussi qu'il ne reverrait jamais son village, et que quelque chose de précieux et d'irremplaçable était en train de mourir en lui. Mais il n'abandonnait pas tout espoir ; sans doute ne reverrait-il jamais les siens, mais peut-être un jour serait-il en mesure de fonder sa propre famille.
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Je me représentais- ou plutôt je « voyais », comme une brumeuse projection- cette déportation de millions de nos ancêtres dont j'avais lu les descriptions. Des milliers d'entre eux avaient été enlevés individuellement, comme Kounta, mais il y avait eu aussi pour des milliers d'autres l'horrible réveil nocturne, les hurlements, le tumulte et la terreur des villages attaqués, souvent livrés aux flammes. Les survivants valides étaient alors encordés par le cou en longs «convois» - s'étirant parfois sur un mille. Et je les voyais, ces chaînes de captifs, dans leur torturante marche vers la mer. Combien étaient morts en chemin ou, pire encore, avaient été abandonnés, à bout de forces ? Quel sort, pourtant, attendrait ceux qui atteignaient la côte ! Rasés, frottés d'huile, inspectés jusque dans leurs plus intimes orifices, souvent marqués au fer rouge, ils étaient enfournés dans les grands canots sous le cinglement des fouets. Certains résistaient en hurlant, enfonçaient leurs ongles dans le sable de la plage, s'en emplissaient la bouche, essayant désespérément de rester encore un instant accrochés à leur sol natal. Je voyais les captifs roués de coups, jetés dans les cales puantes et ténébreuses des vaisseaux négriers, enchaînés sur des planches, souvent si à l'étroit qu'ils devaient se tenir étendus sur le côté...
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- Ici, les négros, ils disent que m'sieu Waller c'est un bon maître, et sûr que j'en ai connu des pires. Mais y en a quand même pas un de bon. Les maîtres, ils vivent tous de nous, les négros. Les négros, c'est leur plus grande richesse.
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- T'étais enragé, hein ? Une veine qu'ils t'ont pas tué. Z'auraient très bien pu, avec la loi pour eux. Comme quand c'Blanc m'a cassé la main pasque j'en avais assez d'violoner. La loi, elle dit que çui qui t'rattrape il peut te tuer, et il s'ra pas puni. Cette loi-là, tous les six mois on la lit dans les églises des Blancs. Moi, quand j'commence sur la loi des Blancs, j'arrête plus. Z'ont qu'à s'installer quèq'part, pour faire encore plus de lois; et après ça c'est l'temple, pour prouver quc'est des chrétiens. Pour moi, cette Chambre des Bourgeois de Virginie, elle fait rien d'autre que d'passer encore plus de lois contre les négros. La loi, elle dit que l'négro il doit pas porter un fusil, il doit même pas porter un gourdin. La loi, pour toi, c'est vingt coups d'fouet s'ils t'attrapent sans papiers de route, dix coups si t'as r'gardé un Blanc dans les yeux, trente si t'as l'vé la main sur un chrétien blanc. La loi, elle dit que l'négro il peut prêcher que si un Blanc est là pour l'écouter; qu'ils prennent seulement l'enterrement d'un négro pour un rassemblement, et l'négro il ira en terre tout seul - c'est la loi. La loi, elle te coupe une oreille si un Blanc jure que t'as menti; les deux oreilles s'il jure que t'as fait deux mensonges. Tu tues un Blanc, et tu t'balances au bout d'une corde; mais va tuer un négro et tu s'ras fouetté, rien de plus. La loi, elle donne à l'Indien qu'a rattrapé un négro qui s'ensauve tout l'tabac que c't Indien-là peut emporter. La loi,elle défend d'apprendre à lire et à écrire aux négros et aussi d'leur donner des livres. Y a même une loi qui défend aux négros d'frapper des tambours - tout c'qu'est africain, quoi.
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Un jour, la plaie ouverte de la jambe de Kounta lui fit si mal qu'en voulant courir il trébucha et tomba comme une masse. Ses camarades le relevèrent, abruti par sa chute et hurlant, le front ouvert. Comme Binta et Omoro étaient aux champs, ils l'emmenèrent aussitôt chez grand-mère YaÔssa, qui n'avait pas paru depuis plusieurs jours dans la case de garde des enfants.
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Aussi mal que puissent aller les choses, Nyo Boto se souvenait toujours d'un moment où ç'avait été encore pire.
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Tout homme a, dans sa vie, un « grand moment », quelque chose qui surpasse, en intensité, tout ce qu'il a connu et connaîtra jamais.
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