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Critiques de Alex Taylor (II) (133)
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Le Verger de Marbre

« Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai par une forêt obscure, car la voie droite était perdue » ( L’enfer de Dante )



Car perdue, je l’ai été. J’ai cherché mon chemin à travers les mots de ce roman, n’en comprenant pas la construction. Je me suis égarée dans des transitions brutales, ne saisissant pas les failles temporelles que j’ai trouvées par trop importantes. Je me suis même écartée de la route pendant un long moment, oubliant malgré moi la poésie du texte car trop tourmentée par des chapitres qui se suivaient sans me montrer la voie.



Ainsi, je n’ai su en apprécier la valeur dans la première partie de mon voyage. Le paysage ne me séduisait pas, le point de vue me laissait presque de marbre.



Les personnages que je croisais me semblaient caricaturaux. Ils se fondaient dans un paysage rugueux mais ces hommes, pour la plupart, n’étaient que des contrefaçons dénués de toute matérialité. Des êtres qui traversaient leurs vies dans les vapeurs de l’alcool : tuant et prostituant. Les femmes, quant à elles et malgré leur force, ne faisaient que subir les agressions d’une vie et d’un sexe qu’elles n’avaient pas choisis. Un fossé infranchissable entre deux rives éloignées l’une de l’autre et un pont, de temps à autre, qui leur permettait de se rejoindre sans jamais se comprendre.



J’errais donc dans ce monde étranger sans m’attacher d’aucune manière à ce conte que je lisais sans passion, lors-qu’apparut à mi parcours, un panorama qui me fit dévier de ce sentier sans balise et enfin je compris. Enfin, je voyais la beauté de cet étrange fable et en comprenais les allégories.



L’homme en noir était là, dans ce virage que j’avais pris. Il portait un costume et m’attendait. Les quelques cailloux blancs qu’il avait jeté pour me guider à travers ces pages formaient à présent une montagne et je ne voyais qu’elle.



Une rivière coulait à ses pieds et Charon m’attendait sur sa barque. L’homme en noir me pris par la main et je pus poser un pied sur ce fragile esquif qu’était ce roman. Un bouc noir me regardait , l’œil rempli de tous les vices de l’humanité et la réponse était là.



Elle était dans ces vies errantes que j’avais croisées sur mon parcours. Elle était dans ces métaphores que je comprenais à présent. Elle était sur les rives de cette rivière sans fond qui symbolisait le frontière entre la vie et la mort.



Enfin, elle m’apparaissait sur ce chemin pavé de bonnes intentions qui nous mène tous, inéluctablement, vers la même destination.



Je m’en approchais et là, une voix désincarnée, juste une ombre, me soufflât :



« Toi qui ouvre ces pages, abandonne toute espérance »
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Le Verger de Marbre

Beam Sheetmire tue Paul Duncan. Mais Paul Duncan n’est pas n’importe qui : c’est le fils du caïd local, un peu sur le retour mais toujours vaillant malgré l’âge… Alors Clem, le père de Beam, l’incite à fuir. Beam n’ira pas très loin comme si, symboliquement et au nom de tous les autres personnages, il était prisonnier du trou paumé amerloque où se déroule ce récit.



Il n’y a aucune fuite possible, pour aucun des personnages de l’histoire d’Alex Taylor. Ils se retrouvent tous à devoir, d’une manière ou d’une autre, affronter leur destin. Leurs destins à tous sont de toute façon tous liés les uns aux autres : rancoeurs du passé, vengeances sur le tard, règlement de comptes familiaux, les Beam, Daryl, Clem, Loat, Dorna, Elvis et compagnie, personnages principaux ou secondaires, sont tous des anti-héros, les personnages secondaires un peu moins que les personnages principaux, je vous l’accorde…



Après un premier chapitre qui pourrait, à tort, laisser perplexe sur la suite du livre, Alex Taylor déploie une histoire sordide mais magnifiquement écrite et admirablement construite. Il laisse volontairement planer un doute sur la chronologie (non linéaire) des chapitres intercalant entre deux récits concomitants un passage plus récent ou plus ancien, renforçant ainsi l’idée que les différentes trajectoires sont bien sensées se rencontrer à un moment ou à un autre tout en conservant un flou sur le moment exact de cette rencontre.



Dans les tragédies qui se jouent et se dénouent sous nos yeux ébahis, il y a quelque chose de férocement shakespearien tant dans la noirceur des mœurs que dans la violence des sentiments et des passions exacerbées par un environnement austère et, évidemment, dans le déroulement de leur dénouement.



En fait, si Shakespeare avait écrit « Délivrance », ça aurait certainement donné « Le verger de marbre ».


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Le sang ne suffit pas

Un très bon western dans les grandes lignes, c'est violent, l'intrigue est rudement bien menée.

En même temps on a l'impression de marcher avec les personnages dans les décors enneigés de l'ouest Américain.

Une belle découverte qui nous emmène loin, ça ferait un très bon film 👍
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Le sang ne suffit pas

Un livre horrible et magnifique !

C'est de la violence crue, de la mort, des personnages confrontés à leur survie, une nature et des hommes qui blessent et qui tuent.

Et c'est aussi un texte superbe et étourdissant, des humanités rudes avec lesquelles on passe -malgré tout- un excellent moment.



Les descriptions d'odeurs m'ont beaucoup marquée, elles créent une vraie immersion au milieu des corps, de la saleté et de la nature.

J'ai adoré ce bouquin malgré sa dureté !
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Le sang ne suffit pas

Une histoire glauque, sordide, qui sent la moisissure, les dents gatées, les pustules et le sang. On est plongé dans l'epoque ou francais, anglais et indiens se disputaient la meme terre. On ressent l'epoque au fil des pages et l'ambiance est habilement relaté par l'auteur. Je regrette juste une ecriture en debut de roman qui evolue par la suite pour etre plus convetionnelle.

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Le sang ne suffit pas

Anglais polyglotte installé depuis des années en France, Alex Taylor est avant tout un homme de radio.



Cependant, quand il se lance dans le roman, le lecteur n'est pas près de l'oublier, car ce récit publié (en exclusivité) directement en France par l'excellent éditeur Gallmeister a de quoi marquer les esprits, je vous le garantie !



Impossible de passer à côté du pitch, terriblement séduisant lorsqu'on est un adepte de cette littérature américaine des grands espaces, surtout lorsqu'elle se déroule dans un contexte historique.



Dès les premières pages, Alex Taylor saisit le lecteur à la gorge, avec une série de scènes cruelles, sanglantes, décrivant avec un réalisme terrible le combat d'une série de personnages pour survivre aux dangers de la nature... mais surtout à la cupidité et la méchanceté humaine.



Combats sanglants, meurtres, cannibalisme : rien ne nous sera épargné, dans une orgie croissance de scènes terribles où la nature humaine ne parvient pas à trouver sa place.



Je préfère ne pas aller dans le détail du scénario, non seulement pour préserver un suspens nécessaire si vous souhaitez profiter pleinement de votre lecture, mais aussi pour ne pas heurter votre sensibilité, tant les péripéties dépassent allègrement le supportable à plusieurs reprises, même pour un lecteur aguerri !



Sachez simplement que les thèmes du roman sont simples et proches de ceux du mouvement natural writing : l'homme, impitoyable par nature, agresse la nature et agresse ses semblables, sans aucune pitié; en retour il paie pour cette agressivité : au centuple...



Objectivement, le caractère hyper réaliste du roman, avec cette violence rarement atteint dans un récit du genre, choque sans doute tout autant qu'il finit par fasciner.



Lire la suite de la critique sur le site Le Tourne Page
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Le Verger de Marbre

Le verger de marbre, c'est le cimetière où le routier mystérieux et sinistre conduit Beam à la fin. Tout le décor de cette histoire rappelle en permanence la mort. Les croix sont les arbres fruitiers et les âmes des morts sont les fruits que récolte le diable qui n'est autre que ce routier manipulateur. Toute la puissance de l'écriture d'Alex Taylor nous transporte dans cette campagne ravagée par les exploitations minières. Et comme dans tout écosystème, la faune, ici les hommes, sont impactés par leur environnement. Ils ne savent plus interpréter la signification des chants d'oiseaux qui leur servaient à prédire l'avenir. Et c'est tant mieux car ils n'ont plus d'avenir.
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Le Verger de Marbre

Au fin fond du Kentucky, la Gasping River s’écoule, profonde et tumultueuse, dans la vallée. Clem Sheetmire possède un ferry qui permet de passer d’une rive à l’autre. Certains soirs, c’est son fils Beam qui effectue les traversées. Ce mardi-là, il n’avait pris sur le ferry qu’un paysan avec son tracteur. Jusqu’à ce qu’un homme se présente en pleine nuit. Le passage d’une rive à l’autre se fit dans le calme de la nuit. « Il fit ronronner l’accélérateur et le moteur crachota, l’écume de l’eau bouillonnant autour de l’hélice tandis que le ferry progressait lentement dans le courant, les poulies grinçant sur leurs câbles. Un morceau de bois flotté s’agita sur la rivière et l’odeur âcre de vase et de fleurs de robinier s’éleva, puissante et corsée, au-dessus de la puanteur de gasoil carbonisé. Quand il s’approcha, Beam coupa le moteur et laissa le ferry accoster sur l’embarcadère (…). » Arrivé à destination, le passager refuse de payer la course, pire il tente de voler la caisse. Beam se défend et tue l’homme. Clem vient en aide à son fils en jetant le corps dans la rivière et en l’aidant à fuir. Le cadavre est en effet celui du fils de Loat Duncan, le caïd du coin.



« Le verger de marbre » est le premier roman d’Alex Taylor, ce qui est assez incroyable tant son intrigue est maîtrisée et son écriture est ciselée et de toute beauté. La quatrième de couverture compare le livre à une tragédie grecque chez les frères Coen et je trouve que l’idée résume bien le roman.



L’intrigue se déroule dans le Sud profond, rural. L’ambiance y est poisseuse, moite et perverse. Loat Duncan y fait régner la violence, les règlements de compte. Le shérif ne peut rien pour l’arrêter. L’ennui, le désespoir n’arrangent rien à la situation et ne font qu’alourdir l’atmosphère déjà sombre et pesante.



Dans ce cadre, les personnages ne semblent avoir aucune chance de s’en sortir. La famille de Beam fait partie des perdants. Beam porte cet héritage familial même si, comme il va peu à peu le découvrir, il ne le connaît pas réellement. Les Sheetmire sont rongés par leurs secrets et leur fils va devoir payer la note de ces omissions. Comme dans les tragédies grecques, son destin est totalement inéluctable.



La galerie de personnages qui l’entoure est digne d’un film des frères Coen : Loat Duncan est cruel et se promène avec une meute de chiens, le propriétaire du rade du coin est un manchot, un routier en costard se révèle être un psychopathe, un vieil homme a comme cachette privilégiée un cimetière. Les habitants sont à l’image de l’endroit où ils vivent.



« Le verger de marbre » est un premier roman noir parfaitement maîtrisé et très littéraire de par son écriture. Alex Taylor est un écrivain américain à suivre.
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Le Verger de Marbre

Une très grande force. Le lien étroit entre les personnages et les lieux qu'ils hantent m'a souvent fait penser à Giono : on retrouve des Panturle et des Mameche. C'est ce genre de mythologie que brasse Taylor, à laquelle il mêle un Styx barrant le Kentucky et des cerbères devenus dobermans. Cette puissance est maintenue une bonne partie du livre, mais perd en amplitude dès lors que survient la confrontation des personnages. Il aurait fallu là un deuxième souffle que je n'ai pas ressenti.
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Le Verger de Marbre

Beam a dix neuf ans mais pense être un homme. Alors quand un petit malin essaye de lui piquer la caisse du ferry qui lui sert à transporter des personnes d’une rive à l’autre de la Gasping River, il ne se laisse pas faire et le blesse mortellement. Ce sera le début des ennuis pour Beam car celui qu’il a tué est le fils de Loat, un homme dangereux qui semble tout régir dans cette partie du Kentucky…

Le verger de marbre, c’est l’autre nom du cimetière où se dirigent tout droit bon nombre des protagonistes de cette sombre et lyrique histoire que l’on verrait bien adaptée par les frères Coen. L’Amérique profonde, des gueules pas possibles, des dialogues au cordeau essaimés parmi les descriptions magnifiques des décors, en somme un formidable roman noir !
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Le Verger de Marbre

Dans un coin paumé du Kentucky, le genre d’endroit où l’on en sort difficilement, où l’on se situe par son nom de famille et où l’on exerce le même métier de père en fils, la famille Sheetmire gère la traversée d’un canal pour le passage d’une rive à l’autre. Un soir, un homme demande à traverser et fait mine de vouloir prendre la caisse. L’altercation dégénère et l’homme ne s’en relève pas. Le jeune Beam appelle son père, qui lui conseille de partir sur le champ, de courir vite et loin, car l’homme est le fils d’un puissant et violent homme d’affaires local, le genre de baron qui ne fait pas dans la dentelle.



A partir là, on pourrait légitimement s’attendre à une énième histoire de chasse à l’homme. Mais Alex Taylor a de la ressource, et s’évertue à surprendre le lecteur à chaque virage. Ce roman c’est l’inverse du road trip. Nous restons dans le village, sillonnant les routes et les maisons, l’occasion d’en apprendre au fur à et mesure beaucoup sur les personnages, leurs relations, leur passif, leur raison d’être et leurs raisons tout court.

On plonge littéralement dans l’ambiance rurale, noire, tendue, tragique. Le polar rural a le vent en poupe. Ici c’est beaucoup plus qu’un prétexte, c’est très bien fichu, avec une écriture très précise, et très référencée, brillante, et qui touche juste. Un premier roman très prometteur, et l’un des polars les plus intéressants du moment.
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Le Verger de Marbre

L'atout principal de ce roman noir est la qualité de l'écriture. Les descriptions des lieux, des ambiances est tout à fait remarquable. L'histoire est de bonne facture, assez classique pour un roman noir rural américain, le genre a le vent en poupe, et les codes sont bien respectés. Les secrets du passé qui refont surface, le déséquilibre que cela créé dans le quotidien ronronnant, et l'explosion de de violence qui en découle. Ce qui m'a gêné, ce sont les personnages. Tous sont antipathiques, les salauds qui parfois deviennent humains, les victimes qui ont aussi leur côté tordu, personne à qui s'accrocher, et du coup on a une lecture sans émotion. La fin n'est pas explicite, cela laisse un goût d'inachevé même si on comprend l'aboutissement, ce n'est pas le bouquet final espéré.
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Le Verger de Marbre

Drame dans un ploucland quelconque du Kentucky. Dans la distribution, il y a le cador local, son ex (une pute à la retraite en ménage avec un pauvre type à sa solde), un flic tenace qui n’arrive pas à grand-chose et un drôle de charlatan de passage qui cumule de la manière la plus improbable des compétences de routier, VRP en costards et chirurgien. Le livre s’ouvre sur l’affrontement meurtrier de deux jeunes, tous deux fils de la dame citée plus haut (mais aucun des deux n’en savait rien).



L’intrigue se suit sans déplaisir, attention. Le personnage du camionneur est source de surprises assez réjouissantes, au sens tarantinesque de l’adjectif. Malheureusement, un détail tout bête m’empêche de recommander ce livre avec enthousiasme : le dernier chapitre manque. Taylor laisse ses personnages principaux en plan à la dernière phrase du dernier chapitre. Puis on bascule sur un épilogue qui n’éclaire en rien les événements (le brave flic se tripote les méninges, toujours dans le brouillard). Bref, les fins ouvertes, pourquoi pas ? Sauf qu’ici, on peut imaginer des dénouements bien différents, au point que je me sente floué comme rarement dans ces circonstances.



Traduction honnête mais sans brio. Je fais remarquer au passage à l’homme de l’art, M. Anatole Pons, que le verbe bâfrer n’est PAS un verbe pronominal (« … la rangée de Sheetmire en train de se bâfrer à table » – milieu de page 10). Je sais, c’est un détail – mais, en ce qui me concerne, un détail qui tue.

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Le Verger de Marbre

une très belle écriture,sans doute une des plus belle que j'ai pu lire, tant pour dépeindre les personnages que ce Kentucky peu reluisant.

Il fallait certainement au moins ça pour faire l'équilibre avec cette noirceur et cette crasse.

Sans ressentir énormément d'empathie pour Beam ou les autres toute la 1ère partie m'a plutôt bien embarqué jusqu'à ce qu'une touche fantastico-lyrique ambigüe, et quelques ellipses que je trouve maladroites, prennent plus de place dans le récit et me perdent en chemin,me laissant totalement sur le bord de la route en étant pas certain d'avoir tout saisi jusque la fin.
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Le Verger de Marbre

Je me suis régalé ! Mais vraiment régalé !



Déjà c'est très très bien écrit, et j'ai accroché direct au style et à l'histoire.



Une chasse à l'homme aux confins d'une campagne hostile et d'une Amérique profonde...Je n'en dit pas plus, ce n'est pas bien important finalement. L'intrigue est déjà vu mais très bien revisitée, avec une originalité qui m'a convaincu.



Les personnages sont de gros bouseux qui n'y vont pas quatre chemin quand il s'agit de passer à l'action et de cogner. Ils sont incroyablement humains et inhumains, avec leurs faiblesses, bassesses, contradictions, fatalisme et j'en passe....Ajoutez de bons gros secrets de famille et Alex Taylor fait le bonheur des amateurs du genre.



Mais attention, au-delà du côté bourrin de certaines scènes, la plume d'Alex Taylor est tout en subtilité, poésie même et c'est ce qui ne gâche rien évidemment dans la description des paysages ou des ressentis des personnages.



Un premier roman revigorant, aux allures de tragédie et d'une grande intensité.
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Le Verger de Marbre

Il me tardait de plonger dans le Kentucky rural et de retrouver la collection Néonoir de Gallmeister – c’est chose faite avec le roman d’Alex Taylor, un premier roman intitulé Le Verger de Marbre. Je ne sais pas ce qui se passe mais en l’espace de deux mois, j’ai lu plus de premiers romans qu’en trois ans, et j’ai eu autant de coups de cœur !

Le Kentucky a deux visages : celui des courses hippiques et de la jolie ville de Louisville (où j’ai séjourné) et le Kentucky rural, celui que nous présente Alex Taylor. Son lieu de prédilection ? La Gasping river qui déploie son cours au milieu des falaises de calcaire et de collines de champs de maïs et de soja.



C’est dans ce lieu reculé que vivent les Sheetmire – le père, Clem, conduit depuis toujours le ferry qui permet de traverser la rivière dans les deux sens. La construction du pont a dévié une partie de la clientèle, mais les locaux continuent d’utiliser le bac. Clem emploie son fils Beam, un jeune homme introverti, qui se pose depuis quelque temps des questions sur ses origines (il ne ressemble à aucun Sheetmire). Un soir un homme lui demande de traverser mais une fois à bord il refuse de le payer et essaie même de lui voler la caisse, Beam le tue accidentellement. Paniqué, il court voir son père. Ce dernier reconnaît la victime : il s’agit du fils de Loat Duncan, le plus célèbre malfrat et bandit de la région, un assassin notoire. Son fils venait de s’évader de la prison. Clem décide de faire passer l’accident pour une noyade et demande à son fils de fuir les lieux. Mais forcément rien ne se passe comme prévu …



Un roman d’une noirceur profonde qui m’a de suite pris aux tripes. Que dire de la prose incandescente d’Alex Taylor ? Je comprends mieux l’engouement de Daniel Ray Pollock pour ce premier roman. On y retrouve ici la même verve que Daniel Woodrell, un de mes auteurs préférés. Un thriller où l’on sait dès les premières pages que ce lieu est une prison en soi et qu’on n’y échappe pas…. Ce sont les ténèbres qui attendent les personnages. Cette région, oubliée de tous a été laissée aux mains du Diable. Vous aurez compris, tout ce que j’aime !



Le shérif (Elvis) est bientôt sollicité pour enquêter après la découverte du corps et le romancier alterne entre les personnages : Beam, son père, sa mère Derna ou l’infâme Loat qui lance ses hommes de main aux trousses du jeune homme et enfin le Shérif. C’est un choix narratif parfait qui permet de suivre l’ensemble des protagonistes et d’avoir une vue d’ensemble sur l’histoire. La réussite du roman tient à la profondeur des personnages, à leur épaisseur. Ils vous prennent dans leur filet et ne vous lâchent plus. Qu’ils soient les supposés gentils de l’histoire ou les méchants. Ils semblent avoir tous été envoyés à la naissance dans ce purgatoire, dont peu réchappe au final. J’ai cette image de Twin Peaks ou de la série Wayward Pines : ces endroits où l’on pénètre mais dont on ne peut plus ressortir. Comme une quatrième dimension. Une chape de plomb recouvre cette région.



Pour un premier roman, Alex Taylor offre une prose magnifique à un roman noir dont l’ambiance lugubre ne vous lâche pas, on tourne les pages en espérant une forme d’échappatoire mais le romancier maintient la chape en place.



Alex Taylor a réussi à maîtriser son roman de bout en bout. Ainsi, rien n’est moins travaillé : les dialogues sont incisifs et ciselés et même si je l’ai lu en français, j’entends leur accent sudiste trainant, comme celui du Tennessee où j’ai vécu.



Et puis, il y a le lieu et les descriptions – cette rivière qui symbolise le passage : de la vie à la mort, de la liberté à l’enfermement. Et le talent de Taylor qui nous offre de grandes envolées lyriques qui vous saisissent à la gorge – on sent l’odeur de la terre, l’odeur de la bière, de la sueur – on entend le ressac, le chant de la rivière. On est alourdi par la moiteur et la chaleur qui frappe cette région. Et puis, Taylor décrit de manière impressionnante la pauvreté et la misère (économique ou intellectuelle) de cette population. Ces laissés pour compte. Le roman m’a fait penser à une pièce de théâtre : il y a très peu d’unités de lieu, la rivière, la maison de Beam, celle de Loat et le fameux bar où l’on vient jouer, coucher avec des prostituées et parfois perdre la vie. On n’a pas envie que notre GPS nous lâche dans ce coin-là, on aurait trop peur de pousser la porte de cet endroit. On n’y serait pas les bienvenus. Croyez-moi !



J’ai découvert qu’Alex Taylor vit à Rosine, dans le Kentucky. Qu’il a fabriqué du tabac et des briquets, démantelé des voitures d’occasion, tondu des pelouses de banlieue et été colporteur de sorgho pour différentes chaînes alimentaires ! Mais l’homme est désormais professeur de littérature. Il a publié un recueil de nouvelles (non traduit à ce jour), The name of the nearest river, salué unanimement par la critique (et que je viens de me procurer).
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Le Verger de Marbre

Un roman noir étrange et mystérieux, teinté de croyances et d'onirisme, touchant au fantastique. En tuant un inconnu pour défendre son bien, Beam déclenche une incroyable réaction en chaîne et fait resurgir un passé longtemps tenu secret. Alex Taylor, par son écriture clinique et précise, crée une atmosphère déroutante et angoissante, laissant le lecteur se faire son idée du destin des personnages.
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Le Verger de Marbre

Voilà encore un très bon roman des éditions GALLMEISTER... Je sais, à force, vous allez penser que je perds mon sens critique quand je lis un ouvrage de cet éditeur !



Mais pas du tout; je vous mets au défi de lire LE VERGER DE MARBRE et de m'en dire du mal... si ce n'est pour évoquer celui qui jalonne cette fuite sanglante et tragique qui met en scène Beam, ou celui qui habite les protagonistes de ce roman noir.



Au fin fond du KENTUCKY, Beam, jeune homme désoeuvré, manoeuvre le ferry familial pour faire traverser la GASPING RIVER afin d'aider son père. Un soir, il fait passer un jeune inconnu qui tente de lui voler la caisse du ferry et l'agresse. Beam rispote et le tue. Cet inconnu malintentionné s'avère être le fils du parrain local, Loat DUNCAN. Aidé par son père Clem, Beam prend la fuite, espérant échapper à la vengeance du père et tente de se soustraire à ses poursuivants. Le jeune homme se retrouve seul face à son destin et paiera au prix fort son méfait et sa filiation.



Alors autant le dire tout de suite : en ouvrant ce roman, j'ai quitté ma zone de confort... Je ne suis pas spécialement attirée par la collection NEONOIR de GALLMEISTER et surtout par les intrigues policières qui se déroulent dans l'Amérique profonde, et j'avoue avoir hésité longtemps avant d'accepter la lecture en avant-première de cet ouvrage.



Et bien parfois, être un peu bousculée, changer ses habitudes de lecture a du bon... et pour cette fois-ci du très bon !



En effet, malgré la noirceur qui habite les personnages de cette épopée meurtrière, la violence omniprésente tout au long du récit et le manque d'humanité flagrant des hommes qui apparaissent dans cette histoire, j'ai beaucoup aimé la progression de l'intrigue, la description psychologique de ces êtres sans foi ni loi et l'évocation de la nature qui vient parfaire le décor.



Sincérement, Alex TAYLOR a su créer une ambiance tendue sans jamais être sordide malgré des héros plus que détestables, il a su décrire à la perfection la moiteur de l'été au KENTUCKY, les éléments naturels des abords de la GASPING RIVER, si bien qu'à chaque nouveau rebondissement, le lecteur est capable de visualiser parfaitement la scène, de sentir la tension et la peur qui envahissent les victimes...



La plume d'Alex TAYLOR est incisive, les dialogues crus et directs, ses descriptions des scènes de violence sans concession. Le rythme du récit est donc haletant telle l'urgence de fuir que doit ressentir Beam. L'alternance des points de vue et d'action qui s'enchaînent au fil des chapitres permet au lecteur de reprendre son souffle .



Vous l'aurez donc compris, j'ai aimé être dérangée dans ma routine de lecture par cet ouvrage vers lequel je n'aurais pas dirigé mon choix prioritairement... mais celui-ci a tellement de qualités qu'il ravira les adeptes du genre et pour ma part m'a finalement beaucoup plu....

MYMY
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Le Verger de Marbre

Roman noir mettant en scène les exclus de la société américaine, Le verger de marbre réussit le pari d'être beau et envoûtant malgré la violence et le désespoir qu'il contient.



A la suite d'un geste malencontreux et malheureusement irréparable, Beam Sheetmire, jeune homme discret et sans histoires, est obligé de fuir un monde qu'il n'est pas préparé à affronter. Le puissant et effrayant Loat Duncan est à ses trousses, pour le pire et l'insoutenable...



J'ai adoré ce roman qui nous présente une vision des Etats-Unis très éloignée de ce que l'on peut voir habituellement dans les films et séries : on y trouve toute une catégorie de pauvres blancs, de laissés-pour-compte qui vivotent, loin de tout confort moderne, dans des mobil-homes ou des baraques en mauvais état, entre petits boulots, prostitution et trafics en tous genres, où la violence physique et morale semble être la norme, comme la forte consommation d'alcool d'ailleurs. Les personnages sont complexes, certains mystérieux ou inoubliables, l'action est bien présente et on se demande jusqu'à la dernière page comment cette histoire va bien pouvoir se terminer. Entre vengeance, secrets de famille et non-dits, le destin du pauvre Beam Sheetmire ne peut qu'être dramatique, sauf s'il parvient à échapper à cet enfer perdu en plein Kentucky...



Les dialogues sont crus, le style est percutant, la violence extrême et le désespoir sont présents à chaque page, et malgré cela j'ai trouvé ce roman très beau : l'ambiance qui s'en dégage est irréelle, les images sont fortes et originales, je sais déjà qu'il va me hanter longtemps.
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Le Verger de Marbre

Alex Taylor vit à Rosine, Kentucky. Après divers métiers improbables, fabriqué du tabac et des briquets, démantelé des voitures d’occasion, tondu des pelouses de banlieue et aussi été colporteur de sorgho pour différentes chaînes alimentaires, il s’est lancé dans l’écriture. Alex Taylor est diplômé de l’université de Mississippi et enseigne aujourd’hui à l’université de Western Kentucky. Ses nouvelles ont été publiées dans diverses revues littéraires et Le Verger de marbre, son tout premier roman vient de paraître.

En pleine cambrousse du Kentucky, un bled et une rivière avec un ferry reliant les deux berges. La liaison est assurée par les Sheetmire, Clem le père ou Beam le jeune fils de dix-neuf ans tandis que Derna, la mère, est à la maison. Une nuit où Beam est de service, il tue le voyageur inconnu qui tentait de le dévaliser. Manque de pot, la victime est le fils de Loat Duncan, une redoutable frappe locale qui fait régner sa loi dans le secteur avec son bras droit et ses dobermans agressifs. Ce crime ridicule, dû à une petite tête et un excès de testostérone, va donner le coup d’envoi à un cataclysme mortel.

Les résumés c’est fait pour résumer comme dirait l’autre, donc ça tronque méchamment et là, si vous vous en contentez pour bannir ce livre de vos lectures, vous allez faire une grave erreur. Certes il s’agit d’un polar, d’un roman noir même, mais si la catégorie « tragédie grecque » existait dans le catalogue de l’éditeur, ce roman y entrerait bille en tête. Tous les ressorts de cette antique littérature y sont repris. Prenons les liens familiaux par exemple, si l’on connait toujours la mère sait-on aussi sûrement qui est le père ? Quand des inconnus s’avèrent être des parents proches, les liens entre les uns et les autres prennent une tournure plus complexe, les motifs de leurs actions deviennent plus profonds ou dramatiques, surtout quand le lecteur est mis au parfum en premier des liens de sang secrets.

Nous avons donc une course poursuite entre Loat et Beam, Clem qui veut aider son fils, Elvis Dunne le shérif dans le rôle du poulet du Kentucky, le vieux Pete cueilleur de ginseng qui tentera de sauver son monde, Daryl le patron du bar sordide qui dans sa jeunesse était pote avec Clem et Loat, Derna qui les fréquentait dans un passé de tapineuse locale ; mais qui est cet étrange camionneur étranger à la région, vêtu d’un costard, venu se mêler à cet imbroglio, sans mobile apparent si ce n’est jeter de l’huile sur ce feu, comme un ange noir en provenance directe des Enfers ?

Course poursuite mais menée à un rythme plutôt lent comme si tout le monde savait dès le départ, Beam le premier, que personne n’irait bien loin, « Mais quel monde pourrait lui offrir plus que quelques jours de répit ? » et effectivement le roman ne s’étire que sur une petite semaine.

Si le roman est excellent, il doit tout à l’écriture d’Alex Taylor, une manière d’écrire que je ne m’attendais pas à trouver dans ce type d’ouvrage. Il y a du lyrisme, un rythme envoûtant pour mener le lecteur vers un épilogue dramatique. Les scènes de violence sont brèves, inutile de charger en noirceur ; il y en a aussi de mémorables (le vautour dans la maison abandonnée), de très visuelles mais moins crédibles (les guêpes dans la voiture). Des réflexions qui font mouche (« Peu importe combien de temps on prenait pour mettre son chapeau, on finissait toujours par franchir une porte et faire face à ce qui attendait de l’autre côté. » A moins qu’on ne tombe sur un effet rétro, « Puis elle quitta la pièce, longeant le couloir dans sa robe de chambre vert pâle dont l’ourlet trainait derrière elle. »

Un très bon roman qui semble promettre un nouvel écrivain à suivre de près… ?

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