Citations de Alexander McCall Smith (785)
Les grandes querelles n’ont souvent besoin que de quelques paroles pour se résoudre. Les différends, qu’ils opposent des êtres ou des nations, peuvent être apaisés par de simples actes de contrition, assortis du pardon correspondant. On s’aperçoit alors qu’ils ne se fondaient sur rien d’autre que la fierté ou l’incompréhension, et l’oubli de l’humanité de l’autre partie… et aussi sur la terre, bien sûr.
Il y a des gens qui volent. On aura beau être gentils avec eux, ils voleront quand même. Même à leur propre famille, même dans leur propre maison.
On courait toujours le risque, en avançant dans la vie, d’oublier cela ; la prudence, et parfois même la peur, remplaçaient l’optimisme et le courage.
Il est si facile de dire merci... Pourtant, la plupart des gens ne s’en donnent pas la peine. Ils ne remercient pas celui ou celle qui leur a rendu service. Ils estiment que c’est normal.
Quand on est une femme, il y a des gens qui ne vous prennent pas au sérieux. C’est là qu’il est utile d’avoir un homme sous la main.
— Seulement, les animaux ne mentent pas, eux...
— C’est vrai. Mais c’est juste parce qu’ils ne parlent pas. Je suis sûr que s’ils avaient cette capacité, ils mentiraient eux aussi. Un chien passerait-il aux aveux si un morceau de viande avait été volé ? Dirait-il : C’est moi qui ai mangé la viande ? Je ne le crois pas.
Il est naturel de chercher à se protéger. Nous ne sommes pas différents des animaux sur ce plan-là.
Quand il y a un problème, les gens deviennent très prudents. Ils oublient ce qu’ils ont vu. Ils n’ont rien vu, il ne s’est rien passé. C’est toujours la même chose.
La façon dont une personne partageait un beignet commun représentait un test d’intégrité très efficace. Quelqu’un de bien le ferait en deux parts égales. Un égoïste ou un sournois diviserait le beignet en deux morceaux, dont l’un plus gros, qu’il se réserverait.
. Quand on dit que le gouvernement nous donne ceci ou cela, on oublie souvent qu’il ne fait que nous donner ce qui nous appartient déjà.
Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de cousins que je vois seulement quand ils ont besoin de quelque chose.
En fin de compte, dans un pays comme le Botswana, à la population aussi clairsemée, chacun était lié, d’une manière ou d’une autre, avec à peu près tout le monde. Quelque part, dans les arbres généalogiques aux branches innombrables, on trouvait une place pour chacun. Nul n’était seul.
En général, les gens ne demandaient qu’à révéler ce qu’ils savaient, pour peu qu’on les en priât, et beaucoup se montraient même prêts à le faire de façon spontanée.
En Afrique, la nuit tombe d'un coup, sans crier gare. A un moment, le ciel est uniformément bleu et, une minute plus tard, il s'assombrit et les étoiles se mettent à scintiller. Puis les dernières lueurs du jour s'éteignent et la terre se retrouve plongée dans une obscurité profonde qui recouvre tout, comme un rideau de velours noir.
Ce garçon est un raté, certes, mais c'est un bon raté, et c'est mon raté à moi.
Entre vieilles amies, les sujets ne manquaient pas, même si l'on savait d'avance ce que l'autre allait dire, pour la bonne raison qu'on l'avait déjà entendu.
A présent, il lui fallait accomplir certaines tâches quotidiennes propres à lui occuper l'esprit, dont les courses. Les hommes croyaient peut-être que les aliments apparaissaient miraculeusement dans la cuisine, mais les femmes, y compris Mma Ramotswe, savaient bien que les choses ne se passaient pas ainsi.
Sasha aimait savoir à quoi ressemblait l'écrivain avant de lire un livre. Somerset Maugham, par exemple, lui déplaisait physiquement, aussi n'avait-elle jamais rien lu de lui. Elle n'appréciait pas non plus l'apparence de certaines jeunes femmes écrivains, qui ne semblaient pas prendre la peine de se coiffer. Si elles ne se soucient pas de leurs cheveux, se soucieront-elles de leur prose? se demandait-elle.
En Afrique on était bavard, l'on s'interpellait d'un côté de la rue à l'autre ou à travers une étendue de savane et peu importait si les passants entendaient. Des conversations entières pouvaient ainsi se tenir alors que l'on continuait à avancer chacun dans sa direction, parlant jusqu'à ce que les voix deviennent trop faibles ou trop lointaines pour être intelligibles, jusqu'à ce que les mots soient happés par le ciel.
C'était là une bonne manière de quitter un ami, bien moins abrupte que quelques paroles d'au-revoir suivies d'un silence brutal.
Et si nous révélons ce que nous pensons de ce petit garçon, que se passera-t-il ? Les journaux ne parleront plus que de cela. On viendra du monde entier pour le voir. On essaiera même de nous l'enlever pour l'emmener vivre dans un endroit où on pourra l'observer à longueur de journée. On le fera sortir du Botswana.
- Non, protesta Mma Potokwane. Le gouvernement ne laissera pas faire une chose pareille.
- Je n'en suis pas si sûre, soupira Mma Ramotswe. C'est possible. On ne sait pas.
Elles se turent un moment. Puis Mma Ramotswe reprit la parole.
- Je pense qu'il y a des choses qu'il vaut mieux laisser en l'état, affirma-t-elle. On n'est pas obligé de connaître les réponses à toutes les questions.
- Vous avez raison, acquiesça Mma Potokwane. Il est parfois plus facile d'être heureux quand on ne sait pas tout.
Mma Ramotswe médita ces mots. Il s'agissait là d'une proposition intéressante, mais elle n'était pas sûre d'y adhérer totalement. Il faudrait y réfléchir davantage.