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Critiques de Alexandre Adler (56)
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Une affaire de famille : Jean XXIII, les ju..

« J'imagine Papa Roncalli comme un gros pizzaiolo de quartier, je me demande ce qu'il a pu faire de si extraordinaire pour avoir une rue à son nom » confesse Valérie Manteau dans « Le sillon », (Le Tripode, page 197).



« Papa Roncallli c’est un pape, andouille » poursuit le Prix Renaudot 2018 qui a oublié de lire Alexandre Adler « Une affaire de famille. Jean XXIII, les juifs et les chrétiens » publié en 2014 à l’occasion de la canonisation de Saint Jean XXIII.



La grand mère maternelle de l’auteur, Maria Bauer, a organisé avec le nonce à Istambul, Angelo Roncallli, le sauvetage de milliers de juifs durant la seconde guerre mondiale et Alexandre Adler offre la biographie de Papa Roncallli (1881-1963) qui commence sa carrière diplomatique en Bulgarie (1925-1935) avant d’être délégué apostolique en Turquie et en Grèce (1935-1944), nonce en France (1945-1953), patriarche de Venise en 1953 … Elu Pape en 1958, Jean XXIII entame le concile Vatican II et l’aggiornamento en 1962 et meurt en 1963.



Alexandre Adler témoigne sur « son » pape, celui dont il parie l’élection (âgé de 8 ans) en 1958 car sa famille l’a élevé en lui transmettant la mémoire de sa grand-mère et du nonce qui en 1942 créent les filières qui recueillent en Turquie les juifs fuyant le nazisme et l’antisémitisme puis les exfiltrent vers l’Espagne, le Portugal et les Amériques.



L’auteur, dont la famille paternelle a été exterminée par la Shoah, ne reçoit aucune éducation religieuse de parents laïques et socialistes, aucune transmission de judéité « sauf l'humour ». C’est un journaliste passionné par l’histoire et le mouvement des idées qui analyse l’étape française d’Angelo Roncallli, ses rapports avec le Cardinal Suhard, Jean Maritain et les intellectuels français.



La chronique familiale, les leçons de la vie, la sainteté de la théologie constituent les trois piliers de ces 135 pages passionnantes qui témoignent de l’action charitable et diplomatique, discrète mais fort efficace, de ce papa Roncallli honoré par Alexandre Adler.
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J'ai vu finir le monde ancien

Le 11 septembre a donné lieu à une imposante production éditoriale, relancée par la première commémoration du funeste événement et par la rentrée littéraire 2002. Géopoliticiens, politologues, philosophes, spécialistes de l’Islam, des Etats-Unis, de l’Afghanistan, du terrorisme se sont jetés dans la brèche, plus ou moins contraints et forcés. Jamais aucun « événement » historique (on renvoie à l’intelligente analyse de Michel Winock, L’histoire, septembre 2002) n’aura rencontré un tel écho, ni la révolution soviétique, ni la bombe A sur Hiroshima, ni la chute du Mur de Berlin. Et ce, alors même que la signification historique de « 9/11 » fait débat.



Pourquoi un complot terroriste, qui, tout compte fait, n’a guère fait « que » 5000 victimes (soit environ 30 fois moins que les bombardements sur Dresde dans la nuit du 13 au 14 février 1945… ou 100 fois moins - hypothèse basse - que le génocide rwandais entre avril et juin 1994) a-t-il atteint une telle notoriété ? Par son impact médiatique ? L’écroulement des tours jumelles de World Trade Center en direct sur CNN, digne des meilleurs (pires ?) films catastrophes, marquera plus durablement les esprits que le spectacle bon enfant de la chute du Mur. Par son contenu émotionnel ? Les témoignages, ressassés jusqu’à l’écœurement, des survivants, des pompiers, des secouristes accentuent l’impact psychologique, le sensationnalisme de l’événement. Par ses conséquences ? On a dit qu’avec le 11 septembre commençait un monde nouveau, dix années après la fin de l’ère bipolaire, un monde dominé par la guerre contre le terrorisme, sinon contre l’Islam, et dont l’opération Enduring Freedom serait le premier épisode.



L’ouvrage d’Alexandre Adler offre des pistes de réponses à ce questionnement. Historien (ancien élève de l’ENS Ulm, agrégé d’histoire, enseignant à Paris VIII de 1978 à 1990), journaliste (directeur éditorial de la rédaction de « Courrier International », chroniqueur à l’Expansion), homme de médias (il présente chaque semaine sur Arte « Les mercredis de l’histoire »), Alexandre Adler est un touche-à-tout de génie, à l’érudition ébouriffante. Du wahhabisme saoudien aux coulisses du Kremlin, du Xinjiang chinois et musulman à la doctrine Monroe, Adler se promène dans l’espace et dans le temps avec une communicative jubilation. L’intelligence aiguë de ce « nouveau penseur médiatique » (comme le surnomme méchamment Le Figaro du 22 janvier 2002) excelle dans la chronique et l’éditorial. Elle se plie plus difficilement à la structure lourde d’un essai de 340 pages, d’ailleurs trop court, trop dense. Alexandre Adler, qui a d’ailleurs très peu publié, le reconnaît volontiers : son « petit » livre a été conçu « à sauts et à gambade » (p. 331) et, s’il foisonne d’idées, peine à formuler cette « pensée structurante de l’ensemble des phénomènes » (p. 9) que l’auteur appelle pourtant de ses vœux dans son introduction.



Alexandre Adler débute par la description d’une puissance américaine découvrant, éberluée, sa vulnérabilité territoriale. Les Etats-Unis sont à l’aube d’une Guerre de Cent Ans contre une mouvance terroriste, dépersonnalisée, déterritorialisée, insaisissable. Les Etats-Unis redécouvrent le conflit clausewitzien, radical que seule la mise hors de combat de l’ennemi peut conclure. Mais l’hégémonie, l’impérialisme américain ne sont pas pour autant à redouter. Si les Américains sont patriotes (ils aiment leur pays), ils ne sont pas pour autant nationalistes (ils ne détestent pas le pays des autres). Empreints d’une « bienveillance généralisée teintée d’ignorance », ils imposeront leur idéal au monde si celui-ci n’en veut pas. Dans ces conditions-là, l’anti-américanisme que l’on rencontre parfois en France est particulièrement mal venu. Alexandre Adler n’a pas de mots assez durs pour José Bové, « cette espèce d’avatar de Poujade…. allumé par une mystique pseudo-gandhienne » (p. 69).



Deuxième volet du livre : l’Islam et la mouvance Ben Laden. Alexandre Adler est trop intelligent pour sombrer dans les amalgames simplificateurs. D’un côté Ben Laden, un archaïsme religieux, d’ailleurs hétérodoxe, qui utilise toutes les ressources de la modernité (porosité des frontières, nébuleuse terroriste, failed states afghan ou yéménite, armes de destruction massive). Adler n’hésite pas à le comparer à Hitler. De l’autre, l’Islam, un ensemble immense et divisé (Arabes/non Arabes, Sunnites/Chiites, Etats nations à l’identité fragile) mai qui a en partage un faible niveau de développement en dépit de la manne pétrolière, une commune hostilité au « diable » américain, une médiocre perméabilité à l’idéal démocratique. Au risque d’y perdre le lecteur, Adler le promène du Pakistan où Mucharaf doit tenir en laisse ses propres services secrets minés par le fondamentalisme, à l’Arabie Saoudite dont la stabilité suppose, ainsi que le prône le prince Abdallah, un minimum d’ouverture, en passant par l’Egypte, l’Irak, la Turquie…



Au total, Alexandre Adler se veut optimiste. « La fin du long processus de démocratisation du monde se trouve bien à proximité de la plaine d’Armaggedon » (p. 336). A long terme la démocratie (occidentale et pas américaine) l’emportera. Le monde musulman se modernisera, se développera à coup de « petits plans Marshall boucliers régionaux contre l’islamisme », s’unira même peut-être, comme l’avait souhaité paradoxalement Ben Laden. Mais d’ici la défaite des fondamentalistes et le rééquilibrage de la puissance américaine, la route est longue…
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J'ai vu finir le monde ancien

Avec "J'ai vu finir le monde ancien", Alexandre Adler nous donne quelques clés inédites pour la compréhension des stratégies politiques des forces en présence sur l'échiquier mondial alors que les média accumulent des faits que nous recevons sans grille d'interprétation, et, avouons-le, sans toujours la culture géostratégique nécessaire à leur assimilation, notamment en ce qui concerne l'Islam et le Moyen-Orient.



Alexandre Adler nous présente sa propre grille d’interprétation du monde actuel. Avec le talent qu’on lui connaît, sa mémoire époustouflante et sa grande connaissance de l'histoire, il parvient à relier peu à peu les faits, et parfois, tout s’explique.



En résumé, quelques principes simples du « monde selon Adler » :

- la nature des guerres a changé : la dissuasion ne fonctionne plus - voir le 11 septembre 2001 - quand l'adversaire n'est pas clairement identifié.

- les USA choisiront de "traiter" un nombre limité de conflits vitaux pour leurs intérêts. L'Europe, l'Asie (dont la Corée, la Chine et le Japon) doivent trouver leurs solutions propres.

- deux couples clés de la géostratégie des "années guerre froide" sont en désintégration : la France-Allemagne et l'Angleterre-USA.

- les politiques "arabes" de la France et de l'Angleterre sont en voie de disparition.



A lire et méditer – même si certaines prises de position sont discutables – si l’on veut commencer à comprendre un tant soi peu la géopolitique du monde dans lequel nous vivons.

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Rendez-vous avec l'Islam

Alexandre Adler est probablement l'un des esprits les plus intelligents de son temps. Depuis près de vingt ans, il commente avec une culture époustouflante l'actualité internationale à la télévision ou dans la presse (Courrier international, Le Monde, L'express, Le point ...). En 2002, il franchissait le pas en publiant son premier essai "J'ai vu finir le monde ancien", justement salué par la critique (il obtint le prix 2003 du Livre politique) et par le public. Quelques livres plus tard il nous revient avec un essai sur l'Islam - dont la photographie de couverture n'est pas sans similitude avec celle de "J'ai vu finir ..."



Sans doute a-t-il cédé à une certaine mode éditoriale - comme il l'avait fait un an plus tôt avec "L'Odyssée américaine" - en consacrant un livre supplémentaire à une région dont on n'a jamais autant parlé que depuis le 11-septembre. Affirmer que "l'espace de l'Islam (...) revient de plus en plus vite au centre de notre univers mental et politique" (p. 56) est au mieux une évidence, au pire une lapalissade. Mais cet essai n'est pas inutile dans la mesure où il nous invite à nous focaliser sur les deux pays qui, selon Adler, tiennent les clés d'un éventuel "islam modernisé" : la Turquie et l'Iran.



Alexandre Adler, qu'on a parfois suspecté de néo-conservatisme pour son appui sans nuance de la politique de George Bush en Irak, est trop subtil pour adhérer sans réserve à la théorie du "choc des civilisations". Le principal conflit ne se joue pas, dit-il, aux frontières sanglantes de l'Islam décrites en son temps par S. Huntington "mais bien au contraire au coeur de l'Islam lui-même avec des personnages capitaux pour l'avenir démocratique de notre comme le regretté Ahmed Shah Massoud en Afghanistan, Kemal Dervis en Turquie, les frères Khatami en Iran, le défunt Rafic Hariri au Liban (...)" (p. 13). Tout le mérite de son court mais dense essai est de nous inviter précisément dans les deux principaux pays musulmans où se joue la dialectique de l'Ancien et du Moderne.



On peut lui reprocher, dans les deuxième et troisième parties de son ouvrage, d'avoir voulu pousser le parallélisme un peu loin en multipliant les références croisées entre la Turquie et l'Iran. Certes, ces deux pays ont connu les mêmes vicissitudes liées à la menace d'un environnement hostile et au difficile passage à la modernité. Pour autant la situation à Ankara et à Téhéran est bien différente.



La Turquie est "vectorisée par son rapport à l'Europe" (p. 216). Alexandre Adler - dont les parents ont échappé au génocide en fuyant l'Allemagne vers la Turquie - ne cache pas être "très favorable" à la candidature européenne de la Turquie (p. 10). Il décrit un pays en marche forcée vers la modernité, à la fois économique et politique où l'accession au pouvoir du parti islamiste AKP doit moins à une flambée de fondamentalisme qu'au discrédit qui a frappé l'ensemble de la lasse politique. Il prédit une édulcoration thermidorienne de l'AKP et un probable retour au pouvoir du centre-gauche et du centre-droit laïques.



Rien de tel en Iran. Alors que la Turquie, selon Adler, est aimantée par l'Europe, l'Iran n'est aimantée par rien. Sans doute la disparition du régime baasiste en Irak pourrait-elle lui conférer ce rôle de superpuissance régionale que le Shah avait, à son époque, si ardemment recherché. Mais l’époque n'est plus la même, le soutien indéféctible des Etats-Unis a cédé la place à une franche hostilité et l'environnement reste toujours aussi instable (l’Irak à l’ouest, l’Afghanistan au sud, la Russie au nord), nourrissant une paranoïa proprement chiite. Adler décrit fort bien le hiatus qui existe entre le président Ahmadinejad et son peuple. Le premier est un ancien Moudjahidine, enferré dans un discours anti-sioniste et ani-américain passé de mode. Le second aspire, sinon à l’adhésion pure et simple au modèle que lui propose l'Occident, du moins à la possibilité d'en consommer librement les fruits.



Dans la dernière partie de son livre, Adler se livre à un exercice de prospective proprement étourdissant. Du plus catastrophiste au plus optimiste, il passe quelques scénarios en revue. Le premier verrait l'Iran et la Turquie se déchirer les dépouilles de l'Irak, les premiers soutenant la majorité chiite, les seconds la minorité sunnite pour mieux étouffer les velléités d'indépendance kurdes. De fil en aiguille deux axes se constitueraient : "à un axe chiite Iran – Irak - Liban s'opposerait un axe sunnite Turquie – Syrie - Arabie saoudite" (p. 209). Ce scénario semble toutefois peu crédible à l'auteur. Il estime notamment que l'Irak n'est pas prête à basculer sous domination chiite mais qu'une forme de cohabitation s'y instaurera. Plus optimiste encore, il pense que les ambitions nucléaires de l'Iran seront canalisées.

Ces deux hypothèses sont discutables. Parier sur la pacification de l'Irak, c'est postuler que les Etats-Unis organiseront leur retrait en fonction de l'état du pays, alors que tout porte à croire qu'il sera guidé par les priorités politiques américaines. De la même façon démontrer comme le fait magistralement Adler que l'accession au statut nucléaire de l'Iran conduira, par effet de domino, via l'Egypte, l'Arabie saoudite, la Turquie et même le Japon, à une prolifération mondiale que les Etats-Unis ne sauraient tolérer ne signifie pas pour autant qu'elle soit impossible.



Le message de "Rendez-vous avec l'Islam", comme l'était déjà celui de "J'ai vu finir le monde ancien" est résolument optimiste. Espérons que l'avenir lui donnera raison.
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Le nouveau rapport de la CIA : Comment sera..

Attention, tout ce qui suit est une critique à charge qui détaille le contenu ... de ce ... livre ?

Cela se termine avec quelques conseils aux électeurs étasuniens survivants du Coronavirus (Blancs surtout si j’en juge par la répartition ethnique de l’hécatombe là-bas) : « Concernant la volonté et le souhait des États-Unis de conserver leur rôle de chef de file, ils risquent d’être bridés si les électeurs américains remettent en question le coût économique et militaire de cette politique »

Ce qui consiste à dire : votez pour le complexe militaro-industriel, c’est la seule voix.

Heureusement, ceux-ci n’ont pas attendu ce pseudo-rapport pitoyable (fake c'est sûr, il doit y avoir de vrais employés dans cette agence) de la CIA pour le faire. Ils l’ont quasiment toujours fait et continueront à le faire, c’est dans l’ordre de choses. On ne peut pas le leur reprocher, c’est leur intérêt. Pour un lecteur français (ou belge ou autre) la question est : Est-ce le nôtre ?

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Où va l'Amérique d'Obama ?

Hervé de Carmoy s'est livré au difficile exercice de proposer non seulement un bilan de la situation américaine actuelle, mais une étude de prospective sur ses chances de compter encore dans le défi du monde contemporain, tout entier investi par la montée en puissance des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) dans l'économie mondiale. Et ce qu'il dessine, c'est rien moins que la nécessité d'une mutation, au point de comparer la présidence d'Obama à celle de Gorbatchev condamné en son temps à inventer la Perestroïka pour sauver l'URSS du naufrage.

Des signes forts viennent à l'appui de cette thèse, comme la presque disparition de General Motors en 2009, et son retournement industriel spectaculaire : GM se mit à fabriquer des voitures vertes, plus petites, plus économes, bref, une véritable révolution morale au pays de la belle américaine… Certes, l'Amérique, c'est toujours un PIB écrasant, une puissance militaire incomparable, mais une dette colossale et une armée incapable de gagner la moindre guerre, pas même celle d‘lrak. Certes, le dollar reste bien le pivot du système financier mondial et les universités américaines les plus performantes du monde. Mais la Chine talonne désormais les Etats-Unis sur ces deux terrains, sur celui de la finance en devenant le premier bailleur de fonds dans le monde, et sur le terrain de la recherche fondamentale en ouvrant à tour de bras des filières d'excellence en collaboration avec le Japon, tout comme en offrant des primes au retour conséquentes aux chercheurs d'origine chinoise exilés un peu partout en occident.

Le monde serait-il en train de tourner définitivement la page inaugurée en 1945, qui vit l'Amérique du Nord s'affirmer comme la seule super puissance de la planète ? La nouvelle donne mondiale semble l'affirmer avec force. L'emploi et l'investissement ont été captés par l'Asie Pacifique. Et ce mouvement s'est accentué du reste à la faveur de la crise financière de 2008, année qui paraît marquer la vraie entrée des nations dans un XXIème qui ne laissera pas de surprendre. En 2008 en effet, le paradigme du marché a pris le pas sur celui de la géopolitique. Et «le reste du monde» est devenu l'acteur de première importance de ce marché. Désormais, les spéculateurs ont le pouvoir de faire plier n'importe quelle puissance, qu'aucune armée ne pourra briser. La puissance est ailleurs : non pas militaire mais financière, et elle commence à prendre son nouveau visage : celui de l'Asie.

Face au défi chinois en particulier, pour Hervé de Carmoy, l'Amérique d'Obama n'a d'autre issue que de faire retour au sol américain, où les difficultés se sont multipliées ces dernières années. le poids des démographies « minoritaires » par exemple, dont la pression va aller croissante : en 2042, les minorités seront majoritaires. Quelles en seront les conséquences, dans un pays qui n'a cessé non plus de voir croître les inégalités et où toutes les richesses sont concentrées entre les mains d'une minorité Wasp ? le défi sera alors de moderniser tout l'appareil de la croissance américaine, celui de l'enrichissement des ménages aussi bien, et pour cela donc, tout son appareil politico-financier. C'est là, moins dans un repli impossible que dans l'affrontement à son destin intérieur, que les Etats-Unis trouveront l'opportunité de reconstruire leur histoire pour peser de nouveau, au rang qui est le leur, dans le nouveau concert des nations qui se met en place, certainement plus rapidement que d'aucun ne l'imagine.
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Le califat du sang

Alexandre ADLER comme toujours fait œuvre de pédagogie: En une centaine de pages il retrace très clairement l'histoire de l' Islam Chiite et Sunnite pour en arriver à DAECH. Souhaitons que sa prospective bien étayée se révèle exacte. A lire absolument si l'on a du mal à suivre toutes les arcanes actuelles de la politique des Pays Musulmans.
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J'ai vu finir le monde ancien

"Le monde ancien" qu'évoque le titre est celui dans lequel je suis née, mais que j'ai à peine connu. La couverture m'évoque des images qui datent du début de mon collège : le 11-septembre fait partie de mes premiers souvenirs de politique et de conflits.

Lire ce livre, dix ans après, m'a permis de mieux comprendre la diplomatie de ces années-là, le rôle trouble de l'Iran, le basculement des Etats-Unis de l'hyperpuissance à la peur.

Un essai instructif et éclairant sur un épisode-clé de l'histoire contemporaine.
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Sociétés secrètes : De Léonard de Vinci à Rennes-le..

Inspiré par une série d'émissions qu'il a produites pour France Culture en 2006, sous le titre : "Histoire de ... Da Vinci Code", ce livre d'Alexandre Adler est loin d'évoquer ces seules sociétés secrètes (dont au final il est assez peu question dans l'ouvrage) et traite surtout avec opportunisme du mystère de Rennes-le-Château remis en actualité par le succès de "Da Vinci Code".



L'auteur, normalien, agrégé d'histoire, professeur à l'université de Paris VIII, grand spécialiste en géopolitique pourrait être supposé, au su de son cursus intellectuel, sérieux et pondéré ; aussi, est-il très surprenant de voir s'accumuler dans son étude les erreurs les plus grossières. Semblant avoir compulsé sommairement tout ce qui a pu s'écrire de fumeux sur l'énigme de Rennes-le-Château, il en reprend les plus incroyables balivernes sans apporter la moindre source historique, le moindre appui bibliographique sérieux pour nous livrer un livre bâclé.



Les exemples de ces erreurs graves ne manquent pas en voici quelques-uns qui sont assez édifiants :



Page 107 : "Nicolas Pavillon était, nous dit Adler, un des directeurs de conscience du jansénisme naissant..." !



Il n'en est rien. C'est bien au contraire les jansénistes qui ne cesseront de tenter de ramener vers eux la haute personnalité morale de Nicolas Pavillon. Ses pratiques rigoristes et exigeantes s'accordaient certes avec les idéaux jansénistes mais il ne fut jamais contrairement à Arnauld ou Saint-Cyran un chantre du mouvement. Trop heureuse de l'assimiler au jansénisme, l'église de Rome qui vit en cet homme, trop indépendant, un polémiste redoutable pensait ainsi le discréditer. Aujourd'hui plus aucun historien sérieux, fut-il religieux et catholique ne saurait prétendre le contraire.



Page 117 : "Nicolas Pavillon est né de père inconnu et toute personne qui regarde son portrait, tel qu'on le voit encore d'Alet est frappé par sa ressemblance avec le cardinal de Richelieu ..."



Nicolas Pavillon naquit le 17 novembre 1597 à Paris, il était le petit-fils de Nicolas Pavillon avocat au parlement de Paris et le fils de Catherine de la Bistrade et d'Etienne Pavillon, un correcteur en la chambre des comptes. D'où Alexandre Adler, réputé bien informé, tient-il cette affirmation de la plus haute fantaisie ? Nous aurions aimé une note de bas de page donnant ses références, il n'y en a aucune ! Étrange désinvolture pour notre historien patenté !



Toujours page 117 : "Nicolas Pavillon entretient avec Pascal des rapports très étroits. Il est un inspirateur, une sorte de Père Joseph du Jansénisme, Le Père Joseph étant jésuite et confesseur de Richelieu, comme chacun sait."



Chacun peut-être, mais pas moi !!

Car si Le Père Joseph fut surnommé "l'éminence grise" de Richelieu, c'est bien à cause de sa robe de bure grise de Capucin et non de Jésuite ! Son formidable réseau d'espionnage s'appuyant justement sur des moines capucins et non jésuites.



Page 120 : A propos de Saint Vincent Depaul cette fois : "Le voici à Tunis où il devient l'esclave d'un riche musulman sans doute soufi, qui l'initie aux arcanes de l'alchimie et lui accorde une liberté croissante, dont il se servira pour s'évader ..."



Encore une autre erreur qui dénote sa méconnaissance totale de l'épisode puisqu'à la mort de son maître alchimiste, il est racheté par Guillaume Gautier, un renégat avec lequel il retourna en France.



Page 180 : "Ce qui est vraisemblable, c'est que les cathares leur aient confié leur trésor plutôt que de le livrer aux croisés albigeois. Et il est parfaitement possible que des templiers aient protégé un certain nombre de cathares en échange d'espèces sonnantes et trébuchantes"



Et revoilà cette vieille lune du trésor cathare, oubliant ou n'ayant jamais su qu'il était prescrit aux "bons hommes" de travailler de leur mains, Alexandre Adler nous ressort l'inconcevable "trésor cathare". La pauvreté figurait comme une prescription majeure pour ceux qui avaient désiré vivre l'authentique message d'amour et de charité christique, comment auraient-ils pu ou voulu amasser de l'or ?

Parler de trésor cathare est aussi irréaliste que de parler de "chevaliers cathares", eux qui exécraient la violence.



Est-il besoin de continuer ?



Sachez que pourtant la "matière" ne manquerait pas pour développer ici plusieurs pages sur les incroyables sornettes non étayées que véhicule ce livre.

Alaric serait enterré dans l'Aude avec la Ménorah selon ce monsieur, alors qu'aucun chroniqueur de l'époque n'a jamais mentionné que le roi Wisigoth retrouva à Rome les trésors du Temple de Jérusalem contrairement au Vandale Genséric qui lui mit effectivement la main dessus comme le rapporte François-René de Châteaubriand !



Une confusion systématique est faite entre certains personnages historiques et ce que l'on a tenté de leur faire endosser. Ainsi Nicolas Flamel ou Raymond Lulle qui ne furent pas alchimistes se voient ici confondus avec ceux que les historiens appellent avec plus de raison les "pseudo-Flamel" ou les "pseudo-Lulle". Écrivains alchimistes, eux, et qui se servirent de la réputation bien assise d'hommes respectés pour répandre leurs textes. etc, etc.



Tout cela pour en arriver à brasser une série d'hypothèses entendues et ré-entendues qui n'apporte rien de bien nouveau à l'affaire et, au passage, distiller quelques convictions tendancieuses.



Inspiré d'autres ouvrages tout aussi calamiteux, "Sociétés secrètes" nécessiterait d'être suivi d'un livre de corrections explicatives.

Il reste donc très surprenant qu'un esprit par ailleurs souvent rigoureux et brillant ce soit à ce point fourvoyé dans les méandres de l'énigme de Rennes-le-Château et y ait fait preuve d'aussi peu de sérieux en matière d'Histoire.
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L'islamisme va-t-il gagner ?

Un petit bijou d’intelligence. Imaginez-vous un soir au coin du feu avec pour Vladimir une vodka, pour Alexandre un raki et pour nous un calva hors d’âge. Alexandre nous parle du Moyen-Orient, Vladimir le tempère et relance à propos des liens entre Islam et cosaques….Pendant 2 heures nous voyons défiler un siècle de relations du monde musulman avec la Russie, les USA et l’Europe et aussi avec ses différences Arabes et non-Arabes.



Deux témoins et acteurs privilégiés. Deux éclairages en profondeur. La famille d’Alexandre Adler conserve de fortes racines en Turquie, Vladimir Fédorovski est connaisseur intime de la politique Russe et tous deux ont une mémoire longue et ne sont pas dogmatiques.



Devant nos yeux tenus éveillés par notre calva, combien de clefs vont nous être servies sur le manteau de la cheminée : Israël histoire et fondation ; le Kremlin et le monde arabe ; guerres et bombes atomiques ; de Constantinople à Istanbul ; La Turquie de Mustafa Kemal à Erdogan ; une géostratégie arabo-musulmane et le rôle des américains ; l’Egypte un nœud géopolitique ; le printemps arabe et l’avenir du Maghreb ; l’Iran histoire et l’axe chiite ; Iran et Irak guerres et leurs suites ; de l’embrasement de la planète ou non.



la suite sur le lien du blog 2 pages


Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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Où va l'Amérique d'Obama ?

Un court ouvrage à deux mains : la première partie écrite par l'habile Alexandre Adler est une sorte de préface synthèse de la seconde partie rédigée par un ancien banquier, Hervé de Carmoy. le propos de ce dernier se divise en cinq chapitres : démographie, secteur financier, innovations technologiques, politique étrangère, dimension militaire. Chacun des chapitres se sous-divise en un exposé général suivi de questions pertinentes et, enfin, de conclusions dans l'ensemble positives. L'ouvrage écrit trop tôt, la situation intérieure est peu abordée alors que l'Amérique profonde est secouée par les Teas parties et par les multiplications des « Occupy » de Wall Street à Mosier, gros bourg de l'Oregon (430 habitants). Mais les deux auteurs comme beaucoup de leurs semblables habitués à certains cercles métropolitains ne considèrent pas l'Américain du Nevada ou de l'Iowa qui sent trop la terre : seuls ceux de la Silicon valley et de Pennsylvania Avenue méritent de l'attention. En fait les deux auteurs ont une vision très impériale des Etats-Unis : l'essentiel est ce que grand pays continue à attirer les élites des autres continents dans les universités : ne plaident-ils pas pour que le melting-pot soit un « melting-top »(p.70) ? On doit venir à Rome et non l'inverse….

La géographie est également peu présente alors que l'examen d'une carte fournirait d'un seul regard tout le potentiel que les Etats-Unis possèdent avec leur longue façade pacifique. Mais, elle est sous-entendue quand Hervé de Carmoy évoque la politique étrangère de plus en plus offensive et la force militaire, aujourd'hui la première: plus de 500 bases à travers le monde sans compter celles secrètes et sans omettre les antennes de la CIA et du FBI.

Au terme de la lecture de ce livre, est-ce bien de l'Amérique du Président Obama qu'ils voulaient évoquer et pour lequel Hervé de Carmoy a une admiration réelle ? Ou bien ne saisissaient-ils à l'occasion de l'arrivée dans le Bureau ovale d'un Président noir d'exprimer leur union aux desseins de cette hyperpuissance ? Ainsi Alexandre Adler dans les lignes « … tant il demeure vrai que la République américaine porte toujours dans son code génétique le plus fondamental, les destinées et les espoirs de la démocratie ainsi que de la liberté dans le monde, sans parler de l'indispensable conquête et colonisation de l'espace le plus proche, la lune et les astéroïdes » (p.40)

Puis à la page 163, Hervé de Carmoy lui répond en écho : « Malgré tout et dans son ensemble, les Etats-Unis sont satisfaits de la position qui la leur dans le monde d'aujourd'hui. Ils ne cherchent nullement à l'étendre. Ils sont en revanche attachés à ce que le monde continue comme il est, c'est-à-dire selon une équation qui les avantage tant leurs règles de jeu prévalent encore. »

On comprend qu'à Cannes, Nicolas Sarkozy ait tenu à tout prix à échanger d'égal à égal avec le POTUS !





Jean Vinatier

Copyright©SERIATIM 2011



Source:

Adler (Alexandre), Carmoy (Hervé de) : Où va l'Amérique d'Obama ? , Paris, PUF, 2011, 18 €

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Le peuple monde : Destins d'Israël

L'auteur s’explique ainsi sur son dernier ouvrage :

« Le judaïsme fut une prise de risques. Si l’on se déclare - comme le dit Raymond Aron - un peuple différent et que l’on vit l’histoire dans ses tourmentes, on se trouve en éveil face à l’extraordinaire développement du temps. Les Juifs n’habitent pas l’espace, ils habitent le temps. Le génocide hitlérien a montré que le risque pouvait être maximal. Paradoxalement, il a aussi ouvert à une redécouverte de la terre d’Israël. Le judaïsme est donc finalement une réalité plutôt heureuse doublée d’un danger très grand. »

Après avoir terminé cet essai très personnel d’Alexandre Adler, je ne puis le croire quand il se présente comme « athée ». Je dirais plutôt que c’est un homme « hanté » par l’idée de Dieu, le dieu unique des Hébreux, celui qu’ils reçurent de Moïse, qui était, lui, vraisemblablement issu d’une noble lignée pharaonique.

Voici donc un essai, en forme d’évocation érudite des origines du monde occidental, un survol éblouissant de savoir et de sagesse du développement de la pensée juive depuis les premiers écrits bibliques, en passant par l’irruption « comme toute armée » de la Kabbale (Tradition) dans les nouvelles écoles philosophiques de France au 8ème siècle, culminant au 13° siècle avec le Zohar, en réponse à la crise du judaïsme médiéval déchiré entre Chrétienté et Islam.

Une longue imprécation lucide en forme de psaume non dénué d’espoir. Une explication utile des sources et facettes du sionisme divisé, aujourd’hui en Israël, entre trois mouvements politiques incompatibles : les expansionnistes territoriaux essentiellement religieux, les idéalistes imprécateurs à la protestation inaudible et un Etat machiavélien incapable de porter des valeurs transcendantes.

Car la lucidité d’Alexandre Adler est extrême. Il livre la vision d’un hypermnésique qui a tout engrangé des vicissitudes de l’histoire de notre dernier siècle (entre autres). Il pose des questions qui font mal : Israël retrouvera-t-il toutes ses potentialités intellectuelles pour les appliquer à la question de la transformation démocratique du monde musulman, clef de sa réussite et de la survie de l’Etat hébreu ?

Une piste : le fait qu’il y ait toujours, dès l’Antiquité, un fil rouge révolutionnaire qui traverse le judaïsme et qui recèle une remise en cause radicale des sociétés constituées : Spinoza, Freud, Einstein en marquent les jalons importants.

L’ouvrage, dense et touffu, n’est pas des plus faciles à lire pour qui n’est pas familier des concepts philosophiques comme moi. Il se mérite. Mais la conclusion est éblouissante, prophétique, pleine d’espoir. A ne pas manquer.

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Où va l'Amérique d'Obama ?

Avant tout, il faut faire remarquer que « Où va l’Amérique d’Obama » aurait pu simplement être intitulé « Où va l’Amérique ? ». Car si on recherche dans cet essai une analyse de la politique menée par Barack Obama depuis son arrivée au pouvoir, on fait fausse route. Les deux auteurs, Alexandre Adler, qui a notamment fait des chroniques sur Radio France, et Hervé de Carmoy, qui peut se prévaloir d’une longue expérience des milieux financiers, cherchent ici à retracer d’une façon synthétique l’évolution démographique, économique et politique des Etats-Unis pendant ces dernières décennie ; ainsi que celle de leur stature internationale.

Tout au long d’un essai relativement court ( 189 pages ) et donc accessible, divisé en cinq chapitres, les auteurs tentent de savoir si les Etats-Unis vont rester fidèles à ce qui a fait jusque là leur force, ou non. La situation démographique y est longuement décrite. On y apprendra notamment que la première puissance mondiale va bientôt être plus composée de populations d’origine étrangère que de blancs, mais que les inégalités sociales entre les différentes ethnies du pays sont encore bien ancrées. L’importance des milieux financier y est analysée. Le chapitre consacré à ce sujet laisse entendre que « L’Amérique d’Obama » n’a pas encore, comme chacun sait, digéré les conséquences de la Crise de 2007, et surtout qu’ils n’ont pas suffisamment pris conscience des dégâts que peuvent inévitablement provoquer un manque de régulation du secteur financier Un autre chapitre se penche sur le rôle des innovations, où l’on apprend notamment que cela peut-être source d’une politique d’immigration plus sélective. La politique extérieure des dernières décennies fait évidemment l’objet d’un chapitre. Les auteurs mettent l’accent sur le fait qu’au-delà des légitimes impératifs sécuritaires qu’elle souhaite, l’Amérique, et plus celle de Bush que d’Obama, a laissé passer des occasions d’ouverture avec le monde extérieur désormais plus qu’improbables, notamment avec l’Iran. Et la dimension militaire vient alimenter un dernier chapitre. Il y est mentionné que depuis plus d’un demi-siècle et leur libération de l’Europe des jougs du nazisme, qui leur a conféré l’hégémonie mondiale qu’ils ont depuis lors toujours gardé, les Etats-Unis n’ont cessé de s’empêtrer dans des conflits qu’ils maîtrisent de moins en moins.

Alors « Où va l’Amérique d’Obama ? », un constat pessimiste ? C’est aller loin en besogne que de faire ce facile raccourci. Car malgré l’analyse austère de l’Amérique de ces dernières décennies, et donc, encore une fois, d’avant le sacre d’Obama, les auteurs tentent de placer quelques solutions et des signes d’une certaine « remise dans un droit chemin ». En matière de démographie, les Etats-Unis attirant toujours les élites des pays étrangers, ils ne devraient pas sombrer dans une poussée nationaliste et xénophobe. Sur le plan financier, c’est moins optimiste, les auteurs faisant notamment savoir qu’un axe « sino - japonais » en la matière n’est pas à exclure ; mais le dollar reste toujours la monnaie la plus forte. Concernant la politique extérieure, les Etats-Unis pourraient cesser de crée des alliances illogiques dans la mesure où cela peut aller à l’encontre de leurs propres intérêts. Il devraient donc chercher à harmoniser leur place avec les autres grandes puissances sur l’échiquier géopolitique mondial. Et enfin, sur le plan militaire, la supériorité américaine pourrait consentir à un certain repli.

« Où va l’Amérique d’Obama » est une riche mine d’informations économiques et géopolitiques. Les deux auteurs ne sont pas des journalistes mais des véritables spécialistes de ces questions. On peut néanmoins regretter la technicité de certains passages, qui semblent plus destinés à des économistes en herbe qu’au grand public. On peut aussi y ressentir un manque de clarté, l’analyse proposée pouvant être parfois noyés dans des masses de données démographiques ou historiques. Mais on apprécie la justesse de l’essai, qui a le mérite de se prévaloir d’une quelconque idéologie qui serait sous-jacente à la minutieuse analyse qui y est proposée.





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Où va l'Amérique d'Obama ?

"Où va l'Amérique d'Obama", est un essai dans lequel Hervé de Carmoy analyse la situation des USA dans le monde changeant de l’après Guerre Froide et de la montée en puissance de l’Asie.

Il commence sur une passionnante ouverture d’Alexandre Adler qui détaille le développement et l’état actuel de la géopolitique des USA, et définit les quatre axes de ce que devrait être la nouvelle stratégie du pays pour le XXIème siècle : retrouver le primat de la politique intérieure, la gestion, par containment, de la Chine, le redimensionnement de son armée, l’acceptation du projet européen. De grande qualité, cette ouverture, met en évidence la complexité de toute position géostratégique, loin des simplifications habituelles et des affirmations binaires. Il montre aussi que tout changement stratégique est long et pénible car les inerties sont fortes, et les alliances difficiles à changer.

Suit le texte de de Carmoy. Les forces et les faiblesses des USA y sont analysées, et la nécessité d’une pérestroïka américaine est pointée. Le modèle de développement qui a fait la force des USA depuis au moins le début du XXème siècle, et sûrement depuis la Seconde Guerre Mondiale est en voie d'épuisement. L’imperium fondé sur la puissance économique, appuyée sur un dollar « as good as gold », et la suprématie militaire, donc diplomatique, est entrée en déliquescence. L’armée, étirée à l’extrême, est à la limite de son possible, le dollar baisse lentement mais sûrement, l’économie a connu une crise presque sans précédent, le système financier est largement hors de contrôle. La puissance politique du pays se ressent de toutes ces avanies et oblige les USA à repenser leur posture. Dans ce moment de bascule, c’est à une analyse stratégique forces/faiblesses/opportunités que se livre l’auteur, à travers cinq thèmes principaux.



La démographie : les USA sont en passe de ne plus être un pays majoritairement blanc. L’immigration latino et asiatique transforme le pays en profondeur (de manière différenciée, l’intégration se faisant à un niveau plus élevé pour les asiatiques). Mais les blancs restent dominants, tant économiquement que politiquement. Et, dans le même temps, les USA ne parviennent plus à attirer suffisamment de cerveaux pour nourrir innovation et croissance. Dans le peuple, inégalités sociales et tensions persistent alors que, dans l’élite, une égalité politiquement correcte est la règle indiscutée. Les USA devront parvenir à rénover le rêve américain pour attirer de nouvelles populations tout en assurant des opportunités d’ascension sociale à ses immigrés afin de recommencer à être le pays qui attire les élites du monde (qui innovent) et le lumpenprolétariat d’Amérique latine (sans lequel l’économie américaine ne peut pourvoir ses emplois non qualifiés). Ils l'ont fait en grande partie par l'endettement. Il va falloir trouver autre chose.



Le système financier : le système financier américaine est au bord du gouffre après avoir fait sauter progressivement toutes les règles prudentielles héritées de la crise de 29, et avoir innové au delà du raisonnable, en délaissant le métier traditionnel de la banque pour se droguer aux marchés financiers et à leurs résultats incroyables. Il est indispensable de réformer en profondeur le système en y ramenant des règles éthiques et des hommes qui les portent, et en se recentrant sur le métier traditionnel du secteur bancaire, le financement de l'économie.



L’innovation : les USA ont été pendant longtemps sur la frontière technologique. Ca peut devenir moins vrai dans un avenir proche. Concurrencés par l’Inde et le Chine dans la production d’ingénieurs et de docteurs, nantis de capital riskers échaudés par les pertes de la crise récente, ainsi que d’un Etat fédéral moins enclin que par le passé à financer en sous-main la recherche en dépit de ses affirmations libérales, les USA risquent de ne plus être le moteur du progrès technique qu’ils furent. Il leur faut réactiver l’immigration de cerveaux qui caractérisa les années 50 par exemple, réparer un système de financement des entreprises innovantes qui a longtemps été le meilleur du monde, et remettre l’Etat dans le jeu de l’innovation, y compris en finançant la recherche spatiale ou militaire, ce qui a toujours été son faux nez.



La politique étrangère : la doctrine Monroe était isolationniste (traditionnellement, aux USA, la politique étrangère a pour but ultime la sécurité). Les USA s’en sont progressivement détournés. Vont-ils y revenir ? La Guerre Froide terminée, sans véritable adversaire militaire, les USA devraient se recentrer sur leur continent, diminuer la taille de leur (dispendieuse) armée, accepter le multilatéralisme. Ils ne peuvent retrouver leur puissance mondiale qu’en récupérant la force économique à l’intérieur de leur frontière.



L’armée : l’armée américaine a été organisée et calibrée pour faire face à la Guerre Froide. Cette doctrine ne peut perdurer. Elle a besoin aujourd’hui de plus de spécialistes, de plus de matériels hi-tech (notamment de surveillance électronique), de moins d’hommes en armes, et de plus de forces spéciales sur le terrain, renseignant et intervenant. Elle a aussi besoin de moins de matériel (qu’on pense aux bombardiers nucléaires qui ont volé 24 heures sur 24 pendant toute la Guerre Froide au cas où…), mais de matériel plus efficace, car plus précis voire automatiques, dans les combats de contre-insurrection ou les situations de déséquilibre du fort au faible.



De Carmoy considère donc que les USA peuvent conserver leur puissance en se transformant, en osant affronter une pérestroïka. Rien ne dit qu’Obama ou ses successeurs parviendront à prendre ces virages, car les intérêts et les résistances sont forts, mais, pour l’auteur, il n’y a pas d’autre voie pour éviter le déclin.

"Où va l'Amérique d'Obama" est un ouvrage fort intéressant qui mêle politique intérieure et géopolitique, tant les USA ne peuvent exister hors du monde, et tant tout mouvement des USA créent des vagues qui font bouger le monde. Mon seul bémol est la place peut-être excessive donnée par l'auteur aux aspects bancaires dans ses analyses.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Le rapport de la CIA : Comment sera le mond..

Pour tous les passionnés de géopolitique, cet ouvrage est réellement remarquable.



Il s’agit de la présentation - en langue française - du rapport 2005 du Conseil National du Renseignement américain.



Il aborde les 15 prochaines années et les grandes tendances qui pourraient se dégager en matière politique, économique, religieuse, de communication, écologique,….



Cela donne naissance à 4 scénarios plausibles auquels serait exposée la planète.

.../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/c..
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Le rapport de la CIA : Comment sera le mond..

L’interminable présentation d’une cinquantaine de page suivi d’un avant-propos, ont presque eu raison de ma lecture. Ma curiosité étant assez forte, j’ai quand même poursuivi et je dois dire que je ne suis pas déçu !

Je préviens tout de suite, il y a un du relent de complotisme, des biais et des raccourcis mais j’aime bien ça, ce genre de bouquin un peu prophétique tiré de vrais documents. Comme j’aime bien fouiner aussi, j’ai cherché à savoir si d’autres organisations disaient les mêmes choses, globalement il n’y a rien de nouveau dans ce bouquin, c’est ce que les scientifiques ou experts répètent depuis des décennies sur les risques de la mondialisation, les pays émergents etc. Puis bon le « Les États-Unis resteront Facteur unique le plus puissant sur les plans économique, technologique et militaire. » moi ça me fait doucement sourire, ils se mettent toujours en premier alors que le reste du rapport explique l’inverse.

Je me moque mais certains évènements se sont produits comme l’écologie et l’éthique qui viennent en premier plan, la Chine a prit une position de plus en plus dominante depuis la sortie du livre en 2005, la montée de certaines idéologies extrémistes, c’est intéressant de lire le rapport d’origine, ou sa traduction ici mais les conclusions de l’auteur ne m’ont pas paru crédibles.
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Où va l'Amérique d'Obama ?

Dans le contexte mondial actuel avec les difficultés financières de l'Europe et le positionnement de l'Asie, j'étais curieuse de lire ce livre sur l'avenir des États-Unis.

L'ouverture d'Alexandre Adler m'a un peu effrayée car ma connaissance de l'économie mondiale ne me permet d'aborder un discours aussi féru. J'ai retenu toutefois que les États-Unis sont habitués aux cycles et que cette dernière crise pourrait être les prémisses d'une reprise en main.

Effectivement, Hervé de Carmoy dresse ensuite un état des lieux très fouillé et abordable de la situation actuelle et des pistes de redressement envisageables.

Les points forts du pays résident en sa population. Volontaires, optimistes, croyants, les Américains sont toujours prêts à relever de nouveaux défis.C'est une population mixte avec une forte immigration de latinos qui apportent la jeunesse au pays et une immigration d'éminents asiatiques qui ont choisi de travailler pour les entreprises américaines.

Le succès des États-Unis résulte du grand investissement fait dans les Universités et les infrastructures.

" Hier, l'Amérique était mu par le travail, l'innovation et les résultats sur le long terme. aujourd'hui, elle préfère les jeux financiers et spéculatifs."

Cette spéculation a amené la crise de 2008 et l'Amérique doit aujourd'hui rétablir une certaine éthique dans son milieu bancaire.

On ne peut évoque ce pays sans parler de sa présence militaire mondiale. Mais maintenant, le budget de l'armée doit se concentrer sur des armes plus sophistiquées (cybernétique, informatique) pour assurer sa sécurité sans se désengager trop rapidement au Moyen-Orient. Mais, l'avenir des États-Unis est de veiller à une paix mondiale en aidant ces pays à développer leurs industries, leur savoir-faire, parce que les jeunes de ces pays ont besoin de travail et d'avenir.

L'Amérique doit se recentrer sur elle-même pour améliorer sa croissance économique et développer ses atouts sur sa pré-éminence en matière de recherche.

Les réformes seront longues et il faudra tenir compte des pays émergents. L'Asie connaît aujourd'hui la situation idéale des États-Unis d'il y a soixante ans ( marché important, universités, liquidités, crédit aux entreprises) et l'Amérique devra savoir les associer en partenaires.

" On ne périt plus aujourd'hui d'être attaqué par une nuée d'avions, mais d'être délaissé au profit d'un concurrent."

Ce livre m'a permis de comprendre un peu mieux la problématique des américains. Les solutions avancées par Hervé de Carmoy seront longues à mettre en place et dépendent aussi de ce qui se passera dans le monde car si les États-Unis doivent se recentrer sur eux-mêmes, ils sont dépendants de la mondialisation et ont une vocation à assurer un état de paix mondial.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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L'odyssée américaine

Adler en érudit nous fait partager ce qu'est l'Amérique au delà des clichés faciles caricaturaux
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Berlin 9 novembre 1989 : la chute

C'était hier, c'était la fête... oui mais...

La chute d'un des deux grands ne sait pas fait en un jour et ces implications raisonnent aujourd'hui plus que jamais
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Le Mausolée

Moscou, 2014. Tatiana est danseuse dans un lieu de rencontres pour hommes d'affaires. Sa beauté ne laisse pas indifférent Oleg Bezroukov. Mais elle a très vite des doutes sur cet homme amoureux, qui disparaît sans explication et qui semble être doté d'un étrange pouvoir de prédiction. La rencontre de Tatiana avec Piotr lui permet de découvrir l'existence d'une organisation secrète.

Derrière ce thriller haletant, Edouard Moradpou nous propose une critique de la nouvelle Russie, celle des oligarques et du capitalisme débridé.

En observateur avisé il nous propose une fiction entre deux visions antagonistes, le bien et le mal en sommes, pour la Russie de demain. Et des oppositions entre le peuple et les arrivistes de tout bord prêts à tout pour s’octroyer le pouvoir.

Et cette opposition est ici parfaitement illustrée par le tombeau de Lénine dont une partie de la population souhaite une inhumation dans les règles strictes de l’église orthodoxe et les nostalgiques du communiste qui tiennent à ce mausolée comme à la prunelle de leurs yeux.

Entre symbolisme et mysticisme c’est toute l’âme slave qui se révèle ici.


Lien : https://collectifpolar.com/
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