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Citations de Alexandre Civico (47)


La vie professionnelle est dure. Même les plus ambitieux ignorent quels chemins la leur empruntera. Même les plus tire-au-flanc ne peuvent savoir ce que l'avenir leur réserve. Tous, sans exception, sont dans l'impossibilité totale de connaître de quelle façon tragique leur vie professionnelle prendra fin - toujours trop tôt, sans avoir le temps de faire ses adieux ni de dire aux collègues de toute une vie combien on les a haïs.
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Toi et moi, nous sommes des rois sans paupières, seule la douleur nous préserve de la mélancolie.
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Un corps que la mort est en train d'aspirer à la paille, par petites gorgées ...
... Elle l'a fait tant attendre, cette dame. Elle est venue le chercher une fois laid.
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Tout ce que l'on fera à partir de maintenant, c'est revivre cette même soirée, revivre cette même soirée, jusqu'à ce qu'elle s'épuise. On va la singer chaque fois un peu plus, l'imiter, et elle finira par avoir l'amertume de l'amande. La joie ne se cultive pas, elle n'existe qu'à l'état sauvage. Il faut la saisir quand elle passe puis la laisser partir.
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Il devait bander à regret. J'étais Méduse, ou Circé, ou les sirènes de l'Odyssée. Bref, une salope. J'ai passé doucement ma langue sur mes lèvres et j'ai vu son regret devenir douleur.
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Je ne t'ai jamais emmené au cimetière. Il faut que tu vois ça. J'y vais souvent après avoir gobé un cachet, c'est l'endroit le plus agréable de la ville. Là-bas, tous les cons sont morts.
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Le lendemain à l’aube, le sommeil s’est arrêté d’un coup. Net. Tant mieux puisqu’il me fallait prendre la route. J’ai quitté Orlando dans la fraîcheur d’un matin pluvieux. La voix de mon téléphone a repris sa litanie, plus ferme que la veille, plus claire. Bientôt, j’ai rejoint l’autoroute, l’Interstate 65, trois voies bordées d’arbres parcourues à vive allure par des camions aux chromes tapageurs, des pickups aux couleurs sombres et des voitures trop pressées. Depuis la veille, une dent travaillait ma gencive, une musaraigne apeurée se mouvait dans ma bouche, paniquée. La douleur était encore supportable, assez en tout cas pour que je puisse me concentrer sur la route, sur les monstres qui la parcouraient à vive allure sans égard pour mon petit véhicule poussif. Je la regardais, cette Amérique, et me suis dit qu’elle dégueulait d’Amérique. De ses propres signes, de ses clins d’œil à elle-même. Cette Amérique avec sa peau grenue, ses vergetures et son fond de teint mal étalé, ses routes larges, ses lumières qui éclairent le jour, ses couleurs stridentes, elle était telle que je l’avais laissée dans ma jeunesse, un peu plus fausse sans doute encore, mais cela venait peut-être de moi.
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J’ai envie de mettre ta tristesse dans ma tristesse comme on met une petite boîte dans une boîte plus grande.
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Défilent les portes, les panneaux, tu ne sais pas exactement quel itinéraire tu vas suivre. La route, tu vas la faire au souvenir. La dose d’adrénaline qui a jailli dans tes veines à les en faire exploser paraît avoir diminué. Ça cogne moins fort dans ta poitrine. Une sortie t’indique Bordeaux. Tu y trouves ton premier jalon. Jusque-là, le chemin n’a rien de très compliqué. Une fois sur l’A 10, une vague de soulagement t’envahit. Devant toi, six cents kilomètres d’abrutissement. Se laisser glisser sur l’asphalte, dégringoler comme on se laisse tomber d’un monticule en joyeuses galipettes. La tension que te procure systématiquement la route s’estompe un peu, elle aussi. Scruter la jauge du carburant. Le réservoir est pratiquement plein. Ne pas s’arrêter avant d’avoir besoin d’essence. Quantité de lumières étoilent le tableau de bord. Elles clignotent, s’allument, s’éteignent sans que tu saches pourquoi. Fais confiance à la mécanique allemande. Tu sourirais presque. Allemand solide, Italien peu fiable. C’est ta conception héritée de la voiture. Un acquis.
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Le ventre des chiens ou leur bite, c’est la même chose. Et vous le savez très bien. Vous nous faites crever, rapidement ou à petit feu, à coups de ventre, à coups de bite. Vous prenez toute la place.
(...)
Ne t’inquiète pas, je n’ai pas bandé depuis au moins Vatican II. Les hommes vont arrêter de bander m’avait dit Pedro un soir. Si ça se trouve, c’est ça la réponse. Que les hommes arrêtent de bander.
(...)
Le pouvoir ça voudrait faire le bien, mais ça fait toujours le mal.
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La joie ne se cultive pas, elle n'existe qu'à l'état sauvage. Il faut la saisir quand elle passe, puis la laisser partir.
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J’avais quitté Paris quelques heures plus tôt après avoir empaqueté rapidement mes affaires dans la valise noire. Mon billet d’avion fumait encore. Plus de chat à nourrir, tout juste une porte à claquer sur des fenêtres aux volets clos, un parquet aux lattes écartées, poussière débordant des rainures, une odeur rance de frigo en fin de mois et la porte d’une chambre que je n’avais jamais pu rouvrir.
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Le premier train du jour surgit du brouillard. Deux gros yeux jaunes, en colère, jaillissent soudain, éclairant le museau renfrogné de la locomotive qui tire derrière elle des dizaines de wagons et de containers. Williams Station Day, dernier samedi d’octobre. L’odeur de carton-pâte des petits matins froids. Une brume épaisse couvre la matinée comme un châle. À l’approche de la gare, le train pousse un mugissement de taureau à l’agonie. La foule assemblée là pour le voir passer lance un grand cri de joie, applaudit, se regarde applaudir, les gens se prennent à témoin, oui, le Williams Station Day a bien officiellement commencé. Je regarde Eve, ses yeux aux teintes orangées brillent d’un éclat enfantin. Certains wagons sont bariolés aux couleurs de l’événement, d’autres aux couleurs de la sainte Amérique. La ville d’Atmore fête sa fondation, cent ans plus tôt, autour de la voie ferrée, seule et unique raison de son existence. On célèbre aujourd’hui l’établissement d’une vague gare devenue une vague ville. Le serpent monstrueux traverse, raide, Atmore pendant un bon quart d’heure, un kilomètre au moins de wagons et de containers avance à une allure modérée, bruyamment, devant une population qui revient tous les ans se célébrer elle-même. L’air est encore frais. Le brouillard ne devrait pas se lever avant une heure. Une bénévole sous un barnum blanc distribue des cafés chauds aux lève-tôt, aux fervents. aux fervents. Je vais en chercher deux, en tends un à Eve qui prend le gobelet entre ses mains pour se réchauffer. Elle boit une gorgée, se brûle la langue, s’en fout, scrute à nouveau l’immense chenille de fer. Je regarde Eve qui regarde le train, indifférente à ce qui l’entoure, aux autres, aux hommes, casquette et chemise à carreaux. Le train s’éloigne, quelques applaudissements épars jaillissent, la journée va pouvoir commencer. Je propose à Eve d’aller prendre un petit-déjeuner au Sprinkle Donuts où Berry est déjà à son poste. Elle acquiesce, a envie d’un honey bun et d’un litre de café.
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Quand l'hymne retentit, on devrait tous s'arrêter et se coller la main sur la poitrine, ditEve. Ils sont tellement fiers d'eux-mêmes, de leur liberté qu'ils n'ont jamais gagnée...Ils pensent être le peuple. Ils ne sont que la foule.
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Tu l'aimes, cette langue, tu l'aimes virile, tu aimes l'entendre, tu aimes regarder ses nerfs quand ils sont à vif, et leur crissement aigu est la plus belle des musiques.
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L’enfance a été banale. Toutes les enfances sont banales. Tes uniques points de comparaison étaient les copains du quartier. Arabes, Yougoslaves, Manouches, et Français. La plupart d’entre vous possédaient deux langues et méprisaient le pays d’origine. La langue des parents était chez tous une langue inculte, une langue au goût de terre, de poussière et de fuite, une langue crasseuse qui fait honte.
Le discours familial, l’héroïsme de classe, n’existaient pas. Pas encore. La notion même de classe était parfaitement étrangère. Les riches étaient loin, et ils n’étaient que les riches.
Ce n’est que plus tard, à l’adolescence, qu’il t’avait inculqué des choses, le père. Des choses confuses et brutes. L’oppression, les patrons, la classe ouvrière, les combats de la guerre d’Espagne. Des enseignements inutiles au milieu des enfants qui, comme vous, vivaient dans cette petite pauvreté que l’on ne dirait pas misère.
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Elle faisait ça, abandonner les livres. Les bons, sur un banc, les moins bons, sous le banc, les médiocres, au-dessus d’une poubelle.
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Ils sont venus parce qu'ils croyaient un peu au spectacle du rêve américain. Aujourd'hui, c'est le spectacle du spectacle, mais mes parents n'ont jamais vraiment voulu l'admettre.
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Elle a montré la pièce qui nous entoure avant d'ajouter, il est beau mon rêve, tu ne trouves pas ? Ils inventent des mots qui ajoutent du malheur au monde.
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Les instructeurs, ceux qui nous disaient vous respirez, vous bloquez, vous appuyez sur la queue de détente, ils disaient aussi aller au feu, et le feu brillait dans leurs yeux comme le diable danse. On nous préparait à ça, à la danse du diable. A la mort aux sept voiles. Et pourtant, quand on est arrivés sur place, dans ce lieu qu’on appelait là-bas, on a bien vu qu’on n’était pas prêts. Que les semaines passées à s’entraîner et à apprendre n’avaient pratiquement servi à rien. On n’enseigne pas la trouille.
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