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Citations de Alfred de Vigny (250)


Alfred de Vigny
“Naître sans fortune est le plus grand des maux. On ne s’en tire jamais dans cette société basée sur l’or.”
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Ne pas espérer qu'un grand œuvre soit contemplé, qu'un livre soit lu, comme ils ont été faits.

Si votre livre est écrit dans la solitude, l'étude et le recueillement je souhaite qu'il soit lu dans le recueillement, l'étude et la solitude : mais soyez à peu près certain qu'il sera lu à la promenade, au café, en calèche, entre les causerîes, les disputes, les verres, les jeux et les éclats de rire, ou pas du tout.

Et, s'il est original, Dieu vous puisse garder des pales imitateurs, troupe nuisibles et innombrable de singes salissants et maladroits !

Et, après tout cela, vous aurez mis au jour quelque volume qui, pareil à toutes les œuvres des hommes, lesquelles n'ont jamais exprimé qu'une question et un soupir, pourra se résumer infailliblement par les deux mots qui ne cesseront jamais d'exprimer notre destinée de doute et de douleur :

POURQUOI ? et HÉLAS !
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C'est en effet une chose toute commode aux médiocrités qu'un temps de révolution. Alors que le beuglement de la voix étouffe l’expression pure de la pensée, que la hauteur de la taille est plus prisée que la grandeur du caractère, que la harangue sur la borne fait taire l’éloquence à la tribune, que l’injure des feuilles publiques voile momentanément la sagesse durable des livres : quand un scandale de la rue fait une petite gloire et un petit nom ; quand les ambitieux centenaires feignent, pour les" piper, d'écouter les écoliers imberbes qui les endoctrinent ; quand l'enfant se guinde sur le bout du pied pour prêcher les hommes ; quand les grands noms sont secoués pêle-mêle dans des sacs de boue, et tirés à la loterie populaire par la main des pamphlétiers ; quand les vieilles hontes de famille redeviennent des espèces d’honneurs, hérédité chère à bien des Capacités connues ; quand les taches de sang font auréole au front, sur ma foi, c'est un bon temps.
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Près du lit des mourants, les parents m'ont toujours importuné.

— Et pourquoi cela ? dit Stello...

Quand une maladie devient un peu longue, les parents jouent le plus mediocre rôle qui se puisse voir. Pendant les huit premiers jours, sentant la mort qui vient, ils pleurent et se tordent les bras ; les huit jours suivants, ils s'habituent à la mort de l’homme, calculent ses suites et spéculent sur elle ; les huit jours qui suivent, ils se disent à l'oreille : Les veilles nous tuent ; on prolonge ses souffrances ; il serait plus heureux pour tout le monde que cela finît. Et s'il reste encore quelques jours après, on me regarde de travers. Ma foi, j’aime mieux les gardés-malades ; elles tâtent bien, à la dérobée, les draps du lit, mais elles ne parlent pas.
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Alfred de Vigny
Aimez ce que jamais on ne verra deux fois.
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Alfred de Vigny
Le Cor

J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l’ombre à minuit demeuré,
J’ai souri de l’entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.

Ô montagne d’azur ! ô pays adoré !
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
Cascades qui tombez des neiges entraînées,
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;

Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons !
C’est là qu’il faut s’asseoir, c’est là qu’il faut entendre
Les airs lointains d’un Cor mélancolique et tendre.

Souvent un voyageur, lorsque l’air est sans bruit,
De cette voix d’airain fait retentir la nuit ;
À ses chants cadencés autour de lui se mêle
L’harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend immobile au sommet du rocher,
Et la cascade unit, dans une chute immense,
Son éternelle plainte au chant de la romance.

Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor ?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
L’ombre du grand Roland n’est donc pas consolée !
(...)
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Comme le Pouvoir est une science de convention, selon les temps, et que tout ordre social est basé sur un mensonge plus ou moins ridicule, tandis qu'au contraire les beautés de tout Art ne sont possibles que dérivant de la vérité la plus intime, vous comprenez que le Pouvoir, quel qu'il soit, trouve une continuelle opposition dans toute œuvre ainsi créée. De là ses efforts éternels pour comprimer ou séduire.
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Alfred de Vigny
L'homme a toujours besoin de caresse et d'amour,
(...)
Quand ses yeux sont en pleurs, il lui faut un baiser.

LA COLÈRE DE SAMSON.
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J'entendis la voix creuse et douce de Chatterton, qui fit cette singulière réponse en saccadant ses paroles et s'arrêtant à chaque phrase :

« L'Angleterre est un vaisseau : notre île en a la forme ; la proue tournée au nord, elle est comme à l'ancre au milieu des mers, surveillant le continent. Sans cesse elle tire de ses flancs d'autres vaisseaux faits à son image et qui vont la représenter sur toutes les côtes du monde. Mais c'est à bord du grand navire qu'est notre ouvrage à tous. Le Roi, les Lords, les Communes, sont au pavillon, au gouvernail et à la boussole ; nous autres, nous devons tous avoir la main aux cordages, monter aux mats, tendre les voiles et charger les canons ; nous sommes tous de l'équipage, et nul n'est inutile dans la manœuvre de notre glorieux navire. »

Cela fit sensation. On s'approcha sans trop comprendre et sans savoir si l'on devait se moquer ou applaudir, situation accoutumée du vulgaire.

« Well, very well ! cria le gros Beckford, c'est bien, mon enfant ! c'est noblement représenter notre bienheureuse patrie ! Rule Britannia ! chanta-t-il en fredonnant l'air national. Mais. mon garçon, je vous prends par vos paroles. Que diable peut faire le Poète dans la manœuvre ? »

Chatterton resta dans sa première immobilité : c'était celle d'un homme absorbé par un travail intérieur qui ne cesse jamais et qui lui fait voir des ombres sur ses pas. Il leva seulement les yeux au plafond, et dit :

« Le Poète cherche aux étoiles quelle route nous montre le doigt du Seigneur. »
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Pars courageusement, laisse toutes les villes ;
Ne ternis plus tes pieds aux poudres du chemin
Du haut de nos pensers vois les cités serviles
Comme les rocs fatals de l'esclavage humain.
Les grands bois et les champs sont de vastes asiles,
Libres comme la mer autour des sombres îles.
Marche à travers les champs une fleur à la main.
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« Donnez-moi un verre d’eau : j’ai quatre-vingts ans, moi ; cela me fait mal.
— Ce ne sera rien, monseigneur, lui dis-je : seulement, il y a dans ce pouls quelque chose qui n’est ni la santé ni la fièvre de la maladie... C’est la folie », ajoutai-je tout bas.
Je dis au malade :
« Comment vous nommez-vous ? »
Rien... ses yeux demeurèrent fixes et mornes...
« Ne le tourmentez pas, Docteur, dit M. de Beaumont, il m’a déjà dit trois fois qu'il s’appelait Nicolas-Joseph-Laurent.
— Mais ce ne sont que des noms de baptême, dis-je.
— N’importe ! n’importe ! dit le bon archevêque avec un peu d’impatience, cela suffit à la religion : ce sont les noms de l’âme que les noms de baptême. C’est par ces noms-là que les saints nous connaissent. Cet enfant est bien bon chrétien. »
Je l’ai souvent remarqué, entre la pensée et l’œil il y a un rapport direct et si immédiat, que l’un agit sur l’autre avec une égale puissance. S’il est vrai qu'une idée arrête le regard, le regard, en se détournant, détourne aussi l’idée. J’en ai fait l’épreuve auprès des fous.
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Ce fut la première fois de ma vie que je lus au fond d'un cœur de soldat. Cette rencontre me révéla une nature d'homme qui m'étais inconnue, et que le pays connaît mal et ne traite pas bien ; je la plaçai dès lors très haut dans mon estime. J'ai souvent cherché depuis autour de moi quelque homme semblable à celui-là et capable de cette abnégation de soi-même entière et insouciante. Or, durant quatorze années que j'ai vécu dans l'armée, ce n'est qu'en elle, et surtout dans les rangs dédaignés et pauvres de l'infanterie, que j'ai retrouvé ces hommes de caractère antique, poussant le sentiment du devoir jusqu'à ses dernières conséquences, n'ayant ni remords de l'obéissance ni honte de la pauvreté, simples de mœurs et de langage, fiers de la gloire du pays, et insouciants de la leur propre, s'enfermant avec plaisir dans leur obscurité, et partageant avec les malheureux le pain noir qu'ils paient de leur sang.

LAURETTE.
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LA DUCHESSE : Monsieur le duc, voulez-vous me rendre folle ? Je ne comprends plus rien ni à vos idées, ni à vos sentiments, ni à mon existence, ni à vos droits, ni aux miens ; je ne suis peut-être qu'une enfant ! J'ai peut-être été toujours trompée. Dites-moi ce que vous savez de la vie réelle du monde. Dites-moi pourquoi les usages sont contre la religion et le monde contre Dieu. Dites-moi si notre vie a tort ou raison ; si le mariage existe ou non ; si je suis votre femme, pourquoi vous ne m'avez jamais revue, et pourquoi l'on ne vous en blâme pas ; si les serments sont sérieux, pourquoi ils ne le sont pas pour vous ; si vous avez et si j'ai moi-même le droit de jalousie. Dites-moi ce que signifie tout cela ? Qu'est-ce que ce mariage du nom et de la fortune, d'où les personnes sont absentes, et pourquoi nos hommes d'affaires nous ont fait paraître dans ce marché ? Dites-moi si le droit qu'on vous a donné était seulement celui de venir me troubler, me poursuivre chez moi quand il vous plaît, d'y tomber comme la foudre, au moment où l'on s'y attend le moins, à tout hasard, au risque de me causer une grande frayeur, sans scrupules, la nuit, dans mon hôtel, dans ma chambre, dans l'alcôve, là !

LE DUC : Ah ! madame, les beaux yeux que voilà ! Aussi éloquents que votre bouche, lorsqu'un peu d'agitation la fait parler.

QUITTE POUR LA PEUR, Scène XII.
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Les femmes qui pardonnent à l'amante fermeraient leur porte à la mère, et [...] tous ceux qui me passent l'oubli d'un mari ne me passeraient pas l'oubli de son nom ; car ce n'est qu'un nom qu'il faut respecter, et ce nom vous tient enchaînée, ce nom est suspendu sur votre tête, comme une épée ! Que celui qu'il représente soit pour nous tout ou rien, nous avons ce nom écrit sur le collier, et au bas : " j'appartiens... "

QUITTE POUR LA PEUR, Scène I.
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Alfred de Vigny
I

Un jour je vis s’asseoir au pied de ce grand arbre
Un Pauvre qui posa sur ce vieux banc de marbre
Son sac et son chapeau, s’empressa d’achever
Un morceau de pain noir, puis se mit à rêver.
Il paraissait chercher dans les longues allées
Quelqu’un pour écouter ses chansons désolées ;
Il suivait à regret la trace des passants
Rares et qui, pressés, s’en allaient en tous sens.
Avec eux s’enfuyait l’aumône disparue,

Prix douteux d’un lit dur en quelque étroite rue
Et d’un amer souper dans un logis malsain.
Cependant il tirait lentement de son sein,
Comme se préparait au martyre un apôtre,
Les trois parts d’une Flûte et liait l’une à l’autre
Essayait l’embouchure à son menton tremblant,
Faisait mouvoir la clef, l’épurait en soufflant,
Sur ses genoux ployés frottait le bois d’ébène,
Puis jouait. — Mais son front en vain gonflait sa veine,
Personne autour de lui pour entendre et juger
L’humble acteur d’un public ingrat et passager.
J’approchais une main du vieux chapeau d’artiste
Sans attendre un regard de son œil doux et triste
En ce temps, de révolte et d’orgueil si rempli ;
Mais, quoique pauvre, il fut modeste et très poli.

II

Il me fit un tableau de sa pénible vie.
Poussé par ce démon qui toujours nous convie,
Ayant tout essayé, rien ne lui réussit,
Et le chaos entier roulait dans son récit.
Ce n’était qu’élan brusque et qu’ambitions folles,
Qu’entreprise avortée et grandeur en paroles.

D’abord, à son départ, orgueil démesuré,
Gigantesque écriteau sur un front assuré,

Promené dans Paris d’une façon hautaine :
Bonaparte et Byron, poète et capitaine,
Législateur aussi, chef de religion
(De tous les écoliers c’est la contagion),
Père d’un panthéisme orné de plusieurs choses,
De quelques âges d’or et des métempsycoses
De Bouddha, qu’en son cœur il croyait inventer ;
Il l’appliquait à tout, espérant importer
Sa révolution dans sa philosophie ;
Mais des contrebandiers notre âge se défie ;
Bientôt par nos fleurets le défaut est trouvé ;
D’un seul argument fin son ballon fut crevé.

Pour hisser sa nacelle il en gonfla bien d’autres
Que le vent dispersa. Fatigué des apôtres,

Il dépouilla leur froc. (Lui-même le premier
Souriait tristement de cet air cavalier
Dont sa marche, au début, avait été fardée
Et, pour d’obscurs combats, si pesamment bardée ;
Car, plus grave à présent, d’une double lueur
Semblait se réchauffer et s’éclairer son cœur ;
Le Bon Sens qui se voit, la Candeur qui l’avoue,
Coloraient en parlant les pâleurs de sa joue.)
Laissant donc les couvents, Panthéistes ou non,
Sur la poupe d’un drame il inscrivit son nom
Et vogua sur ces mers aux trompeuses étoiles ;
Mais, faute de savoir, il sombra sous ses voiles
Avant d’avoir montré son pavillon aux airs.
Alors rien devant lui que flots noirs et déserts,
L’océan du travail si chargé de tempêtes

Où chaque vague emporte et brise mille têtes.
Là, flottant quelques jours sans force et sans fanal,
Son esprit surnagea dans les plis d’un journal,
Radeau désespéré que trop souvent déploie
L’équipage affamé qui se perd et se noie.
Il s’y noya de même, et de même, ayant faim,
Fit ce que fait tout homme invalide et sans pain.

« Je gémis, disait-il, d’avoir une pauvre âme
Faible autant que serait l’âme de quelque femme,
Qui ne peut accomplir ce qu’elle a commencé
Et s’abat au départ sur tout chemin tracé.
L’idée à l’horizon est à peine entrevue,
Que sa lumière écrase et fait ployer ma vue.
Je vois grossir l’obstacle en invincible amas,

Je tombe ainsi que Paul en marchant vers Damas.
— Pourquoi, me dit la voix qu’il faut aimer et craindre,
Pourquoi me poursuis-tu, toi qui ne peux m’étreindre ?
— Et le rayon me trouble et la voix m’étourdit,
Et je demeure aveugle et je me sens maudit. »

III

— « Non, criai-je en prenant ses deux mains dans les miennes,
Ni dans les grandes lois des croyances anciennes,
Ni dans nos dogmes froids, forgés à l’atelier,
Entre le banc du maître et ceux de l’écolier,

Ces faux Athéniens dépourvus d’Atticisme,
Qui nous soufflent aux yeux des bulles de Sophisme,
N’ont découvert un mot par qui fût condamné
L’homme aveuglé d’esprit plus que l’aveugle-né.

C’est assez de souffrir sans se juger coupable
Pour avoir entrepris et pour être incapable ;
J’aime, autant que le fort, le faible courageux
Qui lance un bras débile en des flots orageux,
De la glace d’un lac plonge dans la fournaise
Et d’un volcan profond va tourmenter la braise.
Ce Sisyphe éternel est beau, seul, tout meurtri,
Brûlé, précipité, sans jeter un seul cri,
Et n’avouant jamais qu’il saigne et qu’il succombe
A toujours ramasser son rocher qui retombe.

Si, plus haut parvenus, de glorieux esprits
Vous dédaignent jamais, méprisez leur mépris ;
Car ce sommet de tout, dominant toute gloire,
Ils n’y sont pas, ainsi que l’œil pourrait le croire.
On n’est jamais en haut. Les forts, devant leurs pas,
Trouvent un nouveau mont inaperçu d’en bas.
Tel que l’on croit complet et maître en toute chose
Ne dit pas les savoirs qu’à tort on lui suppose,
Et qu’il est tel grand but qu’en vain il entreprit.
— Tout homme a vu le mur qui borne son esprit.

Du corps et non de l’âme accusons l’indigence.
Des organes mauvais servent l’intelligence
Et touchent, en tordant et tourmentant leur nœud,
Ce qu’ils peuvent atteindre et non ce qu’elle veut.

En traducteurs grossiers de quelque auteur céleste
Ils parlent… Elle chante et désire le reste.
Et, pour vous faire ici quelque comparaison,
Regardez votre Flûte, écoutez-en le son.
Est-ce bien celui-là que voulait faire entendre
La lèvre ? Était-il pas ou moins rude ou moins tendre ?
Eh bien, c’est au bois lourd que sont tous les défauts,
Votre souffle était juste et votre chant est faux.
Pour moi qui ne sais rien et vais du doute au rêve,
Je crois qu’après la mort, quand l’union s’achève,
L’âme retrouve alors la vue et la clarté,
Et que, jugeant son œuvre avec sérénité,
Comprenant sans obstacle et s’expliquant sans peine,
Comme ses sœurs du ciel elle est puissante et reine,
Se mesure au vrai poids, connaît visiblement

Que son souffle était faux par le faux instrument,
N’était ni glorieux ni vil, n’étant pas libre ;
Que le corps seulement empêchait l’équilibre ;
Et, calme, elle reprend, dans l’idéal bonheur,
La sainte égalité des esprits du Seigneur. »

IV

Le Pauvre alors rougit d’une joie imprévue,
Et contempla sa Flûte avec une autre vue ;
Puis, me connaissant mieux, sans craindre mon aspect,
Il la baisa deux fois en signe de respect,

Et joua, pour quitter ses airs anciens et tristes,
Ce Salve Regina que chantent les Trappistes.
Son regard attendri paraissait inspiré,
La note était plus juste et le souffle assuré.
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Voilà les deux poésies possibles, ça ne va pas plus loin que cela ! Les divertir ou leur faire pitié ; faire jouer de misérables poupées, ou l'être soi-même et faire trafic de cette singerie ! Ouvrir son cœur pour le mettre en étalage sur un comptoir ! S'il y a des blessures, tant mieux ! il a plus de prix ; tant soit peu mutilé, on l'achète plus cher !
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(...) quand le pâle Travail est dédaigné ; quand l'Espérance a perdu son ancre ; la Foi, son calice ; la Charité, ses pauvres enfants ; quand la Loi est athée et corrompue comme une courtisane ; lorsque la Terre crie et demande justice au Poète de ceux qui la fouillent sans cesse pour avoir son or, (...).
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Alfred de Vigny
Hélas ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Homme
Que j’ai honte de nous débiles que nous sommes !

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TRONCHIN : Madame, quand une jeune femme a une faiblesse publique, tout le monde a son pardon dans le cœur et sa condamnation sur les lèvres.
LA DUCHESSE : Et les lèvres nous jugent.
TRONCHIN : Ce n'est pas la faute qui est punie, c'est le bruit qu'elle fait.
LA DUCHESSE : Et les fautes, docteur, peuvent-elles être toujours sans bruits ?
TRONCHIN : Les plus bruyantes, madame, ce sont d'ordinaire les plus légères fautes, et les plus fortes les plus silencieuses, j'ai toujours vu ça.

QUITTE POUR LA PEUR, Scène III.
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IV. — Avoir toujours présentes à la pensée les images, choisies entre mille, de Gilbert, de Chatterton et d'André Chénier.

Parce que, ces trois jeunes ombres étant sans cesse devant vous, chacune d'elles gardera l'une des routes politiques où vous pourriez égarer vos pieds. L'un des trois fantômes adorables vous montrera sa clef, l'autre sa fiole de poison, et l'autre sa guillotine. Ils vous crieront ceci :

Le Poète a une malédiction sur sa vie et une bénédiction sur son nom. Le Poète, apôtre de la vérité toujours jeune, cause un éternel ombrage à l'homme du Pouvoir, apôtre d'une vieille fiction, parce que l'un a l'inspiration, l'autre seulement l'attention ou l'aptitude d'esprit ; parce que le Poète laissera une œuvre où sera écrit le jugement des actions publiques et de leurs acteurs ; parce qu'au moment même où ces acteurs disparaissent pour toujours à la mort, l'auteur commence une longue vie. Suivez votre vocation. Votre royaume n'est pas de ce monde sur lequel vos yeux sont ouverts, mais de celui qui sera quand vos yeux seront fermés.
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