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Critiques de Almudena Grandes (211)
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Les Patients du docteur Garcia

C’est un travail titanesque auquel s’astreint Almudena Grandes depuis dix ans et la parution d’Inés et la joie, premier tome d’une série intitulée Épisodes d’une guerre interminable, qui au final devrait comporter 6 volumes. Le cinquième vient de paraître en Espagne alors qu’en France Lattès a enfin publié le précédent, Les patients du docteur Garcia. Cette guerre interminable, les lecteurs d’Almudena Grandes savent bien qu’il s’agit de celle d’Espagne, qui a continué longtemps après sa fin officielle, jusqu’à la mort de Franco, en 1975. Les patients du docteur Garcia est sans l’ombre d’un doute le livre le plus dense de la série, nous catapultant de Madrid à différentes périodes, à l’Argentine de Peron, à un camp estonien pendant la seconde guerre mondiale, au Massachusetts, à Berlin à l’arrivée de l’armée rouge, etc. Une multitude de lieux pour une kyrielle de protagonistes, et c’est là où Almudena Grandes est très forte, en mélangeant personnages fictifs et historiques, comme la « célèbre » Clara Stauffer, une hispano-allemande, phalangiste et nazie à la fois, qui fut un rouage essentiel du transit des anciens nazis par l’Espagne avant de faciliter leur exfiltration vers l’Amérique du Sud et en particulier l’Argentine. A partir de l’histoire dans cette « transhumance » honteuse, car réalisée au vu et au su des démocraties occidentales, la romancière a tissé sa toile arachnéenne, avec 3 personnages principaux, deux républicains et un fasciste, qui changent plusieurs fois de nom dès lors que la clandestinité devient leur quotidien. Trois « héros » dont Almudena Grandes nous conte la destinée en parallèle, aux côtés de celles de pas loin d’une centaine de « seconds rôles » dont la participation à l’une des différentes intrigues est parfois collatérale et éphémère. Se perd-on pour autant dans ce maelström d’événements et d’acteurs plus ou moins importants des récits finement entrelacés ? Honnêtement, cela arrive, mais une liste en fin d’ouvrage sert de boussole et le souffle narratif emporte tout sur son passage. L’intérêt documentaire et pédagogique des Patients du docteur Garcia est indéniable mais c’est aussi son intense respiration romanesque qui transporte et émeut tout au long des presque 700 pages du livre. Et, bien entendu, le lecteur aficionado en redemande. Il n’y a désormais plus qu’à atteindre La traduction française de La madre de Frankenstein, le 5ème opus de la série.
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Les Patients du docteur Garcia

Très beau roman sur la période troublée de la guerre d’Espagne .

La victoire de Franco , du clan nationaliste donc, va faire des vaincus, des personnes traquées, humiliées, parfois dénoncées même dans leur propre famille .

C’est l’histoire du Dr Garcia qui est dans le clan républicain, le clan des vaincus,son amie est dans l’autre camp, leur attirance ne résistera pas à la guerre civile .

C’est l’histoire de tout un peuple déchiré , balloté au gré de l’histoire , des nombreux fusillés , emprisonnés pour les plus chanceux , c’est l’impossible réconciliation.

C’est aussi un tableau très complet de l’Espagne franquiste .

Roman très bien documenté , l’auteur y évoque également la seconde guerre mondiale et les années après le conflit ; lorsque l’Espagne franquiste accueille à bras ouverts les anciens nazis ou ce célèbre membre de la division SS Wallonie , le belge Léon Degrelle qui sera protégé par le général Franco durant toute sa vie .

L’auteur nous emmène également dans l’Argentine de Perón , ou de nombreux anciens nazis trouveront refuge .

Un seul bémol, trop d’informations pour le même livre , je me suis parfois perdue .

Malgré tout une très belle lecture et une couverture sublime .

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Les Patients du docteur Garcia

Tout d'abord je conseille aux futurs lecteurs de lire avant de commencer le roman la note de l'auteure en fin de roman et de savoir qu'en fin de roman existe une liste des personnages. En effet, c'est un roman très dense en terme de personnages et d'intrigues. J'ai aimé le contexte historique (guerre d'Espagne, lien avec le régime nazi et le régime argentin...) : j'ai beaucoup appris, de plus l'auteure a intercalé des chapitres explicatifs sur le contexte historique. J'ai moins apprécié certains allers-retours temporels dans un même chapitre alourdissant la fluidité du récit, la multiplicité des personnages secondaires n'apportant pas toujours une valeur ajoutée au récit et j'ai trouvé quelques longueurs.
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Les Patients du docteur Garcia

4ème tome d’une série monumentale autour de la guerre civile espagnole (Épisodes d’une guerre interminable), c’est un magnifique roman qui, à travers quelques personnages principaux, retrace des parcours singuliers : soldat espagnol qui s’engage dans l’armée nazie, combattants républicains qui changent de nom pour échapper à la répression franquiste, réseau d’évasion de criminels nazis vers l’Argentine… Clandestinité, espionnage, histoires de familles ; les personnages imaginaires se mélangent aux réels dans une alternance de rappels historiques et de chapitres de fiction.

Les 800 pages se tournent à toute vitesse, c’est bien écrit et passionnant. J’attends la suite avec impatience.

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Les Patients du docteur Garcia

Ce roman passionnant, à-travers une fiction, évoque tout d'abord les premières transfusions sanguines durant la Guerre d'Espagne. Ensuite, le médecin, héros principal, sera chargé durant le franquisme d'infiltrer un réseau de protection des nazis, protégés par l'Espagne.

Vraiment un roman passionnant et très instructif. On apprend des vérités peu connues de cette période trouble. C'est 660 pages où l'on ne s'ennuie pas du tout.

Grandes est un des plus grands auteurs espagnols sur le franquisme. Vraiment, auteur à découvrir.
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Les Patients du docteur Garcia

Le foisonnement d'informations et de personnages, salauds comme bonnes âmes, ne nous perd pas dans ce roman historique fleuve, où dans un style et une forme romanesque très maîtrisés, Almudena Grandes, à travers trois républicains ballottés par l'histoire, met l'accent sur les liens du franquisme et du nazisme. Franco qui, soutenu par Hitler dans sa lutte contre les républicains, après la Seconde Guerre mondiale aida des nazis à s'exiler en Argentine péroniste. Une aide et une protection, on le sait aujourd'hui, dont d'anciens criminels de guerre allemands bénéficièrent de la part d'autres puissances occidentales, comme les États-Unis qui n'hésitèrent pas à recruter parmi les anciens nazis des spécialistes de la lutte anti-communiste. C'était le début de la guerre froide et l'ennemi d'hier devenait un allié précieux contre l'URSS.



Même s’il y a quelques longueurs, la guerre d'Espagne racontée par Almudena Grandes est passionnante, l'auteure espagnole montrant toute la complexité des suites d'une guerre civile cruelle, avec à l'évidence une vision aboutie et internationale du franquisme...
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Les Patients du docteur Garcia

Très belle histoire et saga ! Grandiose
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Les Patients du docteur Garcia

Un livre très dense, très fouilléqui se lit très bien. Si vous êtes captivé.e dès le début vous lisez jusqu'au bout car vous voulez connaître le destin de Rafael-Guillermo, Adrian-Manolo et Adrian-Alfonso. Du roman de très bonne qualité. J'ai particulièrement apprécié les personnages féminins.

Quelques défauts relevés, c'est pourquoi je mets 3.5 étoiles :

- c'est très fouillé peut-être un peu trop par moments donnant l'impression que l'auteure veut charger un maximum en faits historiques avérés;

- le liant et les liens entre les histoires et les destins des personnages ne se font pas toujours très bien. Autant pour Rafael-Guillermo et Adrian-Manolo cela coule de source et est très naturel dans le fil de l'histoire. Autant pour Adrian-Alfonso et les 2 autres cela arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et est très expéditif;

- attention aux phrases un peu longues.
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Les Patients du docteur Garcia

Sans redire ce qui a été dit dans les précédentes critiques, je vous inviterais à ne pas vous laisser impressionner par l’ampleur des 980 pages. Ce livre se dévore, à condition de bien noter les différents noms des personnages qui sont amenés à en changer au fil de leur histoire.











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Les Patients du docteur Garcia

Boudiou ! Ce que j'ai eu du mal avec ce livre !

Partant sur un épisode de l'histoire que je connais trop peu et avec un foisonnement d'histoires et de personnages, je me suis perdue.

Pourtant tout y est pour me plaire, mais il y a un truc qui n'a pas fonctionné.

Almudena Grandes est présentée comme une auteure au talent reconnu, sa maîtrise du récit est là mais il y a ce je-ne-sais-quoi qui fait que la mayonnaise ne prend pas.

Je remercie néanmoins Masse critique et Livre de Poche pour le partenariat.
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Les Patients du docteur Garcia

La guerre de 36-39 en Espagne et ses conséquences. Très vite, il faut sortir des frontières : vers la Russie, la Suisse, la Grande Bretagne, les États Unis, la Pologne la Croatie, l'Italie, la Lituanie, ... L'auteure a focalisé la période à partir de 1939, quand les républicains ont perdu face aux nationalistes, phalangistes et autres, grâce à l'appui des allemands. L'indifférence des voisins français et des Nation Unies (futur ONU) laisse à penser. De nombreux espagnols "vainqueurs" et autres européens vont s'engager aux côtés des nazis pour combattre les russes, ce sont les fameuses chemises bleues. Pendant ce temps, un reliquat de républicains a du changer de nom et faire une croix sur son passé. Même après 1945, la dictature espagnole perdure. Les anciens nazis que les alliés n'ont pas attrapés offrent leur fortune (issue des vols pendant la guerre) au gouvernement franquiste pour se refaire une virginité; ce dernier ne se fait pas prier, bien au contraire. Mais les républicains, appuyés par la Grande Bretagne et certains politiques nord-américains vont réussir à infiltrer ce réseau. Et découvrent que l'Argentine péronniste est la terre d'accueil des nazis en fuite. C'est en 1939 que nos protagonistes Guillermo et Manolo se sont connus; l'un médecin, sauva la vie de l'autre, grâce à une transfusion, ce qui scellera leur amitié. Ils changent et rechangent de nom, pour survivre à la dictature et lutter espérant qu'un jour Franco tombera, renié par les alliés. Investis jusqu'à se transformer en espions pour infiltrer ce réseau pro-nazi qui s'épanouît en toute impunité, ils renoncent à avoir une vie personnelle. Tandis que l'un vit en faux exil à Buenos Aires, l'autre est resté en Espagne, les deux vivent sous un faux nom. Les années passent, ils s'installement se marient, ont de enfants et petits enfants. Jusqu'au jour où ils se retrouvent quand l'un doit fuir la dictature Argentine de Videla. D'autres lecteurs verront l'histoire d'une amitié forte, d'amitiés et d'amours ballotées par les séismes impitoyables de l'histoire d'Espagne. Mais en fait, je crois que c'est un tout. Encore un vrai chef d’œuvre de notre regrettée auteure.
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Les Patients du docteur Garcia

L’Espagne est un pays très proche de nous géographiquement mais dont on oublie souvent qu’il a eu des heures sombres récemment. Dans ce roman inspiré de faits réels, nous pouvons connaître les débuts du franquisme et la fuite des nazis après la seconde guerre mondiale, grâce aux personnages dont l’histoire se mêle durant plus de 30 ans. On s’attache à ses personnages, on se met à leur place régulièrement et surtout on découvre cette histoire récente avec une excellente facilité. Un excellent roman, idéal pour découvrir le pays et son histoire.
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Les Patients du docteur Garcia

A la fois fiction et récit historique, ce roman permet de suivre la destinée de deux hommes profondément impliqués pour la liberté en Espagne, l'un médecin, l'autre diplomate. 660 pages qui se lisent avec passion et enthousiasme, une envie de comprendre le rôle de ces combattants courageux qui ont voulu faire tomber Franco et se sont battus en prenant tous les risques. Un voyage dans la grande histoire entre Madrid et Buenos Aires, qui vient d'être adapté avec brio pour la télévision par José Luis Martin.
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Les Patients du docteur Garcia

Nous suivons le destin de plusieurs personnages, tous reliés par l’Espagne franquiste : certains la combattent, d’autres la vénèrent. Le docteur Garcia est Républicain. Son amie, Ampero, se cache chez lui et est phalangiste. La phalange espagnole s’inspire du fascisme. Les liens de l’enfance, sont-ils plus forts que l’idéologie ?





Guillermo Garcia sauve la vie de Manuel Arroyo Benítez, grâce aux premières transfusions sans donneur présent. C’est le début d’une grande amitié qui les unit dans un combat extrêmement dangereux contre les nazis qui trouvent refuge en Espagne et en Argentine. Ils infiltrent une organisation clandestine d’évasion de criminels nazis, au risque de leur vie. Mené par Clara Stauffer, ce réseau bénéficie du soutien de Franco.





C’est un livre qui requiert une grande attention. Les personnages sont très nombreux, ils sont plusieurs à changer de patronyme, et même, à prendre le nom d’un autre protagoniste. J’ai utilisé régulièrement la liste, très utile, des personnages, classés chronologiquement par ordre d’apparition de la page 670. L’auteure indique lorsque ce sont des personnes ayant réellement existé. De plus, ce roman est extrêmement documenté et se déroule à une époque obscure et nébuleuse.





J’ai souvent pensé que l’Histoire de l’Espagne, sous Franco, était difficile à comprendre. Ce livre est très complet et montre les ramifications de la vie sous la dictature. Il décrit aussi le soutien reçu par les criminels de guerre et la position de l’Occident après la mise à jour du fonctionnement des exfiltrations vers l’Argentine. Les grands criminels profitent ...





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Les Patients du docteur Garcia

Comme dans chacun des tomes de cette série, l'intrigue se déroule avant la Guerre Civile, pendant et après. Ici, par contre, la majorité de l'histoire se déroule après.



Globalement, je le trouve assez différent des tomes précédents. Le thème tout d'abord n'est pas centré sur l'Espagne, on prend de l'ampleur, on élargit fortement le cadre spatial de l'intrigue. Par la période traitée, on aborde aussi les relations de l'Espagne franquiste avec les autres nations. Que ce soit l'Allemagne et l'Italie mais aussi les États-Unis et l'Argentine. Ce côté plus (géo)politique était intéressant.



Et puis, le thème principal est quand même particulièrement interpellant et passionnant. Il y a aussi un côté plus roman espionnage assez marqué dans ce tome.



Autre particularité, au niveau de la forme cette fois, il s'agit d'un ouvrage découpé en petits chapitres. Ce qui facilite grandement la lecture. Et entre des chapitres de fiction, il y a des chapitres plus brefs reprenant des événements et le contexte historique. Cela donne un éclairage plus concret et un ancrage dans l'époque relatée pour le lecteur moins averti.



Une dernière différence pour moi est que j'ai eu plus de mal à réellement m'attacher aux personnages. On est un peu moins dans leur quotidien, plus dans la clandestinité, dans ces doubles vies qu'ils sont obligés de mener et donc ils m'ont moins touchée.



Malgré cela, ça reste un roman au thème très intéressant, bien documenté et haletant. À lire, évidemment.
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Les Patients du docteur Garcia

Comme certains l'ont écrit dans leur critique, il est indéniable que les patients du docteur Garcia renoue avec un immense talent et une maîtrise totale avec le romanesque. C'est un roman de souffle ! C'est beau, prenant, bien mené, jamais ennuyeux, toujours actif grâce à des trouvailles narratives très bien insérées et totalement assumées. Les personnages, surtout les hommes, sont très réalistes. Quant à l'Histoire, elle est un personnage à part entière je dirai même le personnage central. Donc tu ouvres le roman, tu commences sa lecture et tu ne le refermes que lorsque tu as fini. Tu veux connaître la fin des histoires des un.es et des autres. Et A. Grandes donne la clé de tout le monde.



Cependant le roman est bourratif sur le plan Histoire. A. Grandes en met trop, en fait trop. Il manque des passerelles avec d'autres faits internationaux. L'exfiltration des Nazis ne se résume pas à l'Espagne franquiste. C'est plus large, plus complexe et surtout d'une profonde et troublante subtilité de la part des Alliés. Certes A. Grandes parle de son pays mais elle ne va pas au-delà. Et bourre un max et comme certains l'ont noté, elle n'a que très peu de recul sur son camp, le républicain. Pas d'humour, pas une once d'interrogation. On est communiste comme on sifflote un air connu. Or, quand on connaît le règlement de compte bien salé entre communistes et anarchistes pendant la guerre sur ordre de Staline et la traque effrénée des communistes (commencée avant la guerre) accélérée dès 1947, on ne croit pas notamment aux personnages féminins : Génie ou Rita ou Experta. Mais pareil aussi pour Amparo. Elles respirent un peu trop l'Espagne de la Transition et du retour à la démocratie. Donc on loupe un épisode très important dans l'histoire des Femmes en Espagne franquiste.



Pour moi ce sera : lecture conseillée car romanesque garanti mais des défauts non négligebales.
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Les Patients du docteur Garcia

Guerre civile espagnole Madrid - Guillermo jeune médecin, républicain sauve la vie du diplomate républicain Manolo. Les 2 hommes deviennent amis pour la vie. Avril 1939, Franco et son camp remportent la guerre civile. L'Espagne tombe dans la dictature : répression, exécutions, collaboration avec l'Allemagne Nazie etc...Guillermo et Manolo deviennent de nouvelles personnes dans leur pays en changeant d'identité pour continuer le combat. Dans le même temps, Adrian, jeune boxeur plein d'avenir s'embarque dans l'itinéraire de la Division Azul. Comme il se définit il n'a jamais été très malin. Cet engagement le conduit jusqu'en pays balte où il commet l'irréparable. Puis retour à Berlin, dans les jours finissant du IIIème Reich. Il faut revenir en Espagne mais sous une nouvelle identité. Années 50: MAnolo et Guillermo engagent une lutte contre les réseaux d'exfiltration de nazis vers l'Amérique du Sud installés en Espagne dans la plus grande impunité accordée par El Caudillo.

Un tourbillon de faits, les plus désagréables et inconfortables, emportent Guillermo devenu Rafa et Manolo devenu Adrian, sans oublier Adrian devenu Alfonso qui vient se rappeler aux bons souvenirs des 2 amis.



C'est cette histoire que nous conte A. Grandes. Plus de 600 pages des années de guerre civile jusqu'à la fin des années 70. 3 personnages que l'Histoire brinquebale, souvent très mal, à l'encontre de leur conscience et convictions. Trois aux origines différentes, aux trajectoires qui se coupent volontairement ou involontairement. Avec l'Espagne des années 30 jusqu'à la Transition démocratique, comme personnage organique à part entière.



Malgré plus de 600 pages, j'ai lu assez rapidement le roman. Je l'ai fini il y a quasi un mois. Et j'ai laissé reposer, décanter avant de me lancer dans une critique. J'avouerai même que j'ai pensé ne pas donner mon avis sur ce roman car...bah...je suis vraiment très embêtée. Je suis au milieu du gué d'où ma note de 2.5 étoiles/5.



En effet, j'ai vraiment apprécié cette lecture car pleine de qualités littéraires et scénaristiques (c'est digne d'une saga cinématographique ou sous le format série avec possibilité de reconstitution géniale) mais je lui ai trouvé de (très ???) gros défauts.



- Commençons par les qualités :

CELA FAISAIT TRÈS,TRÈS LONGTEMPS QUE JE N'AVAIS PAS LU UN ROMAN AVEC UNE TELLE MAITRISE DU ROMANESQUE AU SENS NOBLE DU TERME !!! Voilà il fallait le dire ! C'est une maîtrise magistrale car l'auteure tient la barre romanesque de la 1ère à la dernière ligne. Or, son roman est long, fourmille de détails, de personnages, de lieux, de dates etc...et elle aurait pu vite boire la tasse. Bah non ! En plus, ce n'est jamais gnan-gnan, cela ne tombe pas dans le pathos.



Personnellement sur un plan historique, je n'ai rien appris. Mais ce n'est pas ce que j'étais venue chercher. Je voulais qu'on me parle de personnes prises dans la tourmente et que je pouvais parfaitement me figurer. Et ce fut le cas. Je n'ai eu aucun mal à me représenter Guillermo-Rafa', Manolo-Adrian ou encore Adrian-Alfonso, dans chaque époque, dans chaque lieu. Pour les lecteurs.trices peu au fait de l'Espagne franquiste et des criminels nazis et associés, pas de soucis. Ils apprennent et ils ne sont jamais perdus.



Les lieux très importants et très bien retranscrits. Je connais Madrid et j'avais les images de certains quartiers décrits bien en tête et en main pendant la lecture. De même, on visualise parfaitement le changement de décor entre l'Espagne et les pays baltes, Berlin ou encore l'Argentine. C'est tellement bien raconté et c'est tellement romanesque qu'on s'y croit !



Les trois personnages masculins sont bien construits. Ils tiennent la route jusqu’au bout. Des héros oui mais des héros malheureux. Pas de pathos, pas de débordements. Du coup, je les ai suivis dans leur vie car je voulais savoir la fin de l'histoire. J'ai eu une préférence pour Manolo.



La qualité de l'écriture ou plutôt devrais-je féliciter le traducteur car franchement c'est bien écrit. Certain.es n'aimeront peut-être pas les phrases un peu longues ou l'emploi des guillemets. Dans d'autres romans cela m'aurait certainement gêné mais pas là. Au contraire car c'est bien utilisé. Je regrette de ne pas l'avoir lu en espagnol pour pouvoir voir les nuances entre le castillan, le galicien, l'espagnol d'Amérique du sud etc...Par ailleurs, les dialogues entre les personnages sont réussis. J'en ai cité un celui sur les vaincus entre Amparo et Guillermo car je l'ai trouvé très juste.



Donc sur plan écrivain, roman, romanesque, littéraire etc...les patients du docteur Garcia regorge de qualités. Ce qui fait qu'on entre d'entrée de jeu dans l'histoire et on ne la lâche plus.



- Les défauts maintenant :



A. Grandes pêche par ce que nos professeurs de faculté d'histoire appelaient "le bourrage historique". Elle dit que tout ce qu'elle raconte est"rigoureusement" exact. C'est exact : Degrelle, Stauffer ,Skozerny, Franco, Peron, la Division Azul, Videla et le coup d'état en Argentine etc...mais ce n'est pas RIGOUREUX ! A. Grandes veut tellement en mettre, veut tellement montrer qu'elle sait (pas qu'elle maîtrise mais qu'elle sait) que cela part dans tous les sens. Elle se sent obligée de faire quasi des fiches à la fin de certains chapitres pour expliquer Eisenhower en Espagne, Isabelita Peron, l'arrivée de Videla et consorts en Argentine. Sauf que bien souvent cela tombe comme un cheveu sur la soupe sans contextualisation, sans lien et liant. 2 exemples : le coup d'état de 1976 en Argentine. Pour montrer que cela s'inscrit dans un mouvement qui prospère en Amérique latine dans les 70's, elle nous balance le Chili de 1973, puis la Bolivie et Banzer, Stroessner. Ah ! elle se rappelle que le Brésil est déjà sous dictature depuis 1964 (alors que la 1ère est la Bolivie en 1954). Ah mais oui mais Isabelita Peron a commencé la chasse aux communistes mais c'est une démocratie. Non ! les dictatures sud-américaines sont issues d'un processus long dont un des fondements est l'échec de la révolution bolivarienne suivie de l'hégémonie des Etats-Unis imposée dès le XIX siècle. Il ne s'agissait pas de refaire l'histoire mais elle aurait dû juste se contenter de parler du coup d'état et basta ! Pas nous faire la lsite au Père Noël des dictatures et pas dans le bon ordre ni d'essayer de dédouaner Isabelita Peron.

Eisenhower et Franco ! Pareil...le raccourci historique, les Etats-Unis adoubent Franco mais par un accord pas de traité au milieu des années 50 et terminée la chasse aux nazis. Non ! l'attitude plus qu’ambiguë des USA mais aussi soviétique vis-à-vis des nazis commencent déjà pendant la IIème Guerre. Puis s'accélère très discrètement à la fin pour devenir plus claire et plus visible lorsque la cassure entre Est et Ouest est consommée. Quant à l'Espagne, on ne la fréquentait pas car infréquentable mais dès le début des 50's, les USA via l'OTAN l'englobe dans des réseaux anti-communistes notamment les stay-behind l'Espagne franquiste comme pièce logistique. Donc on lui fout royalement la paix quant à sa protection des nazis car les USA s'en foutent. Encore plus dès que la Guerre froide commence. Ils n'ont pas cherché à aider plus que cela le Mossad dans la capture de A. Eichmann et encore moins pour celle de J.Menguele qu'ils avaient repéré. Sans compter l'utilisation éhontée des scientifiques nazis. De même elle nous parle de Skorzeny, à part sa cicatrice, son impunité en Espagne et ses affaires, rien ! Or, il faut aller lire le pedigree du personnage. Et les Américains ont dû bien le laisser tranquille celui-là. Sans compter sa dangerosité qui est si peu mis en avant dans le livre.



Les personnages féminins : si les personnages masculins dans leur ensemble sont vraiment réussis, les personnages féminins ne le sont pas. A. Grandes dit que ce qu'elle raconte est vraisemblable. Non potentiellement plausible mais pas vraisemblable. Les femmes sous Franco, quelle que soit leur catégorie sociale étaient extrêmement surveillées. Une veuve , quel que soit son milieu social devait vite se remarier sous peine du paiement d'un impôt. Les filles mères sacrifiées avec des bébés volés. Une femme comme Genie aurait été très vite remise dans le droit chemin par son époux. Parce que même s'il avait sa vie et laissait sa femme à la sienne car pas de ivorce possible, jamais il l'aurait laissé à ses activités nocturnes. Il l'aurait su et cela aurait pu lui coûter très cher à Genie. L'épouse de Guillermo qui au début de leur relations se montre insolente, arrogante voire irrespectueuse avec un policier dans la rue...impossible cela aurait été la taule d'office et sans ménagement d'autant plus que c'était une femme. La situation sociale d'Amparo...pareille elle aurait été mise au pas par la société franquiste. De même, la femme de Guillermo ou lui se déclare je suis communiste ou Génie qui va assister à des réunions clandestines. Avec A. Grandes cela devient facile presque fashion. Impossible ! Pour avoir eu des femmes dans ma famille qui se sont occupées d'activités anti-franquistes, anti-salazaristes, déjà même en famille on la bouclait, on ne se déclarait pas ceci ou cela comme ça pour faire bien. Et ce n'étaient pas des femmes de la haute société. C'étaient des paysannes vivant en zone frontalière avec tous les trafics, les passages etc...que cela charriait. Donc les personnages féminins manquent cruellement de vraisemblance ou du moins elles respirent beaucoup les années 2010 -2020.



A. grandes manque de recul, de critique sur son clan. Un Manuel de La Prada ne cache pas ses convictions très à droite mais dans une imposture quand il nous parle du clan franquiste et de son héros Exposito il fait preuve d'un oeil critique, parfois féroce teinté d'humour noir. Les membres de son clan ne sont pas tous auréolés de gloire et de morale. Chez A. Grandes on est dans le manichéen. le plus bel exemple : Adrian-Alfonso et Experta la bonne de la famille. Lui est fatalement idiot, c**, il le se décrit lui-même comme pas malin et sa perte en est l'illustration la plus parfaite. Il est du clan franquiste et dans la Division Azul. Alors qu'Experta, républicaine, prenant tous les risques, fatalement elle ne peut avoir que du bon sens et des grandes qualités.



Voilà ! ce sont pour toutes ces raisons que je suis divisée sur ce livre. Ainsi vont les lectures.

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Les Patients du docteur Garcia

Tout débute dans les années 20, en Espagne, par la rencontre de deux hommes, qui, chacun avec leurs moyens, se battent dans le camp des républicains pendant la guerre d'Espagne. Guillermo Garcia Medina est médecin et opère les nombreux militaires ou civils touchés par la guerre. Manolo Benitez est diplomate. Touché par un tir, il va être soigné et sauvé par Guillermo. Une amitié inconditionnelle va les unir.



Tous deux vont continuer à soutenir leurs valeurs après la victoire de Franco. Devenus des hommes de l'ombre, ils ont tous deux changé de noms et vivent dans la clandestinité.



Pour faire tomber le régime de Franco, ils décident, aidés par la CIA, de démontrer que le régime est complice d'évasion d'anciens nazis, recherchés à l'international mais cachés en Espagne où ils reçoivent faux papiers et argent pour partir en Amérique du Sud. Manolo va infiltrer l'organisation et va être envoyé en Argentine. Guillermo reste en Espagne.



Mais l'Amérique change de camp, l'ennemi n'est plus l'Allemagne et les anciens nazis mais l'Union Soviétique. Et les deux hommes qui restent ancrés dans leurs idéaux se retrouvent bien seuls.



J'ai beaucoup aimé la première moitié du roman : la guerre d'Espagne, le combat entre le mouvement national et les républicains, la vie quotidienne en Espagne (couplé à une belle histoire d'amour) puis la victoire de Franco, les exactions contre les républicains, l'obligation de fuir ou de se cacher.



Toujours très intéressant, vient le choix de son camp : les franquistes qui continuent le combat en s'engageant auprès des allemands pendant la seconde guerre mondiale (moments assez durs avec les massacres de juifs perpétrés en Pologne) ou le combat pour repérer les nazis qui fuient et se réfugient en Espagne.



Et à partir de là j'ai été perdue ! Déjà j'avais dû me faire une fiche pour repérer qui était qui. Mais il y a une telle pléthore de personnages ... qui en plus ont des noms d'emprunts... Ma lecture a traîné en longueur et j'ai eu beaucoup de mal à finir les 668 pages de ce pavé. Je me suis rendue compte qu'il y avait 12 pages de récapitulatif des différents personnages - à raison d'une dizaine de noms par page, je vous laisse faire le calcul !



Dommage parce que c'est très intéressant d'un point de vue historique et j'ai appris plein de choses sur cette guerre d'Espagne que l'on étudie si peu en France.



Une saga qui nous emmène des années 20 jusqu'aux années 80 en passant par l'Espagne, l'Allemagne, l'Argentine mais aussi la Suisse, la France, la Pologne ou les Etats-Unis.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Les Patients du docteur Garcia

Après guerre, le maintien l'Espagne de Franco, qui avait bénéficié du soutien sans fard de l'Allemagne nazie pour mener à bien l'extermination des Républicains, reste une exception qui ternit la victoire des Alliés.

Un des personnages du roman souligne « (…) la paix n'avait pas nuancé les couleurs du monde dans lequel il vivait. Tout continuait à être blanc ou noir, et dans ce contexte les partisans d'Hitler qui n'étaient pas jugés à Nuremberg pouvaient être blanchis, par un coup de baguette magique. »

Dans ce blanchiment, l'Espagne jouera un rôle majeur en mettant au services des anciens nazis ses réseaux en Amérique du Sud et plus particulièrement en Argentine.

Le roman d'Almudena Grandes fait vivre cette époque au travers de personnages qui ayant vécu la guerre d'Espagne, choisissent la clandestinité dans leur propre pays après la victoire de Franco.

« L'homme que tu as connu n'existe plus ; il avait alors plein de choses à perdre, et beaucoup de raisons de vivre. »

Les patients du docteur Garcia est une saga qui nous emporte des années 20 jusqu'à la fin du XXème siècle en Espagne en Argentine, aux USA mais aussi en Allemagne, en France et en Suisse et nous fait vivre les désillusions d'un groupe de Républicains espagnols, dont certains ont exercé des responsabilités pendant la guerre civile, qui ont choisi de continuer la lutte officiellement à l'étranger pour certains, en Espagne dans la clandestinité pour d'autres.

Aussi juste et fondé soit leur combat, il se heurte au principe de réalité qui prévaut après 1945, celui qui est imposé par la Guerre Froide et par la division du monde en deux blocs.

Peu à peu, les portes se ferment, même du côté des USA où un temps le support des démocrates semblait pourtant acquis :

« Tu n'es pas stupide, Sal (…) Seul un imbécile refuserait de comprendre que faire tomber Franco c'est favoriser les intérêts des Russes en Europe. »

Il ne reste aux personnages que leurs désillusions

« Les crimes de guerre n'ont pas suffi, n'est-ce pas ? Des millions de morts innocents, des centaines d'assassins impunis qui se baladent dans le monde tranquillement, grâce à la protection de Franco et à l'hospitalité de Peron. Mais finalement , c'est quoi ? Rien, un détail de l'histoire, un accident… » 

Le roman alterne entre le regard forcément fantasmé des personnages et l'apport de faits réels comme celui-ci, qui fait froid dans le dos :

« (…) quarante-huit heures après le coup d'Etat, le 26 mars 1976, William P. Rogers, ex-secrétaire d'Etat du président Richard Nixon, déclare : « Je crois que nous devons nous attendre à une bonne dose de répression, probablement beaucoup de sang versé, très bientôt, en Argentine. Je crois qu'ils vont devoir bien chercher, non seulement les terroristes, mais aussi les dissidents des syndicats et de leur propre parti. »

Almudena Grandes marie à merveille l'histoire et la trajectoire des personnages qu'elles impacte. Les individus sont les jouets de décisions qui les dépassent et leur force de conviction sera de peu d'aide pour infléchir le cours des événements. Lorsqu'ils imaginent y être parvenus ce n'est que pour constater qu'il n'en est rien.

Alors, agir ou rester spectateur, est un choix cornélien dont chaque individu est le maître sans savoir ni pouvoir préjuger des conséquences que cela peut avoir.

Laissons la conclusion aux deux principaux personnages :

« Nous étions deux blaireaux, et notre vie n'avait pas été un film hollywoodien, mais seuls les vivants peuvent se soûler la gueule. »
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Les Patients du docteur Garcia

J'ai retrouvé avec les Patients du Dr Garcia l'émotion romanesque qui m'avait envahie à la lecture du Coeur glacé, il y a quelques années.

Extrêmement précis, documenté et foisonnant, on découvre avec les Patients du Dr Garcia les liens étroits et pervers que le franquisme et la Phalange entretenaient avec le nazisme au cours de la guerre civile en Espagne, d'abord, puis pendant et après la 2e guerre mondiale lorsque les nazis utilisèrent les filières franquistes pour s'exfiltrer en Argentine.

Passionnant, ce nouveau volume des Episodes d'une guerre interminable possède un véritable souffle romanesque qui transporte le lecteur de Madrid à Berlin et Buenos AIres. Inoubliable !

(et pour ceux et celles qui ne l'auraient pas encore lu, je recommande vivement Le coeur glacé !)

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