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Critiques de Amos Tutuola (13)
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La femme plume

"Tutuola est mort en 1997 et la voix s'est tue. Nous l'avions rencontré dix ans auparavant dans sa maison d'Ibadan, puis fait venir en France. En mars 1988, il avait débarqué à Paris, tout joyeux. Avec son bonnet yoruba, son sourire, sa parole chaleureuse, son immense honnêteté, il aurait crevé un écran de télévision. Mais personne n'y songea sans doute. Et il repartit." (Michèle Laforest)

Tutuola écrit dans un anglais rudimentaire, celui des rues d'Ibadan, au Nigéria, des récits qui empruntent beaucoup à la tradition orale des contes africains.

Dans "La femme plume", le narrateur, devenu chef de son village, raconte en plusieurs veillées tous les voyages qu'il a pu autrefois accomplir, en quête d'aventures et de fortune. C'est l'occasion aussi de boire du vin de palme, de chanter et de danser.

La femme plume est une sorcière de la jungle qui transforme les humains en oiseaux ou en statues. Le narrateur, dans ses voyages, rencontrent de nombreux monstres. Il traverse la brousse, entre dans des villes mystérieuses, est souvent roué de coups, en proie à des maléfices, mais il n'est pas rare non plus qu'il revienne de ses voyages chargé de diamants ou d'autres trésors amassés en cours de route. C'est une sorte de héros picaresque dans un contexte de merveilleux africain. J'ai hâte de poursuivre ma découverte de cet auteur.
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L'ivrogne dans la brousse

"L'important c'est le chemin, moins la destination" pourrait être le titre de cet ouvrage. Un buveur invétéré de vin de palme se voit contraint de traverser la brousse pour retrouver l'homme (alors disparu) qui lui fournissait son précieux nectar, et en quantité convenable.



Ce sont les péripéties de ce voyage dans des contrées habitées de personnages ubuesques, d'esprits ou de sorciers qui sont narrées ici. J'avoue cependant que la langue utilisée par l'auteur m'a empêchée d'être entièrement embarquée. Dommage !

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L'ivrogne dans la brousse

Lu dans le cadre du club-lecture auquel j'appartiens et dont le thème de notre prochaine rencontre est "L'Afrique noire", je dois dire que cet ouvrage m'a vraiment déçu.

C'est en réalité une sorte de mélange de contes et de légendes mais qui sont narrées ici sans style et avec de grandes longueurs. L'auteur se répète souvent et les temps (des verbes) employés ne sont jamais les mêmes, ce qui ne donne absolument aucune cohérence au récit.



L'histoire est celle d'un homme qui se prénomme "Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde" (déjà, cela vous donne une idée du contenu de l'ouvrage) qui passait ses journées entières à boire du vin de palme qui était préparé par son "malafoutier" (une sorte d'esclave que son père employait pour lui préparer son vin de palme quotidien). Tout se déroule donc bien pour cet homme qui ne fait rien de ses journées sinon boire son père jusqu'à ce que son père décède et que le malafoutier soit lui aussi retrouvé mort un beau soir au pied d'un palmier de sa plantation. L'homme, désespéré, décide alors d'aller retrouver l'âme de ce dernier dans la Ville-Des-Morts, un chemin qui sera parsemé d'embûches et de rencontres aussi extraordinaires les unes que les autres. C'est d'ailleurs au cours de l'une d'elle qu'il rencontrera sa femme et celle qui deviendra sa compagne de route. Notre homme ("Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde") a heureusement avec lui de nombreux gri-gris qui lui permettront de faire usage de la magie à son bon vouloir mais celle-ci sera-t-elle assez puissante pour qu'il réussisse sa quête ?



Pour les curieux, mais j'ai vraiment été très déçue par cette lecture !
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L'ivrogne dans la brousse

Ca commence comme une fable dont on se dit qu'on tirera des leçons de morale ou de vie puis nous évoluons vers le conte des 1001 nuits pour finir avec un conte de fées pour enfants vec des géants et des arbres qui parlent. Comme le dit Raymond Queneau traducteur dans la version Nrf Gallimard, il y a de plus des incohérences dans la rédaction du récit. C'est cependant agréable à lire et il me semble que cet ouvrage de 1952 vaut surtout pour son côté animiste et par le fait qu'il est écrit par un Yoruba du Nigéria avant l'indépendance.
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Ma vie dans la brousse des fantômes

La traduction de cet ouvrage le rend plus facile à lire que le précédent d'Amos Tutuola "L'ivrogne dans le brousse". En effet, Raymond Queneau, dans le premier avait sans doute voulu être très fidèle aux mots et rendit une traduction disons "hachée" à la lecture. Ici, nonobstant le fait que l'auteur écrive dans un anglais très particulier, souvent calqué sur sa langue maternelle, le Yoruba, la traductrice a sans doute préféré, avec bonheur, une traduction lisse à une traduction trop fidèle. On retrouve dans cet ouvrage des thèmes déjà présents dans "L'ivrogne dans le brousse": la magie, la sorcellerie, les arbres qui ont des trous qui ouvrent sur des univers parallèles, l'exode et la quête, la fuite du village où le héros a pris femme etc... Le texte est très agréable à lire et évoque un univers à la Gulliver. On peut le voir comme un conte pour enfants, comme la retranscription de palabres sous le pacanier où sont narrées des scènes invraisemblables mais qui ont toutes une morale ou un sens (de la vie). On peut aussi le voir comme une représentation d'existence avec ses étapes et ses évènements qui en constituent les aventures qui forment l'expérience. On peut aussi y voir l'allégorie de l'esclavage puisqu'au début de la narration les deux petits frères tentent d'échapper à une razzia et, si l'un est pris, l'autre va devoir affronter des péripéties et des peuples de fantômes (donc des êtres différents) qui lui voudront du mal ou du bien mais chercheront toujours à aliéner sa liberté. Peut-être même y verrez-vous un autre sens, -si toutefois il doit y en avoir un-, à ce texte rafraîchissant et très agréable à lire.
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La femme plume

11 veillées, 6 voyages d'un chercheur de fortune, ce livre est un récit de contes yoruba écrits dans un anglais simple (rendu par la traduction française) par un auteur nigérian du XXe siècle, peu scolarisé mais qui eut une place dans le monde littéraire francophone (un de ses livres traduit par Raymond Queneau).

Des sorcières ou des reines, des villes et des villages lointains où l'on trouve des créatures féroces, des richesses, des dieux bienveillants parfois... agréable à lire bien que répétitif, intéressant culturellement, je ne suis malheureusement pas sûre d'en garder beaucoup de souvenirs mais c'est globalement le cas des contes croisés dans mon tour du monde littéraire alors c'est peut-être à cause du genre (ces histoires sont faites pour parler à nos inconscients, adulte d'une culture bien différente, ça ne doit plus fonctionner pareil).
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L'ivrogne dans la brousse

« Amos Tutuola écrivain Nigérian d'expression anglaise, né à Abeokuta en 1920, décédé le 8 juin 1997. Il a été un des premiers auteurs africains à ne pas écrire selon le modèle littéraire européen. Ses romans s'inspirent des contes traditionnels yorubas. Ils sont écrits dans un anglais imparfait, très proche de l'oral. Cela a d'abord valu à Tutuola une critique sévère de certains de ses compatriotes qui pensaient que cela jetait un discrédit sur le Nigeria. Son succès l'a conduit par la suite à traduire ses ouvrages en yoruba. Ce roman, L'Ivrogne dans la brousse, a été publié à Londres en 1952. Il a été traduit en français par Raymond Queneau en 1953 et son auteur était si peu connu à l'époque que certains ont cru que c'était Queneau lui-même qui se dissimulait sous un pseudonyme. »



La première phrase du roman « Je me soûlais au vin de palme depuis l’âge de dix ans » est presque aussi forte que l’entame de l’œuvre de Proust « Longtemps, je me suis couché de bonne heure ». Pour autant il n’y a aucun rapport entre ces deux écrivains ! Le narrateur se la coule douce, passant ses journées à boire du vin de palme, près de deux cents calebasses quotidiennement préparées par son « malafoutier ». D’emblée nous sommes plongés en Afrique, le « malafoutier » c’est celui qui récolte le vin de palme, boisson qui participe à la vie communautaire en Afrique (les veillées, les mariages, les causeries, les traitements spirituels et traditionnels, etc.) et le palmier en lui-même règle plusieurs questions socio-économiques et culturelles.

Jusqu’au jour où cet expert en préparation du vin tombe d’un arbre et se tue. Le narrateur ne pouvant retrouver un si talentueux employé va se lancer à la recherche du mort qui désormais séjourne dans la Ville-des-Morts, « tous les gens qui sont morts sur cette terre ne vont pas au ciel directement, mais ils habitent dans un endroit quelque part sur cette terre ». Amos Tutuola nous donne sa version africaine de l’Odyssée car ce roman, finalement assez court, n’est qu’une suite d’épreuves endurées par le narrateur qui se nomme lui-même « Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde » et sa femme qui l’accompagne dans ce long voyage à travers la brousse. Comme dans l’œuvre d’Homère, ils vont croiser des êtres mystérieux, des Dieux, des esprits malfaisants et d’autres qui vont les aider, avant qu’enfin après dix ans d’errance ils ne retrouvent leur village, leur Ithaque. De son côté le narrateur ne manque pas de moyens, féticheur il ne manque ni de gris-gris protecteurs ni de pouvoirs surnaturels qui lui permettent de se métamorphoser et qui ne seront pas superflus.

Texte délirant qui j’imagine, mêle différentes légendes et croyances yorubas, plus proche du langage parlé qu’écrit, ce qui ne déroute pas moins que les récits ahurissants contés par l’écrivain. Il faut faire l’effort de s’extraire de nos mentalités d’Européens et se laisser porter par ces chants – dans le sens de division d’un poème épique-, comme si nous étions assis en cercle sous le gros baobab qui pousse au milieu du village, à écouter le griot édenté nous raconter ces mythes alors qu’au loin un tam-tam hypnotique s’empare de notre esprit.

Tout Blanc qui visite l’Afrique doit abandonner ses préjugés et ses repères s’il veut un peu en approcher la connaissance, la lecture de ce roman participe à ce genre d’expérience. Faites un effort et vous serez comblés, je dirais même remboursés, car 140 pages pour ce livre dans une collection de poche à prix modique, ce n’est vraiment rien pour un très beau voyage en Afrique. Sans la chaleur et les moustiques !

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L'ivrogne dans la brousse

« L’Afrique – qui fit – refit- et qui fera. » Michel LEIRIS



Les premiers livres publiés dans cette collection bénéficiaient d’une présentation de Jean Noël Schifano directeur de la collection. J’en extrait deux phrases emblématiques « Nous parions, ici, sur les Africains d’Afrique et d’ailleurs, de langue française et de toute langue écrite, parlée et sans doute pas écrite encore, nous parions sur l’écriture des continents noirs pour dégeler l’esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches en papier qui prennent le relais de fétiches en bois. ». Le frontispice des premières parutions a disparu mais l’orientation éditoriale demeure.



C’est après avoir lu de nombreux auteurs, africains, antillais, publiés dans cette collection (et chez d’autres éditeurs), que j’ai souhaité, dans une note aux dimensions modestes, faire partager des plaisirs de lecture et peut-être vous entraîner dans ces espaces si proches et si peu connus. En ces temps d’éphémères, je choisis de puiser dans les premiers ouvrages publiés.



Laissez vous guider par les titres et leurs résonances, passez la porte des jaquettes tachées et entrez dans ces continents, vous y trouverez des écrivain-e-s passionné-e-s et passionnants.



Vous avez peur de l’inconnu, vous chercher des repères, pourquoi ne pas commencer par les deux livres de Boniface MONGO MBOUSSA « Désirs d’Afrique » et « L’indocilité » qui présentent un large panorama d’auteurs, odeurs classiques, fragrances modernes, ténèbres rwandaises, flamboyances congolaises, diaspora et casques coloniaux.



L’écriture des un-e-s vous enchantera, celle d’autres vous fera rire, leurs rêves vous sembleront proches et d’autres si lointain. Contes, récits épiques, aventures, livres accrochés à la vie.



Quelques idées, pour vous mettre l’eau à la bouche, espérances de lectures à venir.



Plongez vous dans la langue savoureuse de Abdourahman WABERI « Transit » qui de Roissy à Djibouti évoque la guerre et l’exil ou « Rift, routes, rails » variations au passé et au présent sur les déserts, les océans et les mythes. Choisissez la langue brutale de la martiniquaise Fabienne KANOR qui dans « D’eaux douces » raconte l’aliénation d’une femme au prise avec les questions identitaires.



Peut-être serez vous attiré par le titre « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » de Henri LOPES qui revient sur le mouvement de la négritude et s’interroge sur la création, la francophonie, le métissage à l’heure de la globalisation .



Choisissez l’un des romans de Ananda DEVI, originaire de l’île Maurice, par exemple « Soupir » et son premier paragraphe « La terre est enflée comme une langue qui n’a pas bu depuis longtemps. Le sable coule aux pores. Les horizons et les regards sont scellés. Au dessus de nous, le ciel semble ouvert. Mais il n’y a rien d’ouvert, ici. Nous sommes nés enfermés. »



Suivez la quête d’amour de Maya, héroïne de Nathacha APPANAH-MOURIQUAND.



Vous n’aimez pas le foot, que cela ne vous rebute pas d’entrer dans « La divine colère » du camerounais Eugène EBODE, pour y partager sa critique de la compétition et des passions « transformant les stades en crachoir et en cratère de tous les exutoires ».



Que dire de « L’ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos TUTUOLA, qui fait figure d’ancêtre de ces littératures. La traduction de Raymond QUENEAU est un régal.



Allez à « Lisahohé » capitale imaginaire mais si réelle du togolais Théo ANANISSAH pour suivre et vous perdre dans une enquête où le narrateur même ne semble pas si innocent.



Rejoignez la tendresse de la gabonaise Justine MINTSA dans « L’histoire d’Awu » à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du journaliste qui vous entraînera sur les traces de Lidia do Carmo Ferrerira poétesse dans « La saison des fous » de l’angolais José Eduardo AGUALUSA.



Mais peut-être serez vous plus sensible à la confrontation entre modernité et privilèges ancestraux dans « La révolte du Komo » du malien Aly DIALLO, au récit du congolais Mambou Aimée GNALI et son « Beto na beto, le poids de la tribu » ou au destin de l’aveugle Doumé dans le roman « Le cri que tu pousses ne réveillera personne » du camerounais Gaston-Paul EFFA .



Admirez le portrait dressé de l’île Maurice par Amal SEWTOHUL dans « Histoire d’Ashok et d’autres personnages de moindre importance », ou parcourez l’effacement de la société traditionnelle dans le système colonial de Donato NDONGO dans « Les ténèbres de ta mémoire ».



Je ne veux ni vous lasser si substituer mes propres découvertes à vos possibles lectures.



J’ai gardé pour la fin la mosaïque de Sylvie KANDE « Lagon, Lagunes » et la petite postface si belle de Edouard GLISSANT qui se termine par cette invitation « Je voulais seulement, à cette place, partager avec vous l’insondable et l’imprévisible. Écrire est une divination. Lire ce qui fut écrit, c’est déchiffrer l’énigme. »
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L'ivrogne dans la brousse

« L’Ivrogne dans la brousse » de Amos Tutuola, écrivain yoruba du Nigéria donc, et traduit par Raymond Queneau (excusez du peu) dans la collection du monde entier (1953, Gallimard, 198 p.), et réédité récemment (2000, L’Imaginaire, 136 p.)

Cela commence, presque, comme un roman de Gérard Oberlé « Je me soûlais au vin de palme depuis l'âge de dix ans. Je n'avais rien eu d'autre à faire dans la vie que de boire du vin de palme ». Il est vrai que les 560 000 palmiers de la plantation du narrateur lui fournissent quotidiennement plus de deux cents calebasses de vin de palme. De quoi boire raisonnablement, jusqu’à plus soif et jusqu’au jour où son «malafoutier» se tue en tombant d’un arbre. Tout a une fin donc, même l'homme qui préparait le vin de palme. Le narrateur, qui se nomme lui-même «Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde», va donc aller chercher son malafoutier dans « la Ville-Des-Morts » où les défunts marchent à reculons, « la Ville-Céleste-D'où-L'on-Ne-Revient-Pas » et « le Monde des Êtres Étrangers et Terribles », donc la Brousse. « En voyant que je n'ai plus de vin de palme et que personne ne pouvait en tirer pour moi, je pense alors en moi-même à ce que disaient les anciens, que les gens qui sont morts sur cette terre ne vont pas au ciel directement, mais qu’ils habitent dans un endroit quelque part sur cette terre ». On comprend mieux que le grand Raymond ait eu envie de nous transmettre ce texte « Doukiboidonctan ».

Toute la suite est de la même calebasse. « Au bout de trois années et demie passées dans cette ville, je remarque que le pouce de la main gauche de ma femme enflait comme si ç’avait été une bouée, mais ça ne lui faisait pas mal. Un jour, elle me suit à la plantation où je tirais mon vin de palme, et, à ma grande surprise, elle se pique le pouce qui enflait à une épine de palmier, le pouce se déchire soudain, alors voilà un enfant mâle qui en sort, et, à peine sorti du pouce, l’enfant commence à parler comme s’il avait dix années d’âge. ». Une autre pour la route. « En arrivant à l’endroit où il avait loué son pied gauche, il tire dessus et l’enlève, il le rend à son propriétaire et le paie, et ils se remettent en route ». (C’était mon introduction à l’économie du troc en Afrique Noire). Avant les soldes, j’ai aussi un chapitre « Un gentleman complet réduit à une tête ».

On est donc dans un roman où se mêlent à la fois l’Odysée, avec cette quête dans « le Monde des Êtres Étrangers et Terribles », le rapt de Perséphone par Hadès dans la avec l'enlèvement d’une jeune fille par le gentleman. Ce n’est plus l’Hydre de Lerne, mais les Mille et Une Nuits. En fait on est (peut être) dans l’univers des contes yorubas. Ce n’est plus non plus « Tintin au Congo », mais en quelque sorte « Homère au Nigéria ». Le tout est écrit dans une syntaxe fort approximative, qui n’est même pas du « broken english » comme on pu l’écrire certains critiques britanniques, mais plutôt « simply and carefully described in young English » (simplement et soigneusement décrit en anglais infantil) ou même qualifié de « néo-anglais ». Queneau lui-même reconnait avoir eu du fil à retordre avec la traduction « J'ai dû résister à la tentation de rationaliser un récit dont les "inconséquences" et les "contradictions" se glissent parfois dans la structure même des phrases ». De toutes évidences, les premières critiques sont partagées au sujet de l’œuvre. On traite le livre de « primitive », « primeval », « naïve », « un-willed », « lazy », « barbaric » ou « barbarous ». Il est amusant de noter que ces mêmes critiques utilisent un procédé similaire pour juger de l’écriture de Tutuola.

C’est cette conception de la langue qui est intéressante chez Amos Tutuola. Et il l’explique dans un interview à West Africa (11/08/97, p.1299). « I don’t want the past to die. I don’t want our culture to vanish. It’s not good. We are losing [our customs and traditions] now, but I’m still trying to bring them into memory. So far as I don’t want our culture to fade away. I don’t mind about English grammar – I should feel free to write my story. I have not given my manuscript to anyone who knows grammar to edit.» (Je ne veux pas que le passé meure. Je ne veux pas que notre culture disparaisse. Ce n’est pas bon. Nous perdons [nos us et traditions] actuellement, mais j’essaye de les garder en mémoire. Aussi, j ne veux pas que notre culture s’évanouisse. Que m’importe ma grammaire anglaise – Je voudrais être libre d’écrire mon histoire. Je n’ai jamais donné mon manuscrit à quelqu’un pour en éditer la grammaire.). Ce que veux dire Amos Tutuola, c’est qu’il ne veux pas écrire comme un auteur américain ou anglais. Il utilise l’anglais comme un outil, mais le message ce sont les textes qu’il transmet.

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L'ivrogne dans la brousse

Voici l'un des livres les plus étranges qu'il m’ait été donné de lire! Je ne saurais pas dire si j'ai aimé ou détesté.



Le narrateur (un homme ou un dieu) part à la recherche de l'âme de son serviteur qui est mort et qui ne peut plus lui apporter son vin de palme quotidien. Il va alors traverser la brousse où vont s'enchaîner les aventures les plus incroyables et les plus fantastiques.



Par exemple on suit un homme qui a loué les différentes parties de son corps à des gens et qui finit par les leur rendre en cours de route. Il n'est plus qu'un crâne qui marche sur la route et qui prend en otage le narrateur...



L'auteur reprend des contes et mythes fondateurs Yuruba. Il n'en demeure pas moins que c'est tellement différent de la littérature occidentale que beaucoup de lecteurs caleront en route. Il nous manque beaucoup de repères culturels pour bien comprendre l'histoire.
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L'ivrogne dans la brousse

Etrange, mais passionnant est le roman que je viens de terminer. Je pourrais le renommer une odyssée dans la brousse africaine. Ce texte est alimenté par l’imaginaire débordant d’Amos Tutuola qui invite son lecteur à une plongée dans la dimension surnaturelle de la savane et de la forêt yorouba.

Repartons à la genèse de ce conte africain.



"Je me soûlais au vin de palme depuis l’âge de 10 ans. Je n’avais rien d’autre à faire dans la vie que de boire du vin de palme. Dans ce temps là, il n’y avait pas d’argent, on ne connaissait que les cauris, aussi la vie était bon marché et mon père était l’homme le plus riche de la ville.

Mon père avait huit enfants et j’étais leur aîné, les autres travaillaient dur, moi j’étais un recordman du vin de palme. Je buvais du vin de palme du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au matin. A cette époque-là, j’en étais venu à ne plus boire une seule goutte d’eau ordinaire, seulement du vin de palme.

Quand mon père s’est aperçu que je ne pouvais rien faire d’autre que boire, il a engagé pour moi un excellent malafoutier qui n’avait rien d’autre à faire qu’à me préparer mon vin de palme pour la journée."



Page 9, Edition Gallimard, collection L'imaginaire



Le personnage narrateur situe bien le contexte. Il a à sa disposition une plantation de 560.000 palmiers et un malafoutier qui travaille à temps plein et de manière extrêmement efficace. Comme c’est souvent le cas, une cour se créé autour de ce jeune homme fortuné qui ne manque pas de vin de palme. Le hic intervient quand, quinze années après la disparition de son père, son malafoutier meurt d’un accident de travail. Le texte bascule alors dans une forme de délire. Ayant perdu tous ses courtisans du fait de sa pénurie chronique en vin de palme, notre ivrogne se lance à la recherche de son malafoutier. Vous me direz : mais il est mort non ? Seulement vous êtes au Nigeria. D’ailleurs, voici ce qu’en pense notre héros :



"En voyant que je n’ai plus de vin de palme et que personne ne pouvait en tirer pour moi, je pense alors en moi-même à ce que disaient les anciens, que les gens qui sont morts sur cette terre ne vont pas au ciel directement, mais qu’ils habitent dans un endroit quelque part sur cette terre. Alors je me dis que je découvrirai où se trouvait mon défunt malafoutier."



Page 11, Edition Gallimard, collection L'imaginaire



Notre héros se lance donc dans cette quête qui semble à priori insensée et dictée par son addiction au vin de palme. Et c’est dans un univers fantastique qu’il pénètre. Je n’en dis pas plus.



Amos Tutuola écrit ce roman en 1953. Et contrairement à de nombreux auteurs africains de cette époque coloniale, il ne cherche pas à prouver qu’il maîtrise la langue anglaise. Ici, seule l’odyssée de son personnage compte. Un périple nourrit par les influences de sa culture yorouba. On a vraiment l’impression de voir se succéder une série de contes où, dans l’absurde de la quête de l’ivrogne, se révèle une philosophie de la brousse et des croyances animistes africaines. Et naturellement, si on est pris par cette quête, on ne lâche pas la main du narrateur dans ses rencontres avec des êtres terrifiants ou dotés de bonté, mais surtout on est saisi par l’âpreté de notre palm-wine drinkard à atteindre son objectif.



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Lien : http://gangoueus.blogspot.co..
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L'ivrogne dans la brousse

Oeuvre: L'ivrogne dans la brousse

Auteur: Amos Tutuola

(traduit de l'anglais par Raymond Queneau, Gallimard, 1953.)



« Je me soûlais au vin de palme depuis l'âge de dix ans. Je n'avais rien eu d'autre à faire dans la vie que de boire du vin de palme (…) Je buvais du vin de palme du matin jusqu'au soir et du soir jusqu'au matin. À cette époque-là, j'en étais venu à ne plus boire une seule goutte d'eau ordinaire, seulement du vin de palme… ».



C'est l'incipit de cette oeuvre à la lecture déconcertante et comique. Ce récit se donne à lire comme un conte, une légende, etc. parsemés du style oralisé, de farce, du burlesque, du grotesque, de calembours, etc.



Mais en réalité, c'est une cohabitation du réel et de l'imaginaire, du concret et de l'abstrait, du physique et du spirituel, etc. Dans ce roman-conte, le Tambour bat du tambour, la Danse danse, le Chant chante, le Rire rit, le Crâne crie, etc.



Ces personnages, faits d'entités et d'abstraction, traduisent en réalité une vision panthéiste de l'univers africain. Ainsi, grâce au pouvoir esthético-créatif du verbe littéraire, Amos Tutuola fait surgir de l'imaginaire yoruba des personnages insolites qui nous interrogent sur notre propre essence.



En effet, dans L'ivrogne dans la brousse, on assiste à la parturition faite à travers le pouce, l'accointance avec la Mort, l'interminable odyssée à travers les réalités complètement fantastiques et merveilleuses de l'Afrique. etc.



Raymond Queneau a su rendre ce conte dans un français fait de mélanges, parfois ridicules, souvent réinventés, le tout dans une oeuvre saladière.



De la syntaxe approximative à la troncation grammaticale en passant par les temps verbaux tenus en piètre estime, L'ivrogne dans la brousse, est d'une écriture libre, libertine et étrange.

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La femme plume

« La femme plume » est un livre de contes yorubas (The Feather Woman of the Jungle), traduit par Michèle Laforest (2000, Musée Dapper Editions, 176 p.). Les villageois attendent le début de la veillée arrosée de vin de palme et rythmée par les tambours. Surviennent alors la Femme Plume, sorcière juchée sur une autruche, les Fantômes de la Brousse, la Ville de la Famine, les Créatures de l’Eau, le Géant et la Géante, tous poilus et quelques Hommes Serpents. «J'ai eu si peur ce matin-là que j'en avais oublié de m'habiller, c'est vous dire.»"
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