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Citations de Ana Maria Matute (93)


Me voici devant cette absurde absinthe verte et le coeur gros. Se pourrait-il que tout soit dit dès notre enfance et qu'adulte nous ne soyons qu'une aveugle répétition de nous-même ?
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Ma grand-mère avait des cheveux blancs dont les vagues houleuses lui donnaient un air coléreux. Elle n'abandonnait presque jamais sa canne de bambou à pommeau d'or, dont pourtant solide comme un cheval elle n'avait aucun besoin. En feuilletant un vieil album, je crois retrouver dans ce visage épais, massif et blanchâtre, dans ces yeux gis bordés d'un cercle bleuâtre, un reflet de Borja et même de moi. Je suppose que Borja a hérité son assurance, son manque absolu de pitié et moi, peut-être, cette grande tristesse.
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« Ces cheveux blonds et ce regard nous restituent l’héritage du passé : personne, des confins les plus lointains de la terre, ne peut rencontrer des cheveux aussi blonds et des yeux aussi bleus et aussi féroces. En contemplant ce jeune homme, je sens sur ma nuque l’haleine des dieux perdus. »
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Je n’avais pas encore neuf ans que je dus passer, sans transition majeure, de l’alcôve de ma mère au poste le plus bas de la servitude. Et comme le donjon de mon père s’écroulait de place en place et que la paresse et l’incurie se promenaient à leur fantaisie dans les chambres, je n’eus, de ce jour-là, ni lit fixe ni quelque aliment sûr pour me nourrir convenablement. Comme j’étais de nature aussi vorace que mon père et mes frères, j’y trouvai bien de la souffrance, même en dépit de ce que ma mère ne m’eut jamais distingué par des cajoleries d’aucune sorte.
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Les paysans prenaient soin de leurs jeunes enfants et leur offraient même des présents : ils les habillaient de toiles aux couleurs vives, tissées par les mères. Mais cela se passait jusqu’à ce que les enfants eussent atteint un âge où la jeunesse n’est plus qu’un rêve. Ils leur retiraient alors brusquement toute caresse, les jetaient face contre terre et les entrainaient sur-le-champ dans une vie aussi peu enviable que leur propre existence.
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Je me dis que ce que tout le monde appelait années ou temps et que je ne savais, moi, comment appeler était un dragon vorace, un loup, une hyène - les images du chocolat Nestlé me revenaient à nouveau. J'avais peur du monde qui m'attendait la gueule grande ouverte, le monde horrible dont j'entendais dire qu'il grouillait de méchants prêts à mettre le feu, à rouer de coups des êtres aussi bienveillants et attendrissants que Teo. Le monde où des filles comme Margot, aussi expertes à lancer le ballon qu'à décocher une plaisanterie blessante, faisaient la loi dans les collèges. Enfin et surtout, le monde qui nous interdisait à Gavi et à moi de continuer à nous voir dans son appartement sous les toits, (Kay et Gerda, qui vous teniez la main dans votre petit Jardin sur le Toit, où vous étiez-vous enfuis ? ) Le monde aux aguets, vorace. Le monde que je ne connaissais pas. Le monde auquel peu importait que le printemps fût en avance.
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p 179 Nous nous approchâmes et il nous montra une étoffe, brillante, vaporeuse, une vraie merveille, sans doute du satin. Jamais je n'avais rien touché de semblable. Sur fond d'un bleu électrique apparaissaient d'immenses oiseaux, comme on n'en voit pas souvent, des oiseaux somptueux, de toutes les couleurs, entre lesquelles on apercevait l'aiguillée de fil d'or.
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Qu’il fut de mon choix ou qu’il fut imposé par cette éducation rigide, le silence était de rigueur. Le désespoir n’entrait dans aucun programme éducatif. Dans cette maison, du moins.

(10/18, p. 307)
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C'est ainsi que je mourus pour la première fois
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Nous les enfants ne sommes que de passage
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J avais peur du monde qui m attendait la gueuler grande ouverte, le monde horrible dont j ebtendais dire qu' il grouillait de méchant prêts à mettre le feu, à rouer de coups des êtres aussi bienveillants et attendrissants que Teo. Le monde où des filles comme Margot, aussi expertes à lancer le ballon qu' à décocher une plaisanterie blessantes,faisait la loi dans les collèges.Enfin et surtout, le monde qui nous interdisait à Gavi et à moi de continuer à nous voir dans son appartement sous les toits.
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Sitôt la porte fermée, une obscurité accueillante , protectrice, m entourant.là , au moins, personne ne pourrait me reprocher ni me demander quoi que ce soit, j étais seule.Délicieusement seule.Je perçus alors les deux côtés de la solitude, le Mauvais et le Bon. Le Mauvais, c était l absence de chaleur, de la moindre caresse, d un baisers vite déposé sur ma frange, le Bon c était l absence d intrusion, d exigences, de questions au delà de mon seuil de compréhension.
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Toute ma vie j'ai été sur le point de devenir quelque chose que l'on aurait espéré de moi, mais jamais je n'ai répondu à ces attentes.
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J'observais Papa et je perçus ce que, au fil des ans, j'ai identifié comme un sentiment de solitude en compagnie. Il avait beau sourire, ses grands yeux noirs semblaient attendre quelque chose. Je me précipitai vers lui, je n'avais qu'une envie le serrer dans mes bras, enfouir mon visage dans son cou, comme je le faisais avec Tata Maria, mais quand je touchai ses genoux, je restai paralysée par une soudaine timidité, proche de la honte, même si je ne savais pas de quoi j'avais honte. Sans doute parce que tous s'étaient tus et me fixaient dans un épais silence. Et, à l'époque, pas plus qu'aujourd'hui, je ne pouvais supporter que l'on me regardât. Que n'aurais-je donné pour avoir à proximité l'une ou l'autre de mes cachettes ou pour disparaître tel un gnome derrière la tige d'une fleur, comme je l'avais lu dans les contes d'Andersen.
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Je me promis de ne jamais plus participer à une vie qui n'était pas ma vie, me mêler et me confondre à une race qui subsiste et gravit à force de coups, de ruses, de renoncements, de désespoirs, de haine, d'amour et de mort.
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Seule dans mon lit, à mesure qu'un jour doré s'appropriait la chambre, une angoisse, une grande tristesse me gagnaient. "Des gens très méchants...", "Le monde est plein de gens très méchants...". Ces phrases, des mises en garde ou presque, se muaient en questions et certitudes. Des mots dévastateurs à l'égard de l'ordre établi, jusque-là intouchable. Il ne s'agissait ni de la méfiance ni de la crainte que m'inspiraient les Géants, mais de quelque chose de plus mystérieux et, paradoxalement, de plus réel.
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Il me semblait que, de même les pétales flottant et se groupant dans l'eau, je tournai sans poids dans le doux et fallacieux tourbillon d'un monde nourri de reflets, d'échos de voix, d'ombres de corps, fragiles empreintes sur le sable mouvant de l'oubli.
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Seigneur de la mort, éclaboussé de sang, Mohl promenait l'obscure gloire de la guerre là où, peu auparavant, le printemps naissant essayait d'éclater.
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« La haine, me dis-je, est l'affaire des hommes : les guerriers – qui, à l'heure du combat ne sont jamais des hommes – vivent bien au-delà de la haine. »
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Toute la furie de la terre était sienne et elle ne trouvait pas suffisamment de quoi se nourrir pour assouvir la meute qui confondait son esprit et son corps en une seule fièvre: faim et soif de sang le soutenaient et le torturaient à la fois depuis des origines très reculées de sa vie. Mon seigneur traînait cette soif et cette faim et n'arriva jamais à en voir le fond. Mais il n'y avait en lui aucune trace de haine. 
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