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Citations de Ananda Devi (314)


Je suis descendue acheter des fleurs fraîches. C’est le premier, le seul plaisir que nous offre le jour, le velours du chameli, le souffle clair du jasmin, le parfum d’épices du chrysanthème, l’explosion jaune du kanakambaram. Des bijoux à la vie brève qui orneront notre chevelure, vraie ou fausse. Soleils factices auxquels nous nous efforcerons de croire.
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À seize ans, j’ai rejoint cette ancienne communauté, celle des hijras, dont le nom est cité dans les livres sacrés datant de plusieurs millénaires. Nous avons nos propres mythes d’origine, même si cela n’a plus grand-chose à voir avec notre réalité. Je savais qu’elles m’accueilleraient telle que j’étais : comme moi, elles refusent d’être emmurées dans une uniformité dont le seul but est de détruire ce que nous avons d’unique. Chacun de nos chants célèbre la diversité de l’espèce. Nous sommes, disent-ils, le miroir de l’infini. Ceux qui nous écoutent reconnaissent en nous, souvent malgré eux et malgré les préjugés et la peur, la source d’une ancienne connaissance et d’une éternelle magie.
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Comment la faire sortir d’ici ? se demande-t-elle. La laisser dans un orphelinat ? Non, Chinti est assez grande pour dire où elle habite et comment sa mère s’appelle. Et d’ailleurs, même s’ils l’acceptent, où finira-t-elle, sinon dans une autre ruelle, dans une autre cellule ? Quel avenir autre lui offriront-ils ?
Elle pourrait s’en aller avec Chinti, partir ailleurs, mais où ? Et que ferait-elle d’autre ? Travailler comme femme de ménage dans les complexes luxueux qui bourgeonnent dans la ville ? Qu’est-ce que ça changerait ? Rien, sauf les transformer toutes deux en esclaves, forcées de trimer du matin au soir pour des femmes aux bouches avides, et de se soumettre gratuitement aux hommes. Prostituées sans l’être vraiment, sans être payées pour, et tout aussi méprisées. Donc, pire encore que maintenant. Les riches de ce pays ne s’embarrassent pas de bontés inutiles.
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Bholi te pardonnera. Là où elle est, elle peut comprendre qu'un petit enfant est toujours innocent du mal qu'il commet. Ce n'est qu'en grandissant qu'on commet le mal sciemment, et c'est seulement là qu'on a besoin d'être puni. Pas avant. Tu comprends ? Pas avant.
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Le lycée accueille les handicapés, malvoyants, malentendants, syndromes d'Asperger, "autrement capables" - ce qui ne veut rien dire puisque nous le sommes tous, autrement capables-, mais il ne peut accepter une obèse.
Selon leur logique, tous ces handicapés n'ont pas le choix. Les obèses, eux, c'est évident, l'ont. Ils sont coupables de gloutonnerie, qui est un péché capital. Me voir les renvoie à des hantises bibliques. Me voir les renvoie à la honte primaire qu'inculquent les religions pour punir les excès.
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La mort m'oubliera, pour toi qui m'inventes.
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En me joignant à elles, j'ai assumé mon identité de femme et de hijra à la fois. Pas l'une sans l'autre. Les gens croient que nos vêtements, nos cheveux, notre maquillage, nos bijoux sont un déguisement ; mais non : seul le corps hérité à la naissance est un déguisement dont nous tentons de nous débarrasser.
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Un temple qui promet le paradis à un prix variable selon le client.
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Tous fourmis sur leur chemin de cendres, marchons, marchons, la fatigue importe peu, c’est la vie qui fatigue, rien d’autre, nous aurons bien le temps de nous reposer après, alors marchons dans ce soit-disant pèlerinage où la horde ruine la terre et la rend stérile, où l’on vole, viole, tue, meurt, tout cela au nom des dieux. Poursuivons, marchons, parce qu’il n’y a pas le choix : immobiles nous serons piétinés comme les herbes, comme les plantes, comme les vers, comme les fourmis. Autant par les hommes que par les dieux, s’ils existent !
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"Peut être suis-je la mise en garde de l'espèce? Voici ce que vous risquez de devenir, avec tous ces progrès technologiques qui vous dispensent de bouger et d'agir, vous incitent à dévorer toujours plus. Voilà l'utopie imbécile à laquelle vous aspirez. Regardez-moi bien: je suis votre avenir. Je suis votre devenir. Le monstre sacré dans sa bulle de bouffe."
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"Quand avons-nous cessé de nous nourir simplement pour survivre? Quand avons-nous découvert ces saveurs et ces substances qui nous obsèdent et nous condamnent? Quand notre monde s'est-il mis à tourner autour de notre alimentation? Le sybaritisme comme suicide volontaire. Ce qui nous empoisonne est ce que nous désirons le plus passionnément, le plus violemment."
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"Jes les agresse rien qu'en existant. Je suis l'horreur qui aurait dû être tue, cachée ou étouffée dans l'oeuf, mais voilà, je suis. Je suis. Sans excuse et sans justification. Aucune possibilité de résistance ne m'est offerte, aucun rempart à la violence qui déferle. Les vagues assassines m'assaillent."
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"Le plus grand don que mon père pense pouvoir me faire est celui de moi-même. Il veut me rendre l'amour de mon corps en le nourissant. Mais à la fin, cela revient à une seule chose: il me fait don d'un élargissement dont je n'ai nul besoin."
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A cet instant précis, nous ressemblons toutes à Kali, la déesse souveraine et souterraine, dévoreuse des foies et des coeurs. Nous piétinons la terre jusqu'à la faire trembler. Aux yeux de Shivnath, nous sommes prêtes à charcuter les hommes, boire leur sang, aspirer l'air de leurs poumons, les éviscérer. Nous sommes la vengeance de la terre et l'immense rage des femmes à jamais agenouillées devant la toute-puissance des hommes.
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Il suffit qu'une femme soit seule sur un chemin mal éclairé, un soir, pour qu'elle ne soit plus qu'un corps offert.
Ministre, femme d'affaires, médecin, enseignante, millionnaire ou villageoise intouchable, peu importe ce que tu es : la nuit, toutes les femmes sont chair.
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Je me penche pour voir l'enfant. Elle m'apparaît comme un soleil. Ses cheveux moussent autour de sa tête, joyeuse auréole. La bouche est tendre, le corps fluet. Des yeux d'animal rétif et de séductrice à la fois. Je ne peux m'empêcher de la dévisager. Elle trépigne d'impatience, et ce mouvement est une sorte de danse. Une rare perfection, destinée à ne durer qu'une saison, à peine le temps de s'épanouir. Bientôt, tous fondront dessus. Je détourne le visage, étourdie de peine. J'ai envie de fuir, de ne pas la voir, cette vie fragile qui coule dans ce corps et qui va si vite disparaître parce que c'est ainsi, parce qu'elle appartient à la Ruelle, ce monstre qui dévore tout, et rien d'autre ne lui sera permis.
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Il a envie de maculer le bas de son pantalon de cotonnade blanche, toujours si propre, si bien repassé, si bien amidonné, de voir l'eau croupie le teindre de gris, puis de rentrer chez lui avec ces odeurs collées comme des bouches à sa peau pour lui rappeler qu'il peut s'en échapper. Qu'il a, lui, le choix. Ses portes à lui sont ouvertes. Il n'a qu'à tendre la main pour cueillir les fruits dont il a envie, y compris les plus pourris. La possibilité du choix : le grand pouvoir des hommes.
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Les hommes, même s’ils viennent pour un coup rapide, ont toujours besoin qu’on leur raconte une histoire. Que la femme qui les reçoit offre à leur imagination, en même temps qu’à leur corps, de quoi se nourrir. Qu’ils sortent de là en ayant envie de poursuivre le récit amorcé. Veena, cela se voit, a un corps plein de légendes. Y compris celles qu’ils y écriront à leur tour.
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Le désir n'est jamais dompté
Puisqu'il n'obéit ni à nos crimes
ni à nos consciences
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La consolation est le refuge des faibles. Les forts regardent leur souffrance dans les yeux. Tu es à moi, lui disent-ils. Je te connais. Tu m'appartiens.
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