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Citations de Ananda Devi (312)


Notre monde tourne autour de l’invisible. Au cœur de tout, il y a un vide : l’énigme qui est notre origine et notre fin. Celle que nous cherchons à tout prix à percer sans comprendre que c’est impossible.
Mais vivre en faisant face à ce vide nous est aussi impossible. Il nous faut alors tenter de le remplir d’êtres invisibles, forgés de toutes pièces par notre imagination, dieux, saints, anges, démons, sorcières ou esprits, bref toute une ménagerie qui peuple notre tête et nous promet autre chose que la mort tandis que notre corps, lui, est occupé à mourir. C’est bien cela qui nous pousse à nous traîner dans la poussière, à nous flageller, à faire dix génuflexions ou à marcher sur des braises pour prouver notre sincérité et notre pureté d’âme. Tout cela pour que nous ne puissions comprendre que tout est de notre propre fait, vivre comme mourir, aimer comme haïr, donner la vie comme la prendre – ta main qui tient le couteau n’a jamais été aussi libre, comprends-le bien, ô guerrier qui prétends obéir aux dieux !
Shivnath, lui, n’éprouve aucune crainte face au vide : ses croyances sont aussi fausses que la statue à son image dans son temple. L’on aurait pu penser qu’il craindrait de proférer, ne serait-ce que dans sa propre pensée, de telles hérésies, mais ce n’est pas le cas. Non, il sait que lorsqu’il mourra, ce qu’il ressentira, ce sera le bois brûlant autour de son corps, et le feu qui le consume, et les étincelles qui l’éclairent une dernière fois tandis que sa peau fond comme du beurre et sa chair comme un sirop amer. Il sera ce corps pris dans une danse macabre à laquelle ceux qui le regardent seront totalement indifférents. Rien de plus.
Et donc, sachant sa fin, sa futilité, sa finitude, il peut y faire face sans avoir à se cacher et l’assumer avec la plus grande certitude : nous ne sommes pas faits pour être bons. Nous sommes mauvais dès la genèse, êtres retors, impulsifs, pervers, égocentriques, et même ceux qui croient faire le bien le font pour des raisons égoïstes – pour s’acheter un paradis, racheter une faute, se réhabiliter à leurs propres yeux. Il n’y a rien de plus faux que la sainteté des hommes dits saints, et ça, Shivnath ne le sait que trop bien. (Les êtres vraiment saints ne le crient pas sur tous les toits, ils risqueraient de mourir sur une croix.)
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Accueillir le désir
Nourrir notre insolite
Passer outre nos pliures
Franchir les devoirs
Écraser ce qui en nous
Refuse l'anarchie
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- Bholi te pardonnera. Là où elle est, elle peut comprendre qu'un petit enfant est toujours innocent du mal qu'il commet. Ce n'est qu'en grandissant qu'on commet le mal sciemment, et c'est seulement là qu'on a besoin d'être puni. Pas avant. Tu comprends ? Pas avant.
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S'échapper, se diluer dans des songes incohérents et fous. C'est ce que nous faisons tous. Sans cela, les murs capitonnés ne cesseraient pas de se refermer sur nous.
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Si ton coeur et ton corps peuvent encore accepter le ravissement de l'incertain
Sami Tchak
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La ville, comme le monde, s'était fracturée en deux. De l'autre côté des barbelés, des yeux immenses et sombres où l'on devinait des désirs de violence nés de l'impuissance, le reflet d'une pierre serrée dans un main. Et à l'intérieur des murs, les retranchés, aussi captivés que moi part un gavage d'une autre sorte, celui du superflu qui leur donnait l'illusion d'être vivants.
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Plus que le mal physique, je suis la représentation psychique de notre époque, j’en suis l’immoderé somatisé, la terreur et la spirale autodestructrice (oui, je ne crains pas une telle emphase, parce que la communication passe désormais par une amplification dénuée de sens, par un besoin d’outrance et de redondance — je suis dans l’air du temps, dans la même extension du vide). De nous, du monde dont je fais partie, ne reste que le plus délétère. Prisonniers de nos envies pléthoriques, nous nous sommes enfermés au point qu’il nous est devenu impossible de nous libérer sans éprouver une panique irrationnelle. Ne reste plus que l’assouvissement des envies du corps —gloutonnerie et pornographie, nos deux mamelles.
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Crois-tu que ceux qui parviennent au pouvoir en grimpant sur ton dos se souviendront
de ton petit visage de lune et de soleil
de ton rire étoilé
de ton nez plissé de colère
de tes mains souples comme des anguilles ?
Rien du tout, même pas du bruit de leurs semelles dans ton dos.
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L'immensité au-dessus d'eux était un océan de vide. La terre au-dessous d'eux était une enclume. Si frêles, ils étaient. Si frêles que, se tenant ainsi l'un l'autre, ils n'avaient plus conscience que de la finesse de leurs os, de leur peau, de leur corps, alors qu'autour d'eux le vent montait et semblait rôder comme un fauve en attente.

(Entre ciel et terre)
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Le nom lui-même est un avis de tempête : le palais des vents. De l'extérieur, on a l'impression qu'il ne s'agit que d'une façade, avec rien derrière ou dedans : un décor de cinéma dressé au bord de la rue, constellé de petites fenêtres, de cette couleur rose-or du grès qui donne son nom à la ville ; et une sorte de présence en surface comme pour dire : j'ai été, mais je ne suis plus. Mais lorsqu'on l'examine de plus près, on s'aperçoit que ces fenêtres cachent des ombres et des mouvements. Elles dissimulent, il n'y a pas de doute, des mystères.

(Œillères (Hawa Mahal))
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Elle comprit un jour, elle qui était née, paraissait-il, dans le giron de la bonne fortune et dans la paume de la chance, à quel point tout ce qu'il ne lui était pas permis de voir était plus vaste que ce qui l'était. Elle perçut, avec une sorte d'effroi, que tout le reste, à jamais, demeurerait hors de portée.

(Œillères (Hawa Mahal))
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Les gouttes d'eau produisaient de minuscules explosions sur le pare-brise et se répandaient en arborescences tourmentées, comme dessinées au pinceau chinois. Au lieu de regarder la route, elle suivait leurs tracés des yeux. De même écoutait-elle, avec une apparente concentration, la pluie sur le toit de la voiture comme s'il s'agissait d'un orchestre céleste.

(À l'aventure)
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L'air était si blanc qu'il vous brisait le cœur. Mais il accueillait chaque jour avec allégresse, sachant tout ce qu'il y avait de précieux dans ce soleil avare, ces journées si courtes qu'il fallait les vivre avec l'intensité d'un guerrier. Ainsi chaque jour était-il un cadeau et un combat.

(L'ambassadeur triste)
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Le sol commence à se dérober sous mes pieds et s’écroule pour de bon au moment où j’entre dans l’appartement.
Mais, après tout, il n’y a jamais eu de sol sous mes pieds.
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....
que vous êtes belle .. et soudain rire pouffade, fous rires cachés par les petites mains, yeux malicieux, c'était là-bas quand la vie vous riait encore,
mais les années passent et soudain vous êtes alourdies par votre ventre par les choses accrochées à vos chevilles par les chaines les liens les sous les roupies les meubles les lits les murs les marmites l'alcool la télé l'inutilité la passivité la fatigue l'absence la disparition.
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Leurs espoirs se dispersent au matin comme la poussière à leurs pieds.Leur mort n'aspire pas à la sève des étoiles et n'évoquera jamais que l'espace nu d'une tombe.
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(...) des sécheresses qui boiront jusqu'au sang des vivants (...)
p. 165
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Rien n'égale l'obsession des habitants de ce pays pour les bagnoles. S'il y de véritables divinités ici, elles s'appellent BMW, Audi, Mercedes. Des voitures surpuissantes qui ne servent à rien sur les routes sinueuses de l'île, surtout dans les embouteillages des heures de pointe.
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Lorsqu'elle sort, la maison a déjà un air de vétusté et d'abandon. Elle sait déjà qu'elle n'y reviendra pas.
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Les failles, les failles, toujours présentes, toujours frémissantes, toujours fulminantes, vos pieds dessus dansent une danse de mort, car ne l'oubliez pas, ne l'oubliez pas, nous sommes nés du volcan. Et si votre vie si brève vous conduit vers la mort, le volcan, lui, n'est qu'endormi.
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