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3.79/5 (sur 148 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Shanghai, Chine , le 14/01/1957
Biographie :

Anchee Min est une peintre, photographe, musicienne, et écrivaine qui vit à San Francisco et Shanghai. Les mémoires de Min, L'Azalée rouge, et ses nouvelles suivantes sont soit semi-autobiographiques, soit reflétant un temps particulier de l'histoire de la Chine, s'appuyant en particulier sur des personnages féminins forts, dont entre autres Jiang Qing, femme de Mao Zedong, et Cixi, dernière impératrice douairière de Chine.

Née à Shanghai, Min fut envoyée dans un camp de travail à dix-sept ans, quand elle fut découverte par des chercheurs de talents. Elle travailla comme actrice aux Shanghai Film Studio et s'en alla aux États-Unis en 1984 avec l'aide de l'actrice Joan Chen.

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Note de l'auteur

Je finis de lire -La terre chinoise- dans l'avion qui me ramenait à Los Angeles. Soudain j'éclatai en sanglots. Je ne pus m'arrêter parce que je repensais à la façon dont j'avais publiquement mis l'auteur en accusation. Je me rappelais comment madame Mao avait convaincu la nation tout entière de haïr Pearl Buck. Comme nous avions tort ! Je n'avais jamais rencontré aucun auteur, même parmi les écrivains chinois les plus respectés, capable de parler de nos paysans avec tant d'admiration, d'affection et d'humanité.
Voilà comment, à cet instant même, -Perle de Chine- fut conçu. (p. 12)
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Note de l'auteur
J'ai reçu l'ordre de protester contre la venue de Pearl Buck en Chine. C'était en 1971, j'étais adolescente et je fréquentais le Collège 51 de Schangaï. Désireuse de bénéficier d'un large soutien pour refuser un visa d'entrée en Chine à Pearl Buck (laquelle devait accompagner le président Nixon), madame Mao lança une grande campagne nationale destinée à la vilipender, elle et son "impérialisme culturel américain".
(...) J'aurais aimé avoir la chance de lire - La terre chinoise-. On nous disait que ce livre était si "toxique" que même le traduire était dangereux. (p. 11)
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Depuis qu'ils s'étaient emparés de la Chine, le couple Mao voulait voir Perle soutenir le régime mais elle gardait ses distances. Des agents chinois l'avaient plusieurs fois contactée pour qu'elle fasse comme les journalistes Edgar Snow et Anna Louise. Mon amie les connaissait bien sans toutefois partager leur vision politique. A la fin des années 1950, quand des millions de chinois moururent de faim pendant le Grand Bond en avant, elle critiqua Mao et insista sur un point que d'autres avaient dédaigné : "Mao a laissé son peuple mourir de faim tout en aidant les Nord-Coréens à mener la guerre contre les Américains".
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Absalom n'était pas le premier missionnaire américain à venir en Chine, mais il prétendait être le premier arrivé à Chinkiang à la fin du XIXe siècle. Selon les anciens, il acheta très vite un lopin de terre derrière le cimetière et y bâtit une église. Son intention était d'éviter de "déranger les vivants", mais pour les Chinois, déranger les morts était le pire crime qu'on pût commettre. La grande ombre de l'église s'étalait sur le cimetière. Les gens protestèrent et il dut abandonner son église.
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Le faible attend qu'une occasion se présente; le fort, lui, la recherche.
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Papa perdit patience et prit la parole.
- Comment Jésus peut-il protéger les autres, lui qui n'a pas réussi à se protéger lui-même ?
Absalom leva la main, un doigt en l'air, avant de lire dans sa Bible.
Papa décida qu'il était temps de venir en aide à l'étranger.
-Les dieux chinois sont plus logiques, lui-dit-il. Ils sont plus doux avec ceux qui les adorent. (p. 24)
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Quand j’ai eu dix-sept ans, ma vie a pris un autre tour. Après s’être entretenu avec beaucoup d’autres, le sous-directeur de l’école a eu une conversation avec moi.
— Je tiens à te rappeler que tu es un chef, un modèle pour les étudiants. Il existe une ligne de conduite, aussi rigoureuse qu’une équation mathématique. Tu appartiens à une seule catégorie. Tu seras ouvrier agricole. Il s’agit là d’une décision irrévocable. Le plan conçu par Pékin est une directive sacrée. Il est universellement accepté. Il est de ton devoir d’obéir. J’ai moi-même envoyé quatre de mes enfants travailler dans les campagnes. Je suis très fier d’eux.
Il a employé beaucoup d’autres mots. Des mots abstraits. Des mots qui chantaient. Par exemple, il a dit :
— Quand on défie le ciel, on en tire du plaisir ; quand on défie la terre, on en tire du plaisir ; quand on défie les siens, on en tire le plus grand plaisir.
C’était un poème de Mao.
Il a ajouté :
— Une vraie communiste aime les défis. Elle les relève avec dignité.

J’avais dix-sept ans. J’étais exaltée. Je brûlais de me consacrer. J’attendais l’épreuve avec impatience.

Entre-temps, j’écoutais les ragots du voisinage. Mon voisin d’à côté avait écrit depuis son village pour raconter qu’il s’était volontairement tapé sur le doigt avec un marteau pendant son travail afin de pouvoir demander qu’on le renvoie chez lui à cause de sa blessure. La grande sœur de Petit-Cercueil était à la frontière nord ; elle a écrit qu’on avait tiré à la frontière sur sa camarade de chambre, car c’était une traîtresse qui avait tenté de s’échapper en URSS. Mon cousin, envoyé en Mongolie-Intérieure, a raconté dans une lettre que son meilleur ami était mort en luttant contre un feu de montagne. Il a reçu les honneurs dus à un héros, car il avait sauvé les réserves de grain du village au prix de sa vie. Mon cousin a ajouté que le héros lui avait fait comprendre le vrai sens de la vie, aussi avait-il décidé de passer le reste de sa vie à cheval en Mongolie pour devenir un héros.

Parmi les on-dit, j’ai entendu que la fille de la famille Li avait été violée par un chef de village dans la province du sud-ouest ; le fils de la famille Yang avait été honoré pour avoir tué un ours qui avait mangé son compagnon de travail dans une ferme du nord. Ces familles étaient inquiètes. Elles allaient porter ces histoires horribles aux administrateurs du parti local. Les lettres passaient de main en main. Mais on demandait aux familles de ne pas croire ces mensonges éhontés. Ils émanaient d’ennemis qui craignaient les progrès de la révolution. Les autorités du Parti montraient aux familles des photographies de l’endroit où étaient partis leurs enfants. C’étaient des photographies de prospérité. Les familles étaient convaincues et rassurées. Les gens du dessus ont envoyé leurs deuxième et troisième enfants dans les campagnes. Les parents de Petit-Cercueil ont eu l’honneur de recevoir des certificats et des fleurs de papier rouges, comme pour toute famille ayant expédié trois enfants à la campagne. Les portes et les murs de chez eux étaient couverts de lettres de félicitations grandes comme des affiches.
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Petite-Verdure avait dix-huit ans. Elle dormait dans le lit à côté du mien. Elle était si pâle que, malgré l’exposition quotidienne au soleil, sa peau ne changeait pas de couleur. Ses doigts étaient longs et fins. Elle épandait du fumier de cochon comme si elle arrangeait des bijoux. Elle marchait avec grâce. On aurait dit un saule sous la brise. Ses longues nattes ondulaient dans son dos. Quand elle parlait, elle baissait les yeux. Elle était timide. Mais elle adorait chanter. Elle m’a raconté qu’elle avait été élevée par sa grand-mère, cantatrice d’opéra avant la Révolution culturelle. Elle avait hérité de sa voix. Ses parents avaient été expédiés au diable travailler dans des champs de colza parce que c’étaient des intellectuels. Ils revenaient chez eux la veille du jour de l’an. Elle ne connaissait presque pas ses parents, mais elle savait par cœur tous les vieux opéras, même si elle ne les chantait jamais en public. En public, elle chantait Ma mère patrie, chant populaire depuis la Libération. Sa voix faisait la fierté de la section. Elle nous aidait à venir à bout de nos durs travaux, à bout des jours. Car nous nous levions à cinq heures pour travailler aux champs jusqu’à neuf heures du soir.

Elle avait de l’audace. Elle osait orner sa beauté. Elle nouait ses nattes avec des ficelles de couleur tandis que nous utilisions des élastiques marron. Sa féminité se gaussait de nous. Je la regardais et percevais le danger qu’elle courait à cause de sa hardiesse. Avant, j’étais à la tête des gardes rouges. Je connaissais les règles. Je savais le fil ténu entre le bien et le mal. J’observais Petite-Verdure. Sa beauté. Je voulais nouer mes nattes avec des ficelles de couleur tous les jours. Mais je n’avais pas le cran d’afficher mon mépris des règles. J’avais toujours agi comme il faut.

Je dois admettre qu’elle était belle. Mais les autres femmes soldats et moi disions que non. Nous utilisions des élastiques marron. Couleur de boue, de fumier de cochon, couleur de notre moral. Parce que nous croyions qu’une vraie communiste ne devait jamais s’occuper de son apparence. Seule devait nous concerner la beauté de l’âme. Petite-Verdure ne discutait jamais. Peu importe ce qu’on disait. Elle souriait pour elle-même. Elle baissait les yeux. Son sourire, qui venait du cœur, était pour elle, pour ses nœuds de couleur, et elle était satisfaite. Peu importait sa fatigue, Petite-Verdure marchait trois quarts d’heure jusqu’au point d’eau chaude et rapportait de quoi se laver. Elle ôtait la boue de ses ongles avec patience et gaieté. Chaque soir, elle se lavait sous sa moustiquaire, tandis qu’étendue sous la mienne je la regardais, mes pattes crasseuses sur mes cuisses.

Petite-Verdure me montrait fièrement comment elle utilisait les bouts de tissu pour se faire de jolis sous-vêtements, finement brodés de fleurs, d’oiseaux et de feuilles. Elle tendait une ficelle près de la petite fenêtre entre nos lits afin de les y suspendre à sécher. Dans notre chambre dénudée, la ficelle était une galerie d’art.

Petite-Verdure me troublait. Elle troublait la chambre, la section et la compagnie. Elle attirait le regard. C’était plus fort que nous. Les bons à rien ne quittaient pas des yeux cette créature à l’allure bourgeoise. Je méprisais le désir que j’avais de dévoiler ma jeunesse. Un désir moche, et sale, me répétai-je des centaines de fois. J’avais dix-sept ans et demi. J’admirais le cran de Petite-Verdure. Le cran de redessiner les habits qu’on nous fournissait. Elle resserrait ses jupes à la taille ; elle retaillait ses pantalons pour que ses jambes aient l’air plus longues. Elle n’avait pas honte de sa poitrine épanouie. Quand le soir tombait, elle portait deux seaux d’eau chaude, dos bien droit, poitrine fière. Elle pénétrait dans notre chambre en chantant. Derrière elle, le ciel était d’un bleu de velours. Les soldats, mi-hommes, mi-singes, la dévoraient des yeux quand elle passait. Elle était la Vénus du soir à la ferme. Je l’enviais et je l’adorais. En juin, elle a osé ne pas porter de soutien-gorge. J’ai détesté le mien quand je l’ai vue s’avancer vers moi avec ses seins bondissants. Je me sentais flétrie sans m’être jamais épanouie.
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À la simple mention de « superviseur », tout le monde a affiché une expression de profond respect. J’ai immédiatement perçu l’importance de l’homme en question. Dans ce pays, quand on donne à quelqu’un son titre au lieu de son nom, c’est qu’il est encore plus important que les autres. Par exemple, on appelait Mao, le Président, et Chou-En-lai, le Premier ministre. L’omission du nom de famille marquait le pouvoir que détenait le personnage.
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Il s’est interrompu et m’a regardée longtemps, longtemps.

— Tu es si jeune, et tu es belle. Il est heureux que tu ne saches pas grand-chose.

— Quelles étaient tes relations avec la camarade Jiang-Ching ? Il faut que je sache.

— Au contraire. Si tu ne sais rien, on ne te fera aucun mal. N’oublie pas les ténèbres de la nuit, n’oublie pas de marcher dans le sens de l’Histoire, d’observer comme elle a changé, de voir comment on a réveillé les morts pour les faire parler, comment jamais ils ne se sont plaints de ce qu’on a mis dans leur bouche fétide. La puissance de l’Histoire m’a ensorcelé. Admire l’Histoire.

Sa voix s’infiltrait dans tout mon être :

— Azalée-Rouge naîtra en un autre temps, en un autre lieu, j’en suis sûr, a-t-il murmuré. J’aime Azalée-Rouge. Et toi ?

» Les opéras émanent des désirs inassouvis de Jiang-Ching. C’est par ce même désir que les tragédies anciennes font frémir les âmes, et les civilisations qui suivent. C’est de ce même désir qu’a jailli la flamme de la Grande Révolution culturelle.

Il s’est interrompu, a regardé autour de lui et a repris :

— Je ne vois guère d’amoureux sous les buissons ni de masturbateurs, ce soir ; dommage. Le vent chante si joliment dans les feuilles d’érable que cela mériterait beaucoup d’auditeurs. Imagine les collines vertes et les pivoines roses de mon jardin à Pékin. Imagine-nous assis dans la vallée entre les seins de la mère nature. Ferme les yeux, respire le parfum des fleurs. Garde-le toute ta vie. Ouvre le chemin caché de ton esprit, sois en parfaite communion avec lui. Dis-moi comment le vent souffle sur les nuages.

Je me suis laissée dériver dans sa chaleur :

— Tes mains sont le vent. Dans tes mains, mon corps se fait nuage.

— Je suis ardent, et ma passion a la force de la mort.

» J’ai toujours aimé regarder la fumée s’échapper en volutes de la cheminée du crématorium de la Vue-du-Dragon. Je ne crains pas la mort. Je n’ai jamais fait confiance aux livres d’histoire chinois parce qu’ils ont été écrits par des hommes incapables de désirs. Des gens payés par les générations d’empereurs. Des eunuques dont on avait castré les désirs.

» Je veux que tu vives. Que tu vives ma vie. Tu connais mon désir secret. Garde-le, nourris-le pour moi.

Toute frissonnante, j’ai dit en sanglotant :

— C’est promis.

— Serrons-nous fort. Ne parlons pas.

Nous nous sommes étreints. Je sentais la présence de Yan – nous quittions l’obscurité.
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