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Critiques de Anita Desai (35)
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La claire lumière du jour

J’aime bien ces romans où des personnages d’un certain âge jettent un regard critique et nostalgique sur leur passé. Leurs expériences, bonnes ou mauvaises, leur vécu, leur permet l’apprécier à sa juste valeur, de reconnaître les occasions manquées et, à l’aube de la vieillesse, de comprendre ce qu’ils ne pourront rien et changer et essayer de profiter du moment présent. Même si leurs émotions (rancœur, jalousie, etc.) sont difficiles à maitriser et qu’elles les amènent parfois à répéter les mêmes erreurs, la présence d’un être cher peut aider à les canaliser.



C’est un peu tout ce à quoi le lecteur assiste dans La claire lumière du jour.



Tara, une épouse de diplomate un peu désoeuvrée depuis que ses filles sont adultes, rend visite à sa sœur Bim. Cette dernière, une universitaire célibataire, vit avec leur jeune frère autiste Baba dans la maison de leur enfance tout près de Delhi. Le Old Dehli, celui relégué au passé, calme, où il ne se passe plus rien, alors que la frénésie des affaires et de la politique a continué son chemin vers la nouvelle capitale.



Tara est contente de se retrouver dans la maison où elle a grandi, elle se promène dans le jardin, lit des poèmes. Et Bim semble tout aussi contente de l’accueillir. Toutefois, le lecteur attentif remarquera les signes, comme son « insouciance soigneusement étudiée », ou bien sa certitude que sa sœur la croit « que les vieilles filles deviennent gâteuses avec leurs animaux parce qu’elles n’ont pas d’enfants ». Mais Bim réserve son aigreur surtout pour leur autre frère, Raja, et Tara s’efforce de les réconcilier. En vain ?



Toutefois, au fil des jours, la relation entre les deux sœurs connaît des hauts et des bas. Cette proximité, après tant d’années de séparation, fait remonter à la surface des souvenirs. Certains joyeux, la plupart moins. Et Bim, qui paraissait se complaire dans cette vie qu’elle croyait avoir choisie, eh bien, on se rend compte que son abnégation était quasi-forcé. Plusieurs retours en arrière nous montre à quoi ressemblait leur existence pendant leur jeunesse, aux quatre enfants, et comment leur destin aurait pu être tout autre.



L’auteure Anita Desai m’a un peu surpris. J’ai lu et apprécié plusieurs de ses recueils de nouvelles mais ses romans, ses œuvres un peu plus longues, un peu moins. Je les trouvais correctement écrits mais sans plus. Tout cet effort mis à décrire avec réalisme les traditions indiennes (trop, peut-être ?), à raconter es successions d’actions, ça en réduisait le charme. Mais, dans La claire lumière du jour, l’équilibre me convient : des personnages mélancoliques au passé un peu trouble et aux relations tendues, mêlés à l’histoire de leur grand pays.
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L'art de l'effacement

L’art de l’effacement est un petit bijou, un de ces recueils qui passent inaperçus, mine de rien, desquels on n’attend pas nécessairement grand chose à part un moment de lecture agréable mais qui se révèlent une belle surprise, une expérience enrichissante. Bon, soyons clair, ce n’est pas un coup de cœur qui figurera dans mon Top10, dont je chérirai le souvenir à jamais, mais, dans tous les cas, il me donne l’envie de lire d’autres bouquins d’Anita Desai.



Trois nouvelles, trois histoires. Toutes se déroulant en Inde, le pays d’origine de l’auteure.



Un haut-fonctionnaire vieillissant se rappelle sa première affectation. Timide, fraichement sorti de l’université, il avait obtenu un poste dans une région excentrée. Là, un pauvre métayer avait essayé de le convaincre de recommander la transformation en musée d’une vieille maison délabrée mais remplie des souvenirs de voyage du dernier propriétaire. Ou bien n’était-ce que son imagination ?



Une professeure de lettre timide convainc une ancienne camarade de classe de la charger de la traduction du recueil de son auteure préférée mais l’expérience ne tourne pas aussi bien qu’elle l’aurait souhaitée.



Un homme, qui n’a gardé presqu’aucun souvenir d’une enfance et d’une adolescence esseulées mais fortunées, tourne le dos à la civilisation à la mort de ses parents et s’isole sur une montagne au pied de l’Himalaya. Toutefois, cette civilisation le rattrape quand une équipe de tournage se pointe.



Trois histoires, trois protagonistes. Uniques mais, en même temps, semblables. Des êtres timides, qui n’osent pas confronter les autres, dire le fond de leur pensée, qui se laissent mener par les événements. Des êtres qui se protègent en s’isolant, qu’un seul et unique moment de courage (ou d’abandon) a pu faire entrevoir une possibilité mais qui retombent facilement dans l’oubli. Des êtres qui maitrisent l’art de l’effacement. Sur les autres, les projecteurs !



Trois histoires, trois protagonistes, un seul et même rêve ? Parce que ces trois nouvelles sont comme un long rêve évanescent. Le lien qu’elles entretiennent avec la mémoire, les souvenirs, il est précieux. Après tout, Le haut-fonctionnaire, Prema et Ravi sont-ils victimes de leur imagination ? Leurs têtes leur jouent-elles des tours ?



Et que dire du style d’Anita Desai ? Il est charmant, tout en douceur, pleine d'humanité. L'auteure n’a pas écrit des nouvelles à chute, oh non ! Et c’est correct ainsi. Pas besoin d’action, de rebondissements multiples. Il faut savoir se détendre, s’asseoir tranquillement et regarder autour de nous. Profiter du moment présent, de la vie. C’est tout.
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Le jeûne et le festin

Le jeûne et le festin est un livre agréable à lire, une belle porte d’entrée à l’univers de l’auteure Anita Desai et à celui de la littérature indienne. Ne nous faisons pas d’illusion, ce n’est pas une grande œuvre mais c’est un bouquin facile d’accès et qui aborde plusieurs grands thèmes associés au sous-continent indien. Un seul point m’agace, toutefois : je me demande si ce portrait de ce grand pays est-il encore d’actualité ? Aucune date n’est mentionnée et le situer est ardu, l’auteure écrivant depuis plus d’un demi-siècle.



Il y est beaucoup question du poids des traditions et de la famille, avec des parents autoritaires et une atmosphère étouffante, où le garçon a tous les droits et les privilèges (dont celui d’aller étudier à l’étranger) et où les filles ne sont bonnes qu’à marier. Et encore, avec des candidats choisis par les parents (vive les mariages arrangés !). Celui de la belle Aruna lui mène la vie dure. Elle ne peut qu’envier sa sœur aînée Uma, idiote, qui craint de devenir vieille fille. Et quand on lui trouve (enfin !) un homme à marier, il se montre si froid et distant que l’union semble peu prometteuse. Dans tous les cas, ce sont les deux revers de la même médaille.



Comme je l’écrivais plus haut, Le jeûne et le festin est facile d’accès. Le lecteur n’est pas déstabilisé en découvrant un pays aux coutumes complètement différentes du sien, avec des repères complètement nouveaux. Quelques mots spécifiques à l’Inde sont disséminés à droite et à gauche mais le contexte permet toujours de s’en faire une tête, que ce soit le titre d’une gouvernante, des morceaux d’étoffe ou autre chose.



Quant à l’écriture d’Anita Desai, que, dans d’autres de mes critiques, je trouvais ordinaire, ici, elle me semble un peu mieux. J’ai apprécié quelques effets de style, ses jeux de mots. Pareillement sa façon de ne faire des parents qu’une seule et même personne ou entité, devenus «Mamanpapa». Rien de renversant mais c’est cette attention aux petits détails qui me rappelle ses recueils de nouvelles que j’avais aimés.



Plus haut, je mentionnais les sœurs Uma et Aruna, et leurs problèmes matrimoniaux. Leur frère cadet, tout aussi critique de sa famille et de sa société, pense échapper à toutes contraintes en allant étudier aux Etats-Unis. D’ailleurs, la deuxième partie raconte ses aventures en Amérique. D’abord, je trouvais que ça créait une rupture, que ça avait peu à voir avec l’Inde, allant même à remettre en question son utilité. Mais, finalement, je me suis ravisé. En effet, à des milliers de kilomètres et en ayant sous les yeux des modèles de famille différents (mais pas tant que ça !), il est amené à réévaluer certaines de ses conceptions sur son pays et les siens.



Le lecteur, quant à lui, peut être amener à se poser les mêmes questions…
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Jeux au crépuscule

Une bonne partie de ces nouvelles traite des relations de l'Inde avec le reste du monde en plus de la couleur locale. J'ai beaucoup apprécié la dernière nouvelle intitulée « Le sociologue et la bohémienne » : David et Pat sont mariés. David va en Inde pour écrire sa thèse, mais Pat ne supporte l'atmosphère étouffante de chaleur ni de Bombay, ni de Delhi. Ils vont dans les montagnes, ou Pat trouve sa vocation qui est de chercher le nirvana dans une communauté hippie du coin, un petit village paumé au milieu de la végétation. David retourne seul à Bombay et Delhi.

De l’Inde on voit ainsi la paix de ses temples, sa spiritualité, sa nature contre l'animation, l'exubérance de ses habitants.

Une lecture très agréable au final, je recommande.

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Le Bombay de Baumgartner

Anita Desai est une auteure indienne (bien que sa mère soit d’origine allemande, c’est important pour la suite) dont les livres, à mon avis, sont plutôt agréables à lire sur le moment mais qui restent peu en mémoire. Il leur manque presque toujours un petit je-ne-sais-quoi qui leur permettrait de se démarquer. Le Bombay de Baumgartner ne fait pas exception, malheureusement. Pourtant, l’idée de départ vraiment est originale : Baumgartner est un Allemand juif qui vit et travaille dans les Indes britanniques dans les années 1930 puis 40, soit pendant la Seconde guerre mondiale. Vous voyez le problème venir. Considéré comme un ennemi par les autorités (pourtant, il y a peu d’hommes plus innoffensifs que lui), il est emprisonné. Toutefois, à cause de sa religion, il n’est pas plus accepté par les autres Allemands du camp. C’est comme s’il n’avait sa place nulle part. Cette idée est traitée mais peut-être pas autant ou aussi bien qu’elle le méritait. D’abord, parce que la guerre et l’incarcération arrivent tardivement dans le roman puis, quand Baumgartner en ressort, il reprend sa vie comme si (presque) rien ne s’était passé. Ensuite, le roman est une longue suite de description, d’actions quotidiennes, d’interactions ennyeuses et d’amours malheureux. Enfin, Baumgartner lui-même n’est pas particulièrement sympathique. Il n’est pas antipathique non plus, loin de là, il semble être un homme plein de bonne volonté mais il se laisse porter par les événements. Il est mou. Il n’a pas l’étoffe d’un héros. Toutefois, il n’a pas non plus le caractère débonnaire, sarcastique ou apitoyable d’un antihéros.
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Le feu sur la montagne

"Si Nanda Kaul s'était retirée du monde pour prendre sa revanche sur une longue vie de devoir et de contraintes, son arrière-petite fille était solitaire par nature, par instinct. Elle n'avait pas atteint cet état au terme d'un long chemin semé de refus et de sacrifices- elle était née comme cela, tout simplement." (p. 78)



Je n'ose avouer la date d'acquisition de ce roman indien [ très proche de sa date de parution !!! ]. Des années que le "pauvre orphelin" attend sur son étagère qu'on le lise et lui redonne vie... Pourtant les thématiques

m'accrochent autant, si ce n'est plus qu'à l'origine de l'acquisition...les journées ne possèdent pas suffisamment d'heures !!



Une réflexion originale, élargie universelle sur l'existence, avec la cohabitation forcée d'une femme vieillissante, vivant en solitaire, et l'arrivée intempestive de son arrière petite-fille...



Cette vieille femme, à la mort de son mari, décide de laisser ses enfants adultes, et de vivre à l'écart de tout ce qui avait fait sa vie jusque-là... débarrassée de toutes les obligations familiales comme sociales



Femme de recteur d'université, submergée par le nombre d'enfants, d'obligations, de serviteurs pour assurer les mondanités de son époux, Nanda Kaul se retrouve la plus heureuse, à la fin de sa vie, loin de tout, et des gens , surtout !



Alors lorsque sa fille lui annonce par voie postale l'arrivée d'une arrière- petite-fille, on ne peut vraiment pas dire qu'elle saute de joie...



Mais curieusement, Raka est aussi sauvage qu'elle... leurs rapports initialement inexistants et très distants...vont évoluer; la vieille femme reconnaissant que son arrière petite-fille ne ressemble à aucun de ses enfants et arrière petits-enfants, que Raka est, étrangement, comme un reflet d'elle-même, .... volontaire et indépendante, ne demandant rien, n'ayant l'air de n'avoir besoin de personne, sauf que cette pré-adolescente, convalescente n'est qu'une enfant, au tout début de sa vie et non une vieille femme, comme elle...



"Tout en marchant, Nanda Kaul se creusait la tête pour trouver un sujet de conversation susceptible d'intéresser l'enfant : au point qu'elle se surprit à serrer les poings derrière son dos. Il ne fallait pas que l'ennui ou la gêne

fassent fuir la petite. Sans bien savoir pourquoi, elle ne pouvait supporter qu'elle s'en aille. On aurait dit que son indifférence agissait sur elle comme un stimulant, un défi. Réka était le poisson d'or, la proie merveilleuse et insaisissable." (p. 152-153)



Décor sauvage largement décrit entre "enfer et paradis" : la maison délabrée d'une vieille femme , dans un cadre sauvage, plein de charme, mais aussi enlaidi sur un versant par l'implantation d'une usine, d'une centrale de recherches médicales qui pollue, rejette des déchets et perturbe cet îlot naturel !



Ram Lal, un vieux serviteur, tient la maison, prépare les repas, s'occupe de la petite Raka, lui racontant, au passage, des histoires terrifiantes pour la

décourager d'aller vers le mauvais versant de la Centrale, dangereux... mais rien n'y fait; Raka disparaît des heures entières, vadrouille seule, ne recherche en aucune façon la compagnie des enfants ou des adultes... sauf le vieux serviteur...vers qui elle va spontanément... ce qui agace et titille quelque peu la jalousie de l'arrière-grand-mère, même si elle ne se l'avouerait pour rien au monde !!



De très belles descriptions de la nature environnante, faune et flore réunis... dans ce lieu sauvage accompagnent cette histoire saisissante et bouleversante entre cette arrière-grand-mère et son arrière-petite fille : Les deux âges aux extrémités de la vie : Vieillesse et Enfance se rejoignent étonnamment dans ce paysage montagneux, retiré; deux solitudes âpres, qui finiront par s'apprivoiser, doucement.



Un très fort moment de dépaysement et d'émotions fortes...au pied de l'Himalaya dans ce face-à-face...intense féminin , qui nous parle de l'histoire universelle des Hommes : , L'enfance, la construction d'un adulte, Solitude choisie ou non, le temps qui passe, La Famille, le choix de sa vie, la transmission ou non aux êtres aimés, le pourquoi d'une existence, la douleur, les chagrins qui induisent parfois la fuite de ses congénères...!



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Un parcours en zigzag

Autre lecture d’un roman d’Anita Desai, autre déception. Pourtant, Un parcours en zigzag n’est pas mauvais, il est correct, peut-être même un peu plus. Pour être complètement honnête, je dirais que je l’ai trouvé intriguant par moments. Mais c’est tout, seulement en de rares occasions. Pendant le reste du temps, cette lecture qui s’étirait et qui m’ennuyait. C’est dommage mais c’est ainsi.



Éric, du nord-est des Etats-Unis, accompagne sa tendre moitié au Mexique et espère, par la même occasion, découvrir le secret de ses origines. Là-bas, il croisera Vera, qui a beaucoup à dire (et à cacher) sur les mineurs anglais qui sont profiter du boom venus cent ans plus tôt et qui, par le fait même, ont contribué à détruire la culture des indigènes de la culture huichol. Visiblement, le grand-père d’Éric faisait partie du lot. Faites un ricochet, ou un parcours en zigzag, par la nourrice Betty qui accompagnait les Anglais et vous aurez le portrait global d’une histoire familiale. Ou presque, mais c’est tout comme.



Anita Desai visite des lieux communs, essaie de rendre plus intéressante son histoire en la complexifiant inutilement. Elle cherche trop à y ajouter des couches de profondeurs à une histoire qui aurait gagné à être centrée sur l’essentiel, sur la quête d’Éric. Quoique, j’écris cela mais ce personnage principal ne m’a jamais réellement plu. Pour tout dire, très peu des personnages me semblaient suffisamment accrocheurs.



Donc, Un parcours en zigzag est très inégal. Conséquemment, je me demande pourquoi l’auteure est aussi encensée, tant en Inde qu’à l’étranger. Peut-être ne suis-je pas encore tombé sur son chef d’œuvre ? Peut-être est-ce ce relent d’anti-colonialisme culpabilisant qui cherche à se faire pardonner en portant aux nues des œuvres et des auteurs du Tiers-Monde ? Je crois que je ferai mieux d’arrêter ici ma pensée.
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Poussière de diamant

Je referme avec une légère insatisfaction ce recueil de nouvelles de l’auteure d’origine indienne Anita Desai. Pourtant, je l’avais entamé avec intérêt. J’ai bien aimé celle intitulé « Paysage d’hiver ». Peut-être parce qu’elle se déroule en partie au Canada, peut-être parce que j’ai été ému par ces deux femmes, ces deux sœurs qui se sont partagé le petit Rakesh. La suivante, « Poussière de diamant », qui a donné son titre à l’ensemble du recueil, m’a laissé perplexe. Cet homme qui tient à son chien, il était attachant mais je ne comprends pas l’importance qu’on lui donnait pour en faire la nouvelle éponyme. Les autres m’ont encore moins plu. Elles n’étaient pas mauvaises, même correctement écrite, mais sans plus. Elles n’évoquaient rien en moi. Des scènes de la vie quotidienne. Peut-être trop quotidienne ? Dans le genre ordinaire, voire banal.



L’autre élément qui m’a agacé, c’est ces nouvelles qui se déroulent partout dans le monde, et même au Mexique, alors que je m’attendais qu’elle se passent toutes en Inde. On pourrait me répondre que l’auteure Anita Desai était à moitié Allemande (par sa mère), qu’elle a longtemps vécu en Angleterre. C’est vrai. Et elle a bien le droit d’écrire des histoires situées où elle le veut. Eliade et Kipling ont bien pu écrire sur l’Inde, pourquoi pas l’inverse ? Seulement, moi, si je veux une histoire peuplée d’Anglais et qui se passe en Angleterre, j’ai l’embarras du choix. Donc, quand je sélectionne une auteure indienne, c’est pour découvrir l’Inde. C’est assurément réducteur mais c’est ainsi. Peut-être quand j’aurai lu suffisamment de bouquins d’Anita Desai et que j’aurai tombé en amour avec sa plume, j’aurai envie de lire de ses nouvelles d’ailleurs.
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Le jeûne et le festin

Chronique d’une famille indienne sans que soient précisés leur appartenance ethnique, la région (une indication les deux fleuves sacrés se rejoignent) et le moment précis.

Les parents ne font qu’une même personne. Sans que l’on sache dans quelle mesure ils sont vraiment du même avis. En effet, c’est un couple traditionnel, issu d’un mariage arrangé (la mère exprime à un moment son mépris des mariages d’amour). Et elle est aux petits soins pour lui (scène rituelle où elle lui pèle et prépare un à un les quartiers d’oranges).

Horribles parents, d’un égoïsme énorme, ne voyant en leurs enfants qu’un prolongement d’eux-mêmes. Ce n’est pas seulement qu’ils se conforment aux conventions de leur milieu, ils sont dénués de tout sentiment.

Ne se souciant ni du bonheur de leurs enfants bien évidemment, ni véritablement de leur santé (refus de laisser l’aînée aller à Bombay voir un ophtalmologue). Utilisant leur fille ainée non mariée comme une bonne, lui interdisant de travailler tout en lui reprochant de ne pas gagner d’argent. Seule la deuxième fille ayant un égoïsme aussi grand parvient à obtenir ce qu’elle désire. Le fils, né longtemps après les deux filles, et objet de toutes les fiertés du père, s’est évadé dans les BD, et s’est efforcé de traverser la vie sans jamais s’impliquer.

Un petit dernier tiers nous fait suivre Arun le fils, en Amérique où son père a décidé de l’envoyer continuer ses études. Après une année où il s’est efforcé d’être anonyme aussi bien dans les amphithéâtres que dans sa chambre d’université, il doit quitter celle-ci pour l’été et s’installer dans une famille. Là encore la famille est un étouffoir, non seulement pour lui mais pour les membres de cette famille.

Plus qu’un livre sur l’Inde, bien que le mode de vie indien soit là à chaque page, j’y ai vu un livre sur l’exploitation familiale, sur la famille comme carcan et comme éteignoir.

L’emprise s’exprime par la nourriture. En Inde, elle est sujet de discussions, de longues préparations, de contrôles. En Amérique, elle est le symbole de l’annihilation de la famille qui vit sous le même toit mais sans réelles relations. La nourriture est achetée surabondamment, mais non ou mal préparée et consommée. Le jeûne et le festin.

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L'art de l'effacement

L'écriture d'Anita Desai nous enveloppe dans un tissu beau et élégant qui laisse entrevoir suffisamment de lumière pour apercevoir la beauté du monde mais dissimule entre ses plis les failles de l'âme humaine. L'auteure joue à merveille avec le clair-obscur et les reflets, les illusions et les fantasmes.

Dans ses trois longues nouvelles, Anita Desai tisse entre les personnages de chacune d'entre elles le même fil, évoquant la mémoire et l'oubli. Les souvenirs ne sont-ils pas cousus selon l'envie de chacun ? L'apparence est souvent trompeuse. Les songes et les mirages envahissent parfois si bien l'esprit qu'on finit par s'interroger sur le fondement des choses vécues. La frontière entre imaginaire et réalité serait, selon l'auteure, assez ténue.

Le musée des ultimes voyages. À l'automne de sa vie, un haut-fonctionnaire à la carrière brillante se rémémore ses premiers pas professionnels. Envoyé dans un coin isolé de l'Inde, il avait éprouvé une grande déception, à la fois paniqué, triste et découragé. Un sentiment d'isolement et d'abandon s'était emparé du tout jeune homme qu'il était alors. Retiré du monde, cette solitude forcée l'oppressait. Sa rencontre avec le gardien d'un bien étrange musée privé va momentanément le sortir de sa torpeur. Une parenthèse enchantée. Mais, cet endroit extraordinaire, ne l'a-t-il pas rêvé ?

La traductrice. Prema est professeure de lettres, même si en réalité Jane Austen, George Elliot et Simone de Beauvoir ne l'ont jamais vraiment passionnée. La quarantaine, célibataire, elle se rend bien compte de la monotonie de son existence. Et puis un jour, elle retrouve Tara, une ancienne camarade de classe. La voilà en présence d'une femme belle et charismatique (comme dans ses souvenirs), de surcroit éditrice de renom. À force de bavardages, Tara propose à Prema, médusée, la traduction d'un livre de Suvarna Devi, une auteure indienne méconnue écrivant dans un dialecte indien, l'oriya. L'oriya étant sa langue maternelle, Prema se plonge avec délice dans la traduction, dans laquelle elle finira par se perdre.

L'art de l'effacement. Un homme, Ravi, est de retour dans la région de son enfance, au pied de l'himalaya. Petit garçon adopté par un couple fortuné mais confié à une gouvernante, les souvenirs de Ravi n'ont pas laissé des traces impérissables. Peu présents, ses parents étaient souvent en voyage, à la découverte d'autres horizons. Adolescent, il fut envoyé dans des écoles prestigieuses et trouva un bon travail à Bombay. Son père et sa mère décédés, il prend la décision de revenir à la source. Tel un reclus, il se retire dans la forêt, dans les collines, seul face à lui-même, en communion avec la nature. Mais, une équipe de télévision débarque pour faire un reportage. L'homme est rattrapé par la civilisation. Pas si simple de se faire oublier, de disparaître, de s'effacer.

Une lecture inoubliable d'une grande auteure indienne que je ne connaissais pas.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Jeux au crépuscule

J'abandonne celui-ci, car comme beaucoup, j'ai toute une pile qui m'attend. Ce n'est pas un mauvais livre, mais j'ai du mal à me motiver pour lire une autre nouvelle quand le style n'a rien d'exceptionnel. En revanche, c'est facile et pratique à lire dans les transports en commun.
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Un parcours en zigzag

Anita Desai, son nom ne révèle pas d’emblée ses origines, est née en 1937 d’un père bengali et d’une mère allemande. La plupart de ses livres évoquent l’Inde et mettent souvent en scène des personnages en quête du sens de leur existence, quand ils ne sont pas restés totalement en marge de la vie sociale et de ses exigences. Pour ce roman, elle a choisi un autre arrière-plan à l’histoire qu’elle nous conte : le Mexique.

Eric, un étudiant en 3ᵉ cycle à Boston, peine à travailler sur le livre pour lequel il a reçu une bourse. Quand sa compagne Emily l’informe qu’elle doit partir plusieurs mois au Yucatan pour des travaux de recherche sur le paludisme, il se raccroche à ce voyage avec l’espoir de relancer son intérêt pour son propre projet. Conscient qu’il ne peut suivre sur le terrain Emily et ses collègues, il décide de se rendre dans la Sierra Madre occidentale. Au début du XXe siècle, dans cette région minière, son grand-père et d’autres mineurs cornouaillais avaient été recrutés pour exploiter une mine d’argent. Le jeune homme arrive donc dans une petite ville à l’état de quasi-abandon la veille du "Dia de los Muertos". Il s’est souvenu que son père est né dans cette bourgade et que sa grand-mère y est enterrée.

Anita Desai nous entraîne dans un récit à la fois poétique, fantastique et initiatique. Faut-il croire aux revenants ? En fait, ne sont-ils pas les souvenirs que les vivants refusent d’évoquer et qui les hantent année après année ? Il est difficile d’exister pleinement en ignorant – volontairement ou pas – les liens qui nous rattachent à ceux qui nous ont précédés ou accompagnés. Ainsi, Eric est un somnambule parmi ses congénères, il ne trouve sa place ni au sein de sa famille ni auprès d’Emily, maladroit à nouer des contacts et incapable de mettre des mots sur ce qu’il veut. Sa quête, vague, informulée, se fait presque malgré lui, initiée par un ténu souvenir d’enfance lors d’un séjour en Cornouailles.

L’écriture d’Anita Desai est empreinte de douceur pour accompagner des êtres au bord du vacillement, comme Eric ou sa grand-mère Betty Jennings dont nous découvrons l’existence fugace. Mais, sa plume sait aussi se faire ironique et cruelle pour montrer le dessèchement des êtres et l’impasse où les conduit leur froide intransigeance. Doña Vera a pris fait et cause pour les Indiens huichols et tourné le dos à un passé peu glorieux, mais cela ne l’empêche pas de bannir toute empathie et générosité à l’égard de la plupart de ses congénères. Elle vit une réconciliation impossible avec le genre humain, faute d’avoir exorcisé ses propres faiblesses. Son âme tourmentée convoque les fantômes du passé.

Une poésie lumineuse affleure sous les mots de l’écrivaine, pour accompagner la magie de la métamorphose et la réconciliation du cœur et de la mémoire.
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Le jeûne et le festin

Uma la naïve et son frère Arun le désabusé observent, critiquent et subissent la société qui les entoure.





Maman a épousé Papa lors d'un mariage arrangé et ne vit que pour son mari. Papa fait totalement confiance à Maman et ne revient jamais sur une de ses décisions. Au fil des années, perdant une partie de leur personnalité, ils deviennent, pour leurs trois enfants, l'entité "Papamaman". Leur ainé, Uma, n'est pas jolie, porte de grosses lunettes, rate tous ses examens. Aussi, à la naissance de son frère, PapaMaman la retire de l'école. Elle aidera à l'éducation du fils et à 16 ans, ils lui trouveront un bon mari. Malheureusement, le mari n'a jamais pu être trouvé. Après avoir aidé à l'éducation, elle s'occupera de ses parents. Beaucoup la considère comme simplette mais c'est avec cette naïve intuition qu'elle observe le monde autour d'elle, y voit les failles et les tourments de ceux qui ont "réussi". Comme sa sœur cadette, Aruna la coquette. Aruna est belle, intelligente et ambitieuse. A peine adolescente, les hommes l'admirent. Cela lui permet de faire son choix lorsque le moment est venu de se marier. Elle choisira un homme avec un bel avenir, à l'aise financièrement et joli garçon. Est-ce pour cela qu'elle est heureuse ? Uma en doute. Comme elle doute du bonheur de son jeune frère, ce fils inespéré, élevé dès son plus jeune âge pour réussir, lui volant son enfance. Après l'école, il devait apprendre ses cours avec des répétiteurs sévères puisque l'échec de leur élève leur valait un renvoi. Obligation aussi de pratiquer un sport : "un esprit sain dans un corps sain" est la devise préféré de son père. Enfin, son admission dans une grande université américaine devrait valider toutes ses années d'efforts. Alors pourquoi Uma ne trouve aucune joie chez son frère ? Seuls MamanPapa sont heureux : leurs fils et fille cadette ont réussi. Quant à l'aîné, elle restera à leur service. Mais qu'en pensent les intéressés ?





Le roman est divisé en deux parties. Dans la première, nous suivons Uma dans les détails quotidiens de sa vie : les traditions, la famille, la religion, l'importance des mariages arrangés. Dans la deuxième partie, c'est Arun, le jeune frère qui découvre les us et coutumes américains : la nourriture, le gaspillage, une certaine liberté. L'écriture est agréable, les personnages intéressants et nous suivons cette famille avec plaisir. Le problème, c'est qu'à la fin, la question que je me pose, et que je continue à me poser près d'une semaine plus tard : ET ? Ce n'est pas une saga familiale puisqu'il n'y a pas de fin, juste une tranche de vie sur une vingtaine d'années. Les détails sont trop sommaires pour être une véritable critique sociale. D'autant qu'il n'y a pas de dates. Le plus logique serait de positionner l'action entre les années 1960-1980 mais sans vraiment de détails pour le certifier. Uma est montrée comme étant simplette mais elle a une certaine réflexion qui dément une telle allégation. Et sur d'autres points, elle semble enfantine, ce qui double l'intemporalité du roman ne sachant, au premier abord, si elle se remémore son enfance ou si elle réagit en tant qu'adulte. Elle ressemble plus à une personne qui vit enfermée et n'a pas d'expérience extérieure, seule la tradition compte et elle n'a pas assez de force pour la contrer. Au moment où elle décide de se battre pour quelque que chose qui a une importance, le roman se termine sans apporter la réponse. La deuxième partie se passe sur la côte est des Etats Unis. Nous y retrouvons Arun, un jeune indien dans un pays à la culture totalement opposée. Mais son isolement volontaire le coupe de cette analyse qu'il aurait pu tirer sur les différences. Au contraire, il retrouve dans sa famille d'accueil les travers de sa propre famille. Bien qu'ayant une éducation différente de celle de ses sœurs, le poids qu'a fait peser sur lui ses parents en ont fait un asocial. En cherchant la liberté dont il a été privé toute son enfance, il se renferme sur lui-même. Ce n'est que contraint financièrement qu'il accepte de partager la vie d'une famille américaine durant les vacances d'été. Bien vite, ses espoirs d'éviter les membres s'avèrent vain. Aussi, il découvre le père dans son rôle de patriarche, sous prétexte d'incompréhension, imposant son mode de vie. Le fils qui s'entraine jusqu'à l'épuisement pour obtenir une bourse universitaire et la fille boulimique/anorexique, n'arrive pas à faire face à une famille dont elle se sent exclue. Progressivement Arun y voit une caricature de sa propre famille, le poids des traditions en moins. Mais là encore, ce n'est pas assez poussé pour être une véritable critique. C'est plus la traduction de mon ressenti. J'aurais aimé que le livre soit plus précis : soit le suivi d'une famille avec plus de détails sur les traditions et leurs conséquences ou une critique, voire une comparaison. Là, c'est un peu tout ça à la fois mais ne faisant que survoler les sujets. Dommage.

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Poussière de diamant

Un couple de paisibles retraités hindous s'apprête à quitter la touffeur estivale de la Nouvelle Delhi pour gagner la fraîcheur de leur résidence secondaire à la montagne quand un ami d'autrefois débarque à l'improviste... Deux soeurs rendent visite au fils de l'une qui a été élevé par l'autre. Il a suivi de bonnes études à l'étranger et s'est installé au Canada. Les vieilles dames découvrent, émerveillées, les étrangetés du monde occidental avant d'avoir de plus en plus envie de rentrer au pays... Monsieur Das, fonctionnaire irréprochable, éprouve une véritable passion pour Diamant son petit chien qui n'est en réalité qu'un vulgaire corniaud qui n'a de cesse de pourrir la vie de Mme Das et de tous les habitants du quartier... Bob McTaggart est le gérant d'un hôtel désespérément vide alors qu'il est bien placé au bord de la mer et que la saison bat son plein. Il faut dire que perturbé par l'état de santé de sa femme, il ne fait rien pour pour donner aux touristes envie de séjourner chez lui...

« Poussière de diamant » est un recueil composé de neuf nouvelles de style à la fois intimiste et impressionniste qui bénéficie d'un style agréable tout en souffrant d'intrigues insipides, sans rythme, ni rebondissement, ni originalité. Il ne se passe pas grand chose de remarquable dans ces petites histoires de la vie quotidienne. Certaines sont même franchement ennuyeuses. Une seule sort du lot et mérite d'être remarquée particulièrement. Il s'agit de « L'homme qui s'est noyé deux fois ». Anita Desaï s'est risquée là dans un registre un peu plus fantastique, un peu plus angoissant mais sans développer ouvertement ce thème. Elle pose la problématique suivante : que faire de sa vie quand tout le monde vous croit mort y compris vous-même ? Le lecteur se retrouve pas loin de l'inspiration d'Edgar Poe, Lovecraft voire des romantiques du XIXème. Une petite pépite qui reste malheureusement un peu esseulée.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le jeûne et le festin

Voici un livre intéressant qui décrit le poids des traditions en Inde et l’impact de celles-ci sur le destin de trois enfants issus d’une même famille. Par tradition, j’entends ici la pression sociale qu’exerce la famille sur la vie de leurs enfants, au point de les étouffer et annihiler leur personnalité.

Dans cette histoire, nous suivons le destin de deux enfants. Il y a Uma, la fille aînée, disgracieuse et maladroite. Ces parents sont déterminés à lui trouver un époux mais, quand deux fois le destin contrariera leurs plans, ils l’empêcheront jusqu’au bout d’être indépendante. Uma restera la femme à tout faire à la maison, une domestique à leur service sans aucune possibilité d’échapper à sa condition. D’ailleurs, ils ont coupé ses ailes dès le début en l’empêchant d’aller à l’école et en prenant à la légère ses problèmes de vue.

Arun, quant à lui, est un garçon donc la fierté des parents dès sa naissance. Traité avec le plus d’égards possibles, ses parents lui donneront même l’opportunité d’étudier à l’étranger. Mais arrivé sur place, Arun a du mal à s’adapter et débarque, le temps d’un été, dans une famille américaine qui vit des relations conflictuelles qui n’est pas sans rappeler ses propres schémas familiaux en Inde.

Ce livre dénonce beaucoup de points : l’éducation différente en fonction du sexe de l’enfant, les mariages arrangés et les conséquences désastreuses qui peuvent en découler, l’emprise que certains parents ont sur leurs enfants.

Le style d’écriture est agréable, léger et se lit rapidement. La fin est assez abrupte : on quitte les personnages sans connaître ce qu’ils deviendront. Uma arrivera-t-elle à s’imposer et gagner un peu d’indépendance ? Arun restera-t-il aux Etats-Unis ?

Ce livre mérite le détour mais je trouve qu’il y a une certaine résignation dans cette histoire, et d’ailleurs dans la plupart des romans indiens : les critiques sont les mêmes mais il ne semble pas avoir de progrès social.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Le jeûne et le festin

Dans ce roman, on suit principalement le destin d'Uma. On ne sait pas grand chose d'elle, hormis qu'elle souffre d'une myopie sévère et qu'elle a peut-être un léger retard mental. Elle agit toujours comme une adolescente, même adulte, entre autre parce qu'elle est maintenue dans une dépendance infantilisante.

A travers le regard d'Uma, se dessinent des destins de femmes. Celui de sa soeur Aruna, qui a suffisamment de caractère pour obtenir un mariage qui l'arrange. Celui de sa cousine Anamika, qui, malgré son intelligence, sa beauté et son bon coeur, se retrouve si mal mariée. Celui de sa mère, qui n'a pour unique ambition que d'être l'ombre, le double de son époux, au point que "mamanpapa" ne forment plus qu'une seule entité.

On y lit le poids de la société, la difficulté à former une famille aimante dans ces conditions.

Le dernier quart du roman est consacré à Arun, le fils arrivé sur le tard. "Mamanpapa" l'a envoyé aux Etats-Unis pour ses études parce que c'est prestigieux. Mais là-bas, Arun qui se croyait arrivé au pays des libertés, découvre le même genre de non-dits, les mêmes sortes de contraintes : une famille dysfonctionnelle, une chaleur écrasante (il est dans le sud), le poids de la société de consommation, la croyance qu'ailleurs est mieux qu'ici.

Au final, on a un roman sur la famille et la société, tout en délicatesse et sans jugement.
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L'art de l'effacement

Je remercie tout d'abord l'éditeur Mercure de France et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.

Cette fois-ci j'ai été vraiment contente de ma lecture. J'aime particulièrement la littérature indienne, donc cela était déjà un bon point de départ.

Ce livre est constitué de trois nouvelles, et c'est la dernière qui donne son titre à l'ouvrage.

Ma préférée est la seconde, "La traductrice". L'histoire d'une femme qui fut une élève moyenne, effacée, et qui rencontre à nouveau par hasard l''élève brillante qu'elle admirait plus jeune, et qui est devenue éditrice. Par ce biais, elle se mettra à la traduction vers l'anglais d'une oeuvre écrite dans l'un des nombreux dialectes minoritaires de l'Inde. Ce faisant, elle va se prendre au jeu et sera en quelque sorte piégée par la passion qu'elle va mettre dans cette traduction.

La première nouvelle m'a aussi plu, surtout par l'atmosphère typiquement indienne qui s'en dégage : un jeune fonctionnaire récemment nommé dans un village perdu se demande ce qu'il fait là et découvre fortuitement un musée abandonné

La dernière nouvelle ne m'a pas déplu non plus, mais ne m'a pas autant transportée. Elle a quand même son charme, et nous raconte l'histoire d'un homme qui s'est en quelque sorte retiré du monde, enfin qui n'y a jamais vraiment habité, se sentant mal à l'aise avec ses parents puis cherchant toujours à s'isoler, au plus proche de la nature. Cette nouvelle me semble avoir une portée plus "universelle" que les autres, elle aurait tout aussi bien pu avoir un cadre autre que l'Inde.

Bon, je ne suis pas très douée pour décrire pourquoi un livre m'a plu, pour moi il est plus facile de dire ce que je n'aime pas. Mais donc cet ouvrage fait partie des livres que j'ai aimés, par son atmosphère et son style.
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Le jeûne et le festin

Ce roman qui est divisé en deux parties nous relate dans la première la vie d’Uma au sein de sa famille. Cette dernière n’a vraiment pas de chance, qui en plus d’être maladroite, essuie que des échecs dans toutes les matières à l’école alors qu’elle voudrait poursuivre des études. Quand vient le moment où elle est en âge de se marier, impossible pour ses parents de lui trouver un époux car elle n’a pas un physique avantageux alors, elle continue à faire les tâches ménagères que ses parents lui ordonnent de faire. Ainsi, on s’attache très vite à Uma qui nous fait de la peine d’autant plus qu’elle accepte malgré tout son sort même si elle voudrait avoir une autre vie.

La seconde partie, nous suivons son frère Arun, poussé par son père à faire des grandes études aux Etats-Unis. Celui-ci va être déboussolé par ce changement de culture et encore pire quand l’été il doit loger chez un couple puisque l’université est fermée en cette période. Et c’est encore plus dur pour lui qui est végétarien. Il ne comprend pas non plus ce pays matérialiste où les habitants dépensent sans cesse.

Avec ce roman, l’autrice nous dépeint à merveille les mœurs indiennes et la différence de culture, d’une manière très abordable. J’ai ainsi pris plaisir à suivre cette famille à laquelle je me suis beaucoup attachée à Uma. C’est un roman très plaisant à lire que j’ai dévoré en quelques heures et qui est en plus très intéressant.

Pour conclure, une lecture que je ne suis pas prête d’oublier.
Lien : https://meschroniquesdelectu..
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Jeux au crépuscule

La littérature indienne est une des littératures que je préfère car elle est enthousiaste, foisonnante et parfois violente.

Ici il est question d'une série de 11 courtes nouvelles sans véritable lien les unes avec les autres à part, peut-être, les relations humaines.

Trouvé dans une BAL durant mes congés, je n'ai pas résisté à le prendre pour découvrir Anita Desai, autrice que je ne connaissais encore pas.

Encore une fois, je n'ai pas été décue : j'en ai préféré certaines. Ainsi "les leçons particulières de M. Boose" où les relations du professeur sur le balcon avec ses deux jeunes élèves et surtout Upneet "au sari fleuri, aux boucles d'oreille de rubis et au rire moqueur" et "Un fils dévoué" où Rakesh devenu un brillant médecin s'occupe tellement de la santé de son père viellissant et malade qu'il n'écoute en fait pas celui-ci voudrait et devient, malgré lui, un fils traumatisant.
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Le jeûne et le festin

Uma est une petite fille maladroite, elle restera vieille fille sous le joug de ses parents. Son petit frère, Arun, le fils inespéré, s'exilera en Amérique pour tenter de comprendre qui il est.

La lecture de ce roman est agréable, mais les faits sont parfois juxtaposés les uns aux autres sans trop de fil conducteur, il n'y a pas vraiment d'intrigue mais plutôt un portrait de la vie et des désillusions des personnages.
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