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4/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Suède
Biographie :

Ann Heberlein est une journaliste de renom qui travaille pour les plus grands journaux suédois. Diagnostiquée bipolaire en 2001, elle fréquente depuis son adolescence les instituts spécialisés pour lutter contre la maladie. Elle a survécu à plusieurs tentatives de suicide.

Source : Actes Sud
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Si vous saviez comme j'ai peur quand je me rends compte que les autres sont normaux, que tout le monte réussit lá ou j'échoue. Dans ces moments-lá, j'ai l'impression qu'on me parle dans une langue étrangère incompréhensible. il me manque quelque chose. Un parfum, un son, une lumière. Quelque choses de familier. Un monde à moi, qui m'appartienne. Dans lequel j'ai eu jadis ma place. Un mode dont je connaissais les saveurs, les mélodies e les contes. je sais q'il existe, quelque part, mais j'ai perdus ma boussole. Je me suis égarée. Etrangére parmi des inconnus. Et j'ai si peur. Je suis rongée par la peur.
Comprends-tu enfin ce que je veux dire? Ton pays n'existe pas non plus, n'est ce pas? Je sais qu'il y a une différence entre nous. Mais ton pays n'existe pas non plus. Vous êtes nombreux a raconter vos contes, a chanter vos chansons, a cuisiner comme vos ancêtres. ( Tu cherches une femme qui parle ta langue. Voila pourquoi, m'as-tu déclaré. C'est important pour toi. Je ne parle pas ta langue.) Tu possèdes quelque chose qui me fait défaut et que je t'envie. Une explication à l'égarement que je lis dans ton regard.
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p.87-8.
Cependant – et c'est là qu'intervient ma théorie du vingt/quatre-vingts-, ce bonheur que nous recherchons avec tant d'assiduité, en quoi consiste-t-il ? Nous nous acharnons à combler notre quotidien d'activités dont nous tentons de nous persuader qu'elles ont un sens. (Jouer au golf. Déguster des vins. Dresser un chien. Cultiver des roses. Ecrire des livres.) Comment dire ? Tout cela n'est-il pas désespérément vide ? Il y a cent ans, quatre-vingts pour cent de notre temps de veille était consacré à des activités de première nécessité : enlever les cailloux des terres cultivables, semer, sarcler, moissonner, nourrir les bêtes, traire la vache, éplucher les patates, tricoter des moufles, abattre le bétail, tisser, mouler des chandelles, faire la lessive, et tout le reste. On s'employait à des besognes indispensables à la survie. Il restait peu de temps libre, environ vingt pour cent, réservé aux distractions : bavardage, danse, lecture, sexe ,jeux de cartes, prières, chants, accordéon et dentelle au fuseau. Relativement peu de temps à tuer, en somme. De nos jours, la proportion est inverse : nous avons réduit au minimum la plupart des taches ingrates. Plus besoin de déterrer les cailloux dans les champs, de conduire le bétail au pré, de faire le pain ou de coudre ses vêtements. Nos occupations sont quasiment toutes artificielles. Superflues. Inventées de toutes pièces. Nous sommes désormais aliénés. Ce qui occupait jadis quatre-vingts pour cent de notre vie active n'en réclame plus que vingt. Nous ne nous consacrons plus exclusivement à survivre, loin de là. En fait, nous passons le plus clair de nos journées à nous distraire. A tuer le temps. Pas étonnant que nous ayons des angoisses, que nous perdions le sommeil ou que nous soyons névrosés. Nous n'avons rien de mieux à faire qu'être à l'écoute de nous-mêmes, que RESSENTIR.
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p.105.
Une ville ne devient pas championne européenne des suicides par hasard. Les problèmes de société cités plus haut provoquent un désespoir généralisé, qui couvre son paysage déjà gris d'une chape de plomb. Kaliningrad se sent abandonnée de tous, malaimée. Qui pourrait y vivre heureux ? Qui supporte d'y habiter? Toutes les vies ne valent peut-être pas la peine d'être vécues, surtout pas telles qu'elles se présentent aujourd'hui. Ne devons-nous pas alors, en tant qu'êtres humains, nous assurer que le plus grand nombre mène des vies dignes de ce nom ? De nombreux facteurs externes y font obstacle : la pauvreté, la violence, la toxicomanie, la pénurie de logements, la famine.
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p.49.
Le monde est une sale affaire, je le sais. Il est envahi par le mal. Je suis douloureusement consciente de la pédophilie, du trafic de drogue, de l'esclavage moderne, de la situation en Birmanie, des enfants-soldats, des nouveau-nés sidaïques, des overdoses, du conflit israélo-palestinien, de la guerre civile en Somalie, de toutes les victimes quotidiennes d'une chose aussi triviale que la diarrhée, du réchauffement climatique, des viols et des mutilations que subissent des femmes et des enfants – des hommes aussi, d'ailleurs. Bref, les êtres humains se comportement comme des porcs les uns envers les autres. Le monde déborde de souffrance. Des abîmes de douleur et de tourment. […]
(Pourtant, ma lucidité vis-à-vis de toutes les saloperies perpétrées dans le monde ne rend pas mes pathétiques angoisses plus faciles à gérer. Vraiment pas. Loin de là.)
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p.45.
Burger, profondément dépressif, défend dans son Tractatus logico-suicidalis le droit de mettre fin à ses jours :
Le seul remède au suicide, c'est l'amour. Or ni une thérapie ni des médicaments ne donnent d'amour...
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p.50.
(En fait je suis obsédée par le mal. Sur le plan professionnel, je me suis spécialisée dans les concepts de mal, de faute, de péché. Quand on me demande pourquoi ces sujets, je suis toujours aussi surprise. Cela me semble si évident : rien d'autre n'est réellement digne d'intérêt. Je ne vois pas à quoi cela rime de parler d'autre chose. Tant que le mal ne sera pas anéanti.)
[…]
Une grande partie de ma thèse est consacrée au concept du mal. Je pense avoir écrit une centaine de textes à ce sujet, sous toutes ses formes : viols, maltraitance des enfants, meurtres, nazisme, racisme, Abou Ghraib, esclavage... J'en ai parlé à la radio, à la télévision, dans des débats publics, dans mes cours. Je ne fais que répéter la même chose tout le temps. Il ne faut jamais oublier que le mal est partout. Parmi nous. Il est notre voisin. Notre sœur, notre frère. Le mal habite mon cœur et le tien. Il faut oser le voir en face. Et le dire. Il faut parler du mal et définir ce qu'est la cruauté. Soyons vigilants. Y compris lorsque le souvenir de Bobby, d'Engla, de Louise, de Riccardo et de la tragédie de Rödeby aura commencé à s'effacer. Il faudra continuer. Aborder les événements douloureux, les sujets qui fâchent. Il faudra affronter ce que nous refusons de voir. Pourquoi vous ne m'écoutez pas ? Hein ? Pourquoi ? Vous êtes sourds ? Bande d'idiots.
Le mal se nourrit d'indifférence. De la mienne, de la tienne, de la nôtre. Si seulement tu arrêtais de ne te préoccuper que de ta vie de chiottes, de tes rêves à la con et de chieurs de mômes, le mal n'occuperait pas une si grande place dans ce monde. TU COMPRRENDS ?
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p.104-5.
Quoi qu'il en soit, la description que les médecins russes ont donnée de leur quotidien était suffisamment éloquente pour justifier la question de Camus : toutes les vies valent-elles la peine d'être vécues ? La vie a-t-elle une valeur en soi ? Peut-on exiger d'un individu qu'il endure n'importe quoi sous prétexte de vivre ? Doit-on automatiquement tout faire pour empêcher quelqu'un de mettre fin à ses jours ?
La position des médecins russes se distinguait radicalement de celle des étudiants suédois, s'appuyant sur une solide expérience clinique, dans un contexte par ailleurs tout à fait différent : des êtres humains désabusés, contaminés par le virus du sida, prostitués, camés, femmes maltraitées, adolescents des rues sniffeurs de solvants... Bref, des épaves humaines aux yeux éteints. Désespérés. «Comment convaincre des personnes dans une pareille situation que leur vie vaut la peine d'être vécue ? » demandaient-ils.
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p.117.
(Mais considérer la vie comme un don... N'a-t-on pas alors le droit de la refuser ? Cela ne fait-il pas partie intégrante de la notion de don ? Sans la possibilité de décliner poliment mais fermement le cadeau qu'on nous tend, le geste perd son sens initial. Il se meut en contrainte. Dieu de quel droit m'imposes-tu ce cadeau? Je le trouve bien lourd à porter, vois-tu. Il implique tant d'obligations, de souffrance... Et si peu de soutien. Dieu ? Où es-tu passé ? Je marche dans le désert depuis cent jours, et encore cent jours. Je suis assoiffée. Mon estomac crie famine. Quand me sauveras-tu ? Pourquoi n'entends-tu pas mon cri ?)
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p.24.
Je sais que le soleil brille et qu'il fait 26 degrés dans le monde normal, dans le monde des vrais gens – ceux qui savent s'y prendre ceux qui savent vivre qui savent rire. Moi, j'ai oublié. OUBLIÉ. J'ai tout oublié. Comment est-ce qu'on fait, déjà. La vie... De quoi s'agit-il, rappelez-le-moi. Pourquoi est-ce si important. Vivre ? C'est ce qu'on fait, normalement ? En général ? Vous êtes sûrs ? Oui ? Alors c'était donc ça... Il fait chaud, dehors. Le soleil brille, les enfants réclament des glaces, et pourtant, moi, j'ai terriblement froid.
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p.102.
De quel droit un médecin interdit-il à son patient de s'ôter la vie ? Qui est habilité à décider si une vie vaut ou non d'être vécue ? Son porteur, qui la considère sans valeur, ou quelqu'un d'autre ? Existe-t-il des critères éprouvés sur lesquels nous pourrions fonder un pareil jugement ? A ce stade, nous nous trouvons bien au-delà du domaine médical. Ces propos confinent à la plus importante question entre toutes .Celle du sens de la vie. Une vraie colle.
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