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Citations de Annette Muller (30)


Un jour que je sortais de chez elle, j'entendis deux femmes discuter sur le trottoir: "Vous vous rendez compte, disait l'une d'elles, un homme qui avait l'air si bien, si correct. Il a fait un mouvement et sous sa veste, devinez? J'ai aperçu l"étoile. Un Juif! Qui l'aurait cru, il avait l'air si correct!" Et l'autre femme hochait la tête, marquant son approbation.
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Ils étaient 4 000 enfants juifs, en juillet 1942, qui, comme moi, faisaient des rêves.
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Hélène Mouchard-Zayi :
Elle s'est alors dit que, puisqu'on n'écoutait pas son histoire, peut-être, si elle l'écrivait...
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Ainsi, Manuella était juive, elle aussi. C'était une découverte. La maîtresse a dit: "Deux de vos camarades portent une étoile. Soyez gentilles. Rien ne doit être changé entre elles et vous." Mais immédiatement, il y eut une barrière, une mise à l'écart.
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Tous avaient perdu un ou deux parents, des frères et sœurs ou la famille entière. Personne ne parlait de la guerre. Le passé n'avait pas existé.
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Quelques jours avant le port obligatoire de l'étoile, ma mère nous a fait mettre nos habits du dimanche, bien que ce soit un jour de la semaine. Sur les vestes de tweed de mes frères, sur la vareuse de mon costume marin ainsi que sur sa robe à fleurs, elle avait cousu solidement les étoiles qui avaient été distribuées aux familles juives, en échange de tickets textile. Des étoiles d'un jaune cru, avec le mot juif écrit en lettres noires et tordues comme des flammes. Après qu'elle nous eut longuement coiffés, nous sommes descendus avec elle et lentement, majestueusement, nous nous sommes promenés dans les rues du quartier. Nous avons défilé ainsi dans les rues de Pixérécourt, Pyrénées, Ménilmontant, avons descendu l'étroite rue des Rigoles."Tenez-vous droits, redressez -vous", murmurait maman. Son regard arrogant semblait défier les gens qui nous regardaient en silence. Elle voulait montrer à tous une jeune mère juive fière de ses quatre enfants juifs.
Pauvre maman et son courage inutile. N'aurait-il pas mieux valu qu'elle jette l'étoile dans une poubelle et qu'elle fuie au loin avec ses enfants ?
Quelques mois après, elle était morte. Elle allait avoir trente-quatre ans.
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Dans L'autre coin de la baraque, un homme tenait une tondeuse. Dans le vacarme, les gifles, les pleurs, on a traîné Michel, avec d'autres garçons se débattant, vers l'homme à la tondeuse. Un par un, il a passé l'instrument juste au milieu de la tête, du front à la nuque, avant de les renvoyer dehors."Comme ça tu ressembles au dernier des Mohicans", a-t-il dit à Michel qui pleurait ; ça lui donnait l'air grotesque, ce long trait chauve, bordé de cheveux de chaque côté. Michel si fier de sa mèche dorée qu'on lui mouillait chaque matin pour faire un cran. Il était là, pitoyable, son visage blême couvert de larmes qui laissaient des sillons sales, marqué comme un cochon avec sa tonsure blanche. J 'avais honte pour lui. Pourquoi les gendarmes n'avaient-ils pas rasé entièrement la tête des enfants ? Etaient-ils amusés par le spectacle ridicule des étranges tonsures qui partageaient la tête en deux ? Les enfants n'osaient plus se montrer, sauf ceux qui avaient trouvé des bérets qu'il enfonçaient profondément.
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Aujourd'hui, je suis allée au cimetière
de Beaune-la- Rolande
Tant d'années après
Une force étrange m'y poussait
j'ai erré parmi les tombes
certaines très anciennes
une à une je les regardais
je cherchais
un nom, un souvenir
Avait-il seulement existé ?

Et soudain, dans un coin
écarté et triste
j'ai vu une dalle de pierre grise
et parmi quelques noms
le sien était écrit
c'était lui, je le savais
Henri
1940-27 juillet 1942
Henri
mon joyeux lutin du Vel' d'Hiv'
Henri aux joues roses, aux boucles brunes
mon petit voisin rieur
Des nuits et des jours, dans le bruit et les cris
dans l'ordure et la puanteur
Assis près de moi sur le gradin
sa mère si belle l'enlaçant tendrement
sur les gradins du Vel' d'Hiv
'
Henri, deux ans, le premier enfant mort du camp
avant les milliers d'autres...
Mais lui est resté à Beaune
Il n'a jamais pris le train
conduisant au long voyage

Et moi, couchée sur la paille pourrissante
balayée par les phares blancs des miradors
je me souviens, j'avais neuf ans,
toute la nuit, sa mère hurlant folle
à Beaune-la-Rolande
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Ne parle pas comme une sotte, me dit-elle, les Chinois sont comme toi et moi, comme les Juifs et comme les noirs. Toutes les couleurs de peau sont belles. Tous les hommes sont dignes de respect. N'oublie jamais cela.
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Depuis, sans cesse, je revois le couloir de la maison, je revois les tiroirs ouverts, les lits défaits, les vêtements épars, la couverture verte et, couchée dessus, les yeux fermés, Marie-Claire, ma poupée. J’entends la porte qui se referme et nous descendons l’escalier en silence, portant les balluchons de drap blanc, les inspecteurs fermant la marche. Longtemps, longtemps, en rêve, j’ai descendu les escaliers de la maison et il me semblait qu’il suffirait que je les remonte pour que tout recommence comme avant : la maison chaude, le bruit des machines à coudre et nos rires joyeux.
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Ils étaient 4 000 enfants juifs, en juillet 1942, qui, comme moi, faisaient des rêves.
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Ça tapait fort, dans mon cœur, dans ma tête. Deux policiers français sont entrés: "Habillez-vous, ont-ils ordonné. On vous emmène."
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Et ainsi, chaque fois qu'une réprimande collective était faite, je rougissais de honte, incapable de prouver mon innocence, souhaitant seulement qu'on ne s'aperçoive pas de mon état, craignant qu'un jour ou l'autre, on ne découvre le mensonge de ma vie, ma véritable identité, ma marque infamante de juive.
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Ils étaient là et, subitement, ils n'étaient plus là. On les mettait dans ces tours d'où ils ne revenaient jamais. Un voile épais de mystère, de murmures effrayés, de larmes, les recouvrait. De cela, nous, les enfants, étions conscients ainsi que de la menace qui pesait sur les pères et les frères aînés.
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Ils étaient 4000 enfants juifs, en juillet 1942, qui, comme moi, faisaient des rêves.
4000 enfants juifs, mes compagnons de route, Rosa, Joseph, Henri, Nathalie, qui se réjouissaient de l’été, la tête emplie de projets et de promesses.
Mes 4000 compagnons du Vel d’Hiv, de Beaune, de Pithiviers, de Drancy.
Partis en train pour un très long voyage. Mes amis qui, comme moi, faisaient des rêves. Ils sont tous morts, tous morts, tous morts.
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Ils étaient 4000 enfants juifs, en juillet 42, qui, comme moi, faisaient des rêves.
4 000 enfants juifs, mes compagnons de route, Rosa, Joseph, Henri, Nathalie, qui se réjouissaient de l'été, la tête emplie de projets et de promesses.
Mes 4 000 compagnons du Vel' d'Hiv' , de Beaune, de Pithiviers, de Drancy.
Partis en train pour un très long voyage. Mes amis qui, comme moi, faisaient des rêves. Ils sont tous morts, tous morts, tous morts.
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Partis en train pour un très long voyage. Mes amis qui, comme moi, faisaient des rêves. Ils sont tous morts, tous morts, tous morts.
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Le soir, allongée sur a paille souillée, je pleurais, mordant mes poings pour étouffer mes cris. Je ne pouvais pas supportter l'absence de ma mère. Je pleurais et mordais mes poings, suppliant intérieurement : " S'il te plaît, maman, reviens. " Je me rappelais le soir de notre arrivée au camp, Michel et moi nous disputant pour ne pas nous coucher près d'elle à cause de l'eau qui s'égouttais. Je voulais que tout recommence. Lui dire combien je l'aimais.
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"On va rentrer chez nous, à la maison !" On imaginait tout haut notre retour : si on demandait la clé à la concierge. On se cacherait sous la table et on surprendrait tout à cou papa et maman, Henri et Jean. Ça en ferait une bonne surprise. On était sûr de retrouver tout le monde à la maison.
À un moment donné, j'ai tourné la tête vers les gendarmes assis derrière nous. Ils nous écoutaient parler et, silencieusement, ils pleuraient.
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Henri, deux ans, le premier enfant mort du camp
Avant les milliers d'autres...
Mais lui est resté à Beaune
Il n'a jamais l'entrain
Conduisant au long voyage
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