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EAN : 9782226244390
304 pages
Albin Michel (31/10/2012)
3.61/5   9 notes
Résumé :
«Nous étions trois coeurs tressautant sur le plateau tournant d'une roulette un peu bancale. Aucun des trois n'était meilleur que les autres.»

Les trois coeurs, ce sont ceux de Margarita, de Jésus, son époux, et de Susanne, la femme qui fut sa maîtresse pendant sept ans. Une histoire faite de non-dits et de blessures, que revit au fil d'un voyage en train Margarita, la narratrice de ce roman troublant. De Genève à Lausanne, au gré des paysages qui déf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La vie est semblable à un long voyage en train, avec ses arrêts, ces personnages que l'on croise sans vraiment les connaître, ces choses que l'on voit rapidement au travers d'une vitre comme des instants de mémoire qui remontent à la surface.

Margarita prend le train pour rejoindre Lausanne et cet environnement lui permet de se revivre des instants marquants, comme sa jeunesse mais surtout sa vie de couple.

Son mari, Jésus, à eu une liaison pendant plusieurs années avec une amie violoniste, Suzanne, qu'elle lui avait présentée. Bafouée, humiliée, elle se souvient.

L'auteur parle de ces sentiments féminins avec une grande justesse.

" Je crois que les gens nomment cette ignorance, ce vide et cette détresse, jalousie. Ce qu'on ne peut partager, ce qui nous est barré, ce qui nous est interdit. On nous laisse à la porte du temple comme des mendiants. le temple dont l'autel nous était autrefois dédié."

" J'avais le corps empli de morceaux de verre. de petits éclats allaient et venaient dans mes veines et, soudainement, n'importe où dans mon corps, provoquaient une petite hémorragie, la douleur inattendue d'une coupure nette, fulgurante. Un battement de paupières, une pensée qui surgit, et ces objets cuisants se mettaient en mouvement."

Toutefois, la détresse de Margarita n'est pas étouffante car l'auteur alterne son récit avec des descriptions des personnes du train ( qui étrangement ont une petite ressemblance avec les personnages de la vie de Margarita) et insère aussi les "dommages collatéraux" de cet adultère.

De cette façon, je ne me suis apitoyée sur aucun personnage, car chacun reste digne. Margarita, qui se juge moins belle et moins intelligente que Suzanne, veut à tout prix sauver son couple, retrouver celui qu'elle a choisi pour construire une vie paisible. Elle patiente, triste (larmes et résignation), amère ( méchantes pensées envers certaines personnes, comparaison avec Hiroshima ou les camps en Ukraine, à priori envers passagers du train) mais forte.

Jésus semble perdu dans cette passion adultère et Suzanne est la figure frêle et intouchable.

"celui qui trompe l'autre n'est pas toujours celui qui aime le moins."

J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a traité ce thème avec beaucoup de sensibilité. Raconter cette histoire pendant un voyage en train est une belle analogie avec le fil de la vie. Margarita est à bord de ce train, de sa vie qu'elle à choisi, sur ces rails qui la mène au bout de son histoire, avec ces personnages qui s'installent dans son wagon. Faut-il sauter du train quand un passager vous importune, doit-on s'arrêter à la prochaine gare et rester sur le quai ou aller au bout de son voyage.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Je suis peu habituée de la littérature hispanophone et pourtant j'avais eu un gros coup de coeur pour La place du Diamant de Mercè Rodoreda. J'ai donc été ravie de découvrir un de ses confrères avec cette histoire de voyage construite autour de réminiscences douloureuses.

La narratrice, Margarita, est dans un train qui l'emmène de Genève à Lausanne, voyage qu'elle effectue seule et qui est l'occasion pour elle de replonger dans ses souvenirs. Et le souvenir le plus vivace est sans doute celui de l'infidélité de son mari pour Suzanne, femme de l'ombre devenue omniprésente dans son ménage. C'est elle qui l'a présentée et c'est donc une certaine humiliation de la voir s'imposer dans son couple. On sent une certaine rancoeur dans ses propos marquée par l'amertume d'une histoire d'amour qui bat de l'aile.
Mais le trajet en train est aussi l'occasion de remonter bien au-delà, de l'arrivée de son père à Lyon jusqu'à l'arrivée des enfants. C'est toute une vie qui se dessine pendant ce laps de temps qu'on imagine pourtant bien court.
En parallèle de l'introspection, il y a aussi l'observation des passagers qui l'accompagnent. Certains ressemblent étrangement aux acteurs de son histoire personnelle ce qui réactive émotions et passions. Car les allers-retours entre passé/présent s'intercalent dans une réalité quasi fantasmée.
Et toujours cette éternelle obsession, cette Suzanne qui s'est fait corps et qui pourtant, en début de roman, n'est plus là.

J'ai bien aimé cette histoire et me rends compte que j'ai tendance à privilégier des intrigues qui font résonance à ma propre vie. Ainsi, moi qui me familiarise au quotidien des trajets en train, j'ai apprécié la description de ce petit univers cloisonné en mouvement. C'est vrai que l'esprit divague au gré des voyages, que certains passagers attirent l'attention, que c'est aussi l'occasion de se recentrer sur sa propre raison d'être. J'ai trouvé toutefois dommage que l'histoire manque de ressorts car même si le trio amoureux s'installe, les relations sont polluées par des rancoeurs et non-dits. Il y a comme un fatalisme dans cet adultère subi, dans l'irruption de l'intruse encombrante. Et pourtant, inévitablement, tout continue comme si l'histoire était bien fixée sur les rails de la vie...
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Je ne connaissais pas l'auteur espagnol Antonio Soler, visiblement reconnu dans son pays natal, et son nouveau roman Lausanne a été l'occasion de me familiariser avec sa plume.

Le livre se déroule pendant un voyage en train, ce qui est amusant vu que le roman que j'avais lu avant celui ci ( 06H41 de JP Blondel, dont je n'ai pas encore parlé) se déroulait exactement dans le même lieu et le même espace temps.

Ici c'est entre Genève et Lausanne que l'héroine, Margarita se remémore les grandes étapes de sa vie. Issue d'une famille d'immigrés républicains espagnols, ayant trouvé refuge à Lyon, puis femme du fraiseur Vila, l'employé de son père, son existence sera à jamais troublée par la relation extra-conjugale de son mari. Une relation à trois, destructrice, que Margarita nous conte au fil des gares de la côte lémanique. le roman est ainsi découpé en chapitres calqués sur les différentes gares traversées, mais le décor suisse laisse vite la place aux souvenirs de Margarita.

Si l'idée de raconter cette histoire pendant un voyage en train peut constituer une belle analogie avec le fil de la vie, le procédé lasse à mi parcours. Comme le doux bercement d'un train, Antonio Soler nous emmène dans un récit plutôt lent et contemplatif, où il alterne observations des autres passagers et réflexions sur le passé.

D'une plume certes sensible, mais parfois un peu lénifiante et qui ne sonne pas toujours trés juste, le lecteur découvre les fêlures de l'âme de Margarita.

Un voyage interessant et sensible, à défaut d'être passionnant et inoubliable.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Parce qu'une femme ressemblant à Suzanne, la maîtresse de son mari, entre dans le train de 9h56 à Genève destination Lausanne, la narratrice voit son passé se mettre en mouvement, au rythme du paysage qui défile et des différentes personnes qui passent dans son compartiment.

« Nous étions trois coeurs tressautant sur le plateau tournant d'une roulette un peu bancale. Aucun des trois n'était meilleur que les autres. »

La vie du dehors et celle du dedans se mélangent. La lumière de « cabinet radiologique » des gares dissout les
contours et permet toutes les projections, apparitions et disparitions.

Margarita est fille d'émigrés espagnols qui ont fui le fascisme et se sont réfugiés à Toulouse. Elle épouse Jésus, le « tourneur Vila » qui la trompe presque malgré lui avec une violoniste. « Ce ne fut pas l'aventure d'un jouisseur. Ce fut le tourment d'un ingénu. »

C'est cette vie de souffrance qu'Antonio Soler explore longuement en donnant la parole à une femme détruite, creusant et creusant encore sa douleur, rêvant de larguer des « bombes atomiques » sur ce qui la peine, flottant dans ses souvenirs qui sont comme « des petits bonhommes en plastique qui s'enfoncent puis remontent soudain dans la baignoire d'un enfant », craignant de se dissoudre.

Livre difficile, magnifiquement écrit, musical et sensible, qui explore de façon originale la métaphore usée du « train de la vie » et tente de passer en revue toutes les faces du chagrin.


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Lausanne est l'histoire d'un voyage. On file à travers une époque, le temps d'une vie, le temps d'un parcours Genève-Lausanne. Ce simple trajet en train devient le fil conducteur du roman : la vie de Margarita avançant au rythme du train. C'est habillement raconté, jouant sur un certain suspens avec les arrêts dans les gares qui jalonnent le chemin et qui apportent une pause dans la confession. L'intrigue avance sans suivre sa propre chronologie. Chaque visage croisé dans le wagon ou sur un quai, même le nom d'une gare, est un prétexte à la résurgence du passé. le sosie de la maitresse de son mari, un accent, une langue… tout devient l'occasion aux souvenirs de Margarita de refaire surface. Et sa vie prend peu à peu forme, confié au lecteur comme une délivrance....
Lien : http://stef93330plaisirdelir..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'avais le corps empli de morceaux de verre. De petits éclats allaient et venaient dans mes veines et, soudainement, n'importe où dans mon corps, provoquaient une petite hémorragie, la douleur inattendue d'une coupure nette, fulgurante. Un battement de paupières, une pensée qui surgit, et ces objets cuisants se mettaient en mouvement.
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La seule chose qui peut nous élever au-dessus de notre insignifiance naturelle, au-dessus de cette dimension infime, ridicule, c'est l'innocence. Et jamais, jamais nous ne devrions commettre la sottise d'imaginer que nous pourrions être autre chose. Ainsi allons-nous, ainsi gravissons-nous ce court escalier qui va vers la lumière. Innocents. Comme toujours et à tout moment nous avons été.
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Ces miettes de gâteau éparpillées autour des assiettes après une fête sont les nôtres. Ces miettes, ne l'oublie pas, sont aussi du gâteau.
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Un homme moribond, mon père, et moi avec ma peur, perdus là-bas, nous tenant par la main dans un hôpital de Lyon, dans cette chambre comme une capsule hors du monde, un endroit, comme ce train, pensé lui aussi pour le passage.
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Suzanne aurait voulu qu'il soit momentanément courageux, juste assez pour rompre les liens avec moi. Puis elle aurait de nouveau alimenté sa lâcheté, accru ses peurs, l'aurait désamorcé de nouveau. Il avait eu son aventure, il avait montré au monde qu'il était capable de quelque chose. Il pouvait penser qu'il était lui aussi de la trempe d'Errol Flynn, ou de Clark Gable - qu'il préférait. (p. 189)
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Videos de Antonio Soler (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antonio Soler
Antonio Soler présente son nouveau roman "Sud", à paraître le 24 août en librairie !
Traduit de l'espagnol par Guillaume Contré : au sommet de son art, Antonio Soler emporte le lecteur dans un tourbillon de voix hypnotique et dresse une cartographie de l'âme d'une justesse éblouissante.
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