Le Chemin des Anglais

Sous le soleil d'un dernier été radieux, entre la piscine et les ruelles d'un faubourg de Malaga, ils sont une poignée d'amis à vivre les derniers instants de l'adolescence, ce moment très fragile où tous les chemins semblent s'ouvrir, où tous les rêves s'apprêtent à déployer leurs ailes. C'est l'âge des grands espoirs et des grandes illusions, l'âge du premier amour que l'on croit immortel, de la raison qui vacille et des jalousies qui s'affûtent lentement derrière l'éclat trompeur des fêtes.
Entre Miguelito Davila, le jeune poète aux reins blessés, la mystérieuse Dame au Casque Carthaginois et la trop jolie Luli Gigante, entre le Babiroussa et ses élans de rage, Paco Fronton et ses voitures de gangster, Rafi le cinglé et le nain Martinez, le jeu perd peu à peu de son insouciance, de son innocence, et tourne doucement à la tragédie.

Tendu de poésie et de noirceur, ce Chemin des Anglais est un texte singulier, dont je reconnais assez volontiers la valeur littéraire mais qui a mis bien du temps à m'intéresser. Manque d'empathie pour les personnages et pour le ton adopté, la tête un peu ailleurs aussi, peut-être, sur la fin d'un voyage... ce n'est guère que vers la moitié de l'histoire, quand les ombres et la tension s'accentuent, que j'ai vraiment commencé à me laisser prendre... pour avaler la suite avec une certaine fascination, et un lourd parfum d'amertume au fond de la gorge. C'est ce parfum, surtout, qui restera, assez fort pour durer en même temps que l'écho de quelques personnages, quelques noms, quelques clichés. Beaucoup de choses intéressantes au final, dans ce drame du basculement vers l'âge adulte et des blessures d'enfance envenimées, mais sur ces thèmes-là j'aurais pu facilement être bien plus emportée.
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