Si les plantes ont besoin d’eau pour pousser, les humains, eux, ont besoin de rire.
Mais, il faut dire ce qui est, les changements d'humeur de Susumu semblaient se produire tout à fait indépendamment d'elle. Et la pensée que la Terre pouvait tourner sans qu'elle y soit pour quelque chose lui était désagréable. Mettons-y bon ordre.
L'odeur lourde et sucrée du riz cuit. Une odeur pleine de nostalgie, de tendresse. De tristesse aussi, mais à quoi bon penser trop fort aux choses tristes? Alors, avec un soupir sonore, elle dit: "Mmm, quelle bonne odeur..." Cela avait du moins le mérite de remettre les pensées inutiles à leur place.
Dans la vie, quand on reçoit quelque chose, on reçoit aussi le risque de le perdre.
Le riz cuit de ce matin est chaud à coeur, celui qui refroidit dans le baquet en bois dégage une odeur appétissante. Et cette légère fragrance de réséda ? Il doit y en avoir un en fleur dans le quartier. L'été est définitivement achevé. Un petit vent frisquet s'immisce par la devanture ouverte jusque dans la cuisine.
C'est tout de même extraordinaire, la cuisine, pensait-elle. Pas besoin de denrées de luxe, rien de bien compliqué, il suffit de cuisiner juste et vous obtenez quelque chose de fabuleux.
Si les plantes ont besoin d'eau pour pousser, les humains, eux, ont besoin de rire.
Les cerisiers au loin ressemblaient à des pâtisseries décoratives et les pétales qui voletaient faisaient comme une brume au-dessus d'eux.
Les coccinelles à pois s'envolent toutes en même temps en bourdonnant, bzzz, bzzz !