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Citations de Arlette Cousture (147)


On peut être légers comme une plume quand on est heureux comme dans les bras d’un papa ou d’un oncle en visite. On peut aussi peser plus qu’une poche de patates juste en fermant les yeux et en criant «non!»
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Ovila revint vers la calèche. Il aperçut le coffre de cèdre. Il le regarda, regarda Émilie, puis le coffre. Il ne savait que dire. Émilie était émue.
-Ma foi du bon Dieu, Ovila, si tu avais eu un chapeau sur la tête, tu te serais découvert comme devant une église.
-Entre toi pis moi, Émilie, c'est pas un coffre que je vois c'est toute une cathédrale.
-Fais attention, faudrait pas que tu attrapes la folie des grandeurs
-Inquiète-toi pas pour moi. La folie, ça fait longtemps que je l'ai. Pis la grandeur, tu viens juste de me la donner.
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- Émilie, qu'est-ce que la brume fait dans tes yeux ?
Le mot « brume » fouetta Émilie.
-Si tu veux me faire plaisir, Ovide, prononce jamais le mot « brume » devant moi.
Elle avait donné un coup de tête, relevé sa mèche et continué son travail, les lèvres tellement serrées qu'elles en bleuissaient.
Ovide sut qu'il avait commis un impair, mais il en ignorait la cause.
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Si un père ou une mère peut baptiser un nouveau-né en danger et qu’un soldat peut prononcer le Requiem, je pense qu’un frère peut bénir le mariage de sa sœur, lui servant à la fois de père, de prêtre et de témoin.
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Il faut qu’il comprenne tout ce que peut faire la guerre. Je pense avoir les mots parce que je me souviens très bien comment on se sent quand on est enfant. Mais je ne sais pas comment on se sent quand on est enfant et qu’on sait qu’on va mourir.
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Violette et Marguerite étaient venues pour l’événement et avaient chauffé l’eau pour le bain d’Angélique. Lavée, séchée et parfumée, celle-ci fut même coiffée comme ces dames qui ressemblaient à des images saintes tant elles étaient belles. « C’est fou, les filles, mais je me dis que vous m’avez arrangée trop belle. C’est pas à ça que je ressemble. J’ai l’air d’une péteuse de la haute qui manque d’humilité."
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Vous nous avez créé à votre image et à votre ressemblance. Où il est le mensonge? Je suis incapable de croire qu’on est à votre image avec un monde comme ça. Vous, un ivrogne, un batteur de femmes?

(p. 119)
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- Émilie, qu'est-ce que la brume fait dans tes yeux ?
Le mot « brume » fouetta Émilie.
-Si tu veux me faire plaisir, Ovide, prononce jamais le mot « brume » devant moi.
Elle avait donné un coup de tête, relevé sa mèche et continué son travail, les lèvres tellement serrées qu'elles en bleuissaient.
Ovide sut qu'il avait commis un impair, mais il en ignorait la cause.
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Ovila revint vers la calèche. Il aperçut le coffre de cèdre. Il le regarda, regarda Émilie, puis le coffre. Il ne savait que dire. Émilie était émue.
-Ma foi du bon Dieu, Ovila, si tu avais eu un chapeau sur la tête, tu te serais découvert comme devant une église.
-Entre toi pis moi, Émilie, c'est pas un coffre que je vois c'est toute une cathédrale.
-Fais attention, faudrait pas que tu attrapes la folie des grandeurs
-Inquiète-toi pas pour moi. La folie, ça fait longtemps que je l'ai. Pis la grandeur, tu viens juste de me la donner.
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À son grand étonnement, Célina lui répondit qu’il n’en était pas question. Qu’Émilie avait besoin de l’école comme lui, Caleb, avait besoin de regarder le soleil et d’écouter la pluie. Caleb essaya de lui faire comprendre qu’il y avait toute une différence entre la terre et les livres. Célina demeura intraitable. Émilie devait continuer de fréquenter l’école. Émilie, il le savait, voulait être institutrice.
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La vie fait de tous des comédiens.
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Accepter de dépendre de quelqu'un c'est accepter sa faiblesse, c'est s'accepter, c'est accepter d'aimer assez fort.
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Un enfant, c'est la seule véritable garantie d'éternité.
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Mais quelque chose dans les yeux de sa mère la fit se taire. Quelque chose qui lui avait fait penser à un petit oiseau qu’elle avait trouvé à Shawinigan, au printemps, le bec grand ouvert et le corps à peine couvert de duvet. Un oisillon tombé d’un nid. Marie-Ange avait pris ce petit oiseau dans ses mains et elle avait senti son cœur battre terriblement vite. Elle l’avait regardé et l’absence de plumes lui avait permis de voir des veines bleues. Probablement, avait-elle pensé, celles du cœur. Dans les yeux de sa mère, elle avait vu le même regard que dans ceux de l’oisillon tombé du nid et blessé à l’aile. Marie-Ange avait senti la peur de l’oisillon. Elle regarda sa mère encore une fois et comprit qu’elle aussi avait peur. Alors, sans dire un seul mot, elle se glissa par terre comme ses frères et ses sœurs et commença à serpenter doucement à travers les brins d’herbe. Elle entrevit sa mère qui frappait à la porte et se demanda pourquoi elle n’était pas entrée comme elle l’avait toujours fait.
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Maintenant, elle devait répondre. Avouer qu’elle n’en savait rien. Elle décida de parler ouvertement. De toute façon, le curé saurait les mots qu’elle tairait. Et elle parla pendant ce qui lui sembla une éternité. De leurs derniers mois à Shawinigan. Des dettes. De sa peur. Du fait qu’elle avait obligé Ovila à fuir, de son départ précipité à elle. Elle prit conscience qu’elle avait des sanglots dans la voix et des larmes dans les yeux mais elle les refoula. Elle n’allait quand même pas pousser le ridicule jusqu’à pleurer devant quelqu’un! Tantôt le curé la regardait bien en face, tantôt, devant son trouble, il détournait le regard, visiblement mal à l’aise, lui aussi. Pourtant, il l’interrompit.

— Cessez, Émilie. Vous savez aussi bien que moi que, dans notre belle religion, l’eau a toujours eu des effets de purification. Laissez donc l’eau de votre corps purifier votre âme troublée.

Émilie renifla à deux reprises. Au lieu de la calmer, le curé venait d’attiser une colère qui grondait depuis longtemps.

— Dans notre belle nature, monsieur le curé, si on se coupe, on peut saigner à mort. Si on brise une digue de castor, l’eau arrête plus de couler. Quand une femme perd ses eaux, elle peut plus empêcher la souffrance de la naissance. Quand les nuages crèvent, la pluie peut pas faire autrement que de tomber. Ça fait que, monsieur le curé, étant donné que j’ai neuf bouches à nourrir, faut surtout pas que je laisse la pluie venir faire pourrir mes récoltes!
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Certaines diplômées posèrent leurs ustensiles. Elles savaient ce que Blanche avait vécu. Devant la fureur de Marie-Louise, Germaine ne cessait de se hausser sur la pointe des pieds pour ensuite retomber sur les talons avant de recommencer son manège.

– Tu fais ta grande fifine mais je gage que tu es jamais entrée dans la chambre d’un mort. Toi pis moi, pis toutes les étudiantes de première, de deuxième pis une grande partie des étudiantes de troisième, on n’est jamais entrées dans la chambre d’un mort. Blanche a fait une erreur ? Certain. Tout le monde le sait ! Blanche a tenu les pattes de l’interne au lieu de prendre les pieds de la morte. Pis ? Je suppose que tout le monde ici aurait compris ? Je suppose que tout le monde ici aurait regardé une morte de trois cents livres sans broncher ?

– Baisse le ton, Marie-Louise. Tout le monde entend…

– Tout le monde entend ? Tant mieux ! C’est ce que tu voulais. Tu voulais que tout le monde rie de Blanche. Ben moi je ris pas. Pis je pense que personne ici aurait ri en entendant la morte sortir son air quand l’interne est tombé dessus. Parce que ça, c’est pas écrit dans les livres. Il paraît qu’il faut l’entendre. Pis Blanche l’a entendu. Avec le temps, j’imagine qu’on s’habitue, mais Blanche, elle, était pas habituée ! Pas plus que toi pis moi ! Pis pendant que Blanche essayait de rendre service, de remplacer quelqu’un qui était pas à son poste, tout ce qu’elle a eu comme remerciements, c’est des rires !

Marie-Louise était hors d’elle. Elle n’avait pas aperçu l’hospitalière en chef debout dans l’entrée de la salle à manger. Pas plus qu’elle n’avait vu plusieurs étudiantes sortir pour se diriger en toute hâte vers les toilettes. Germaine essayait maintenant de se faire petite et y parvint presque.

– Tiens-toi droite, Germaine Larivière ! C’est avant de rire pis d’essayer d’humilier Blanche que tu aurais dû penser. Je viens peut-être de la campagne comme tu me l’as fait remarquer la journée de l’examen d’admission, mais à la campagne on a pour notre dire que personne s’est jamais grandi en rapetissant les autres !

Sur ce, Marie-Louise tourna les talons et sortit de la pièce sans prendre son assiette. La sœur hospitalière la retint par le bras.

– Bien parlé, mademoiselle Larouche. Une belle leçon de charité.

– C’est pas ce que j’ai voulu faire. C’est Blanche qui l’a donnée, la leçon. Pas moi.

Blanche, accompagnée de Marie-Louise, entra à la salle à manger pour le repas du midi. Toutes les infirmières se turent. Germaine Larivière s’immergea presque la tête dans sa soupe, au point que ses yeux et ceux du bouillon se confondirent. Marie-Louise, qui n’avait pas raconté à Blanche sa colère du matin, tenait ses poings fermés, prête à passer à l’attaque si quelqu’un osait émettre ne fût-ce qu’un ricanement. Elle avait forcé son amie à se lever et à s’habiller. Elle l’avait encouragée à se présenter au repas, consciente que Blanche avait été à deux doigts de boucler ses valises et de quitter l’hôpital. L’orgueil de son amie n’avait d’égal que sa sensibilité et sa douceur. Elle jeta furtivement un coup d’œil circulaire et, ne voyant aucune animosité, poussa discrètement Blanche. Celle-ci s’avança, la tête haute, les épaules droites, portant fièrement sa coiffe sur sa chevelure bouclée. Elle craignait de trébucher, tant ses jambes lui paraissaient lourdes. Encore une fois, son cœur se manifesta et elle le pria de demeurer calme afin qu’elle ne rougisse pas. Sa prière fut vaine. Une salve d’applaudissements éclata comme la foudre. Blanche se figea, regarda autour d’elle, incrédule devant ce qui se passait, se croyant victime d’un malentendu. Elle se tourna vers Marie-Louise qui, rose de plaisir, applaudissait à tout rompre.
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Celui-ci lui rappela qu’il avait un très bon emploi qui le conduisait fréquemment à la campagne, où il aurait aimé vivre; à proximité de Montréal, certes, mais y vivre tout de même. Il reparla de ces voyages qu’il faisait régulièrement dans plusieurs pays pour expliquer le Canada afin d’y attirer des gens.

— Même en travaillant fort pour la patrie et en recommençant à faire des familles de quinze ou vingt enfants comme nos grands-mères, on n’y arrivera pas. Le pays est trop grand à peupler.

Puis il parla de Blanche, qui avait toujours été à ses côtés et qui avait laissé tomber son travail d’infirmière pour s’occuper d’elle, son aînée.

— Je te dis que tu étais la bienvenue...

Élise leva les yeux au ciel pour lui faire comprendre qu’il se répétait.

— O.K., je radote. C’est l’âge. Rappelle-toi que j’ai passé la cinquantaine depuis deux ans...

Il bondit soudain sur ses pieds, le doigt pointé vers la deuxième partie du train, maintenant visible à l’horizon.

— Notre vipère va se recoller. Reste ici si tu veux; moi, je vais aller voir les gars travailler.
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Clovis et Élise se rendirent à la gare Centrale du Canadian National Railway, que tout le monde appelait les Chemins de fer nationaux, et tous les employés saluèrent son père, qui avait un bon mot pour chacun même s’il leur était supérieur dans la hiérarchie.

— Alors, l’héritier?

— Une héritière...

— Belle comme sa mère, j’espère...

Élise ne savait cacher son malaise. Son père la présentait à tous, aux porteurs comme aux préposés à la consigne, aux red caps comme à ce jeune homme, pas tellement plus âgé qu’elle, qui était assis au guichet informations, appelé par tout le monde «la lumière verte», et dont la casquette trop grande ne tenait en place que grâce à ses oreilles.

— Ma grande fille, Élise.

Élise leva les yeux au plafond tandis que le jeune homme rougissait et bafouillait quelque chose qui pouvait ressembler à un bonjour. Elle esquissa un sourire, fit un signe de la main et trotta derrière son père qui marchait d’un pas léger malgré sa valise. Un porteur s’empara de celle-ci sans rien demander, la posa sur son chariot et s’apprêta à les suivre. Clovis attendit sa fille.
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Blanche, comme tous les matins, avait bu un café bien chaud avec Clovis. Tous les matins aussi, elle était sa femme, son amoureuse, et ils prenaient le temps de se dire du regard leur bonheur. Puis Blanche enfilait son tablier de mère et allait réveiller les enfants, Élise et Micheline. Ce matin-là, Clovis la bouscula un peu, trop heureux d’aller conduire à la campagne leur citadine d’aînée, âgée de seize ans. Il souhaitait qu’elle y apprenne la touffeur de la terre, le parfum des fleurs sauvages, et qu’elle y respire l’odeur forte du bétail sans se pincer le nez. Le seul animal avec lequel Élise avait été en contact jusque-là, hormis les chiens, les chats, les oiseaux et les lapins de Pâques, était le cheval du laitier, qui, chaque matin, mâchouillait immanquablement la haie des voisins. En découvrant la campagne, Élise comprendrait peut-être le bonheur qu’avaient eu ses parents, près de vingt ans auparavant, à fouler les terres sauvages d’Abitibi pour les apprivoiser. Des terres hors du temps, à prendre, à faire boire et à gratter, à labourer et à débarrasser de leurs parasites. L’idée de ces vacances avait tant excité Élise que lui et Blanche avaient presque craint qu’elle n’eût davantage envie de quitter le giron familial pour quelques semaines que de se mettre les mains dans la terre.
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-C'est à nous autres, cette pouliche-là, Émilie? demanda Napoléon.

Émilie acquiesça. Les enfants se groupèrent autour de leurs parents. La pouliche freina sa course et changea brusquement de direction. L'étalon en fit autant. Leur galop était impressionnant.

- Avez-vous vu ça? cria Caleb. On dirait des ch'vaux sauvages.

La pouliche se retourna et se leva sur ses pattes postérieures. Elle commença à marteler l'étalon de ses sabots. L'étalon se défendit. Elle se calma enfin et l'étalon, renâclant, se plaça derrière elle. La pouliche trépignait. Enfin, l'étalon lui monta ses pattes sur le dos et la mordit au cou. Émilie frémit quand elle sentit la main d'Ovila exercer une toute petite pression sur sa nuque. Elle tourna la tête, le temps de se rendre compte qu'il la regarda intensément.
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