AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Arlette Cousture (147)


«J’ai compris que tu n’étais pas un vrai enfant de chœur quand j’ai vu la carriole.

— Ça fait un an que je sers la messe uniquement pour te voir, Angélique!

— Tu n’avais pas besoin d’argent?

— Non.
Commenter  J’apprécie          10
Angélique aurait dû demander pardon au Christ de lui avoir effrontément menti et sciemment promis fidélité alors que, pas une seconde depuis un an, elle n’avait trouvé la force de se soumettre à la règle qui régnait partout sauf en elle.
Commenter  J’apprécie          10
Il ne comprenait rien à ce que lui expliquait cette fille offrante qui lui fondait dans les bras et qui, hier encore, était nonne à la nuque cassée, au regard fuyant, humble. Au cours de la dernière année, elle avait hanté ses nuits, et l’envie de l’étreindre n’avait cessé de croître depuis le premier jour où il l’avait aperçue.
Commenter  J’apprécie          10
Elle l’aperçut enfin. Son cœur cessa de battre et, sans même réfléchir, elle se signa et pria le Seigneur de l’aider. Eugène descendit de carriole, couvrit sa monture d’une épaisse couverture avant de lui donner de l’avoine. Angélique étouffa un cri d’étonnement. Elle aurait mal compris. Le bel enfant de chœur bien coiffé, la raie droite, les mains et les ongles nettoyés, presque divin dans son surplis blanc, n’était pas comme ses frères: propres uniquement pour le service de Dieu, qui leur donnait assez d’argent pour procurer du pain à la famille. Le jeune homme qui se dirigeait vers la porte latérale du couvent n’avait rien à voir avec celui de ses rêves, ne correspondait aucunement à ses attentes. Il aurait porté un haut-de-forme qu’elle n’aurait pas été surprise. Angélique voulut rebrousser chemin, rentrer dans sa cellule. L’énormité de son erreur lui noua gorge et cœur.
Commenter  J’apprécie          10
Si les yeux de l’enfant de chœur, qui s’appelait Eugène, avait-elle cru comprendre, n’avaient pas dit vrai, si ces yeux l’avaient trompée, elle serait maudite. Sœur Marie-Saint-Cœur-du-Messie lui avait confirmé qu’il était son valet de cœur et qu’elle ne devait avoir aucune crainte.
Commenter  J’apprécie          10
«Je t’attendais plus tôt, sœur Angélique.
— Plus tôt?
— Les cartes ne me parlent plus, elles crient. Assieds-toi là.»
Angélique prit place et fit un signe de croix.

«Ne mêle pas l’Astre divin à l’astrologie, Angélique.
— C’est pour me porter chance.
— Les cartes s’en chargeront.»
Marie-Saint-C œur-du-Messie replaça l’as de pique, de crainte que la postulante se rendît compte qu’il pointait dans le mauvais sens, celui des ennuis surmontables, certes, mais des ennuis tout de même. Superstitieuse, Angélique avait refusé pendant plus de six mois qu’elle ne lui prédise son avenir. La postulante, qui rêvait de porter le nom de Marie-Sainte-Plaie-de-Jésus une fois prononcés ses vœux perpétuels, s’était résignée à recourir à Marie-Saint-Cœur malgré sa peur indicible de commettre l’impardonnable péché – à moins que ce ne fût celle d’avoir à s’en confesser. Elle avait cédé lorsque sœur Marie-Saint-Cœur lui avait promis, pour la paix à son âme, réponse à son trouble.
Commenter  J’apprécie          10
Sœur Marie-Saint-Cœur-du-Messie avait deviné que, si la toute belle postulante avait le cœur tourné vers le Christ, elle n’en avait pas moins les yeux plantés dans le regard du plus âgé des enfants de chœur, celui qui servait la grand-messe du dimanche.

Marie-Saint-Cœur avait vu rougir Angélique chaque fois que le jeune homme, ombre vivante de l’officiant, s’approchait d’elle à la communion et lui tenait la patène sous le menton. Marie-Saint-Cœur avait remarqué que la langue de la jeune femme tremblait quand elle l’offrait pour recevoir l’hostie. Elle avait compris le trouble d’Angélique le dimanche où elle l’avait vue oublier la sainte espèce, nichée et prête à être avalée. Sans égard à la petite rondelle de froment, Angélique s’était passé la langue sur les lèvres sous l’œil médusé du servant. Marie-Saint-Cœur-du-Messie n’avait cependant pas soupçonné que jamais la jeune postulante ne s’en était confessée, craignant que l’aumônier ne la questionnât. Une future religieuse peut-elle impunément mentir dans un confessionnal?
Commenter  J’apprécie          10
Il était seul, éminemment seul, dans des rues aux trottoirs mortellement glissants avec personne pour se soucier de son bien-être, personne non plus pour reconnaître son existence ou même pour rechercher sa présence. La rue lui apparut douloureusement joyeuse, avec ses saint Nicolas à longue barbe qui sonnaient des clochettes pour demander un peu d’argent. Il fut finalement attiré par une vendeuse de sapins qui criait aussi fort qu’un camelot londonien annonçant la fin de la guerre. Il s’approcha et tourna autour des arbres, tâtant les épines, en arrachant quelques-unes pour les humer avant de les mâchouiller, comme il l’avait fait en Russie.

– Do you want a tree?

Jerzy fut tellement surpris d’être ainsi pris en flagrant délit qu’il ne sut quelle contenance adopter.

– Non, je regardais.

– Vous voulez dire que vous goûtiez.

Jerzy cessa de mâchouiller et sourit. La femme emmitouflée et édentée qui se tenait devant lui avait des petits yeux rieurs et une fierté belle à voir. Elle fixait l’étui à violon.

– Vous en jouez, de votre instrument?

– Parfois.

Jerzy regarda les quelques rares flocons qui tombaient, pensant tristement que même dans le sud de cette province, où on lui avait assuré que le climat était clément, la neige était au rendez-vous.

– On m’a dit qu’il y avait peu de neige ici.

La vieille dame haussa les épaules pour lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à voir avec les chutes de neige et se dirigea vers un client qui ne cessait de secouer tous les sapins pour mieux en voir la forme. Elle cria encore, assez fort pour attirer l’attention du client et lui ordonner sèchement de ne pas toucher aux branches.

– C’est plus qu’un arbre, ça, monsieur. Quand c’est gelé, c’est fragile comme du cristal.

Jerzy la trouva amusante. Il la suivit discrètement et écouta la conversation qu’elle tenait. Tantôt elle vantait la symétrie des branches et la hauteur de l’arbre, tantôt elle parlait de l’odeur d’un arbre récemment abattu ou de la sécurité par rapport au feu. Jerzy mâchouillait encore ses aiguilles. Il passa l’index sur un tronc et l’enduit de résine. Il téta le bout de son doigt comme un enfant ravi colle sa langue sur une sucette. Le client avait disparu sans acheter et la vieille dame replaça ses arbres en grommelant.

– C’est rare que je me trompe. J’aurais juré qu’il en voulait un.

Sans même réfléchir, Jerzy posa son étui sur le capot de la vieille camionnette de la dame et l’aida à replacer les arbres.

– Ancien militaire?

Jerzy sourit de nouveau. Cette vieille femme lui faisait penser à la fois à Mme Saska et à Mme Grabska, mais encore plus vieille que celle qu’il avait revue à Cracovie. Il fit oui de la tête et continua à placer les arbres, prenant garde de ne pas abîmer les branches.

– J’aime penser que mes arbres vont devenir importants. Ils ont l’air presque morts, mais, avec deux petites lumières et une étoile, ils ressuscitent.

Jerzy la regarda, étonné. Eût-il été enfant, il aurait pu penser qu’elle était un mélange de sorcière, de fée et d’ange. Il lui sourit encore, replaçant avec précaution le dernier arbre qu’il tenait. Il se réchauffa les doigts et ramassa le violon, prêt à partir.
Commenter  J’apprécie          10
Pour la première fois de sa vie, Émilie avait connu la peur. La peur d’elle-même, la peur de son père et surtout la peur d’être contrainte de quitter l’école. Cesser d’apprendre. L’horrible perspective de regarder partir ses frères et sœurs sans elle.
Commenter  J’apprécie          10
— Ce que je voulais dire, pâpâ, c’est que je trouve qu’il y a quelque chose de pas juste là-dedans.

Elle venait de toucher la corde sensible. Elle savait que son père se considérait comme un homme juste.
Commenter  J’apprécie          10
Il y avait longtemps qu’elle se promettait une discussion avec son père, mais elle savait le moment mal choisi. Elle aurait préféré être seule avec lui, certaine que ce qu’elle avait à lui dire n’aurait pas dû être entendu des plus jeunes. Encore une fois, son impulsivité l’avait foutue dans un beau pétrin. Par orgueil, elle décida d’aller jusqu’au bout de ce qu’elle avait amorcé. Aussi est-ce avec une assurance à peine teintée de crainte qu’elle enchaîna:

— Je veux dire que je trouve que nous autres, les filles, on est obligées d’en faire pas mal plus que nos frères.
Commenter  J’apprécie          10
Elle savait que son père se considérait comme un homme juste. Qu’il faisait comme tous les hommes. Qu’il élevait sa famille comme son père à lui avait élevé la sienne.
Commenter  J’apprécie          10
Du haut de ses treize ans, elle comprenait très bien qu’il y avait sur la table tout ce que l’imagination de sa mère avait pu apprêter, compte tenu qu’à la fin de mars les provisions commençaient à diminuer sérieusement.
Commenter  J’apprécie          10
Les morts ne dorment plus dans l’oubli méprisant Car du passé j’ai fait un éternel présent.

ZIDDLER
Commenter  J’apprécie          10
Demain, le soleil va se lever. Demain, le soleil va briller. Demain... Je n'avais pas le choix. Je n'avais plus le choix... Pâpâ, je trouve qu'il y a quelque chose de pas juste... Le diable! Lazare est un diable!... Charles? Tu t'appelles Charles?... Le Windsor... Émilie, je vous trouve sans pareil... J'ai toujours été jalouse de toi, Émilie... Et moi de toi, Antoinette... Penses-tu, ma belle brume, que Télesphore va l'aimer, son meuble?... J'en ai assez de ce village maudit!... Tu peux être sûr, Ovila, que je ne quitterai pas Shawinigan la larme à l’œil... Bonne nuit, ma belle brume... ma belle brume... belle... brume... brume... brume... brume... brume... brume... brume... brume... br...
Commenter  J’apprécie          10
Tu es pas une femme, Émilie, tu es un cerveau sans cœur !
Commenter  J’apprécie          10
Henri Douville faisait son travail honnêtement.

Il détestait ses pairs qui jugeaient trop sévèrement une institutrice en interrogeant les élèves au hasard.

Henri Douville, lui, avait un jour décidé que l'école était faite pour apprendre et il connaissait les difficultés éprouvées par les enfants qui voulaient y être de façon assidue.

Les parents, selon lui, ne les encourageaient pas suffisamment, n'ayant pas compris ce que lui, Douville, avait compris.

L'instruction deviendrait une nécessité.

À preuve, les frères Saint-Gabriel avaient entrepris depuis quelques mois la construction d'un collège à Saint-Tite même.

Henri Douville avait eu le privilège d'étudier dans un collège et il espérait que quelques-uns des élèves assis devant lui voudraient en faire autant.

Aussi se gardait-il de décourager la moindre ambition.
Commenter  J’apprécie          10
— Moi, si tu veux savoir, je pense qu'on a toujours caché que le Bon Dieu était marié pis que c'est sa femme qui a inventé l'histoire du carême juste pour pas montrer que les provisions commençaient à descendre pis pour être capable de se rendre jusqu'aux premières récoltes.

Parce qu'entre toi pis moi, demander au monde de pas manger pendant quarante jours avec des froids comme on en connaît, ça a juste pas d'allure...
Commenter  J’apprécie          10
Elle lui dit qu'elle espérait qu'elle et Arthur seraient aussi heureux qu'eux.

Elle lui avait finalement demandé leur secret.

" C'est pas un secret.

On s'aime.

On aime ça être ensemble.

Aller au lac ensemble.

Manger ensemble.

Faire des projets pour l'avenir.

Pis, on aime ça dormir ensemble."
Commenter  J’apprécie          10
Ça sent presque aussi bon que mon atelier.

Mais ici, c'est la pâte de bois qu'on respire.

C'est pas possible, Émilie, mais pour faire du papier ordinaire, ça prend quatre-vingt-dix-neuf point cinq pour cent d'eau pis juste un demi pour cent de pâte de bois.

Nous autres on appelle ça de la fibre.

— De l'eau ?

— Oui, madame, c'est avec de l'eau qu'on fait le papier.

Pis un p'tit peu de bois, bien sûr.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Arlette Cousture (921)Voir plus

Quiz Voir plus

Victor Hugo- Quiz sur sa vie et ses oeuvres

Quand est né Victor Hugo ?

le 23 février 1802
le 26 févier 1852
le 26 février 1802
le 23 février 1803

29 questions
71 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}