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Citations de Arthur de Gobineau (35)


Qui veut trop prouver ne prouve rien
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il existe peu d'hommes aujourd'hui dont le bonheur et la force vitale ne résident en dehors d'eux-mêmes, dans un autre être ou dans une chose. Presque chacun ressemble à l'embryon : il reçoit ce qui le fait vivre d'un foyer de vie qui n'est pas le sien, et, si on l'en sépare mal à propos, il est douteux, sinon impossible, qu'il subsiste à son aise.
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À vingt ans j'étais laid et le savais; jugez si à quarante-cinq j'ai des prétentions à me mettre à côté d'Adonis ! Cependant j'ai eu quelquefois en ma vie occasion de reconnaître que la beauté ne fait pas la séduction, ou du moins que la séduction s'en passe aisément.
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Il ne fait que reproduire l'opinion unanime des érudits qui s'occupent des écriture cunéiformes. Corriger, modifier, rectifier les textes est le précieux de leurd droits. Ils en usent largement et avec tout l'orgueil impérieux de la conquête; aucun texte n'est à l'abri de leurs rigueurs : rédaction assyrienne, rédaction de pa première espèce, rédaction de la deuxième, ils n'en ménage aucune; mais sur ce dernier terrain il s'élève encore des difficultés particulières qui sont venues leur conseiller une autre façon d'agir avec l'assyrien.
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JULES II
Tu n'es qu'un artiste; mais moi qui pénètre ce qu'il faut avoir d'énergie dans l'âme pour créer des êtres de pierre et leur souffler la vie, je te parlerai comme à mon égal.
LE BRAMANTE
Moi aussi, Très Saint-Père, je comprends l'oeuvre que vous imaginez.
JULES II
Tu comprends la difficulté de mettre l'ordre au sein de ces ruines accumulées sur l'Italie par des siècles sauvages et les scélératesses de mon prédécesseur. Ce pays misérable est plus souillé que les étables pour lesquelles il fallut un hercule. Au milieu des pierres écoulées, des ronces, des herbes vénéneuses, les serpents et les crapauds se complaisent, se gonflent, et pourtant, Bramante, ces décombres, ces fourrés impurs, ce sont les restes sacrés d'un passé magnifique ! Je le veux transformer en un paradis aussi beau que celui des livres saints.
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Jean se mit à divaguer. Tout naturellement il compara Corisande à Magdelaine, et bien que décidé à rester fidèle jusqu'à la mort, il ne put faire que la comparaison ne tournât entièrement à l'avantage de sa nouvelle connaissance. Pour rendre justice à notre héros, cette conclusion ne lui plut point et lorsqu'il s'aperçut du tour que son esprit jouait à son cœur, il en fut très marri, mais le mal était fait et il ne lui resta plus qu'à se rejeter sur les vertus transcendantes de Mlle Magdelaine. Sur ce terrain son amour fut plus solide au pied et se pavana à loisir.
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Les gens me disent à la fois votre père et votre amant ? Laissez, Lucrèce, laissez le monde, laissez cet amas de vermisseaux ridicules autant que débiles imaginer sur les âmes fortes les contes les plus absurdes. Sachez désormais que, pour ces sortes de personnes que la destinée appelle à dominer sur les autres, les règles ordinaires de la vie se renversent et le devoir devient tout différent. Le bien, le mal, se transportent ailleurs, plus haut, dans un autre milieu. La grande loi du monde ce n'est pas de faire ceci ou cela, d'éviter ce point ou de courir à tel autre : c'est de vivre, de grandir et de développer ce qu'on a en soi de plus énergique et de plus grand, de telle sorte que d'une sphère quelconque, on sache toujours s'efforcer de passer dans une plus large, plus aérée, plus haute. Ne l'oubliez pas. Marchez droit devant vous. Ne faites que ce qu'il vous plait, tant que cela vous sert. Abandonnez aux petits esprits, à la plèbe des subordonnés, les langueurs et les scrupules. Il n 'est qu'une considération digne de vous ; c'est l'élévation de la maison Borgia, c'est votre élévation à vous-même.
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MACHIAVEL.
Tu as du cœur, mais souviens-toi que l'intérêt de la patrie passe avant le tien. Tout est en ébullition ; l'eau est chaude, brûlante, bouillante. La population entière se met en émotion furieuse. Ah! Michel-Ange, quel beau moment! Je vais voir la liberté, l'ordre régulier, un gouvernement sage ailleurs que dans les pages mortes des vieux livres, et sous les abstractions de mes rêveries! Ce qui existe à Florence d'hommes dignes de ce nom est avec nous; Soderini, Valori, Vespuccio, Marsile Ficin, les savants, les artistes, ce qui pense grandement, ce qui veut le bien des hommes!

MICHEL-ANGE.
Je ne suis pas avec vous. Je ne veux pas de vous. Je suis le protégé des Médicis, et n'aime pas que Frère Jérôme, au lieu de continuer à nous prêcher la vertu comme naguère, se mêle de la chose publique.

MACHIAVEL.
Il s'en mêle pour le bien, et quand on peut agir, il faut agir. L'action seule est digne d'un homme.
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Je n’imagine que ce que je vois : cette solitude morale, absolue, sans contraste, qui s’épaissit autour de nous… Peur ? Je n’ai pas peur ; ou, du moins, je n’ai pas précisément peur… mais, au premier abord, je ne voyais, je ne comprenais que la superficie des choses et l’apercevant comme elle est, bariolée et mouvante, je m’en amusais et ne supposais pas le dessous. Mais, maintenant, prends-tu garde toi-même que nous sommes entourés par l’inconnu, par l’étrangeté incommensurable, sans bornes ? Que tout ce que nous approchons, nous regarde comme nous le regardons nous-mêmes, et cela sans nous comprendre, comme aussi nous ne comprenons pas ? (…) Tiens ! (…) ce Kerbelay-Houssein, lui-même, dont nous célébrons l’honnêteté et la droiture, depuis que nous le connaissons, savons-nous bien ce que lui-même appelle droiture et honnêteté ? Qu’y a-t-il de commun entre ces gens-là et nous ? Eh bien ! oui, j’ai peur ! Je voudrais me retrouver dans un autre pays, dans le nôtre, dans celui que nous avons contemplé toute notre vie, qui n’a pas de mystère et d’inconnu pour nous ; pour lequel nous sommes faits, et qui est fait pour les natures que nous avons reçues du ciel ! Je voudrais voir les gens que nous pouvons reconnaître, sur le visage desquels nous sommes accoutumés à lire, et qui comprennent le bien et le mal de la même façon que nous ! Enfin, Valerio, oui, c’est vrai, je me sens perdue ici ; nous sommes tout seuls, et, j’en conviens, j’ai peur ! j’ai peur ! j’ai peur ! Je ne veux pas rester ici ! Allons-nous-en
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On voulut l'envoyer aux Iles. Il s'échappa, se cacha dans le jardin d'une dame philosophe et philanthrope, et, découvert, raconta son histoire. Par bonheur, cette dame avait ce jour-là autour d'elle plusieurs personnes invitées à dîner, et parmi ces convives, M. Diderot, M. Rousseau de Genève, et M. Grimm.
Le récit du vagabond déguenillé servit de texte heureux à différentes considérations trop justes, hélas! sur l'ordre social. M. Rousseau de Genève embrassa publiquement Irnois en l'appelant son frère; M. Diderot l'appela aussi son frère, mais il ne l'embrassa pas; quant à M. Grimm, qui était baron, il se contenta de lui faire de la main un geste sympathique en l'assurant qu'il voyait en lui l'homme, ce chef-d'œuvre de la nature.
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Quand vous reviendrez, on vous donnera un emploi qui vous fera peut-être entrer dans ce que le langage moderne appelle superbement «la vie pratique», c'est-à-dire dans toutes les platitudes, les niaiseries, les lâchetés de l'existence actuelle.
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Louis XII, au comble de la joie, commença la campagne avec l'impétuosité ordinaire aux Français. Il se jeta sur les provinces convoitées, fondit sur l'armée vénitienne et la battit à plate couture à Agnadel. Ce fut un beau triomphe. Il fut remporté sur un des plus grands hommes de guerre de ce temps, l'Orsini, Barthélémy Alviane, soldat plein de bravoure et de génie.
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L'Allemagne riche, savante, habile aux libertés locales, gravitait de son côté vers l'Italie, tout comme la France, le Portugal, l'Espagne. Il est bien vrai que les souverains de ces pays ne songeaient qu'à des satisfactions ambitieuses et les courtisans à des occasions de fortune, mais au-dessus de ces mobiles particuliers, un mobile bien autrement fort était celui qui mettait en branle l'esprit du siècle.
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Arthur de Gobineau
J’ai tâché de répudier l’idée vraie ou fausse de supériorité sur les peuples que j’étudiais. J’ai voulu me placer, autant que possible, à leurs différents points de vue, avant de prononcer un jugement sur leurs façons d’être ou de sentir et, surtout, je me suis défendu, autant que possible, des conclusions brillamment creuses qui, de toutes, sont aujourd’hui les plus goûtées car, faire des phrases, n’y pas croire et les admettre cependant est le principal caractère du temps.
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La beauté est belle ; la passion, l'amour absolu, sont plus beaux et plus adorables. Jamais idole si parfaite, que l'ait imaginée ou faite l'ouvrier, n'approche en perfection d'un visage où l'affection dévouée répand cette inspiration toute céleste.
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Si, en Chine, un certain niveau de connaissances atteint tout le monde, ou presque tout le monde, il en est de même parmi les Hindous : chacun, dans sa caste, est animé d’un esprit séculaire, et connaît nettement ce qu’il doit apprendre, penser et croire. Chez les bouddhistes du Thibet et des autres parties de la haute Asie, rien de plus rare que de rencontrer un paysan ne sachant pas lire. Tout le monde y a des convictions pareilles sur les sujets importants.

Trouvons-nous la même homogénéité dans nos nations européennes ? La question ne vaut pas la peine d’être posée. À peine l’empire gréco-romain nous offre-t-il des nuances, des couleurs aussi tranchées, non pas entre les différents peuples, mais je dis dans le sein des mêmes nationalités. Je glisserai sur ce qui concerne la Russie et une grande partie des États autrichiens ; ma démonstration y serait trop facile. Voyons l’Allemagne, ou bien l’Italie, l’Italie méridionale surtout ; l’Espagne, bien qu’à un moindre degré, présenterait un pareil tableau ; la France, de même.

Prenons la France : je ne dirai pas seulement que la différence des manières y frappe si bien les observateurs les plus superficiels, que l’on s’est aperçu depuis longtemps qu’entre Paris et le reste du territoire il y a un abîme, et qu’aux portes mêmes de la capitale, commence une nation tout autre que celle qui est dans les murs. Rien de plus vrai ; les gens qui se fient à l’unité politique établie chez nous pour en conclure l’unité des idées et la fusion du sang, se livrent à une grande illusion.

Pas une loi sociale, pas un principe générateur de la civilisation compris de la même manière dans tous nos départements. Il est inutile de faire comparaître ici le Normand, le Breton, l’Angevin, le Limousin, le Gascon, le Provençal ; tout le monde doit savoir combien ces peuples se ressemblent peu et varient dans leurs jugements. Ce qu’il faut signaler, c’est que, tandis qu’en Chine, au Thibet et dans l’Inde, les notions les plus essentielles au maintien de la civilisation sont familières à toutes les classes, il n’en est aucunement de même chez nous. La première, la plus élémentaire de nos connaissances, la plus abordable, reste un mystère fort négligé par la masse de nos populations rurales : car très généralement on n’y sait ni lire ni écrire, et on n’attache aucune importance à l’apprendre, parce qu’on n’en voit pas l’utilité, parce qu’on n’en trouve pas l’application. (pp. 102-104)
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