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Citations de Avraham B. Yehoshua (55)


Avraham B. Yehoshua
"Si je suis un homme de gauche, c'est avant tout parce que je crois au changement : on peut changer l'homme."

( Un grand écrivain, un grand homme qui refusait de désespérer. Il vient de nous quitter le 14 juin dernier à 85 ans).
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....c’est uniquement dans les livres de philo ou dans des romans de gare que la souffrance physique purifie l’âme. Dans la vie réelle, elle est humiliante et superflue.
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Avraham B. Yehoshua
… je crois que la France est le seul pays où des livres ont pour unique sujet le bonheur. C’est un but que vous placez au-dessus de tout.
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Elle aime cette grand-mère, athée endurcie qui, malgré cela, prend garde d'ébranler la foi juive de son unique petite-fille. « Comment se fait-il que tu t'en fiches, Grand-Mère, la titille souvent Rachele, que ta fille soit passée de chrétienne à juive ?

— Comme, pendant la grande guerre, explique la grand-mère, les juifs ont perdu tellement des leurs, il fallait bien les dédommager et leur transférer quelques Italiens en cadeau.

— Mais ce n'est pas un simple cadeau, chicane Rachele, ce sont des Italiens qui changent leur Dieu.
— Dieu n’existe pas, rétorque Grand-Mère, ni pour les uns, ni pour les autres, et il n'y a rien à changer. En fait, rien ne change, et, en fin de compte, tous restent uniquement des êtres humains.
— Dans ce cas, objecte Rachele, pourquoi toi, qui ne crois pas en Dieu, à Noël, tu vas tout de même à l’église ?

— Ce n'est pas à cause de je ne sais quel Dieu, mais pour les chants et la musique, réplique la grand-mère, et c'est pourquoi je ne m’agenouille pas et que je n'ouvre aucun missel, je me contente de m'asseoir comme au théâtre, pour montrer que, pour moi, la liturgie n’est qu'un spectacle. »
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Comment se fait-il qu'un médecin autrichien fidèle à sa patrie ait été disposé, pendant cette guerre-là, à sauver la vie d'une juive et de mettre au monde son enfant.

Et avant même que l’instituteur ait fini de traduire la question, la réponse fuse déjà dans la bouche du vieil homme, et, à en juger par le débit de sa parole, il semble que cela faisait un certain temps qu'il s'y était préparé, qu'un beau matin le nourrisson en personne apparaîtrait pour poser cette question, bien qu'il ne s'attendît pas à ce qu'il surgisse précisément à moto.

«Eh bien voilà, monsieur Luzzatto, dit l’instituteur qui commence à traduire en dialecte tyrolien la réponse autrichienne de son père. Une jeune juive, au neuvième mois de sa grossesse, à bout de forces et en sang, lui fût amenée à Noël 1943, et, ici, l’état d esprit des gens était déjà moins euphorique car ils craignaient que l'issue de la guerre ne soit compromise. Et lorsqu'on a amené cette Jeune Juive en danger de mort, mon père espérait encore que l'armée allemande saurait surmonter la catastrophe de Russie et conquérir Moscou, et que l’occasion se présenterait de nouveau d'envoyer cette femme avec son nourrisson au lieu final où aboutiraient tous les juifs, mais il s'est dit qu'en cas de défaite, la juive et son bébé mis au monde par un médecin allemand pourraient témoigner en faveur de sa famille, et aussi du village. »

Racheté chuchote à l'oreille de son père : « Qu'est-ce qu'il dit ? Qu'est-ce qu'il explique ?

— Plus tard, plus tard », murmure Ricardo — épouvanté, ému, amusé, effrayé par l’explication franche du médecin.
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« Hélas et à ma grande honte en tant que citoyen israélien, et surtout en tant que fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, au cours des dernières années, l’essentiel de l’exportation et de l’aide d’Israël aux pays en voie de développement d’Afrique et d’Asie porte sur des systèmes d’armes et une expertise militaire sophistiquée. Des officiers supérieurs, retraités à un âge relativement jeune, ne se contentent pas des pensions confortables que l’appareil militaire leur verse, mais ils sont saisis par la fièvre de gagner, et le plus rapidement possible, un véritable pactole. Ils profitent du savoir-faire accumulé pendant leurs années de service militaire, pas forcément sous le feu des champs de bataille, mais, le plus souvent, en manipulant confortablement des ordinateurs et des systèmes électroniques secrets dans des bunkers protégés. Et pour quelle haute mission ? S’aboucher avec des marchands douteux, des trafiquants d’armes internationaux qui proposent à des dirigeants tyranniques et corrompus d’accroître leur emprise sur leurs peuples et de réprimer d’une main de fer leurs opposants, grâce au savoir-faire et à l’expérience militaires israéliens. »
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- Papa, le monde n'a pas besoin d'autres dieux, il y en a déjà trop.

- Alors, que souhaites-tu voir venir au monde ?

— Quelqu'un qui reste avec moi.

— Avec toi ?

— Oui, avec moi. Non pas un dieu, mais un frère, un frère, tout simplement, un frère qui restera avec moi lorsque tu ne seras plus là.
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Avraham B. Yehoshua
Cet amour-là, même moi, un paysan, j'en sais quelque chose. Quand je partage une pomme en deux, je pense que les deux moitiés ont envie de se rassembler, ce qui ne m'empêche pas de les découper encore en plusieurs quartiers.
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Ma pauvre Daffy, me dis-je, cette nuit encore sera une nuit blanche.
Horizons lumineux de mes nuits sans sommeil. Au début, la veilleuse. Ensuite la grande lumière de la chambre. Celle du couloir, le néon de la cuisine, enfin la petite ampoule du réfrigérateur.
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De quelle révolution parlent-ils donc ? C'est la guerre, rien que la guerre.
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Noga rit en son for intérieur : ces Néerlandais n’ont donc aucun autre souci ? Leurs guerres sont finies depuis soixante-dix ans. Leur regard brille encore de l’autosatisfaction d’appartenir au camp de la morale. Ils ont su décamper à temps des colonies qu’ils menaient à la baguette dans le Sud-Est asiatique. Le nouveau terrorisme mondial les oublie. L’euro est stable, leur économie, forte et le chômage, bas : il ne leur reste plus qu’à s’inquiéter pour ma mère…
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"A propos, la consule, à quoi ressemble-t-elle ?
-A une girafe...
-Une girafe, ah, ah, je l'aurais parié, à sa façon de s'exprimer et à sa voix surexcitée. Un vrai moulin à paroles, celle-là. Je ne me rappelle d'ailleurs pas la moitié de ce qu'elle m'a débité.
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"Cet amour-là, même moi, un paysan, j'en sais quelque chose. Quand je partage une pomme en deux, je pense que les deux moitiés ont envie de se rassembler, ce qui ne m'empêche pas de les découper encore en plusieurs quartiers."
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Nous, c'est un amant que la dernière guerre nous a pris. Nous avions un amant et il a disparu. Avec la vieille voiture de sa grand-mère. Six mois ont passé, et nous sommes toujours sans nouvelles de lui. Pourtant, nous disons-nous, ce pays est si petit, si intime, que l'on pourrait, si l'on s'en donnait la peine, se découvrir des liens de parenté avec le plus éloigné de ses habitants. Et soudain, un homme disparaît sans laisser de traces, englouti dans l'abîme de la guerre. Toutes les recherches restent vaines. Si encore j'avais la certitude qu'il a été tué, j'abandonnerais l'idée de le retrouver. De quel droit m'entêterais-je à retrouver un amant alors que d'autres ont perdu un fils, un père, un mari ? Comment l'expliquer ? Je suis sûr qu'il est encore en vie. Il n'a pas pu être tué. Pas lui.
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— Mais l’année de deuil n’est pas terminée, et on dit qu’après les trente jours de deuil, il est interdit de se rendre sur la tombe avant la fin de la première année.
— Peu importe ce qu’on dit, l’interrompt-il, un rien courroucé. Peu importe le délai écoulé : quand on aime son père, on se rend sur sa tombe pour fortifier son amour pour lui.
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[Dans un procès pour bigamie, le juge d'une communauté juive de Rhénanie s'attend à ce que la seconde épouse séfarade se plaigne de la première]
Ce que cette jeune femme affirme en effet, c'est que non seulement elle ne voit aucun mal à ce qu'elle-même soit doublée, mais elle désire, de son côté, doubler de même. Et par conséquent, alors qu'elle n'a rien à reprocher à la première épouse, dont elle a appris à apprécier la gentillesse et la patience tout au long du voyage, elle sent s'éveiller en elle une immense jalousie à l'égard du mari unique, qui a deux épouses, alors qu'elles n'ont, elles, qu'un seul époux. (...)
Mais par ailleurs, la colère et l'amertume de l'audacieuse Maghrébine emplissent le petit espace et ne laissent pas de place au doute : ce qui, pour la deuxième épouse, constitue une menace, ce n'est pas la duplication, c'est l'unicité. Egaré, éperdu, incapable de se dominer ni d'empêcher la curiosité de s'emparer de lui, l'arbitre pose alors une question étrange et fatidique, qu'il regrette avant même d'avoir fini de la prononcer :
"... un deuxième mari ? Comme qui, par exemple ?"
(...) "Mais comme vous, messire, comme vous, par exemple."
Précise et bien acérée, la flèche que l'on vient de lui décocher pénètre son âme et la remplit d'un plaisir inconnu en même temps qu'elle l'empoisonne d'un effroi nouveau. C'est maintenant, maintenant seulement, qu'il comprend le sens exact et la raison profonde de la rigidité judéo-rhénane, qu'il comprend pourquoi est aussi absolue l'interdiction que la communauté tout entière s'efforce de lui transmettre de derrière la draperie : "Doubler signifie multiplier ; et quand on multiplie, c'est à l'infini."
pp. 367-368
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A la nuit tombée, le rythme de Jérusalem s'apaise.
En quelques minutes, Eléazar la conduit jusqu'au quartier de Talbieh qui s'enorgueillit d'abriter la résidence du président israélien, celle du Premier ministre et un théâtre mitoyen d'une ancienne léproserie. Pour le plaisir, il fait deux fois le tour de la vaste place Salameh, dévale la rue Marcus, puis s'engage dans un dédale de petites rues avant d'aboutir à une ruelle étroite nommée Amants-de-Sion, aux anciennes et belles maisons basses en pierre taillée.
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"Votre film m'a émue et m'a donné matière à réflexion, mais pourquoi la fin est-elle si obscure et si dénuée de sens ?
- La fin ? sourit Mozes.
- Oui, la fin.
- La fin représente toujours un compromis entre ce qui a existé et ce qui n'existera plus jamais."
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C'est une lumière, père dans laquelle s'affrontent deux lumières, la jaune pâle qui coule librement du désert, et la bleue pâle née de la mer, qui monte lentement sur les collines et recueille la lumière des oliviers et des rochers jusqu'à ce qu'elles s'imprègnent l'une l'autre à Jérusalem, se dominent mutuellement et se mêlent à l'heure vespérale en une couleur de vin clair, qui tombent des arbres de branche en branche et prend un ton de cuivre rouge qui, en touchant le bord de la fenêtre enflamme toute l'assemblée et la dresse d'un bond sur ses pieds pour rugir la prière de clôture qui inonde l'onde et se coagule dehors dans une grande oraison.
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Par l’art, nos faiblesses et nos humiliations se transforment en beauté.
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