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EAN : 9782246818267
300 pages
Grasset (13/02/2019)
3.9/5   15 notes
Résumé :
Zvi Louria commence à perdre la mémoire.
Il a 73 ans, ingénieur à la retraite depuis cinq ans. D’abord, ce sont seulement les prénoms des uns et des autres qui lui échappent, mais quand il manque de repartir du jardin d’enfant avec un garçon qui ressemble à son petit-fils, il consulte un neurologue. Le diagnostic – une atrophie du lobe frontal – est certes sévère, mais assorti de quelques encouragements du médecin : ce dernier conseille à Zvi et son épouse ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Alzheimer, démence....des termes que je pense sont familiers à beaucoup d'entre nous, ayant des parents ou grand-parents âgés, des mots qui font peur, non sans raison.
Eh bien Yehoshua débute son livre chez un neurologue qui reçoit un couple dont le mari, soixante-dix ans passé a quelques difficultés de mémoire qui commencent à s'avérer sérieuses. le diagnostic est un probable début de démence. Pour ce monsieur, ingénieur retraité, ex-constructeur d'autoroutes et tunnels d'Israel, dont se gaussent encore sa femme et ses enfants, cette fois-ci c'est un tunnel dont il n'en maîtrise pas la construction, le trou noir. le pire est que ce diagnostic va devenir partie intégrante de sa personnalité, voir une obsession. Pour y remédier, suivant les conseils du neurologue, sa femme Dina va le rabibocher dans une histoire de routes, d'échangeurs et de tunnels comme assistant bénévole afin qu'il puisse mieux lutter contre l'atrophie rongeant son cerveau. Car cette maladie est étrange, elle semble pulvériser les prénoms et les actes mais respecte au contraire son bagage professionnel. Pourtant il s'avère difficile de comprendre quand ses oublis sont réels et quand il simule, surtout pour sa femme. En plus il a l'air de se délecter de cette démence qu'il balance à tout bout de champs comme un gosse, pourtant il est loin d'être maboul !.......

Un roman politique, où Yehoshua intellectuel engagé à gauche, militant pour la paix et un état binational, revient sur le conflit israélo-palestinien qui déchire le pays, les bédouins pourchassés, les palestiniens réfugiés sans identité et l'Etat corrompu....
Mais surtout un roman intime, dédié à sa femme Ika disparue en 2016 qui relate avec une infinie tendresse, l'histoire d'amour d'un couple vieillissant.

Ma passion pour la Littérature israélienne a débuté il y a plusieurs années avec un livre de Yehoshua que j'avais adoré, Shiva. C'est pourquoi il est pour moi un auteur fétiche qui m'a ouverte les portes d'une Littérature extrêmement riche, féconde et colorée et d'une sensibilité particulière à un pays qui vit dans une tension permanente. Ce n'est pas son meilleur livre, mais c'est un grand auteur dont tous les livres se lisent avec grand plaisir.


“Le cerveau est rusé : lorsqu'on vient à étudier ses maladies et ses faiblesses, il est capable, parfois, de se travestir en cerveau sain et normal.”
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A 73 ans, Zvi Louria, retraité des « Ponts et Chaussées » israéliens, apprend que son cerveau présente les premiers signes de la maladie d'Alzheimer. le neurologue interdit tout fatalisme et encourage Zvi Louria à reprendre une activité intellectuelle. Son épouse, Dina, une pédiatre encore en activité, le pousse alors à proposer bénévolement son expertise d'ingénieur à son ancien employeur…

Abraham Yehoshua évoque avec une grande finesse la tendresse d'un couple face à l'épreuve de la maladie. Les dialogues révèlent une grande complicité et par les petits gestes et mots quotidiens, l'auteur nous fait pénétrer dans l'univers de ses personnages attachants qui ont beaucoup d'attachement et d'attentions l'un pour l'autre.

Comment faire face à la perte progressive de sa mémoire et de son activité alors que l'on est encore conscient ? Yehoshua prend le parti de l'humour, délaissant le pathos, et mettant parfois son héros dans des situations embarrassantes. Mais il adresse également un message courageux à ses compatriotes, sous couvert d'une fiction, en dépeignant la société israélienne dans toutes ses contradictions et en incluant, sous forme de métaphores subtiles, un volet politique dans son propos.

Toujours bienveillant, artisan du dialogue et de la fraternité entre les communautés, Abraham Yehoshua mêle habilement la question de la perte de la mémoire à celle des identités israélienne et palestinienne. Sous forme d'allégorie politique, un roman d'une profonde humanité sur l'identité et la mémoire.
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Le tunnel nous donne l'occasion de retrouver toute l'humanité d'Avraham B.Yehoshua, décédé le 14 juin de cette année.
Il était, avec Amos Oz, l'un des écrivains israéliens les plus engagés dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Contrairement à son ami, il préconisait, après avoir défendu une solution à deux Etats, un Etat binational.
Le tunnel reflète l'ensemble des préoccupations et des convictions de l'écrivain.
Nous y retrouvons, comme souvent dans ses romans, un couple vieillissant, copie conforme de celui qu'il devait former avec sa femme psychanalyste. Lui, ingénieur des Ponts et Chaussées à la retraite, est atteint d'un début de maladie d'Alzheimer, et elle, pédiatre, se prépare à mettre fin à sa carrière. Pour ralentir les effets de la maladie, elle l'encourage à accompagner bénévolement un jeune ingénieur en charge d'un projet de construction de route dans le désert du Néguev, là où s'est réfugiée une famille de palestiniens.
Le tunnel se lit à plusieurs niveaux. le premier, abordé avec distanciation et humour, est celui d'un homme qui élabore des stratégies pour lutter contre le processus de destruction progressive de sa mémoire, et qui en joue dans le cadre de ses relations sociales. Ses difficultés concernent, dans un premier temps, les prénoms et seuls les prénoms arabes sont mémorisés...
Le deuxième niveau, déjà développé dans de précédents romans, La mariée libérée ou Un feu amical, concerne l'amour conjugal au sein d'un couple de personnes âgées, mariées depuis de très longues années. A.Yehoshua, affecté par le deuil récent de sa femme, n'a pas son pareil pour nous faire partager le quotidien et la relation des deux protagonistes, faite de complicité, de confiance, de bienveillance, d'inquiétude, et de chamailleries aussi.
La dernière strate de ce livre, à la construction parfaitement agencée, est relative, bien sûr, à l'histoire d'Israël et au conflit avec les palestiniens. L'écrivain développe la métaphore du tunnel pour dessiner une voie de passage et une issue entre les deux peuples.
Livre sur l'histoire, la mémoire et les identités, le tunnel est un excellent point d'entrée dans l'oeuvre d'A.B.Yehoshua.
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Louria, personnage principal de l'histoire, est un ingénieur récemment retraité du Ministère des ponts et chaussées. Lors d'une visite chez le neurologue, on lui diagnostique un début de démence, une atrophie du lobe frontal. Avec les encouragements du médecin, Zvi Louria décide de ne pas se laisser abattre et de résister à l'emprise de la maladie dégénérative sur sa conscience et sur les activités quotidiennes.

Lors d'une rencontre fortuite avec le fils d'un ancien collègue du Ministère, Louria décide de s'associer bénévolement au projet de construction d'une route secrète pour l'armée israélienne, dont il a reçu la mission. L'auteur fait entrer le lecteur dans l'univers psycho-social de Louria chez qui la maladie laisse peu à peu des traces tangibles. La symbolique d'un tunnel à construire sous un montagne où on trouve des artefacts de cultures anciennes est une analogie forte du tunnel qui s'installe peu à peu dans la mémoire de Louria.

L'art de raconter, les dialogues, l'évocation des faits et événements, l'interaction du personnage principal avec les secondaires, l'écriture en soi font de cette oeuvre un roman sensible, plein d'humanitude. Simone Monet C. a écrit : « Ma vie comme rivière »; c'est la sensation que j'ai eue en lisant cette oeuvre. La sagesse du vieil écrivain, né en 1936, invite à la sensibilité de ce que vit la personne atteinte de démence et aborde la douce virulence d'une maladie incurable.
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Zvi Louria, 73 ans, ancien ingénieur aux Voies d'Israël -l'Equipement- commence à avoir des problèmes de mémoire. Il oublie les prénoms des gens. Un neurologue détecte en effet un début d'atrophie dans le lobe frontal, signe de dégénérescence -de démence, dit Zvi. le médecin recommande de reprendre une activité professionnelle afin de faire travailler le cerveau. Avec l'aide de sa femme Dina, pédiatre, Zvi est recruté comme assistant bénévole par Assaël Mimouni, jeune ingénieur, pour la construction d'une route secrète pour l'armée dans le désert du Néguev. La construction de la route doit entraîner la destruction d'une colline sur laquelle une famille palestinienne s'est réfugiée. Assaël souhaite éviter cela en perçant un tunnel sous la colline et il espère que le nom de Zvi Louria, autrefois spécialiste des tunnels, pourra l'aider à convaincre les autorités qu'il s'agit de la bonne solution.

Le premier sujet du roman c'est la relation de Zvi et Dina Louria, un amour attentionné et tendre que j'ai trouvé charmant, et leur réaction de couple face à la maladie. Avraham B. Yehoshua dédie ce roman -qui est son dernier- à Ika -sa femme, morte deux ans avant la parution- "infiniment aimée".

Le second sujet c'est la construction de cette route qui ne mène nulle part et qui n'est en fait qu'un prétexte pour évoquer la situation des Palestiniens. Il est question d'une femme malade du coeur et morte faute d'avoir pu bénéficier d'une greffe car elle était Palestinienne. Il est question d'une association israëlienne, "Sur la voie de la guérison", dont les bénévoles vont chercher aux postes de contrôle des enfants palestiniens malades afin de les faire soigner dans des hôpitaux israëliens.

Il y a, à l'occasion, une pointe d'humour comme lorsque, après un accident de la circulation, Zvi informe un policier de sa démence. Son permis de conduire lui est alors confisqué jusqu'à ce que le neurologue de la police se prononce car, dit l'officier "nous devons examiner la tête de tout le monde, même du Premier ministre, mais qui nous autoriserait à le faire? Pour le moment nous nous contenterons de ceux qui, de leur plein gré, avouent leur démence".

Malgré ces aspects positifs mon avis est mitigé car le rythme du récit est lent et j'ai donc trouvé parfois le temps un peu long. Je me demandais quand je verrai enfin le bout du tunnel.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
14 mars 2019
Le grand écrivain israélien Avraham Yehoshua, 82 ans, reste un immense conteur. Il peut nous conter une histoire, celle d’un homme de 73 ans à qui on découvre un début de démence, et en donner une portée universelle sur la vieillesse et l’amour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
08 mars 2019
Avec Le Tunnel, Avraham B. Yehoshua invite à la réconciliation. Le nouveau roman de l’écrivain israélien est bâti autour d’un couple âgé de Tel-Aviv et de Palestiniens en péril qui, dans le désert du Néguev, trouveront à s’entraider.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
04 mars 2019
Figure incontournable de la gauche israélienne, l’écrivain publie l’un de ses plus beaux romans.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaCroix
04 mars 2019
Atteint de la maladie d’Alzheimer, un ingénieur à la retraite retrouve sens à l’existence. À l’allégorie politique fustigeant la tyrannie de la mémoire, Le Tunnel mêle un magnifique roman sur l’amour conjugal et la permanence du désir.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Lexpress
18 février 2019
Ténor de la littérature israélienne, il publie Le Tunnel, roman plein de finesse sur la mémoire et l'identité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Hélas et à ma grande honte en tant que citoyen israélien, et surtout en tant que fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, au cours des dernières années, l’essentiel de l’exportation et de l’aide d’Israël aux pays en voie de développement d’Afrique et d’Asie porte sur des systèmes d’armes et une expertise militaire sophistiquée. Des officiers supérieurs, retraités à un âge relativement jeune, ne se contentent pas des pensions confortables que l’appareil militaire leur verse, mais ils sont saisis par la fièvre de gagner, et le plus rapidement possible, un véritable pactole. Ils profitent du savoir-faire accumulé pendant leurs années de service militaire, pas forcément sous le feu des champs de bataille, mais, le plus souvent, en manipulant confortablement des ordinateurs et des systèmes électroniques secrets dans des bunkers protégés. Et pour quelle haute mission ? S’aboucher avec des marchands douteux, des trafiquants d’armes internationaux qui proposent à des dirigeants tyranniques et corrompus d’accroître leur emprise sur leurs peuples et de réprimer d’une main de fer leurs opposants, grâce au savoir-faire et à l’expérience militaires israéliens. »
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....c’est uniquement dans les livres de philo ou dans des romans de gare que la souffrance physique purifie l’âme. Dans la vie réelle, elle est humiliante et superflue.
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"Allons Zvi, on continue sur e sentier monotone, mais ne t'en fais pas, en vue du sommet, on va trouver des marches, bon, brisées et tordues mais commodes et agréables." p.169
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- Tout de même, est-il permis d’effacer, au bénéfice d’une route militaire, une colline abritant des vestiges archéologiques d’une importance capitale ?
- Cela dépend des anciens occupants de ces vestiges. S’ils appartiennent à d’autres peuples, nous avons chez nous des bureaucrates qui ne seraient que trop heureux de les raser.
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Par l’art, nos faiblesses et nos humiliations se transforment en beauté.
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Videos de Avraham B. Yehoshua (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Avraham B. Yehoshua
15 juin 2022 Claude Sitbon, évoque le souvenir de son ami A.B. Yehoshua, décédé avant-hier : “Il était pleinement francophone. Ses parents parlaient français et son épouse aussi.”
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