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Citations de Bernadette Pécassou-Camebrac (142)


Le soleil inonde le bureau par les fenêtres grandes ouvertes, le fleuve en contrebas roule vers l’océan, et au loin, les voiles des barques de pêcheur claquent dans la lumière.
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Au quartier général, Pierre de Lancre multiplie arrestations et condamnations. La troublante Lina lui apporte une aide inespérée, et Jean d’Espaignet n’étant plus dans ses pattes, il avance sur une terre de plus en plus soumise. Non seulement personne n’ose émettre la moindre réticence ni réclamer son indulgence, mais des individus de toutes conditions et de tous âges lui livrent de nouvelles victimes. La délation gangrène les familles les plus unies. On accuse pour tout et n’importe quoi. Pour se protéger, pour éloigner la mort, pour de vieilles rancœurs, d’anciens conflits.
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Contrarié par l’esclandre de la femme, Pierre de Lancre comprend qu’il va devoir affronter une succession de problèmes. Ici, tout le monde se connaît. Les uns interviendront pour une raison familiale, les autres par amitié, tous réclameront de la clémence et c’en sera fini du succès de la mission. De Lancre n’en est que plus déterminé à ne pas céder, car il a les passe-droits en horreur. La société est pourrie par toutes ces lâchetés humaines, toutes ces faveurs qui placent partout des incapables. L’illégitimité le révulse. Seuls comptent le mérite et les diplômes. Il oublie que lui-même a bénéficié d’un atout qui ne tient ni à sa volonté ni à son mérite, mais à la fortune de sa famille.
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La « marque du diable », la plus irréfutable des preuves. Celle que l’on trouve en enfonçant une aiguille dans le corps du suspect jusqu’à trouver une zone insensible. Ou moins douloureuse. Ce qui n’est pas difficile, il suffit de commencer par les parties les plus sensibles pour qu’ensuite le détenu hurle moins fort.
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La grand-mère d’Amalia l’avait mise en garde : « Quand les hommes ont peur, ils s’accusent d’actes particulièrement sordides. C’est comme ça depuis la nuit des temps, (…) ».
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Et il [le père Etchegoin] raconte qu’il a observé d’étranges allées et venues la nuit sur le chemin qui longe la rivière frontalière, connue pour être un repaire de contrebandiers et de trafiquants de toutes sortes. Derrière cette mission de sorcières, il soupçonne des enjeux secrets. Pour lui, l’indépendance des habitants de ce pays ne plaît pas en haut lieu. La chasse aux sorcières est un bon moyen pour rétablir l’ordre.
– Henri IV veut nous mettre au pas !
Amalia l’écoute perplexe. Comment en quelques jours à peine cette affaire de sorcières a-t-elle pu prendre une telle ampleur ? Les gens parlent trop. Nombreux sont ceux qui échafaudent des hypothèses insensées. Les épidémies, les cultures détruites par les terribles cataclysmes des dernières années ont durement touché les familles, et les sorcières viennent à point nommé. Elles portent sur leurs épaules le poids de tous les malheurs. Or pour Amalia ce ne sont que des inventions. Seule la nature est toute-puissante et mérite qu’on y fasse attention.
(…)
La nature donne la vie et la reprend, Amalia l’accepte et les accusateurs de sorcières ne sont que des hommes dont il vaut mieux ne jamais croiser le chemin. Mais aujourd’hui, après avoir entendu le père Etchegoin, elle s’inquiète. Ce n’est pas la première fois que des clans et des familles s’accusent mutuellement de sorcellerie, mais c’est la première fois qu’un roi envoie une troupe de juges et d’hommes armés pour régler les choses.
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Sur mer comme sur terre, les femelles corrompent les hommes. Elles sont le meilleur atout du diable.
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Augustine perd un peu la tête, mais Aimée a lu elle aussi l’incontournable Malleus Maleficarum. Ce livre a fait naître en elle de nouvelles peurs, bien plus terrifiantes que les petits génies des croyances païennes qui ont bercé son enfance. Même les vieilles pierres du château l’inquiètent. Le Malleus est très clair, la main du diable est partout.
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De là où il se trouve, les toits rouges de la ville de Bayonne brillent au soleil, et les eaux de l’Adour éclaboussent de lumière les coteaux environnants. À la lisière de sombres forêts se déploient des prés d’un vert intense, impeccablement dessinés, et en fond de ce paysage harmonieux les sommets pyrénéens superposent leurs lignes précises telles des images de contes anciens. Le pays est beau à arracher des larmes.
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Sur ces terres, la vie est rude mais la solidarité très forte, et la cohésion de la communauté, puissante. Sans compter cette langue étrange qui tisse entre les habitants un lien unique, à défaut de faciliter les échanges, comme Pierre de Lancre ne va pas tarder à s’en apercevoir.
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Tout en faisant ce geste, elle se disait que certaines coiffures étaient bonnes pour les salons mais en aucun cas pour le travail et elle se promit d'y trouver une solution. Elle aimait l'élégance, en fait elle aimait plus que tout ce qui n'était que du superflu. Le détail des mains impeccables et des ongles soignés, les escarpins sophistiqués du soir et ces gants en peau fine qui glissent le long des bras nus. Depuis qu'elle avait été obligée de se retrousser les manches, elle avait compris qu'il ne lui serait plus possible de s'attarder sur tous ces détails qui demandaient deux choses : du temps et de l'argent. Curieusement, abandonner ce superflu, c'était abandonner ce qu'elle préférait d'elle, l'apparence. Mais elle n'avait pas le choix.
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II y a bien longtemps tout autre qu'Orkatz ne se promenait plus. D'ailleurs l'avait-il jamais fait? Le temps est compté quand on travaille la terre et qu'on a des animaux à nourrir. On ne se promène pas. Il y a comme ça des mots du vocabulaire qui semblent appartenir au langage commun des êtres humains et qui pourtant ne s'adressent pas à tous.
Dans les campagnes surtout, quand les terres sont petites et en terrain vallonné, que leur culture est exigeante et difficile, il ne peut y avoir de temps mort. On va aux champs, aux bêtes, vérifier si tout est normal dans la poussée des plantes.. On va travailler mais on ne se promène pas. On ne va nulle part sans raison. La rentabilité du temps et des actions est totale.
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Sidérés qu'une chose pareille puisse autant amuser une galerie de personnalités dont on leur disait sans cesse qu'en matière de clientèle c'était le fin du fin, des amateurs d'art, des mélomanes, de grands hommes politiques, des femmes raffinées, les Basques restaient silencieux. Ils écoutaient les rires, les exclamations. Et ils se demandaient comment des hommes et des femmes, capables d'apprécier les musiques les plus sensibles et d'admirer sincèrement des artistes aussi puissants et nouveaux que Stravinsky ou Ravel, pouvaient se révéler aussi légers face à la profondeur et à la beauté d'une culture autre que la leur.
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Le directeur de La Gazette n'en revenait toujours pas :
" - Mais il est fou d'aller faire ça là-bas. Personne ne l'a averti ?
- Si, justement. Mais tu connais les Basques. Ils disent les choses une fois. Si tu entends, c'est bon, sinon tant pis pour toi. Ce Maurice ne sait pas où il met les pieds. A mon avis il doit se dire qu'on exagère, il pense que les Basques oublieront. Il va tomber de très haut. Oui, le choc va être sévère et je suis content de pas être à sa place. Je me demande bien ce que vont faire les Basques sur ce coup.
- Du lourd. Ils ne savent pas faire autrement."
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Mais Louise trouvait que c'était dans l'ordre des choses et elle n'avait jamais rien trouvé à y redire. Il fallait mener au bout tous les enfants d'une maisonnée et la discipline se devait d'être rigoureuse. Pour tous. Tant que rien n'était sûr pour les uns ou les autres, on ne les lâchait pas dans la vie, livrés à eux-mêmes. On attendait qu'ils aient un métier, un mari, une etxe où aller s'installer. Et tous trouvaient ça normal. La maison était à tous ses membres et se devait de les accueillir si les épreuves de la vie le demandaient. Elle n'appartenait jamais à un seul, même s'il en était devenu le maître.
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" - Ah! fit Sophie. Et qu est-ce que ça veut dire debriaren ziloa ?
- Aucune idée, répondit Maurice.
- Tu n'as pas demandé ? insista-t-elle, intriguée - Tu sais les noms basques ici il y en a à tous les coins de rue. S'il fallait que je demande leur traduction à chaque fois ! Ça n'est pas toujours agréable, mais c'est comme ça. Les Basques mangent basque, pensent basque et parlent basque devant toi sans que tu n'y comprennes rien. Tiens, je suis sûr qu' ils vont jusqu'à respirer basque."
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Ici on ne possède rien, juste ce qu'on porte. On n'a pas de meuble non plus, pas de coffre. Qu'y rangerait-on ?
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David Sharp était un jeune grimpeur britannique de trente-quatre ans. Il n'avait pas les moyens de se payer les services d'une expédition de professionnels et il voulait atteindre le sommet de l'Everest. Il n'y parvint jamais. Il s'arrêta à quelques mètres et tomba d'épuisement. Plusieurs expéditions professionnelles étaient sur l'Everest. Aucune ne se sentit responsable de lui, il ne faisait pas partie de leurs groupes, il n'avait pas payé. Près de quarante personnes sont passées près de David Sharp ce jour-là et personne ne lui a porté secours. Seul un sherpa lui a donné de l'oxygène et a tenté de l'aider. Les autres l'ont abandonné à son sort. Ils ont poursuivi leur ascension.
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Marie fixait ce chapelet de figures décorées comme pour Carnaval avec des yeux pleins de terreur. Elles étaient toutes rongées d'une vieillesse précoce qui faisait son inexorable ravage, et il était impossible de retrouver dans ces faces éteintes et couvertes de mauvais fards les visages des jeunes filles qui, un an plus tôt, avaient embarqué sous le soleil de France.
En les regardant, Marie ne voyait que des crânes nus, des orbites vides. Elle voyait la mort.
P. 177
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N'oubliez pas que nous emmenons ces femmes en Guyane essentiellement pour qu'elles épousent des bagnards, créent des familles et peuplent la colonie. Ébruiter cette affaire ne serait pas une bonne idée. On n'a déjà pas assez de femmes pour tous les hommes, alors si en plus elles restent célibataires, notre mission tombe à l'eau.
P. 44
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