AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Bernard Binlin Dadié (67)


Paris a contaminé la Parisienne qui se touche constamment les cheveux, se regarde dans les vitres, les glaces. Et je tourne telle épaule, et j’examine mon rouge. C’est qu’elle veut être à la page, dans le ton, à jour, la Parisienne ! dont le principal souci est de voiler ses rides, de tenir harmonieusement son rang. Pour cela, elle donne des tuteurs à ses seins en les enfermant dans des soutien-gorge, et passe en laissant sur sa trace une trainée persistante de parfum. Elle est dangereuse surtout par sa démarche calculée pour vous troubler et vous lancer à sa poursuite. Depuis qu’elle s’est émancipée en acquérant le droit de se lier librement à l’homme de son choix et de le quitter lorsque le cœur le lui commande, elle a horreur des chaines, … même du collier … elles sont « franches du collier «
Commenter  J’apprécie          110
Bernard Binlin Dadié
Tu dors

La nuit est bien silencieuse.
Tu dors
Et je veille.

Tu rêves sans doute
Et moi j'égrène nos souvenirs
En t'écoutant respirer.(...)

Je suis le ciseleur des nuits étoilées ,
L'orfèvre des jours.
J'ai pour messagers les aurores,
Et l'arc-en-ciel des heures calmes. (...)

Je suis le vieux guetteur
Qui monte la garde sur les remparts.
La nuit est bien calme
Et tu dors...

(" Hommes de tous les continents")
Commenter  J’apprécie          100
Tout est mis en œuvre pour faire circuler l'argent, fouetter le commerce, déchaîner les appétits, aigrir les gens, activer les compétitions, creuser les fossés entre les différentes classes. Les uns manquent de tout et les autres ne savent que faire du superflu.
Commenter  J’apprécie          90
Chaque élève avait son amie. Climbié, lui, ne savait sur laquelle fixer son choix. Il hésita longtemps avant de se décider. Et lorsqu'il porta sa préférence sur Nalba, ce fut un supplice. Jamais il n'arrivait à lui parler, à la regarder dans les yeux. Pour elle, il formulait de belles phrases dans sa tête, mais dès que la jeune fille apparaissait, tous les mots se mêlaient, puis s'enfuyaient, le laissant seul, troublé, l'arrosoir en mains, la tête en feu. L'éclat des yeux de Nalba, son allure, la blancheur de ses dents, son éternel sourire, ses fossettes mignonnes...faisaient fuir la mémoire de Climbié, qui bégayait. Enviant l'audace de ses camarades qui donnaient de petites chiquenaudes sur les seins, comme par inadvertance, il prenait l'eau sans rien dire, et le cœur battant, arrosait, heureux seulement de cette présence, de la présence de Nalba.
Les plaisanteries qu'on se lance et se renvoie telles des balles, les mots qui rompent la glace et établissent des ponts, dans l'étape des conquêtes, Climbié ne savait les dire ; il ne pouvait se décider à les prononcer, parce que chaque fois qu'il prenait cette voie, les jeunes filles lui murmuraient en souriant : « Oh ! toi aussi, toi qui es si gentil, tu veux faire comme les autres ? »
Commenter  J’apprécie          80
Que sont cent ans dans le cours des choses ? Nous naissons, nous vivons et nous mourons. Point besoin n'est de se tracasser avec les mois et les ans. Que l'on compte ou non, on mourra. C'est une fatalité. Mieux vaut s'en aller en ne sachant même pas combien de temps on a passé sur la terre.
Commenter  J’apprécie          80
L'homme peut ainsi se définir : un être cherchant constamment à se faire distinguer.
Commenter  J’apprécie          70
Un amour imposé n'est jamais durable.
Commenter  J’apprécie          60
Bernard Binlin Dadié
Il arrive aux dieux de friser l'erreur.

UN NÈGRE À PARIS.
Commenter  J’apprécie          60
La rentrée ! Le matin, de bonne heure, les enfants débouchaient de tous les côtés, de tous les coins, de toutes les ruelles, avec des sacs sous le bras, des cerceaux en mains. L'école bruyante, mouvementée, animée, revivait. Elle faisait penser au retour des tisserins dans les palmiers. Sa volée de moineaux lui était revenue. Partout des chants, des appels, des cris. Les anciens se saluaient joyeusement, tandis que les nouveaux, dépaysés, cherchaient un maintien. Tombés dans le monde des écoliers, désorientés, inquiets, ils s'accrochaient à leurs parents.
Commenter  J’apprécie          50
Sa mère, il ne la connaissait pas très bien, pour l'avoir quittée très jeune. Avait-il connu les caresses d'une mère ? Il se rappelait seulement qu'elle ne le battait jamais parce qu'il était enfant unique.
Lorsque l'océan était démonté, sa mère ne cessait de le surveiller, parce qu'il aimait aller voir la mousse, attraper les crabes étourdis, ramasser les toupies que les flots amenaient de loin. Lui prenant le bras, elle disait : « Reste ici » ; il restait, mais profitant d'une distraction de la maman, il ressortait pour courir après les crabes et les toupies. Elle venait le chercher en disant : « As-tu les oreilles bouchées ? Tu n'entends donc pas ce qu'on te dit ? Tu ne vois pas que l'océan est démonté, et qu'il cherche des hommes à prendre ? Des hommes à manger ? Quand l'océan crie comme cela, c'est qu'il a faim, tu ne le sais pas ? »
Climbié restait donc près de sa mère, la regardait éplucher les bananes, attiser le feu tandis que la volaille tournant autour d'elle se querellait, picorait les épluchures.
Il doit vite sortir de l'école afin de s'occuper de sa mère. Des amies, on peut en avoir des dizaines, mais une mère, on n'en a qu'une.
Commenter  J’apprécie          40
Ah ! jeune homme, ce n'est pas tout de braver océan et tempêtes… le véritable océan, c'est la vie…

*

Ce que nous voulons, c'est que le miel demeure miel pour tous.

*

Comment peut-on vivre heureux, épanoui, sans jamais donner la main aux autres ?
Commenter  J’apprécie          40
Rien n'est aussi douloureux que d'entendre mal parler une langue maternelle, une langue qu'on entend, qu'on apprend dès le berceau, une langue supérieure à toutes les autres, une langue qui est un peu soi-même, une langue toute chargée d'histoire et qui, à elle seule, pour un peuple, atteste son existence (...). Partout, l'on entend baragouiner une langue aussi subtile, aérienne, féminine, une langue qui ressemble à du duvet allant au gré de la brise, lorsqu'une amie vous la chuchote à l'oreille, une langue qui semble le suave murmure d'une madone, une langue qui laisse après elle une traînée persistante de notes joyeuses ! (...) Quelle sanction prendre contre des individus qui jouent si légèrement avec une langue aussi riche, coulante et diplomatique que la langue française ? Contre des individus qui s'entêtent à ne jamais conjuguer les verbes au temps voulu et refusent d'employer le genre consacré ?
Commenter  J’apprécie          30
C'est la sortie de l'école. Et hors de l'enceinte scolaire chacun peut parler son dialecte. Mais Climbié, pour avoir parlé n'zima dans l'école même, se trouve porteur du symbole. Il ne peut se fâcher, les élèves qui le chahutent sont trop nombreux. Ses amis ne s'en mêlent pas, mais les plus agressifs sont bien ceux à qui il l'a plusieurs fois refilé. Alors il les regarde danser autour de lui, s'éloigner un à un, prendre chacun la route de la maison. Ce petit cube pèse si lourd, si lourd qu'il l'oblige à traîner le pas. Les enfants s'en vont par bandes joyeuses, bruyantes et querelleuses. À leur approche, les cyclistes et les automobilistes sonnent et cornent sans relâche. Climbié rentre seul chez lui, abandonné par ses propres amis effrayés par la présence du symbole qu'il a en poche, parmi les billes et les toupies. Ce midi-là, il ne mange pas, tellement il est pressé de se débarrasser de ce petit cube... S'il n'y réussit pas avant la sortie du soir, il restera à nettoyer la cour, à balayer seul toutes les salles de classe. Et le symbole est au fond de sa poche.
Commenter  J’apprécie          30
Il n'y a rien que le Parisien ne pèse.
Cette attitude se sent jusque dans les gouvernements dont les lois sont pleines d'exceptions, tant il a le souci de plaire à tous, à tous ceux qui pour obéir à la loi cherchent à la tourner. Et le plus fort c'est qu'ils y arrivent. Et la loi se remet sur le métier. Une situation est-elle devenue insoluble par des positions de raideur ? Le Cabinet se renverse et est remplacé par un autre. Pour marquer la continuité de la ligne politique, le respect envers le passé, on conserve des gens du Cabinet précédent en changeant simplement leur siège, leur serviette. Souvent, même pas. Le nouveau Cabinet prend les rênes des affaires en proposant de vieilles solutions nouvelles à des vieilles nouvelles affaires.
Commenter  J’apprécie          30
Le soleil a beau luire, tant qu'il luit sur des misères, il ne réchauffe jamais les cœurs.
Commenter  J’apprécie          30
Enfin notre tour. J'attendais cette phrase que le micro annonce : « les passagers pour Paris »… Les gens nous regardent nous précipiter sur le terrain. Oui, moi aussi je pars pour Paris, Messieurs ! Et cela me classe. Je suis le seul Nègre parmi tant de voyageurs blancs. Je prends place près d'un hublot. Personne ne veut s'asseoir près de moi. Tous les voyageurs passent en regardant le siège vide près du mien. Par affinité, ils vont s'asseoir près des autres passagers, afin qu'il y ait ton sur ton. Et je les comprends, je fais ainsi souvent, mais, ce soit je me rends compte jusqu'à quel point les couleurs divisent les hommes. Un passagers qui a dû prendre son courage à deux mains devient mon voisin. On ne se parle pas. Voisins quand même.
Commenter  J’apprécie          30
Le Christ agonisant ne cessait de dire à ses disciples : « Aimez-vous les uns, les autres ». Il connaissait l'homme, toi, moi, nous. Ce Dieu de douceur, de bonté, cet agneau divin devait avoir des disciples intraitables sur le chapitre de l'amour. Il avait dit de tendre constamment la joue. On ne savait plus laquelle tendre lorsque les deux avaient reçu leur part de gifles. Il n'était plus là pour résoudre le problème.
Commenter  J’apprécie          30
Climbié, chaque jour un peu plus, oublie ses sources, sa rizière, la chasse passionnante aux oiseaux, aux insectes, aux papillons. Ses devoirs, ses livres, les ont supplantées. Avoir une bonne note, une bonne place, tels sont maintenant ses principaux soucis. Aucun autre sujet grave n'effleure Climbié qui a de la vie, l'insouciance, l'opulence, la superbe générosité et les belles couleurs. Il rit avec joie, joue avec plénitude, dort avec plaisir, va et vient avec assurance.
Commenter  J’apprécie          20
La Rivière, elle coule, tourne sur elle-même, vagabonde, se tasse contre un arbre couché en travers de son lit, entre dans une caverne pour entendre une chanson nouvelle, joue avec les ombres, les lumières, les coquillages, les papillons, les libellules, les insectes. Elle sert de glace à tous les arbres, à toutes les lianes, à tous les oiseaux, au soleil lui-même, à la lune, aux étoiles, au ciel bleu. Ici, elle dépose un nénuphar; là, elle embarque une lentille... Elle emporte les rires des jeunes filles, les chansons des lavandières, le murmure des bambous et de roseaux. De la communauté, dans aucune famille, jamais elle ne fait verser de larmes. Elle connait trop les hommes pour leur faire créer des soucis nouveaux. Chacun ne vient-il pas chaque jour lui conter un peu ce qu'il pense, un peu ce dont il souffre? Et gazouillante, elle leur dispense son eau douce et fraiche. (conte : L’homme qui voulait être roi)
Commenter  J’apprécie          20
Chaque jour des cœurs se meurtrissent, des illusions tombent, des liens se dénouent, et plus d'un homme, plus d'une femme rencontrée porte au cœur une plaie fraîche, ou vieille qu'il n'ose exhiber par décence. Quelques-uns voudraient partir de Paris, être nés sous notre ciel par exemple, sortir de l'engrenage infernal, s'affranchir des contraintes. Leur isolement leur pèse et ils marchent, caressant des rêves lointains.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bernard Binlin Dadié (363)Voir plus

Quiz Voir plus

Sur la piste des homonymes

pioche et veste

brouette
manche
poche
truelle

13 questions
252 lecteurs ont répondu
Thèmes : lexique , homonymeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}