Citations de Blanche de Richemont (132)
Le pardon pourrait en effet réconcilier les contraires. Car, en son sein, il n'y a plus de bien ni de mal, mais juste une main tendue qui apaise toutes les tensions, puisqu'elle les comprend toutes.
Chaque lieu porte une âme qui parfois se surprend à ressembler à la nôtre.
Avoir recours au désert juste après un drame est le chemin le plus court vers les larmes.
Le vagabond se contente de rayonner. Ses actions ne sont pas rentables, elles visent la grâce. Il vit pour la beauté du geste.
Ce n'est pas la tempête que l'on aime, mais le bateau qui en revient.
La forêt n'a pas de morale. Ce qui advient est forcément juste puisqu'il s'agit du cycle de la vie.
Sans partir, le véritable vagabond nous emmène en voyage par sa seule présence. Son intensité nous possède. Je les cherche sans cesse, ces êtres solaires qui sont à eux seuls une destination.
Les vagabonds ne se contentent pas de voir le monde, ils le pénètrent. Leur regard est fertile car ils perçoivent la double vie qui sommeille en chaque chose. Ils saisissent l'universel dans le moindre détail. Où qu'ils se trouvent, ils sont en voyage. Chaque lumière est une découverte, une prière ou un poème.
Le sage et le vagabond savent que les secrets de l'univers peuvent se dévoiler dans un lever de soleil. Pour les déceler, ouvrir la fenêtre, se taire et tourner son regard vers le ciel.
Depuis plusieurs années, aucun de mes rêves ne se réalise. Pourtant ce qui advient va au-delà de ce que j'aurais pu imaginer. J'ai parfois l'impression de m'agiter en vain sur un bateau qui vogue vers une destination inconnue. Ce bateau m'emmène beaucoup plus loin que mes désirs. J'ai embarqué. Je n'ai pas d'autres choix que d'avoir confiance.
Le voyage véritable brise les digues de nos peurs pour laisser le monde s'engouffrer dans notre âme. Le vagabond ne craint pas de se laisser emporter par la vague. Au contraire, il l'appelle de ses voeux pour passer de l'autre côté du miroir.
Le corps n'est qu'un habit de passage. L'âme est toujours présente. La mort exige de nous un autre amour. Plus subtil et généreux. Car ce que nous recevons de l'invisible reste impalpable. Pourtant il fait signe.
Diogène, comme tout vagabond, nous rappelle que la servitude n'a aucun lien avec la condition sociale, elle est une façon d'être. Personne ne nous donne la liberté. C'est une démarche intérieure. Aucune chaîne ne se justifie. Le monde peut se passer de nous.
Je découvrais peu à peu a force et la beauté d'être capable de s'agenouiller devant un Autre immatériel qui nous élève. L'humilité de s'incliner devant l'invisible. Sans mystère, la terre est trop lourde à porter.
L'homme qui a recours aux forêts est un saltimbanque de l'âme. Il est assez libre pour s'évader par la pensée ou dans ses actes. Il est un rebelle car la société n'a pas d'emprise sur lui. Il balade avec lui un petit coin de paradis inatteignable. Il est à la fois dans le monde et hors du monde. Sa vie est sauvée car à chaque instant une autre dimension lui est offerte. Tous ceux qui savent avoir recours aux forêts intérieures ou physiques ont un point commun : ils portent la marque des vagabonds, cette lueur dans les yeux qui dit leur liberté. À tout moment ils peuvent s'échapper de l'autre côté du miroir. Ce sont les alchimistes qui donnent à la banalité des aires d'exception. Par sa présence solaire, le vagabond n'est pas seulement un passant, mais aussi un passeur.
Les vagabonds n'ont rien à perdre, sauf leur âme. Elle est tout ce qu'il leur reste. Alors ils en prennent soin. Aucun conseil, aucune morale ne les protège d'eux-mêmes. Ils savent que chaque route est différente car elle est le reflet d'un rapport unique entre soi et le monde. Ils n'écoutent que cette injonction: "Je fais ce que je suis." Cette force-là, il ne tient qu'à nous de la réveiller en mettant du coeur dans chacun de nos actes. Pour le sage, pas un geste qui ne soit dépourvu de sens. Dieu réside dans les détails.
On arrive toujours nu face à son rêve.
Cette lueur dans le regard, cette marque des vagabonds, on ne la porte qu'après un long chemin de dépouillement, de larmes et de sang. C'est la peur de souffrir qui nous enlise. Or, comme la souffrance est inévitable, mieux vaut qu'elle serve un idéal.
Pas de métamorphose sans douleur. La lucidité au prix de la légèreté.
Ni le sédentaire, ni le vagabond n'ont raison. L'essentiel est d'avoir suivi la voie de son âme. Notre dernière pensée résume une vie. J'aime espérer que le voyageur dise "merci" car il a su faire bon usage du monde. Toute son existence, il s'est préparé à cet arrachement final. Linvisible est peut-être le lieu rêvé qu'il a tant cherché sur les routes.
Le vertige pour ne pas s'éteindre. Pour se souvenir que vivre, c'est avancer un pied dans le vide. Viser la grâce du funambule, il ne lutte pas avec le vide, il le défie, l'aime et danse avec lui. Seule la peur peut le faire basculer. Alors, comme tout grand vagabond, il l'apprivoise. Et apprend à voler. Nous ne gagnons pas nos ailes soudées aux rivages du connu.