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Critiques de Bob Dylan (50)
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Lyrics 1962-2001 - Bilingue

Bob Dylan est pour moi, sans conteste, le songwriter le plus marquant de la seconde moitié du XXème siècle et de son pays, qui était culturellement, techniquement, militairement et économiquement à son apogée mondial.



Bob Dylan est l'un des plus grands symboles de la génération hippie dans les années 1960, elle-même engendrée par le phénomène littéraire initié par Jack Kerouac et qui correspondait à la génération née une vingtaine d'années plus tôt, surnommée Beat Generation.



Musicalement, je trouve que Bob Dylan est génial seulement pendant les quinze premières années de la période couverte par les textes réunis dans le présent volume, soit, en gros, 1962-1976. Après, il suit une évolution mystique et se met à saboter lui-même ses propres chansons où en produit de nouvelles, principalement dans les années 1980, qui font honte à la magie qu'il déployait dans les années 1960. Il faut attendre un bref épisode de résurrection dans l'album de 1997, Time Out Of Mind pour retrouver du vrai Bob Dylan, mais qui a alors la voix totalement ravagée par les excès en tous genres perpétrés sur de longues années.



Toutefois, les textes — présentés dans une magnifique version bilingue à la traduction soignée —, lorsqu'on les considère seuls, peuvent être d'un excellent niveau à n'importe quelle période. Ce livre est un must absolu pour tout fan francophone de Dylan, au rang desquels je me compte, mais aussi et surtout, pour tous ceux, et ils sont nombreux(ses) qui restent hermétiques à la voix nasillarde du grand Robert Zimmerman.



Indispensable également à tous les piètres anglophones, au rang desquels je me compte également, et qui n'ont pas les armes linguistiques pour apprécier toute la magie des textes de Dylan.



Je tiens à signaler encore que, outre les textes des chansons de l'intégralité des albums de l'auteur, vous trouverez aussi les textes des chansons de ce merveilleux triple album des bootlegs sorti en 1991 et qui proposait pour la première fois des chansons inédites des années 1960 à 1980, lequel coffret regorgeait de pépites et faisait oublier bon nombre des purges musicales auxquelles le vieux Bob nous avait soumis, à l'époque, depuis quinze ans.



Donc un vrai grand, bon, recueil de textes, pilier important de l'histoire mondiale de la chanson, mais aussi, un vrai, grand, bon moment de poésie tout court pour les amateurs de littérature. D'après moi, un ouvrage de poids (c'est le cas de le dire, vu sa masse et sa taille) à posséder dans sa bibliothèque et un grand merci à Fayard de l'avoir édité. Mais comme d'habitude, que vaut cet avis ? The answer, my friend, is blowin' in the wind. That is, not that much.
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Philosophie de la chanson moderne

Surprise !

Je ne connaissais pas plus d'un tiers des chansons dont il parle, et près de la moitié de ce tiers par un autre interprète.

Du coup, je l'ai lu avec une oreille sur YouTube et un oeil sur Google pour les paroles, pour comprendre de quoi il parle. Parce que souvent, quand Dylan parle de chansons, il s'intéresse surtout aux paroles. C'est vrai aussi dans ce livre.

Et quand on se rend compte des nazeries qu'il écoute, genre Perry Como, Webb Pierce, Bing Crosby, Eddy Arnold, Bobby Darin, Johnny Ray, Marty Robbins… c'est encore plus miraculeux qu'il ait écrit les chansons qu'il a écrites.

(Bon en fait, ce n'est pas tout à fait ça : quand il déboula dans le New York des années 60, le jeune Dylan s'était formé à l'université de Philadelphie où il s'était surtout gavé de blues et folk des années 20, 30 et 40, de rockabilly et rhythm&blues des années 50. C'est bien plus tard que lui est revenue la nostalgie des roucouleries de la radio de son enfance, et il en a fait « profiter » le monde dans les trois seuls albums de sa discographie sur lesquels j'ai fait l'impasse.)



Pour ceux qui penseraient prendre une Master Class de songwriting, vous pouvez passer votre chemin. Dylan préfère broder des historiettes à propos du thème de la chanson (parfois jusqu'à la bête paraphrase) ou raconter l'histoire de l'artiste qui l'interprète ou du compositeur.

Ces histoires sont ainsi l'occasion de nous offrir des instantanés de l'Amérique des cent cinquante dernières années. La vie des ouvriers de l'industrie automobile à Detroit / Motor city ; une courte bio de Nudie (le costumier des stars mais aussi de deux papes et quatre présidents des USA) ; ce qu'était la vie d'un outlaw dans le far-west de la fin du XIXe siècle ; les spectacles itinérants de la première moitié du XXe siècle…

C'est grâce à ça que le vieux renard se rattrape. C'est à ça qu'il est bon. Il le sait et en use et abuse. Au point d'être parfois à côté de la plaque, comme pour "There Stands The Glass" où il invente des horreurs post-war syndrome là où il n'y a qu'un pov' type qui chiale dans sa bière qu'elle est partie. Et puis, cela finit par tourner un peu en rond. Déjà, l'emploi systématique d'un « tu » rhétorique pour mieux immerger le lecteur lasse vite. Et puis la « Voix de sa génération », donc celle qui a eu 80 ans aux prunes, fait souvent son vieillard grincheux : avant, y avait des vrais mecs, la corruption de la cité a tout fait disparaître… une fois, ça va (on se dit que c'est la chanson en question qui veut ça) ; au bout de trois, on se demande…

Bref, comme ces développements douteux représentent en gros les deux tiers du livre, je suis loin d'être follement enthousiasmé.



Quelles découvertes je lui dois au sortir de ça ?

Un obscur rockabilly Sun, « Take Me From This Garden Of Evil » de Jimmy Wages, agréablement sauvage.

Une chouette « Poison Love » de Johnnie and Jack, épitomés de la country à l'ancienne.

Alvin Youngbloog Hart, splendide voix de l'americana contemporaine.

« Ruby (Are You Mad At Your Man) », un bluegrass supersonique de fous furieux, les Osborne Brothers.

Et que la chanson de 1967 de Pete Seeger, que je connais depuis des temps immémoriaux comme la « Jusqu'à la ceinture » de Graeme Allwright, bien que déguisée sous son intro « En 1942, alors que j'étais à l'armée… », est en fait une métaphore de l'enlisement américain au Vietnam.



Voilà.

Pour la Master Class, même s'il y a quelques traits de longue portée, se reporter plutôt à l'excellent livret du coffret Biograph.



Et si vous cherchez encore à savoir pourquoi Dylan a eu le Nobel, lisez (et écoutez) ses chansons, pas ça. Après tout, il ne l'a pas eu pour sa prose. Vous l'avez compris, je suis un peu déçu. Mais j'achèterai le prochain.



Enfin, le scandale : pas la moindre chanson de Chuck Berry !!! C'était bien la peine de le désigner comme le Shakespeare du rock'n'roll…
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Discours à l'Académie suédoise

Like a rolling stone, Bob Dylan

fait son petit discours d'investiture.

Il rend d'abord hommage à son idole

moins connu sous son vrai nom

Charles Hardin Holley...

Un indice, il porte une belle paire de lunettes

à grosse monture qui lui mange la face

et chante Peggy, Peggy Sue ou ou ....

Après cet intermède rock'n'roll,

il parle de ses influences musicales

du folk, du blues, du rhythm'n'blues

et de ses influences littéraires et poétiques.

Bob a du style, je ne vous le fais pas dire

sauf que là, pour l'exercice,

je trouve que le nobélisé ne s'est pas trop foulé...

Trois étoiles pour Robert !

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Philosophie de la chanson moderne

Quand on a soi même écrit près de 500 chansons dont certaines ont fait le tour du monde, reprises par des dizaines d'interprètes et pris des couleurs universelles, il est légitime de se pencher sur les chansons des autres, celles que l'on écoute pour en livrer des clés de lecture intimes ou non.

Les chansons de Bob Dylan sont des histoires ouvrant les champs du possible, emportant les auditeurs vers des mondes insoupçonnés où le remord se mêle au désespoir où l'amour est omniprésent où les héros ne sont jamais fatigués, où les femmes ne subissent pas les contraintes de la religion, où l'espoir n'est jamais loin malgré les défaites.

On se souvient du héros de Tom Thumb's Blues, sous la pluie à Juarez, incapable de célébrer la Pâque de l'amour à Saint Annie, rejeté par Melinda une femme vénale, malade sans que son ami médecin ne puisse diagnostiquer son mal, résigné et repartant pour New York parce qu'il en a eu marre.

Des centaines d'histoires analogues, mais aussi des hymnes à des héros détruits par la société, Davey Moore, Rubin Carter dit Hurricane, Georges Jackson et tant d'autres...

Des hymnes cultes, All along the watchtower magnifié par Jimy Hendrix, Knocking on heaven's door repris par Gun's and Roses pour enflammer les salles du monde entier, la fuite amoureuse éperdue de Tangled up in blue...

Mais aussi des prémonitions, la stupidité des fake news dès 1974 avec Idiot Wind par exemple.

Le livre que nous propose Dylan aujourd'hui est un très beau livre, un cadeau de dylanophile à des dylanophiles (il n'y a pas de genre attaché à ce terme). Les commentaires sont illustrées de photos des chanteurs et des groupes, de timbres, de publicités, de photos d'objets, d'affiches de cinéma ou de concerts

Une ode au disque vinyle qui s'ouvre sur une photo en double page où l'on assiste à la mise sous pochette des précieuses galettes noires. Tout un univers disparu.

Je n'ai pas résisté à la liste des chansons passées au scanner par l'auteur.

Ce n'est pas un livre qui se lit de la première à la dernière page, mais un livre marelle, le blister défait, je me suis précipité sur mes chansons favorites en commençant la lecture dans l'ordre suivant 189, 53, 305, 165, 171, 149,195, 237.

189 - Blue suede shoes de Carl Perkins et ses premiers vers obscurs "There's 1 for the money, 2 for the show, 3 to get ready, now run get go, but don't you step on my blue suede shoes." le message est évident nous dit Bob, tu peux faire ce que tu veux de moi mais surtout ne touche pas à mes pompes. Les pompes, refuges du rocker qui ne peut se payer une voiture mais consacre ses économies et son énergie au cuir de ses chaussures. Des chaussures siglées. Une histoire de la pompe dans le rock accompagne le commentaire de cette chanson avec l'anecdote de cet apparatchik de la Tcheka qui répond à Lénine, pour connaitre le nombre de personnes exécutées par mes services comptez le nombre de chaussures et divisez par deux !

53 - My generation des Who est "une chanson qui ne fait pas de cadeau" ; l'hymne d'une génération qui ne veut ni être comprise ni être représentée. Vous boomers, enfants de la Génération grandiose s'interroge Dylan, qu'avez vous fait de votre héritage ? Pete et Roger s'entendent à merveille pour faire passer un non message, "la crainte est probablement l'élément le plus honnête de la chanson"

Iconoclaste ?

305 - On oublie qu'avant d'être popularisée par the Animals, Don't let me be misunderstood a été écrite pour Nina Simone. Malentendus et quiproquos pour cette chanson d'un jeune prodige. "C'est insupportable d'être mal compris"

Dylan embraye sur les contresens ou les faux sens commis par les traducteurs. L'incipit de l'étranger le fameux "Aujourd'hui, maman est morte" a été traduit en anglais "Mère est morte aujourd'hui" très loin de l'intimité suggérée par la phrase originale.

Il poursuit avec les différences entre le passé simple et le passé composé du français comparés aux temps anglais. Il appelle à la rescousse Henri Estienne et même Zamenhof l'inventeur de l'espéranto, pour conclure "Je ne voudrais pas être mal compris"

Le clou du livre est le voisinage entre 165 - Volare de Domenico Modugno : "Attention à ne pas voler trop haut" ; "Quelques doux murmures intimes, un instant d'exultation, puis un intermède récitatif et enfin une touche de mélancolie qui se passe de traduction." ; et 171 - London Calling des Clash "Le punk rock est la musique de la frustration et de la colère (mais les Clash font exception) la leur est celle du désespoir" "Clash se moque de the Fool on the Hill des Beatles et vous allez prendre un coup de matraque sur la tête pendant que vous chantez Hey Jude"

En lisant ces commentaires après avoir réécouté ces chansons on se prend au jeu de la découverte, genre : je n'avais pas vu tout ça dans cette chanson, j'y retourne immédiatement.

Vous l'aurez compris, Dylan déploie sa connaissance de la musique rock des dernières décennies mais aussi sa connaissance de l'histoire, de la littérature, de la philosophie européennes. Ses commentaires sautent du coq à l'âne, manient l'humour et l'ironie, mais nous ramènent toujours à l'essentiel la chanson qui leur tient lieu de support.

"Strangers in the night est la chanson du loup solitaire, de l'étranger, l'outsider, l'oiseau de nuit (...)"

La prochaine fois je vous parlerai de 237 - Blue Moon, et de 195 - My Prayer.

Et aussi de toutes les autres, 66 au total...

Merci

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Chroniques

A l'annonce du prix Nobel 2016, la surprise fut grande. Récompenser un auteur compositeur de chansons en la personne de Bob Dylan était vraiment inattendu, alors que l'Académie nous avait plutôt habitué à un certain classicisme, couronnant des poètes, des dramaturges, des romanciers. C'était oublier qu'en 1953, c'était un homme politique qui fut le lauréat, Churchill : les Nobels pouvaient donc parfois sortir des sentiers battus.



Les Nobels ont déclaré lui avoir attribué ce prix "pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique". C'est donc bien à son art d'auteur compositeur que l'Académie rend hommage. Cependant, avant d'aller explorer les textes de ses chansons (que je connais mal, à part les grands succès comme Blowing in the wind ou Like a rolling stone), j'avais envie de mieux connaitre l'homme, et son volume 1 de Chroniques m'autorisait à le faire par le biais de sa propre écriture, ce qui me permettait de juger sur pièces son style. Au-delà du prix Nobel, j'avais également un intérêt personnel puisque Springsteen, dont je suis fan, est souvent assimilé à un mélange entre Dylan et Presley.



Les Chroniques sont partagées en 5 parties, deux d'entre elles s'attachant chacune à la genèse d'un album et les trois autres évoquant les débuts du chanteur, un peu de son enfance et beaucoup de ses premiers pas à Minneapolis puis New York. La chronologie est totalement bouleversée, Dylan ne suivant aucun ordre et sautant d'un sujet à un autre ou d'une époque à une autre, guidé juste par ses envies d'aborder telle ou telle partie. On y retrouve notamment ses engouements littéraires, ses réflexions politico-philosophiques mais surtout de nombreux portraits des différents grands musiciens qu'il a pu croiser.



Si une certaine vanité point parfois et montre que l'image d'auto-suffisance qui lui colle souvent à la peau n'est pas totalement usurpée, on découvre finalement beaucoup d'humilité dans ce livre, notamment face à ces modèles qu'il évoque, Guthrie, Pete Seeger , d'autres bien moins connus mais qui l'auront aidé à forger son style, et pour finir Rimbaud, qu'une petite amie actrice lui fait découvrir. Il est plaisant de l'entendre parler de tous ces musiciens et la lecture est forcément émaillée de recherches internet pour aller écouter les chansons dont il parle, on ne peut que faire une lecture en musique de cet ouvrage.



Les deux parties concernant les albums New Morning et Oh Mercy sont également très intéressantes, pour leur description de la recherche d'inspiration, de la création et jusqu'aux sessions d'enregistrement pour Oh Mercy avec tout le travail de groupe avec les différents musiciens et arrangeurs pour réussir à obtenir un résultat qui sonne le plus proche de ce qu'on voudrait, sans jamais vraiment y parvenir.



Au final, on n'est pas très sûr de pourquoi Dylan a obtenu le prix Nobel. Lui-même n'apprécie pas trop les récompenses et a beaucoup tardé à envoyer son discours nécessaire pour obtenir le prix... certains ont dit surtout pour obtenir la somme d'argent qui allait avec. On ne peut dénier la parenté avec la poésie de l'art de la chanson tel que le concevait Dylan, un art mineur selon Gainsbourg dans un célèbre passage télé avec Guy Béart, mais un art tout de même. Il restera de cette lecture un voile soulevé sur le mystère Dylan, incontournable dans la musique de notre époque et pourtant méconnu de la plupart des gens.





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Chroniques

Comme un prélude à la lecture, comme une invitation à celle-ci, un concert d'adieu d'un groupe – The Band - à son public et à la vie nomade qui avait été la sienne, filmé par Martin Scorsese, "The last Waltz" convoquait sur cette scène, fin 1976, quelques invités comme van Morrison, Neil Diamond, Muddy Waters, Joni Mitchell, Neil Young, et Bob Dylan pour n'en citer que quelques uns. Histoire de créer une atmosphère musicale à la lecture… C’est d’ailleurs en écoutant ce concert fantastique que j’ai eu envie de connaître davantage Bob Dylan.







Les Chroniques invitent le lecteur à "écouter" Bob Dylan se raconter. Plusieurs thèmes construisent le livre. Si on apprend presque tout de la "fabrication" d'un disque, on comprend que l'enjeu de la création est aussi de faire travailler ensemble nombre de personnes pour qui le mot "musique" n'a pas la même signification et qu'accorder les caractères n'est pas d'une réelle évidence.



Bob Dylan raconte aussi son arrivée à New York, son désir de jouer de la folk sur les pas de celui qu'il admire par dessus tout, Woody Guthrie. Il est tout jeune, il faut se faire connaître, s'il espère vivre de sa musique, sa motivation première reste le désir de partager les rythmes Folk, de jouer, beaucoup, partout, avant celle de devenir un nom reconnu.

Il raconte aussi que bien que ne se rattachant ni à la country, ni au blues, il n'en a pas été moins subjugué le jour où il a entendu pour la première fois la voix et le jeu de Robert Johnson. Charmé par l'aura de celui-ci comme il l'avait été par celle de Woody Guthrie, il n'était pas loin d'être prêt à accepter de vendre, lui aussi, son âme au diable, mais pour quel but : il écrit des textes proches de la poésie ancrés dans la réalité qu'il met en musique, sa création musicale est intuitive. Se détachant des engagements de l'époque, des modes, de la notoriété, il n'aspire qu'à une vie tranquille de famille, loin de ceux qui l'admirent et lui volent son intimité.



Il lui a été reproché de ne pas se prononcer ouvertement sur les événements qui secouaient L Histoire des Etats-Unis durant ces années, il explique, de façon très claire et sans détour, les raisons de son désengagement, de son retrait devant une prise de position qui était attendue de sa part. Lors de ces explications, il se montre d'une très grande honnêteté avec lui-même.



On comprendra ainsi pourquoi Bob Dylan, que le public regardait comme une icône de sa génération, ne voulait en aucun cas endosser le rôle de meneur, ni dans les idées, ni dans l'art musical. Pourquoi alors qu'il aurait été si simple de jouir de l'adulation, il avait choisi la discrétion, refusant de s'engager notoirement pour telle ou telle cause.





Le livre est prenant, avec beaucoup de références au monde artistique de l'époque évoquée : beaucoup de noms, beaucoup de recherches à faire en lisant pour en connaître davantage sur tous ces personnages cités. C'est le reflet d'une époque, d'une génération, des attentes d'une jeunesse. C'est surtout la rencontre avec un homme humble, sincère, tout en discrétion que le succès n'a jamais ébranlé, ni corrompu dans ses idées.



On referme le livre et on ne peut qu'éprouver la nécessité d'écouter l'homme chanter…



"D'une dimension plus éclatante, la folk-music dépassait la réalité et l'entendement. Elle vous tirait par le petit doigt, et elle était capable de vous engloutir complètement. Je me sentais chez moi dans ce royaume mythique."



Juin 2021

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Écrits et dessins

Ce qui est bien avec le Challenge Nobel, c’est qu’il permet de découvrir une très grande variété de littérature : du malicieux Anatole France à la maléfique Olga Tokarczuk, de l’incontestable Toni Morrison... à l’incongru Bob Dylan.

Enfin ici, découvrir n’est pas le mot : qui ne connaît pas au moins un texte de Dylan, au moins en partie ? Au moins la mélodie ?

Hey, Mr Tambourine Man ? Blowing in the wind ?

Tous ses premiers textes, poèmes, chansons, sont dans ce gros volume, en édition bilingue et illustré par ses propres dessins.

Son univers, on le connaît déjà, donc : une Amérique des pauvres types, des laissés pour compte, morts de la rue, vagabonds des trains et des cars Greyhound. Couvrant la période 1962-1968, ces textes s’étendent de New-York vu par le petit gars du Minnesota, à la ruralité profonde du Motorpsycho Nightmare (je l'adore celui-là).

Mais ce qui lui a valu le Nobel est sans doute plutôt à chercher dans son observation du monde : politique, religion, justice… souvent sarcastique, parfois juste bouleversante ("The death of Emmett Till").

La traduction de Robert Louit et Didier Pemerle, en regard du texte, est intéressante parce qu’elle m’a permis de découvrir du sens caché, auquel on n’accède pas forcément même en connaissant les paroles par cœur depuis des décennies.

Parfois elle sonne un peu... bizarre, comme "Fédérale 61 reparcourue"… (?)

Dans leur préface les traducteurs expliquent que "Dylan, surtout dans ses premières et dernières chansons, choisit volontiers ses images poétiques dans le grand répertoire traditionnel de la chanson américaine (…) L’image, en porte-à-faux avec son contexte habituel, partiellement libre donc, se met à vibrer et son sens oscille. Là, il n’est pas question de décider quelle portion du sens tombe sous le coup de la traduction (…) mais de restituer au mieux l’ampleur de l’oscillation."

Quant aux dessins, c’est dommage qu’il n’y en ait pas davantage : ils sont drôles, minimalistes à la manière d’un Cocteau, mais qui aurait de l’humour.



Challenge Nobel
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Bob Dylan Style guitar edition : Blonde on ..

« Blonde on blonde », sorti en 1966, n’est pas mon album préféré de Bob Dylan, bien qu’il contienne quelques pépites du genre « I want you », « Just like a woman », « Absolutely sweet Marie » et surtout le mytique « Sad-eyed lady of the Lowlands »…



On retrouve ici, transcrites pour guitare comme cela se faisait à l’époque (pas de tablatures) les quatorze chansons de l’album.



Quel régal, outre le fait de découvrir ces arrangements si particuliers, de relire quarante cinq ans après, les magnifiques textes de celui que je considère, avec quelques autres, comme le maître de la chanson américaine. Malgré des styles différents au fil de sa longue carrière, Dylan ne m’a que très rarement laissé indifférent…

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Chroniques

Je l’avoue, je connais très mal Bob Dylan et ses chansons, et ce que j’en ai entendu m’ennuie assez vite. Donc pour découvrir le récent prix Nobel j’ai tenté ces Chroniques, pour peut-être un peu mieux comprendre le personnage et entrer dans sa création.



Je ne peux vraiment pas dire que cela ait été une rencontre réussie. Je dois confesser que j’ai trouvé le personnage assez suffisant, et pas très sympathique. Entre le jeune homme qui veut percer, sans doute pas à tout prix, parce qu’il a une idée de la « bonne » musique à laquelle il n’est pas prêt à renoncer, mais enfin qui aimerait bien faire carrière, et l’homme arrivé, qui veut rester anonyme, échapper à ses fans, et vivre une vie toute banale en famille, on a du mal à saisir l’évolution.



Les pages qui évoquent la musique qu’il aime, les artistes qu’il a rencontré ou/et qui l’ont inspiré m’ont parues interminables, à la fois parce que je ne les connais pas, parfois juste de nom, et que ce qu’il en dit, m’a paru assez plat et répétitif. De même les lectures ou musiques que je connais et dont il parle, méritent à mon sens un peu mieux que ce qu’il en dit.



L’aspect le plus intéressant était pour moi la description du bouillonnement culturel à New-York lorsque l’auteur y est arrivé à 20 ans, entre clubs, cafés, qui proposaient de voir et entendre des artistes en vrai, les livres et films qui sortaient, les échanges, rencontres etc. Mais j’ai été heureuse de terminer enfin le livre.
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Dylan par Dylan : Interviews 1962-2004

Sur la route des Nobel, arrêt sur la mystérieuse case Dylan.

J'avais un double mystère à percer, en me plongeant dans cette imposante compilation d'entretiens, faute d'avoir pu mettre la main sur les textes bruts de ses chansons : enfant dans les années 70, je n'ai saisi que la queue de la comète des fulgurantes années 60, et Dylan ne faisait pas partie de mes étoiles. Entouré à mes yeux d'un halo brumeux, Dylan était pour moi le premier mystère à lever avec un postulat mal posé : comment un artiste peut durer si longtemps sur la base de quelques vieilles protest song? Ainsi, deuxième mystère, je fais partie de ceux qui ont été interloqués par l'attribution de ce Nobel de littérature. A quel titre? l'écrivain? le poète? l'homme engagé? le témoin de son temps? le visionnaire?



Dire que l'image de Dylan s'est clarifiée après la lecture de ce livre serait mentir. Il faut dire que l'exercice de l'interview s'y prête mal, tant le bonhomme élude et esquive dès qu'on l'approche d'un peu trop près. Présentées en ordre chronologique, ces interviews font découvrir d'abord un jeune homme qui tourne un peu en boucle sur ses origines et ses inspirations premières, entre folk et poésie psychédélique. La faute aux journalistes qui posent toujours les mêmes questions?

Puis arrive un moment champignonesque dans les années 80 avec l'évocation du film abscons de quatre heures disons... bien dans l'air du temps qu'il a réalisé, puis un autre moment, assez gênant, sur sa période born again où là, il m'a complètement perdue.

Les interviews de la dernière décennie se recentrent heureusement sur la création musicale, la scène indispensable, le processus d'écriture d'un artiste que je découvre incroyablement prolixe, avec des hauts et des bas.



Bien évidemment, ma lecture a été ponctuée de nombreux temps d’arrêt à parcourir des albums pour en humer la tonalité, à écouter et essayer de décrypter un grand nombre de morceaux évoqués dans les interviews. Essayer car le sens est loin d’être évident, Dylan affirmant lui-même jeter ça et là quelques fulgurances, images et couleurs dans un vers sans nécessairement travailler à l’insérer dans un ensemble signifiant ; affirmant également que ses chansons sont un tout qui ne se limite pas au seul texte, comme de mini univers traversant plusieurs champs de perception. Pas étonnant donc que les adolescents de 62 – 66, suffocant dans une époque sans air ni pour la jeunesse, ni pour l’individu, et étant à l’âge où l’on capte d’autres ondes au-delà des mots et en particulier l’air du temps, aient ressenti avec autant d’incandescence l’électricité vivifiante de ses premiers albums.

Plus tard la plume et la musique murissent, la verve poétique est toujours là, plus ou moins inspirée, toujours délicate à saisir. C’est le trait d’union que je ressors à la fois de l’œuvre et des paroles du barde au lunettes noires, mais au final je suis toujours aussi perplexe : qui est Dylan ? que voit-il, quelle est sa cohérence ? Pourquoi lui et pas Leonard Cohen, Neil Young, David Bowie ? Il s’est passé quelque chose dans la tête du jury du Nobel mais je ne sais pas ce que c’est. Do you, Mr Jones ?

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Chroniques

Tout l'intérêt de ces chroniques est de nous faire remonter le temps et de nous emmener en immersion dans un univers plus fantasmé que réel. On connait la tendance de Bob à raconter des histoires, à faire en sorte de sublimer la réalité. Pas pour frimer ou pour nous mystifier, mais parce que la mémoire de cet homme ressemble à un film de Wim Wenders. Comme dans Paris Texas ou les Ailes du Désir, il nous promène dans l'hiver glacé de New York ou dans la moiteur de New Orleans avec un réalisme poétique, mais sans fioritures.

Comment naissent les chansons? autant essayer de comprendre comment on fait les bébés! Conception, gestation, avortement parfois, accouchement avec ou sans forceps...Tout vient du désir, celui de l'âme et des tripes, qui va prendre forme dans un rythme, des mots, une mélodie, devenir blues ou rock, ballade ou chant de révolte.

Je dois avouer que j'ai été séduite par le ton souvent ironique du récit, la distance et en même temps la passion qu'on ressent chez ce personnage qui recherche la grâce plus que la gloire.

Carry on, Bob, don't give up the fight.
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Chroniques

J'adore Bob Dylan, bon nombre de ses chansons continuent à me scotcher comme la première fois que je les ai écoutées, je trouve que c'est une personnalité fascinante,j'ai le plus grand respect pour l'indépendance d'esprit dont il semble avoir fait preuve à l'époque où, déifié alors que sa vie s'ouvrait à peine, il a tourné le dos aux méga concerts, au succès mondial,( mais aussi à la drogue pour tenir le coup il faut voir sa maigreur et sa nervosité au cours du fameux tour européen, au cours duquel un spectateur anglais l'a traité de Judas), à la mort certaine qui l'a d'ailleurs frôlé,quitté les feux de la scène pour épouser une fille de l'ombre,et vivre avec elle à la campagne près de Woodstock et lui faire une demi douzaine d'enfants en essayant vainement de se débarrasser des dizaines d'intrus qui allaient jusqu'à grimper sur la toiture de sa maison…Pas toujours pour lui demander des autographes, mais plutôt des comptes sur sa "désertion"

Comme on le prenait pour une figure christique, en bonne logique il a été crucifié. Comment comprendre qu'il refuse une telle consécration? Lâcheur, va.

Etranges les photos de cette époque où il vécut quasiment reclus en père de famille, ce n'est plus le même homme, on ne retrouve pas non plus un peu de l'adolescent joufflu débarqué à New York sous la barbiche de patriarche yiddish coiffé d'un chapeau melon ou faisant de la balançoire avec deux ou trois de ses mioches.

A côté de lui, une femme magnifique, au port de reine, au regard lointain et au sourire de Joconde…

Puis la renaissance où on ne le reconnaît pas plus, les cheveux plus courts, la barbe plus longue, c'est Zelig, cet homme là, on ne sait jamais quelle forme il va prendre.

Des dizaines de disques et de CD plus tard, on le retrouve à la radio, et puis sur les routes encore et toujours, avec maintenant une drôle de voix grave d'ancien trachéotomisé. Les musiciens ont l'âge de ses petits enfants, ils nous font un récital de toute la musique américaine depuis 60 ans, et de temps en temps on aperçoit sa silhouette près d'un clavier, c'est celui qui a le plus grand chapeau, en général. On connait une quinzaine de chansons sur le set , mais on ne les reconnaît pas toutes. Et on voit des septuagénaires dans la salle…



Donc ce livre, ah oui. Je l'ai trouvé illisible, mais je l'ai lu de bout en bout. Je l'ai trouvé confus, fouillis, mais d'une richesse extraordinaire. Mais il ne m'a rien appris sur Dylan, bien qu'aucun fait, auciune anecdote ici contés ne me soit antérieurement connus.Cela ne concerne que lui, cela pourrait s'appeler petite histoire de ma grande histoire. Il se souvient du nom de tous les producteurs, ingénieurs du son, barmen, amis d'amis d'écrivains maudits, chanteurs dont l'Amérique ne se souvient plus, et il chronique, chronique, en effet. Avec une sorte de distanciation et en même temps beaucoup de présence, comme s'il parlait au micro dans une émission de nuit pour une radio de campus...

Sacré Zim, comme disent les chroniqueurs rock.

Ses chansons sont un mystère, cet homme est un mystère, ce livre est un mystère: il est écrit comme Dylan parle, mais j'ai toujours aimé entendre sa voix, il est incompréhensible comme beaucoup de ses textes, mais j'ai ses oeuvres complètes quelque part. Allez comprendre. Je l'aime, c'est tout.

Et je lirai le volume deux.
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Bob Dylan: Mixing up the Medicine

Merci au généreux Père Noël qui m'a offert un gros pavé, que dis-je un gros pavé !...

Un monument !

Un paquet de 2.430 kg d'archives extraites du musée Bob Dylan à Tulsa en Oklahoma, une véritable somme de documents et de photos inédits qui ne pouvait que ravir l'ancien fan que j'ai été, à une période lointaine de ma vie, de Monsieur Zimmerman alias Bob Dylan.

Bon, le titre est un peu bizarre "mixing up the medecine" (c'est extrait d'une chanson) mais plus qu'une biographie, ce livre est un recueil d'anecdotes, d'interviews, rempli de photos insolites, de manuscrits et de lettres plutôt surprenantes comme par exemple celle de Georges Harrison qui propose une série d'accord de guitare pour une chanson ou cette lettre de fan écrite par... Bruce Springsteen.

Mais surtout cette lecture fut pour moi une (re)découverte de cet incroyable artiste et aussi un très beau voyage dans le passé. Tout en tournant les pages du livre j'entendais la bande son de ma jeunesse défiler dans ma tête et que de souvenirs me sont revenus... Toute première chanson entendue à la radio: "Hurricane" (oh là là mais c'est qui ça ?), premier concert le 26 juin 1981 à Toulouse (au début j'ai cru à une blague), premier coup de massue: "like a rolling stone", premier émoi: "just like a woman", et je vous dis pas ce que je ressens, encore aujourd'hui, quand j'écoute: "desolation row".

Depuis beaucoup d'eau a coulé (sous les ponts de la Garonne) et j'ai un peu perdu la flamme, il y a bien longtemps que je n'achète plus les derniers albums de Dylan, peut-être est-ce à cause de sa voix qui, je trouve, a plutôt mal vieilli avec l'âge a contrario d'un Johnny Cash ou d'un Léonard Cohen.

Il n'empêche que grâce et surtout à ce livre j'ai pu découvrir tout un pan de la très longue carrière de Bob Dylan mais aussi un personnage et un artiste hors du commun et je mesure combien son oeuvre musicale et littéraire est marquée jusqu'à aujourd'hui par le génie et la créativité, combien sa culture tout azimut est immense et combien ses chansons resteront pour toujours au panthéon de la musique et dans le coeur de tous ses fans.



Vivre ne consiste pas à se trouver soi-même ni à trouver quoi que ce soit.

Vivre consiste à s'inventer et à créer. Bob Dylan
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Discours à l'Académie suédoise

J'ai la photo d'un duo en noir et blanc accrochée au mur devant moi quand j'écris, Joan Baez cheveux longs tête penchée vers Bob Dylan jouant de la guitare et de l'harmonica. C'est dire si je suis fan mais quand j'ai appris qu'il était Lauréat du prix Nobel de littérature 2016 je me suis posée la même question que lui, celle qui est en phrase introductive de son "Discours à l'académie suédoise" : "Lorsque j'ai reçu le prix Nobel de littérature je me suis demandé quel lien mes chansons entretenaient au juste avec la littérature."

Sa réponse n'est pas convaincante et je dirais même plus qu'il ne répond pas à cette question en dehors du fait que les thèmes abordés dans la littérature sont aussi des thèmes de chansons. Pourtant, je trouve que le jury a fait un choix original cette année-là d'autant plus qu'il y a du sens et de la poésie dans les chansons de Bob Dylan.

Je pense qu'il a fait le minimum syndical pour son discours. Après un hommage à Buddy Holly, il fait le choix d'évoquer certains livres lus dans sa jeunesse qui l'ont marqué : Moby Dick, A l'ouest rien de nouveau et l'Odyssée, sans citer leurs auteurs d'ailleurs.

Il n'explique pas pourquoi ces livres l'ont inspiré plus que d'autres pour ses chansons.

Non vraiment ce discours n'est pas à la hauteur de ce que j'attendais.

Vite, je vais mettre un CD, Hurricane par exemple, pour me consoler de cette déception.





Challenge Riquiqui 2022

Challenge ABC 2022/2023

Challenge Nobel illimité

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Chroniques

Pour les 71 ans de Mr Dylan moi je décide de lire son autobiographie nommé Chroniques. J'ai toujours aimé Bob Dylan pour ses chansons mais sa personnalité ainsi que son histoire ça restait un mystère pour moi, quand je voyais Bob Dylan c'était plus comme une légende de la Folk Music.

Cette autobiographie est en fait une autobiographie en roue libre c'est à dire que Bob Dylan ne nous raconte pas son histoire en y rajoutant une touche personnelle qu'il n'y aurait pas dans les biographies. Dans Chroniques il raconte par exemple les débuts son arrivé à New York dans les deux premières partie puis deux autres ( New Morning et Oh Mercy ) pour revenir à ses débuts avec la signature de son premier contrat dans fleuve de Glace. En fait le chanteur/ auteur nous livre ses coup de cœur littéraires et artistique, les  personnalités qui l'ont influencés ( notamment Woody Guthrie et Robert Johnson ) les endroits ou il a commencé, sa volonté d'écrire ses propres chansons, l'inspiration etc. Dylan ne se montre pas comme un héros comme une super star bien sur il ne parle pas non plus de plusieurs chose que l'on connaît sur lui comme la drogue et l'initiation des Beatles, son amitié avec Joan Baez et j'en passe, il le fera certainement dans les autres volumes. Dans cette autobiographie j'ai tout de même eu l'impression qu'l essayait de se démystifier en parlant de ses craintes de vieillir que sa musique soit démodé, de sa perte de toute motivation, son envie de vivre en ermite avec sa famille, son refus d'être étiqueté comme porte parole et folk singer engagé qui m'a vraiment surprise. 

Ce qui est bien réussit c'est que quand Dylan parle de sa jeunesse il y a de l'innocence, de la volonté de percé, de l'admiration pour d'autre personnes, la motivation alors que quand il parle de 1987 ou il a 47 ans ou peut sentir de l'amertume, des regrets, des peurs, des hésitations...personnellement je préfère les parties ou il parle de ses débuts. 

Je m'attendais à une autobiographie proche de la biographie ou il nous raconterait année par année pour ceux qui ne connaissent pas les dates exact de l'histoire de Bob Dylan pourront trouvé cette autobiographie décousu avec plus d'anecdotes que de grande lignes sur la création du personnage. Je fais parti de ceux qui ne connaissent pas les dates exact du chanteur mais j'arrive à le situer ça m'a un peu dérangé mais o. Finit par s'y faire, ça m'a donné envie de me renseigner sur Wikipédia ou quoi. 

C'est assez dure de faire une critique sur une autobiographie, j'espère avoir réussi. Je conseille à toutes les personne qui aiment Bob Dylan et voudraient en apprendre plus sur sa vie et sa façon de voir son succès lié à sa vie de musicien, un portrait plus intimiste d'un grand artiste. 
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Lyrics 1962-2001 - Bilingue

J'ai rencontré Bob Dylan à l'âge de 11 ans, au travers d'une photo dans un magazine papier de variétés. A cette époque, chaque soir en rentrant de l'école, j'écoutais le hit-parade de RMC, et connaissais aussi parfaitement les tubes français que j'ignorais tout de la pop music. Sur cette petite photo, en haut à gauche de la page, se trouvaient trois musiciens : Georges Harrisson, Bob Dylan et Leon Russel. Ces trois parfaits inconnus pour moi venaient de donner un concert en aide au Bengla Desh, inaugurant l'ère des Band Aid. Cette photo était en noir et blanc, et j'ai été frappée par le regard perçant de Bob, ces yeux que je devinais bleus. L'adolescence pointant son nez depuis peu, je fus émoustillée par le bonhomme. Par une belle conjonction, j'avais reçu depuis quelques mois mes premiers cours d'anglais, ma première langue étrangère, et j'avais senti un frisson particulier à l'apprentissage de mots et sonorités différentes pour exprimer, à cette époque, les objets et les faits du quotidien. Une fois par mois, j'avais l'autorisation de choisir un disque au supermarché, et un samedi je me fis acheter par ma mère un double vinyle, un "best of" de Bob Dylan. Les chansons dataient de 1961 à 1971. Comment expliquer ce mystère ? Il se produisit un téléscopage : la voix de Dylan, les mots anglais que je ne comprenais pas dans leur globalité, mais certains que je reconnaissais, la longueur inhabituelle de certaines chansons qui m'en faisait pressentir la poésie, et la musique bien sûr, qui collait si bien à ces sonorités inouïes pour moi. Alors, oui, je peux dire que j'ai aimé les chansons de Dylan, que j'en ai "pressenti" la poésie avant même d'en lire et comprendre les paroles et les images... Pour toujours cette révélation dylanesque coÏncidera pour moi avec la mutation de l'adolescence. Ainsi, en quelques jours, je passais de Gérard Lenorman, Daniel Guichard, Stone et Charden (!)... à Bob Dylan. Autant dire que mes parents se sont un peu inquiétés...

Quelques temps plus tard je me fis offrir un livre de Jacques Vassal présentant les principales chansons de Dylan et leur traduction, et j'eus la confirmation de ce que j'avais pressenti. Dylan était bel et bien un poète. Même si vous n'appréciez pas la voix nasillarde et écorchée du chanteur, je vous encourage à lire sa poésie. Elle vaut le détour. Bien sûr, comme tous les chanteurs poètes de sa génération, Dylan a "ouvert" son esprit au moyen de toutes les drogues possibles, mais après tout Verlaine, Rimbaud, Baudelaire ont usé eux aussi de paradis artificiels ! et si la drogue suffisait à donner du talent, ils seraient nombreux au panthéon...Certaines chansons de Bob Dylan sont de véritables bijoux : "Love minus zero", "Sad-eyed Lady of the Lowlands", "Visions of Johanna", "Desolation Row", etc... on ne peut les citer toutes. Dylan a fait exploser les codes, a endossé en véritable caméléon tous les costumes possibles en se mettant à dos à chaque fois ses fans précédents s'estimant trahis, mais, s'il est parfois difficile à suivre, nul doute qu'il a bâti une oeuvre incontournable dans la musique et la littérature du XXème siècle, unique et pérenne. Quant à moi, j'ai continué à explorer ses textes, remplissant mes devoirs d'anglais de citations dylanesques, ce qui me valait de la part du correcteur des grands points d'interrogation, mais cela me paraissait comme un superbe acte subversif...Grâce à Dylan, mon apprentissage de l'anglais a été un vrai plaisir, et je n'oublierai jamais les yeux écarquillés de mes cousins d'Amérique qui, lorsque je vins à New-York jeune adulte pour les rencontrer, furent littéralement estomaqués par le fait que je puisse leur chanter les chansons de Bob qu'eux-mêmes connaissaient moins bien que moi. Assurément, grace à Dylan, j'ai eu mon heure de gloire à New-York City !
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Bob Dylan revisited

Charles Dumont chantait jadis "c'est trois fois rien une chanson".

C'est sans doute vrai si l'on écoute Skyrock, mais c'est nettement plus sujet à débat dès lors que l'on parle de Robert Zimmermann.

Les (mythiques) chansons du prix Nobel de littérature 2016 sont ici reprises, sans tambours ni trompettes, par treize dessinateurs, qui, chacun à sa façon, nous proposent une partition subtile et, pour la plupart, aboutie du génie de la folk US.



Le texte original est traduit en français avant de l'être en images. On revisite alors l'univers de Dylan, dont on entend la guitare, l'harmonica et la voix unique, cassée et nasillarde, au loin, dans un coin de notre tête.



Cet album est clairement une réussite qui, je prends les paris, vous donnera envie de redécouvrir les chansons aussi indispensables qu'envoûtantes du "Tambourine Man"... qui ne figure pas dans l'album! Une suite s'impose. 🙂



Enjoy the trip!
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Tarantula

Des petits chapitres. Souvent sans majuscules ni ponctuation. Avec des titres étranges. Qui se terminent chacun par un courrier signé de noms différents. Et tout aussi étranges. homère la salope. Matamore Snifamor. mec plastoc.

Au début, l'écriture débridée révulse carrément. On feuillette en sautant des pages. On tombe sur des foules de noms inconnus : musiciens ? Politiciens ? Capitalistes ? ("Phombus Pucker" ? Sérieux ?) Sur des phrases en espagnol. Puis on lit des passages rigolos, on tombe sur des inventions loufoques. On revient en arrière. On revient au début. Et puis on est happé, et on ne décroche plus jusqu'à la fin.

Plein de monde dans ce livre, plein de tranches de vie de personnes ordinaires auxquelles arrivent des choses extraordinaires, des magouilleurs, des amoureux, des victimes de violences policières... Un portrait bien crado des États-Unis, dans une poésie déjantée extraordinairement inventive (et sans doute pas à jeun).

Toute ma compassion va au traducteur Daniel Bismuth, qui a dû en baver pour sortir quelque chose d'aussi réussi.
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Tarantula

Un livre culte dont on entend peu parler ou que l'on dit avoir lu même si c'est un mensonge. L'univers onirique de Bob Dylan, des poèmes dont la transcription est marquée d'un parti prix, pas de majuscules, souvent pas de virgules, mais des & et des ? qui parsèment le texte en caractères gras. Aussi quelques /

Des parodies, truman peyote est bien entendu Truman Capote que l'on retrouve dans les mémoires de Bob Dylan au détour d'une conversation de comptoir.

Tarentula n'a ni queue ni tête, c'est rond comme une araignée avec beaucoup de pattes, ça part dans tous les sens, ça grouille, ça peut piquer, mais on en sort toujours vivant, Je ne sais pas pourquoi j'assimile la lecture de Tarentula à la consommation de biscuits apéritifs japonais, c'est plein de couleurs, c'est drôle, c'est faible en calories, et quand on les mets dans la bouche, on ne manque jamais d'être surpris mais on continue à les manger et même on y revient. Si vous n'avez pas lu Tarentula, invitez des amis à un apéritif avec des crackers de riz japonais et discutez en autour d'un verre.

Faites l'exégèse des titres de chapitre, au hasard :

Une place au coin du feu

Conseil à un mannequin clodo

Ballade en seul majeur

Singe un dimanche

la Star de l'écran avait du sable dans les dents

Mr Bon à Rien Quitte le Labor & Coupe Dans un Tube

Avis aux Frères de Tigre & Assimilés

Les vandales en Sandales (un opéra)

Fait l'Amour à l'Amie de Maria

etc....

Finissez par Portrait de l'artiste en pop star (épilogue de Dashiell Hedayat)

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Bob Dylan revisited

Une façon plutôt sympathique de découvrir ou redécouvrir certaines oeuvres de Bob Dylan. Je la recommande vivement.

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