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Critiques de Bruno Racine (30)
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La France de Raymond Depardon

Raymond Depardon est incontestablement et résolument un grand photographe. Un livre imposant de tous les points de vue.
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Adieu à l'Italie

Il est moins connu que David, dont il fut l’élève, il n’a pas le génie d’Ingres, qui peignit son portrait en 1809 et avec qui il partagea l’amour de Rome et de l’Italie, mais il s’affiche toutefois comme un grand peintre néo-classique et même si son nom a quelque peu subi la patine du temps, on lui doit de belles et grandes œuvres telles « Le chœur des Capucins » ou « Intérieur de la basilique basse de St-François d’Assise ».

Ce peintre, c’est François-Marius Granet (1775-1849), dont Bruno Racine, ancien directeur de la Villa Médicis et actuel responsable de la Bibliothèque Nationale, ressuscite un peu de l’éclat et du faste dans cette biographie romancée au charme classique auréolée d’une prose lustrée et délicate.



Dans « Adieu à l’Italie », Bruno Racine met en scène Granet à la fin de sa vie, alors que veuf de Nena - la compagne avec laquelle il vécut une relation adultère pendant 40 ans - lui-même vieillissant, il s’attache à préparer sa sortie avec la même constance et la même discipline qu’il en a mis tout au long de sa vie pour mener à bien sa charge d’artiste-peintre. Deux grandes toiles attendent d’être achevées qui seront le point final à apposer sur le livre de la vie.

C’est là l’heure du bilan et des dispositions testamentaires, quand l’artiste, aspirant à léguer à la postérité les fruits de son travail, s’interroge sur le devenir de son œuvre avec l’indicible crainte de sombrer dans l’oubli.

C’est l’homme face à lui-même qui est ici représenté, avec cette part de lucidité qui se libère dans l’imminence de l’achèvement, l’homme face à ses questions essentielles : Qu’est-ce qui va rester ? Qu’est-ce qui est périssable dans la masse de tous les travaux, de toutes les peintures réalisées au fil du temps ?

La quantité phénoménale de superbes aquarelles de Granet, plus personnelles, plus spontanées, effectuées en marge de sa peinture officielle, acquièrent ainsi à l’heure des bilans, une autre portée, offrant un autre regard et le questionnement de savoir si l’œuvre intime n’est finalement pas plus importante que celle qui fait le succès...



Né à Aix-en-Provence dans une famille d’origine modeste, son travail, sa persévérance, ainsi que des amitiés fertiles et profondes, permirent à Granet d’accéder à d’honorables fonctions sous la Restauration et de gagner une renommée internationale dans le monde des arts.

Peintre officiel sous Louis-Philippe, il fut aussi conservateur au musée du Louvre, directeur du musée d’Aix-en-Provence ou encore collectionneur du musée d’Histoire de France.

Un certain académisme dans sa peinture et la Révolution de 1848 en firent un peintre en voie de déclassement. La Seconde République annonçait le changement, le monde évoluait et la peinture avec lui. Il n’était pas un génie et le savait, juste un peintre surpris par le succès grâce à sa plus célèbre toile, « Le chœur des Capucins », dont il dut effectuer d’innombrables répliques pour les grands de ce monde tout au long de sa vie.

Louis-Philippe détrôné, Granet se réfugia dans sa bastide du Malvallat à Aix-en-Provence, sans regret pour la vie parisienne qu’il laissait derrière lui.



Entre l’auteur, spécialiste des Beaux-arts, et le peintre déclinant isolé en Provence, les résonnances personnelles bruissent doucement dans une confession intime et ultime, faite de souvenirs heureux, de doutes, de désarrois, de l’enseignement final que l’on porte sur une vie écoulée.

Les deux hommes, tous deux conservateurs en leur temps, partagent l’amour et la connaissance des Arts ainsi qu’une passion heureuse pour l’Italie et notamment pour Rome. Bruno Racine a été directeur de la Villa Médicis, Granet y a vécu les plus belles années de son existence…cette communion de cœur et d’esprit donne à « Adieu à l’Italie » la tonalité douce des peintures intimistes, mélange de clair-obscur parsemé ça et là de taches de lumière.



La plume languide et réfléchie de Bruno Racine s’écoule en longues phrases posées et attentives, pour nous faire apprécier ce vieux monsieur aux cheveux d’argent attachant et sympathique, qui n’a jamais voulu jouer le jeu des intrigues politiques et des courtisans. Ces belles phrases élancées sont comme le puits de lumière que ménageait Granet dans ses toiles et qui était en quelque sorte sa marque de fabrique. Dans le clair obscur d’une existence vouée à l’Art, elles éclairent d’une lumière douce et tamisée le peintre dans sa bastide provençale, nimbant d’un dernier reste d’éclat cet homme en fin de parcours, désormais seul face à lui-même.

Ode à la mélancolie, méditation finale dépourvue de regrets, « Adieu à l’Italie » révèle, sans aucune tristesse, le sentiment permanent d’inachèvement, d’imperfection et d’insatisfaction que nourrissent tous les artistes.

Et François-Marius Granet nous fait une dernière révérence…

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La voix de ma mère

"Savoir que le jour et l'heure approchent n'aide pas à trouver le moment juste pour échanger les derniers mots, ceux que l'on se reprocherait toujours de n'avoir pas prononcés" (p. 116)



Un récit- hommage de l'écrivain [et directeur de la Bibliothèque Nationale] à sa mère vingt-cinq ans après son décès... celui-ci taraudé par la mémoire de que pouvait être la voix de sa mère...



Périple parallèle de la mémoire, personnelle, individuelle, familiale de Bruno Racine, et simultanément il revisite les figures maternelles les plus significatives de l'histoire de la littérature, entre Albert Cohen, Romain Gary, Marcel Proust, Stendhal, Lamartine, etc.



D'autres références littéraires sont évoquées comme le grand livre d'Amos Oz, "Une histoire d'amour et de ténèbres" où l'écrivain retrace le "long et douloureux travail d'un fils qui cherche à comprendre et finalement à

accepter le suicide de sa mère" (p.52)



"La plus grande douleur de la solitude, écrit Barthes, est de n'avoir plus de mère ni personne à qui dire "voilà, je suis rentré" (p. 31)



Un texte plein de pudeur et de retenue...grâce à l'alternance des évocations littéraires et des souvenirs plus personnels de l'auteur...
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Le Tombeau de la Chrétienne

Je me suis précipité sur le roman de Bruno Racine, en raison de son titre : le tombeau de la chrétienne. Je connaissais l'existence de ce tombeau d'une chrétienne, au sommet d'une colline surplombant la mer au-dessus de Tipasa, bien avant de savoir que Tipasa était un endroit élu par Albert Camus.

Le tombeau de la chrétienne fait partie de notre imaginaire familial. Entre 1946 et 1953, la plus jeune soeur de ma mère a quitté le village familial pour rejoindre avec son mari et leur petite fille, une exploitation agricole dans la plaine de la Mitidja, non loin de Tipasa. Ma mère nous racontait souvent ses voyages à Tipasa pour y retrouvrer sa soeur Antoinette. Tipasa, symbole de voyage lointain, plus de 400 kilomètres par des routes cahoteuses, de retrouvailles, de fêtes, de soleil, de baignades, de sardines grillées sur des feux de sarments au bord de la mer.

Et puis, pour des catholiques espagnols, exilés en Algérie, le tombeau d'une chrétienne, baptisé ainsi par des musulmans, prenait une signification particulière.

Bruno Racine, si l'on considère qu'il est le narrateur, confesse un lien de même nature avec Tipasa, pages 48 et 49 il nous dit :

« Jérôme savait que Tipasa faisait partie de mes rêves d'enfance. Mon père se trouvait en déplacement en Algérie, le jour de mes sept ans ; pour se faire pardonner son absence, il m'avait adressé une carte postale : une vue aérienne de l'énorme mausolée circulaire élevé voici deux mille ans au sommet d'une colline dominant la mer. Je l'avais égarée depuis longtemps, mais elle restait gravée en moi, plus fascinante à mes yeux que les pyramides d'Egypte. Je n'avais jamais trouvé l'occasion de la confronter avec la réalité. »

Moi aussi j'avais sept à huit ans lorsque j'ai entendu parler de Tipasa la première fois, et jamais je n'ai eu l'occasion de me rendre sur les lieux.

Fin de l'évocation du Tombeau de la Chrétienne.

L'histoire de ce roman est celle de deux amis, le Narrateur et Jérôme : « Tandis qu'il s'imposait comme le grand spécialiste de saint Augustin, je délaissai l'Université pour entrer à l'UNESCO et me consacrer à la sauvegarde des répertoires traditionnels, que l'on n'appelait pas encore les « musiques du monde ». Il était l'homme des commencements, j'étais celui des formes anciennes et menacées. »

Jérôme est marié avec Bérénice, le Narrateur avec Madeleine. Leurs histoires amoureuses empruntent leurs trajectoires professionnelles. le Narrateur amortit auprès de Bérénice les frasques de Jérôme, et ce dernier s'en remet à Madeleine pour l'aménagement de son logement.

« Illuminé par une grande verrière, silencieux comme le sont les cours du marais, l'ancien atelier de Madeleine devait servir à Jérôme de bibliothèque. de lieu de recherche et de méditation. »

Relations ambiguës qui flirtent avec des combinaisons de couples possibles, probables, mais jamais abouties.

« Madeleine resta pensive. Depuis toujours ses rapports avec Jérôme avaient une qualité particulière empreinte de réserve. Ils s'étaient rencontrés pour la première fois très peu de temps avant notre mariage. (…) ils avaient développés entre eux un langage des signes dont j'étais d'ailleurs exclu.»

(Bérénice) « …sous entendait dans l'une de ses lettres qu'elle pourrait accepter des avances de ma part. »

Bérénice et Jérôme se séparent. le Narrateur et Madeleine s'inquiètent pour lui et s'interrogent sur la conduite à adopter lorsque Jérôme raconte sa rencontre avec Aurore-Tipasa, la fille d'un ancien du FLN et d'une institutrice française, « Sur les conseils de Madeleine je me résignai donc à ne pas sortir de mon rôle de confident honnête et discret. »

Est-ce sa rencontre avec cette femme qui le conduit à accepter de tenir un colloque sur Saint Augustin, à Alger, à la demande du gouvernement d'un pays qui sort avec difficulté de la guerre civile : « Plus curieux encore, la guerre sans nom qui ravageait l'Algérie semblait le bouleverser. »

Jérôme disparait. Les autorités algériennes font état de sa mort. Un frère blanc qui l'accompagnait à Tipasa, est retrouvé errant dans la montagne, après avoir servi d'otage aux ravisseurs. Aurore Tipasa ne donne plus signe de vie. le Narrateur, sollicité par Bérénice, accepte de faire le lien avec les autorités françaises et algériennes et de se déplacer en Algérie pour tenter de retrouver « la dépouille de son ami (…) expression qui lui est venue malgré lui… »

Le contact avec les services français est tendu, pour l'officier de liaison, Jérôme est « un universitaire français qui, non content de coucher avec une franco-maghrébine, allait par-dessus le marché se faire massacrer au fin fond de l'Algérie… »

Les échanges entre lui et le Narrateur finissent par s'apaiser :

« Je me reproche en effet de ne pas l'avoir surveillé d'assez près. »

« Passé un certain cap, vous ne pouviez sans doute plus grand-chose. »

L'enquête en France consiste essentiellement à analyser minutieusement les archives, les notes et les correspondances de Jérôme. Les services français ne trouvent aucun indice. Ils chargent le Narrateur de le faire également.

L'Algérie, le tombeau de la chrétienne, passent au second plan, le récit s'appesantit sur trois données :

Le Narrateur connaissait-il vraiment Jérôme ? L'examen des documents dévoile des pans entiers de sa personnalité, inconnus du Narrateur. Sa passion pour l'astrologie par exemple.

Aurore Tipasa savait-elle que Jérôme partait en Algérie et si oui est-elle à l'origine de sa disparition ?

Pourquoi Jérôme tenait-il tant à ce voyage et à ce colloque sur Saint-Augustin ?

Le Narrateur poursuit ses investigations à Rome puis à Alger. Parvient à reconstituer l'itinéraire intellectuel et géographique de Jérôme. Il cherche maintenant à rencontrer Aurore-Tipasa…

Quelques lieux communs sur l'Algérie des années 1990-2000 sont balancés au gré du récit :

« (…) le lendemain, pour m'emmener au Tombeau de la Chrétienne : une automobile blindée dont je peinais à ouvrir la portière (…) une voiture de reconnaissance devant et une autre en queue (…) je ne pouvais blâmer personne du soin de ma sécurité. »

« Selon Jérôme, le pays ne retrouverait la paix qu'en se réappropriant son histoire, toute son histoire. Aujourd'hui l'antiquité chrétienne, demain ou après-demain la colonisation. »

« Quel pays peut retrouver la paix s'il esquive la vérité, s'il la mutile ou s'accroche à des demi mensonges. »

« (...) un blindé stationnait près de l'entrée (...) »

Le récit s'étire sans jamais parvenir à nous faire trembler, ni à nous passionner, parce qu'au fond l'important est ce qu'il adviendra de Aurore Tipasa lorsque le Narrateur la rencontrera…

« Vous êtes la première femme dont il n'ait pas cherché à savoir si je pouvais la désirer. »

La messe est dite ! On ne comprend pas le choix de Bruno Racine. Ses personnages semblent extérieurs à la réalité qu'ils veulent pénétrer, à tel point qu'on les sent ailleurs :

« (...) je m'enfermai un jour entier, sous prétexte d'écrire un commentaire de chants religieux berbères que je m'apprêtais à éditer.»

« Ma plaisanterie sur son désir d'évangéliser les musulmans me revint soudain en mémoire. »

« (...) les circonstances de sa mort ne tendaient-elles pas à colorer de teintes tragiques les derniers mois de on existence, même si la réalité était tout autre ?»

« Je me souviens parfaitement d'avoir été pur.»

On est loin de Camus et de Noce à Tipasa :

Un peu avant midi, nous revenions par les ruines vers un petit café au bord du port. La tête retentissante des cymbales du soleil et des couleurs, quelle fraîche bienvenue que celle de la salle pleine d'ombre, du grand verre de menthe verte et glacée. Au-dehors, c'est la mer et la route ardente de Poussière. Assis devant la table, je tente de saisir entre mes cils battants l'éblouis­sement multicolore du ciel blanc de chaleur. le visage mouillé de sueur, mais le corps frais dans la légère toile qui nous habille, nous étalons tous l'heureuse lassitude d'un jour de noces avec le monde.

Un livre qui m'a déçu, même si j'en ai fait deux lectures consécutives….
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Les 100 mots de Rome

Tout d'abord un grand grand merci à Babelio et à la Collection Que sais-je pour m'avoir fait parvenir ce livre.

J'avais choisi de grignoter cet ouvrage, mais c'est comme devant (une boite de chocolat/un paquet de gâteaux/ un paquet de bonbons/ insérez ici votre gourmandise préférée), on en commence un et en un clin d’œil on a tout dévoré.

J'étais tombée amoureuse de Rome lors d'un voyage il y a un an, je suis tombée amoureuse de ce petit livre qui tient autant du dictionnaire que d'un ouvrage pédagogique mais qui peut facilement être transformé en guide touristique atypique.

100 mots, 100 explications historiques et artistiques, de quelques lignes à quelques pages, écrites dans un style simple et attractif. A lire en suivant, en cherchant une entrée particulière, en réseau grâce aux astérisques qui renvoient aux autres mots de l'ouvrage, bref, il n'y a pas de règle et c'est ça qui est bon.

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé les lieux que j'ai pu visiter, j'ai eu envie de les revoir à l'éclairage de ce que j'ai appris, de découvrir tout ce que j'ai raté la première fois, comprendre l'implication des lieux dans l'histoire, de l'antiquité à la période contemporaine.

J'ai adoré trouver à la fin un plan de la Rome antique et un actuel (un peu petit certes) qui permettent de resituer tous les lieux évoqués.

Mon seul bémol tient dans le fait que l'usage veut qu'on utilise des noms francisés alors que j'ai eu l'habitude de les entendre uniquement en italien (beaucoup plus beau à mon goût), du coup il m'a parfois fallu un temps de réflexion afin de faire le lien.

Bref un vrai coup de cœur que je glisserai dans ma poche (le format q'y prête tellement bien) lors de mon prochain voyage dans la ville éternelle.

#ChallengeMultiDéfis2019 item 29 un livre qui n'a pas encore reçu de critique sur Babelio
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Google et le nouveau monde

Bruno Racine est l'ancien directeur de la BNF. Son ouvrage traite donc des applications de Google dans la numérisation des documents, son sujet est moins large que je ne l'imaginais.

En outre, il date de 2010, huit ans pour un tel sujet, c'est considérable. Néanmoins, il s'interroge sur les dangers ou pas de la firme californienne, sur l'opportunité de signer des accords entre Google et les bibliothèques nationales ( accords souvent signés de toute façon).

La première partie est plus intéressante car elle retrace rapidement l'histoire du livre et la révolution du numérique aussi important sinon plus que celle de Gutenberg
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La France de Raymond Depardon

Ce qu'il y a de bien avec les photos de Raymond Depardon, c'est que tu poses les yeux dessus comme tu le ferais si tu trouvais un carton de photos de vacances dans le grenier de ton grand-père.



Tiens, regarde cette boulangerie dans laquelle vous vous arrêtiez le matin sur la route des vacances, avant que la nationale ne contourne cette jolie petite ville.



Ce qu'il y a d'un peu angoissant avec les photos de Raymond Depardon, c'est que tu crois avoir sous les yeux des images vieilles d'une trentaine d'années avant de réaliser qu'elles sont toutes été commises ces dix dernières années. Cet air d'un pays qui se serait arrêté de vivre te fait un peu flipper.



Ce qu'il y a de touchant avec les photos de Raymond Depardon, c'est que même quand elles diffusent des impressions mitigées elles te laissent une petite trace qui ne s'effacera pas de si tôt.


Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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La France de Raymond Depardon

Dans ce beau recueil de photographies couleurs en très grand format, Raymond Depardon s'adonne à ce qu'il a toujours fait avec ce talent qui a bâti sa renommée : radiographier la France, la mentalité nationale, les territoires du pays "profond" et ses habitants à travers ses paysages naturels ou artificiels.

Y est mis en valeur ce que croisent quotidiennement les français de la France rurale ou semi-urbaine : devantures de magasin totalement vintage/obsolètes (faïences et typographies des années 60 ou 70 en veux-tu-en voilà), aux coloris criards ou fanés, croisements, rond-points à la décoration hasardeuse, zones commerciales désertes ou zones touristiques hors-saison, maisonnettes laides ou coquettes en bord de routes nationales.

Tout cela a un air de fin du monde, presque un décor post-apocalyptique encore en fonction, mais d'où seul l'humain est exclu (les êtres humains sont absents ou n'apparaissent que sous la forme d'insignifiantes petites silhouettes qui semblent hanter silencieusement le décor).

A partir de paysages naturels ou urbains anodins auxquels plus personne ne prête attention, Depardon élabore des clichés au pouvoir de suggestion très puissant.

Il illustre avec justesse, ce que les sociologues et les journalistes des ces dernières années ont baptisé la "France périphérique" et c'est en cela que cet artiste est "politique".
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Le gouverneur de Morée

1711-1715 la république de Venise nomme Sagredo, gouverneur de Morrée. il s'installe à Nauplie et se consacre à la construction d'un fort imprenable. l'architecte français Lassalle est chargé des travaux.

Sagredo tient son journal pendant ces années.

occasion de retourner à Nauplie, de chevaucher jusqu'à Corinthe, dans un Péloponn-se - en apparence - pacifié.

Occasion surtout de rêver à Venise, ses vénérables palazzi, ses bals maqués, les bouches de lions pour les lettres de dénonciation. De se pencher sur la politique subtile et parfois retorse de la Serenissime.

Le gouverneur se livre, sans se découvrir, se méfie autant des Vénitiens que des Grecs ou des Turcs. prudence diplomatique, défiance, les échanges avec la population locale est réduite à l'achat de marbre auprès d'un entrepreneur complaisant, ou service d'un ancien pirate gracié devenu le domestique du gouverneur.

Sagrédo nommera son fort Palamède et nou livre une évocation de ce héros mythologique.

Réussira-t-il à édifier la chapelle, touche personnelle qui signera son oeuvre ajoutée aux fortifications de Lassalle?

Confidences en finesse.

Un livre léger, délicat agréable à lire
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La Révolution du livre numérique

Voila un livre très intéressant sur l'état des lieux et l'avenir du livre numérique puisqu'il rassemble divers points de vues intéressants. Si les auteurs ont des points de vues divergents sur le comportement a adopter face aux géants : Amazon, Apple et surtout Google, ils sont néanmoins tous d'accord pour dire que l'édition numérique est loin d'être parfaite aujourd'hui. Tous les acteurs tant publics (bibliothèque, État, etc.) que privés (éditeur, libraire, auteur, etc.) ont du pain sur la planche pour favoriser le développement du livre numérique. Parmi les idées retenus, nous avons l'élaboration d'une plateforme commune de vente de livre numérique pour les éditeurs français. Mais aussi la baisse de la TVA (à 5,5%) alignée sur celle du livre papier et la mise en place d'une loi équivalente à loi Lang pour le livre numérique et donc de facto reconnaitre le livre numérique comme un objet similaire au livre papier.



J'ai néanmoins était surpris et déçu que le livre n'aborde à aucun moment le cas des DRM qui sont pourtant selon moi un des facteur important de frein à l'extension du numérique, certains parmi les plus restrictifs favorisent même indirectement le téléchargement illégal et ont donc un effet inverse à celui recherché. J'ai en revanche beaucoup apprécié la réflexion menée par Bruno Racine et Jean-Nöel Jeanneney, tout deux ancien directeur de la BNF, sur le rôle des bibliothèques numériques tels que Gallica et Europeana ainsi que les enjeux d'une numérisation massive du patrimoine par la BNF et les autres Bibliothèques nationales afin d'éviter l'hégémonie de Google et ses conséquences qui pourraient être désastreuses. Mais refuser de discuter avec des partenaires comme Google pourrait se révéler tout aussi risqué.
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La France de Raymond Depardon

Des photos simples, familières, d'un paysage urbain provincial qui disparait petit à petit, pour être remplacé par un plus moderne, mais aussi plus uniforme. Ce livre est une véritable immersion dans ce qui reste du cadre de vie des dernières décennies.
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Le gouverneur de Morée

Un envoyé de la Sérénissime République. Venise au bord de la décadence. Le récit au cordeau d'une marche vers le vide, de l'édification d'une forteresse inutile aux confins de l'empire. On songe à Gracq et à Buzzati. Un beau roman.
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L'île silencieuse

Dans un style magnifique, Bruno Racine nous livre un passionnant roman à 4 voix. « L’île silencieuse » est le théâtre de rencontres improbables et rares, et nous restons attachés à ces 4 personnages de la première à la dernière ligne. Une lecture enthousiasmante !
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La France de Raymond Depardon

Cet ouvrage reprend les photographies de l'exposition de 2010 de la BNF. La France entre modernisme et traditionalisme , entre zone urbaine et zone rurale. Un livre de frontières.
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La France de Raymond Depardon

Très réussi ce bouquin.

Depardon photographie toute la France, ou presque: le nord, la nièvre, le languedoc, l'aveyron ... Il prend les devantures de magasins (institut de beauté Coquine), les villages, les rues, les maisons, les bizarreries, les grandes enseignes (Ikéa), et puis on se dit qu'il donne à voir la France qu'on connaît, celle que j'arpente, la France rurale, celle de la simplicité, d'un certain désoeuvrement aussi....
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L'île silencieuse

Je me suis commandée ce livre après avoir lu une excellente critique. En outre, le sujet m’intéressait puisque je suis allée moi -même en retraite dans une abbaye. Et je suis bien marie de le dire mais je n’ai pas du tout accroché. D’une part, le style m’a semblé extrêmement fade, les personnages caricaturaux et surtout ce livre m’a donné le sentiment de compiler les poncifs, phrases toutes faites et surtout de cocher les idées tendances actuellement. Je suis déçue car je m’attendais à du style et de la profondeur...
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L'île silencieuse

Un grand livre, envoûtant, prenant.

Ce court roman est un "page turner", où le silence de l'île résonne du fracas du monde et du fracas intérieur des personnages. A découvrir d'urgence, on ne le lâche plus jusqu'à la dernière page et on n'a plus alors qu'une envie : lire la suite, et en savoir plus sur ces 4 personnages, sur les moines, sur leur monastère et sur leur île.

Laissez-vous prendre par ce calme avant et après les tempêtes de l'existence.

On rêve de la formidable série que des producteurs avisés pourraient tirer de ce livre à la fois sombre et lumineux.
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La France de Raymond Depardon

La France représentée par Raymond Depardon, c’est l’image d’une belle France !

Vouloir observer tous ces lieux, dont regorge mon pays.

Me balader dans ses rues et grimper sur ses montagne !

Goûter les spécialités qu’offre nos régions !

Découvrir les plus de 365 fromages que nous possédons !

Dommage que je suis au chômage...

Peut-être dans une autre vie ? qui c’est ...
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Google et le nouveau monde

Un essai très explicite malgré sa courtesse ! Comme quoi, il n'y a pas besoin de surdevelopper pour traduire sa pensée comme beaucoup d'écrivains le font. Que l'on soit d'accord ou non avec Bruno Racine, l'ouvrage permet tout de même de se poser la question autour de cette problématique de numérisation des livres ainsi que leurs conséquences et y apporte quelques informations utiles pour répondre à celle-ci.
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L'île silencieuse

Que dire ? Pour qui et pourquoi ce livre a-t-il été écrit (et publié) ? Réponse charitable : pour faire plaisir à l'auteur qui, «écrivant» ce «livre», se confirmait ainsi à lui-même, sans beaucoup de peine, qu'il est bien un «écrivain».

Vaut-il la peine d'être lu ? Non. Quatre âmes en peine errent durant trois jours dans un abbaye, située sur une petite île. Elles se croisent, se parlent, s'interrogent. Se passe-t-il quelque chose de grave, d'important, d'essentiel ? Non. Voilà, le livre est lu. Cela en valait-il la peine ? Non. Mieux eût valu pour vous observer discrètement des enfants jouant avec une dînette de poupée. La possibilité d'entendre jaillir de la conversation enfantine une remarque profonde sur la vie et l'existence aurait été plus grande que lors de votre plate déambulation de lecteur dans ce «roman» bien silencieux. Vale.
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