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Citations de Camille Bouchard (91)


Vaillancourt est une moumoune. C’est la conclusion à laquelle arrive Sébastien Landrieux. Vaillancourt est une sorte de demi-homme, trop maniéré pour être un vrai mâle. Voilà. Tous les jours, Vaillancourt vient donner ses cours de français vêtu d’un veston brun ou gris foncé enfilé sur une chemise ou un t-shirt aux couleurs agencées. Son pantalon est toujours impeccable, ses chaussures propres et cirées. L’enseignant a une allure trop distinguée pour être décontractée. Sans parler de sa chevelure blanche et abondante, bien peignée, avec une raie sur le côté, de ses yeux noirs et profonds,de son nez parfait, de son sourire à la dentition parfaite et de ses joues rasées de frais. Et là, encore, on ne parle pas de sa voix égale, de son timbre clair, et de sa façon de bouger les poignets quand il explique quelque chose… Franchement ! On dirait une danseuse de flamenco. Non, décidément, si Vaillancourt est un homme de cinquante ans avec la classe d’un James Bond, il est loin d’en dégager la force virile. Pas de quoi s’attirer la sympathie de Sébastien Landrieux. Sébastien, lui, a quinze ans. Il est en quatrième secondaire comme son ami Thibault qui a quinze ans, lui aussi. Sébastien est le gars le plus séduisant de l’école. Ou le deuxième ou le troisième, ça dépend des goûts, bien sûr, mais Sébastien est vraiment un beau bonhomme. Il ressemble à cet acteur, dont l’adolescent oublie toujours le nom, mais qui joue Superman au cinéma. Thibault est plutôt le quatrième, ou le sixième, ou le huitième, mais il n’est pas mal non plus, et les deux gars adorent profiter du succès qu’ils ont avec les filles. D’ailleurs, ce sont les étudiantes les plus jolies de l’établissement qui leur tournent autour sans arrêt, ce qui ne manque pas de les conforter dans leur certitude d’être eux-mêmes de sacrés beaux partis. Il n’y a que Sabine Sansfaçon, indépendante et méprisante, qui ne leur prête aucune attention. Par malchance, cetteadolescente a été élue « carrosserie en pole position » de l’école deux années d’affilée par un concours officieux organisé par le non moins officieux club des amateurs d’anatomie, dont Sébastien et ses amis proches sont les membres assidus et enthousiastes. Mais aucun des gars n’est parvenu à la séduire. — T’as vu ceux qui jasent en avant? demande Thibault à Sébastien lorsqu’ils s’installent à leur pupitre au fond de la classe de français. — Autour de Mohamed ? s’enquiert Sébastien. — Ouais. — Jérémie pis Jonas ? — Avec Élie et Jésus. — Ouais, pis ? fait Sébastien. — On dirait une réunion de prophètes. Sébastien fronce les sourcils en déposant son sac sur son bureau – avec bruit parce que, parfois, ça fait sursauter Sophie devant lui, et il rigole à tous les coups. Il demande: — Pourquoi tu dis ça ? — Tu te souviens pas, la semaine passée ? Au cours d’Histoire des religions? Les prophètes avaient tous des noms de même. Hahaha ! Thibault rit souvent de ses propres blagues, ce qui, parfois, agace Sébastien.
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Une sonnette de vélo m'interrompt.
- Il y a une bicyclette dans le couloir? s'étonne babou en regardant la porte?
-Un texto, je réponds en tirant mon téléphone de ma poche arrière. c'est maman. Elle m'envoie une liste de trucs à aller acheter à l'épicerie du coin pour le souper. Tu viens avec moi?
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- Christopher, répète grand-père en relâchant enfin la main du conjoint de maman, mais sans le quitter du regard. Pourquoi, bouzin! Ta mère t,a baptisé d'un prénom anglais? C'est quoi, ton nom de famille, déjà?
- Ga...Gagnon, Monsieur Marc-André. Enchanté de vous...
-Gagnon? Christopher Gagnon? C'est ce que je disais! Colonisé d'Élisabeth d'Angleterre, va!
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Babou? Ce grand type absolument pas vieux pour ses quatre-vingt-dix ans qui marche droit comme un lampadaire, qui se déhanche comme un athlète de basketball, qui balance des épaules en rajustant un sac à dos aussi lourd que lui tout en tirant une valise à roulettes qui le suit comme un chien de poche?
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Je me souviens parfaitement de mon premier cri de Négresse. C’était le vagissement du nouveau-né, clameur célébrant la victoire sur la chair libérée et exprimant la douleur d’émerger moins libre qu’avant. Quand j’ai jailli du ventre de ma mère, j’ai hurlé qu’on ne m’y reprendrait plus.
D’aucuns diront que la boîte à souvenirs d’un bébé naissant ne s’est pas encore mise en train, que je ne peux prétendre me rappeler ma venue au monde. Mais je suis différente des autres Négresses qui ont abreuvé cette terre de sueur et d’eaux placentaires. Je suis d’un lieu parallèle d’où les loas du vaudou m’ont tirée afin d’imprimer leur signature dans l’univers des esclaves et de leurs maîtres blancs.
Quand j’ai accédé au monde des vivants, il n’y avait pas de mains de sage-femme pour recueillir ma tête. J’ai surgi dans la litière d’un champ de coton en pleine saison des récoltes, le corps trempé des liquides maternels et de sucs végétaux ; des flocons pelucheux et des charpies de plantes collaient à ma peau. (…) Un esclave surgi de la travée voisine coupa net le cordon avec une serpette, le jetant aux chiens qui s’en régalèrent.
Je ne prétends pas avoir été présente à tous les événements que je vais vous narrer (…) mais toujours je me suis assurée de leur authenticité afin de ne vous transmettre que la vérité.
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Il fait noir. En fait non, il fait rose. Mes paupières sont closes et nous sommes en plein jour.
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Il est facile de lire la sincérité ou le mensonge pieux chez le moine. Son front, haut et libre de cheveux, ne masque guère les plis qui y ondulent. La moindre ligne, pareille à une dune sablonneuse sous le vent, se creuse et serpente au gré de ses émois. Ses grands yeux couleur d’ambre laissent échapper la plus infime émotion comme une fenêtre sans volets répandrait le soleil ou la pluie. Il a un nez court et étroit dont les rebords des narines s’agitent chaque fois qu’il est contrarié. Je l’ai déjà remarqué, et c’est bien le détail sur lequel je m’arrête.Mais lesdites narines ne palpitent pas.
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Et pourtant, si Gengis Khan avait eu un animal de compagnie génétiquement modifié par un génie du mal pour être un hybride sadique entre un requin blanc, un grizzli et un calamar géant, alors cet animal de compagnie mutant aurait eu un ratel comme professeur de Krav Maga.
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Pourquoi les vaches ont-elles des cornes ?Pourquoi la plupart des petites antilopes femelle n'en ont-elle pas ? Pourquoi les hommes ont-ils des tétons ?
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À la télé, ils disent bien que la drogue, ça rend con, mais pour une fois…
La drogue, ça rend effectivement con.
Et dès la première fois.
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Dans cette scène qui dure une seconde, je devine toute la vie qui a dû être celle de cette femme : domine si tu ne veux pas être dominée ; tue si tu ne veux pas être tuée ; et, par la bande, frappe si l’on t’a frappée.
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Je ne tiens pas à savoir quoi que ce soit. Je ne tiens pas à ce que tes ennuis deviennent les miens.
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La beauté d’une femme, c’est une question de goût.
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Si l’ennui était mortel, l’école serait un cimetière.
Francis Bacon

Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question.
Pierre Desproges

La littérature m’a rendu moins con.
Henri Salvador
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À cinq centimètres derrière lui, couchée en cuiller, repose une forme humaine, vaguement vaporeuse, un peu luminescente, coiffée de cheveux éthérés, sans véritables bras, mais prolongée par deux jambes menues aux pieds délicats. Aussitôt, je pense aux étranges taches vertes repérées exactement à cet endroit et au curieux tableau qui se peint de lui-même, nuit après nuit.
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—Je ne vois rien d'autre qu'un... qu'un revenant pour produire ces images ! Un lutin, peut-être.
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Papa se penche vers l'écran et je l’imite. Dans l'embrasure de la porte on distingue une forme vaporeuse qui n'était pas là sur l'image précédente.
—Un reflet ? s'interroge mon père à voix haute.
—C'est ce que je crois aussi, dit Pierre Marquis. Même si, sur les autres photos, il se déplace. Continue, Fabrice.
Mon ami passe au cliché suivant. Celui-ci montre que, cinq secondes plus tard, ledit reflet est entré dans la pièce où nous dormons. Cette fois, la forme apparaît vaguement humaine,avec une tête et des épaules.—C’est quelqu'un qui bouge rapidement. C'est la raison pour laquelle ça reste flou.
—C'est parce que c'est un fantôme... clame dans notre dos la voix d'Anoushka qui prononce ses premières paroles depuis notre arrivée.
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En mode plein écran, Fabrice et moi apparaissons, assis en lotus sur notre sac de couchage. L'image est sombre, parsemée de pixels rouges. Puisque l'éclairage n'était pas adéquat, le logiciel a ajusté automatiquement le temps d'obturation de chaque prise à son maximum. Le moindre de nos mouvements a rendu les détails flous. Sur ce cliché, par exemple, Fabrice m'écoute attentivement : il est assez bien représenté. Moi, par contre, qui utilise beaucoup les mains pour parler, on dirait que je n'ai pas de bras.Fabrice appuie sur la touche « flèche vers la droite » pour passer aux images suivantes. Ici, c'est moi qui suis au foyer et Fabrice qui est flou. Là, c'est ma tête qui disparaît sur mon corps pourtant bien visible –je devais hocher le crâne pour dire non. Là, c'est Fabrice qui est indistinct...
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— Anoushka ! lance tout à coup l’une des copines de Sarah. Les gars parlent d’aller à la chasse aux revenants dans la maison que tes parents veulent acheter !
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– Je suppose donc que tu ne crois pas aux fantômes ? insiste Voyer.
— Pas une miette.
— Alors, je te défie de dormir une nuit entière dans la maison des Turgeon- Hébert.
— C’est quoi, cette gageure pour débiles ?
— Tu te défiles ? Tu as peur d’avoir peur ?
— Contrairement à toi et à ta bande d’arriérés, Voyer, j’ai passé l’âge des enfantillages.
— Tu te penses supérieur à tout le monde avec ton cerveau d’Einstein mal cloné alors, on t’offre la possibilité de prouver que les profs de sciences ont raison de te considérer comme un génie.
— Je n’ai rien à te justifier, Voyer.
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