Caroline Quine

La barque glissa le long d'une rangée de bâtiments en briques écaillées qui se confondaient les uns avec les autres. Mais quand le gondolier plongea son aviron sous le pont, deux yeux verdâtres apparurent derrière la fenêtre entrouverte. Le cœur d'Alice se mit à battre à grands coups.

Soudain, un inconnu bouscula Alice et la força à avancer. Elle se trouva pressée contre la chaîne. Rien d'autre ne la séparait de l'eau. Elle tenta de reculer, mais la foule derrière ne bougea pas.
L'homme appuya alors de toutes ses forces sur ses épaules pour lui faire perdre l'équilibre. Elle heurta les maillons d'acier et, avant que quelqu'un n'ait pu l'attraper, glissa sous le garde-corps !

- L'homme qui possède ces images est un tueur d'une espèce rare et dangereuse.
Le cœur d'Alice s'arrêta.
- Et Ned est son prisonnier...
Elle ne put en dire davantage.

Elle venait d'entrevoir, dans la chambre noire, l'inconnue de l'avion. L'instant d'après, les lumières du studio s'éteignirent. Les fenêtres étant obstruées par d'épais rideaux, ce fut l'obscurité la plus complète. Alors un vent froid envahit la pièce, Alice sentit une main moite se poser sur son visage et glisser vers sa gorge...

Ayant enfin réussi à s'endormir, elle fut réveillée brutalement. Que se passait-il ? Elle se redressa et tenta de voir à travers l'obscurité.
Soudain, un cri perça le silence de la vieille maison. Il provenait, semblait-il, du rez-de-chaussée. Un choc sourd lui succéda, puis un hurlement à vous glacer le sang. Et le silence retomba, plus sinistre que jamais.

- Alice, qu'as-tu ? s'écria son père, avec inquiétude.
Alice leva les yeux sur lui, le visage illuminé :
- Je crois que j'ai trouvé ce que signifie le médaillon ! leur dit-elle. J'ai découvert le secret de l'île de l'Ancre.

- La radio, répondit son père en se tournant vers elle. Complètement sabotée.
- Mais comment ? s'exclama Marion, arrivée sur les talons d'Alice. Qui a pu faire cela ?
- Il semble que nous ne soyons pas seuls sur l'île comme nous le supposions.

Une aventure passionnante et plutôt scientifique cette fois. Mais c'est vrai que le titre ne va pas très bien avec l'histoire.

Avant de partir, M. Clark remercia encore Alice.
- Je vous ferai remettre la clef de Cooperstown en souvenir de votre contribution aux richesses du musée de notre ville, dit-il.
Les yeux de la jeune fille brillèrent. Ce souvenir lui rappellerait les heures passionnantes qu'elle avait vécues en compagnie de sa tante et de ses amis. Il lui rappellerait aussi la charmante Dame du Lac.

Elle sortit de son sac une seconde enveloppe, froissée, mais dont les cachets de cire étaient intacts. A cette vue, les yeux de Mme Struttor se remplirent de larmes.
- La photographie et la lettre volées avec mon sac ! Oh ! merci, merci ! c'étaient les souvenirs de ma fille dont je ne me séparais jamais.
- Personne n'y a jeté un regard, dit Alice avec un sourire. Pas même Tony qui les avaient enfermés dans sa valise. Leur secret n'a pas été violé, madame.

Voyant la tristesse creuser les traits de Romano à l'évocation de la femme qu'il avait tant aimée, Alice lui parla des dons de sa fille. Rose dévorait son père des yeux. Encore émue des heures angoissantes qu'elle venait de vivre, elle restait calme et douce.
- Tu viens avec moi chez Mamie, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en lui prenant la main.
- Tu crois qu'elle souhaite ma présence ?
Alice se tourna vers lui avec un sourire lumineux.
- Mme Struttor m'a dit au téléphone avec quelle impatience elle attendait de vous serrer tous les deux dans ses bras.

- Monsieur Pepito, murmura Alice en poussant Rose devant elle. Je vous amène votre fille !
L'homme sursauta, la frayeur se peignit sur son visage. D'un air ahuri il fixa Alice, puis, Rose, se leva d'un bond, courut à l'enfant qu'il serra dans ses bras.
- Rose ! Ma petite Rose ! sanglota-t-il.
- Papa ! Ne me quitte plus, plus jamais..., supplia-t-elle.
- Non, je te le promets. Nous resterons toujours ensemble toi et moi. Peu m'importe ce que dira Zorus, nous partirons d'ici.

Alice ouvrit de grands yeux. Sans répondre, elle s'écria :
- Comment je n'y ai-je pas pensé plus tôt ! Le soleil est source de lumière ! Attention au roi et à sa source de lumière !
Elle esquissa deux pas de danse.
- Enfin, la lumière commence à m'éclairer, ajouta-t-elle en riant.

Le professeur Don Maguire se leva ensuite.
- Tous ici, vous avez apporté une précieuse contribution à la science, dit-il. Je propose que nous fassions un ban en l'honneur d'Alice Roy dont la découverte est inestimable !
Alice rougit sous les applaudissements et les acclamations qui, soudain, animèrent le silence du désert.

- Nous formerons une caravane, dit Ned. Il y aura des camions, des Land Rover, des jeeps, une cuisine sur remorque.
- Ce sera ta place toute désignée, Bess, observa Marion, taquine. Tu pourras mijoter à loisir les petits plats que tu apprécies tant.
- D'accord, répliqua Bess? Je t'en préparerai un spécial truffé de piments rouges.
Ils rirent de bon coeur à cette repartie.

Elle emprisonna ses boucles blondes dans un foulard imperméable, glissa son revolver et sa lampe dans sa poche, ouvrit la porte de sa chambre et tendit l'oreille. Pas le moindre bruit.
- J'ai l'impression d'être un fantôme moi-même, se dit Alice en réprimant un éclat de rire.

- Un bon détective est chose rare.
- Ce qui veut dire que j'en suis un ? demanda la jeune fille dont le visage prit une expression heureuse.
Tendrement, James Roy regarda sa fille.
- Oui, et veut dire aussi que je suis très fier de toi. A dater d'aujourd'hui, j'ai l'intention de faire appel à toi pour résoudre certaines affaires qui me seront confiées. En fait de détective, je crois bien que tu me bats d'une bonne longueur, ajouta-t-il avec un sourire taquin.

- Je, soussigné, Josiah Crosley, déclare que ceci est mon dernier testament, annulant ainsi toutes autres dispositions testamentaires prises précédemment. En vertu de quoi, je lègue tous mes « biens, meubles et immeubles, comme suit : A mes chères amies, Grâce et Millie Horner, une somme de soixante-quinze mille dollars chacune....
- Mon Dieu, je ne puis y croire, balbutia Millie, le souffle coupé par la surprise.
(...)
- Et il poursuivit : « A ma cousine Jessica Rowen, en reconnaissance de sa bonté à mon égard, la somme de soixante-quinze mille dollars
Grâce joignit les mains.
- Que je suis contente pour elle, murmura-t-elle.
- A présent, elle pourra se faire soigner convenablement, ajouta Millie.
Alice tourna vers les deux sœurs un visage rayonnant.
- J'aurais tant voulu qu'elle pût venir aujourd'hui,souffla-t-elle. Mais nous irons la prévenir dès ce soir.
(...)
- A mes neveux, Fred et William Morris, la somme de vingt mille dollars chacun, poursuivit James Roy, imperturbable.
Les deux frères parurent éberlués. Jamais nous n'aurions espéré recevoir autant, dirent-ils avec ensemble.
- A mes cousines Mathilde et Emma Turner, la somme de vingt mille dollars chacune.
- Quelle générosité ! murmura Emma.

Le lendemain, les Roy donnèrent une réception qui réunissait que des gens heureux. Les Doll étaient tout sourire et ce fut d'une voix émue que Mme Doll dit à la jeune hôtesse en l'embrassant :
- C'est à vous que nous devons de nous retrouver et de retrouver le bonheur.
- Ou plutôt, au fait que votre mari avait perdu son carnet vert, corrigea Alice en .souriant.
- Oui, sans les précieuses indications qu'il contenait, jamais Alice n'aurait pu en retrouver le propriétaire et démasquer cet horrible Raibolt », ajouta M. Roy.

- Je ne suis pas encore fixée, il va falloir que je réfléchisse, dit Marion. Mais, en tout cas, je suis sûre du personnage que je ne chercherai pas à représenter !
- Lequel donc ? questionna Bess, étonnée.
- Celui d'Alice Roy, tiens !
Et Marion fit semblant de frissonner.
- J'ai essayé une seule fois de me travestir à sa ressemblance, mais l'expérience m'a suffi : le jeu est trop dangereux !