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Critiques de Caroline de Mulder (154)
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La pouponnière d'Himmler

Description de l'industrialisation de l'eugénisme en Allemangne dans la dernière année avant l'effondrement du nazisme. Au travers 3 histoires parallèles on découvre les différents destins, les jugements different en fonction des personnages. Tragique et reel , ces derniers mois sont captivants.

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Manger Bambi

Manger Bambi est comme son héroïne : violent, trash et cru. J'ai tout d'abord détestée cette fille qui pète un câble pour rien et jure comme un charretier. Ensuite je butais encore sur son langage, mais assez inexplicablement j'ai été emporté par le rythme, par les mots et j'ai baissé la garde... Un peu comme ces vieux mecs qui sûr d'eux et de leurs fantasmes, pensent que l'argent permet tout et notamment de se payer une jeunette. Sans crier gare, Bambi tête à claque, instable m'a émue avec son histoire sordide. On entrevoit le calvaire de son enfance, la maltraitance et le point de bascule, qui peut malheureusement expliquer que pour se défendre, s'endurcir, elle vrille et devient une bête, qui frappe, qui saigne et se venge. En effet qui était là pour rétablir la justice ? Pour l'écouter et voir que le problème, c'est pas elle ? Un croisement entre Hell de Lolita Pillé, du Virginie Despentes et du Rebecca Lighieri. Un roman noir hardcore, déchaîné et prenant, on est subjugué et on veut connaître le dénouement coûte que coûte, même si le lendemain on regrettera les heures de sommeil en moins.
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Calcaire

Je suis très mitigée au sortir de cette lecture.

C’est un polar bien noir, dans une Flandres bien glauque.

L’écriture enchaîne des chapitres aux phrases courtes, presque sans verbe comme haletant avec des chapitres à la rédaction soignée. Le langage peut être vulgaire, onirique. Autant de styles qu’il y a de personnages, tous torturés, blessés par la vie.

Toutefois, il y a des longueurs et plus on avance, plus on a envie que ça se termine.

Et je suis restée dubitative en refermant le livre « Tout ça pour ça ? »

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Calcaire

Un polar noir de chez noir ! Une écriture abrupte, brève, tranchante, unique, originale... Cela passe ou ça casse ! Tout le monde n'est pas prêt à suivre l'auteure («auteure», «autrice», «écrivaine»,... je m'y perds un peu) tant son écriture bafoue les normes, choque les oreilles châtiées, mais renforce l'efficacité des atmosphères plombées qui émanent de ce récit.



Un officier qui se remet lentement d'un AVC, le luitenant Frank Doornen (lieutenant, pour ceux qui ne parlent pas flamand) aime. Il aime une femme fragile que la vie (et les hommes) n'ont guère épargnée. Elle aussi l'aime. Il devait passer la prendre, mais il a eu un malaise, conséquence de son AVC. Quand il se présente quelques heures plus tard à la fermette de pacotille qui abrite sa dulcinée, il ne trouve plus qu'un trou qui a avalé la "villa". Mais où est passée Lies ? Point de corps sorti par les pompiers des décombres de cette baraque construite sur du vide, le vide des carrières de roche calcaire extraite sur des kilomètres. Frank veut à tout prix retrouver Lies, morte ou vive. Il commence son enquête dans un univers de déchets toxiques où règne Monsieur Orlandini, puissant homme d'affaires, protecteur de Lies et corrupteur de tout ce qui a un peu ou beaucoup de pouvoir dans la région. Heureusement, il pourra compter sur Tchip, ferrailleur, recycleur, informaticien...
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Géodésiques : Dix rencontres entre science et l..

Géodésique : en géométrie, une géodésique désigne la généralisation d'une ligne droite sur une surface. En particulier, un chemin le plus court entre deux points d'un espace pourvu d'une métrique est une géodésique.



Quelle idée originale de mettre en rapport la science et la littérature. C'est ce qui a donné la naissance d'une maison d'éditions belge, "L'arbre de Diane" , partenaire de lecture que je remercie.



Au départ dix rencontres entre des scientifiques, chercheurs et des écrivains et poètes.



A chaque fois, un principe, une théorie scientifique expliquée, ils en débattent par binôme. Elle sera la source d'inspiration pour le poète ou le romancier qui la reçoit. Le fruit de ces rencontres est ce recueil hors du commun.



J'ai apprécié l'originalité de ces rencontres.

L'occasion de découvrir des plumes inconnues pour moi.



A noter les très belles illustrations dont est émaillé l'ouvrage, elles sont de Nathalie Garot, biologiste-peintre.


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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La pouponnière d'Himmler

Pour une fois, je ne vais pas faire de critique personnelle, car je vous conseille vivement de vous référer à l'excellentissime commentaire de notre ami KIELOSA, auquel j'adhère totalement à la virgule près.

Je croyais bien connaitre l'histoire des Lebensborn, mais c'était sans compter Caroline de Mulder l'auteure, qui a fait un travail remarquable de recherche et qui m'a fait découvrir un autre aspect de cette folie, mais vu de l'intérieur avec ces trois personnages très puissants qu'on va suivre de septembre 1944 à mai 1945.

Le 3ème et dernier chapitre est celui qui m'a sans doute le plus bouleversé, on n'en ressort pas indemne, croyez moi.

Un sans-faute total, une écriture exceptionnelle de sensibilité, de réalité, un récit qu'il faut absolument découvrir.
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Manger Bambi

Bambi a presque 16 ans, s'ennuie ferme auprès de sa mère alcoolique. Bambi c'est Hilda, pour tuer l'ennuie elle traine sur les sites de rencontres à la recherche de vieux qu'elle pourra plumer.



Avec deux copines de collège, elles mènent une vie qui va au-delà des apparences. Le besoin d'adrénaline pour combler les manques d'affection. Toujours à la limite, toujours sur le trait de la marge. Invincibles !



Et puis il y a Nounours, un gars que sa mère a ramené à la maison et qui prétend qu'il va s'occuper d'elles. Mais qu'attend-il exactement en retour ?



Bambi, en pleine construction de sa personnalité nous dévoile à la fois sa violence, sa haine, sa rage mais aussi toute sa fragilité, ses doutes et finalement l'amour sans bornes pour cette mère absente, pour cette accidentée de la vie. Une vie de misère, sans espoir, sans avenir.



Avec talent, et dans un langage parfois cru mais qui correspond bien à l'ambiance générale, l'auteure nous conte cette fable cruelle d'une jeunesse désenchantée, sans illusions et sans perspectives. Sinon la perpétuelle fuite en avant.



C'est court, c'est choc, c'est noir.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Manger Bambi

Bambi n'est pas une petite jeune fille douce et innocente comme pourrait le suggérer ce surnom. Tout en elle n'est que violence et furie et son histoire n'a rien d'un conte de fée.

Un père absent, une mère alcoolique dépressive qui ne s'apaise qu'en la frappant, un "beau-père" qui investit la place pour mieux la "manger" ...on peut comprendre les pulsions qui l'animent.

Mais elle a des plans pour s'en sortir ! Avec 2 copines elle joue les suggar babies pour s'introduire chez de vieux messieurs prêts à succomber à leurs charmes. Les caresses durent peu : munie de son gun, Bambi humilie, frappe, terrorise pendant que les deux autres dérobent tout ce qu'elles peuvent. Le monsieur n'aura pas intérêt à porter plainte, elle le sait.

L'autrice reconstitue la vie de ces adolescentes dans une langue appropriée faite de franglais, de verlan, d'argot ( je ne comprends pas tout!). les scènes sont criantes de vérité et on se doute bien que ça finira mal !

Ce roman met aussi en évidence la naïveté et l'incompétence des services éducatifs, sociaux, juridiques chargés pourtant de la protection de l'enfance. Face aux comportements des adultes, les jeunes "Bambi" ne peuvent espérer s'en sortir.

Un roman noir, sombre et violent dont je conseille vivement la lecture.

Merci à Bebelio et Gallimard pour cette découverte.

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La pouponnière d'Himmler

La pouponnière d’Himmler de Caroline de Mulder



Avec la voix de trois personnages, l'auteur nous plonge dans le mécanisme du Heim Hochland, une maternité chargée d'accueillir les femmes enceintes de soldats allemands pour garantir la pérennité de l’Allemagne avec du sang pur. On découvre les emplois du temps bien réglés pour les mères et les bébés, l’obsession de la perfection. Les bébés qui ne correspondent pas aux critères seront triés.

Plusieurs aspects des lieux sont abordés avec la voix de trois personnages : le côté des mères avec Renée, adolescente française qui a été bernée par un jeune soldat, rejetée par sa famille et ses compatriotes venue accoucher et Marek, déporté de Dachau, déplacé en tant qu’esclave autour du domaine. Enfin, l’infirmière Helga tient un journal, enrolée dans la propagande, elle nous révèle le sort des bébés, des mères, exerce consciencieusement ses fonctions pour ne pas décevoir malgré ses interrogations et quelques doutes.

Ces trois personnages sont fabuleusement construits pour nous plonger dans chaque questionnement, chaque état d’esprit et physique. On est pris dans le mécanisme. La plume est vive et très forte. Les réglages du début s'accélèrent quand les américains se rapprochent.

Caroline de Mulder fait coexister de manière grandiose l’inhumain et l’amour, la vie dans un roman passionnant.

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La pouponnière d'Himmler

Une immersion dans un des Lebensborn (Heim Hochland en 1944 en Bavière) patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l’Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes. Les rumeurs de la guerre arrivent à peine, tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l’ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux. Mais de choses curieuses s’y passent et lorsque les alliés se rapprochent le désordre et l’inquiétude grandissent ! Les destins des quelques femmes suivis par l’autrice illustrent très bien la réalité historique peu connue de ces lieux
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La pouponnière d'Himmler

Dans les Heime, en Allemagne, les Nazis font naître des enfants qui seront la relève du Reich. Le roman de Caroline de Mulder raconte l'histoire de ces Lebensborn, à travers trois voix.

Au Heim Hochland, Renée, une très jeune Française, tombée enceinte d'un Allemand, tondue et rejetée par sa famille, attend la naissance de son bébé et le retour d'Artur, le père de l'enfant, parti au front. Autour d'elle s'activent les Schwestern, des infirmières qui langent les petits, aident les parturientes dans leurs diverses activités. Les journées sont bien réglées : on accueille de temps en temps des haut-gradés du Reich pour la cérémonie du nom, jour où l'on donne un nom aux bébés du régime. Himmler en personne vient même leur rendre visite. Ces bébés sont l'avenir de l'Allemagne. Beaucoup de femmes sont sans mari, sans père pour leur enfant, mais cela ne compte pas. Le nazisme doit augmenter sa population pour purifier la race. (Une mère de quatre enfants reçoit la croix de bronze ; l'argent pour six, l'or pour huit !)



La Pouponnière d'Himmler, Caroline de Mulder (2024) Bundes10



Parmi les "sœurs", Helga est une autre voix du livre. Elle se donne entièrement, se dévoue à la cause, aux mères et aux bébés. Elle est témoin, tout en voulant fermer les yeux, des choses cruelles qui se passent au Heim. Par exemple, le petit Jürgen est un nourrisson qui, les premiers temps, ne s'alimente pas. Les médecins décident de l'enlever à sa mère car ils le soupçonnent de ne pas être normal. On assiste au déchirement maternel : Frau Geertrui n'aura plus de nouvelles du petit, apprendra une quinzaine de jours plus tard qu'il est mort et qu'on refuse de lui rendre le corps livré à une autopsie. Peu à peu, elle sombre dans le désespoir alors qu'on lui dit de se consoler et qu'elle en fera d'autres... Le désespoir persistant, mal vu, pourrait conduire à la stérilisation.



(...)

Ce récit, qui se passe durant la dernière année de la guerre, montre comment les Nazis, voyant la défaite proche, décident de faire disparaître les preuves. Ils n'hésitent pas à abandonner à leur sort les centaines d'enfants et les femmes quand approchent les Américains. Plus le roman avance, plus la pression monte. Le lecteur sent toute la détresse de ces femmes exploitées par les SS, chair à enfanter de futurs aryens, et pourtant, apparemment, consentantes, fières de servir leur patrie. Les dernières pages, très touchantes, rapprochent les trois voix de ce récit et montrent aussi que ces bébés sont voués, par la folie totalitaire, à devenir orphelins.

L'auteur belge Caroline de Mulder a écrit un livre instructif et émouvant, à paraître le 7 mars chez Gallimard



Article entier sur Le Manoir des lettres


Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Manger Bambi

Un bouquin qui ne plaira pas à tous, mais que j'ai lu en quelques heures...Ça sonne comme un Virginie Despentes au langage 2.0!

C'est cru parfois, sauvage, désespéré..mais la langue claque, et l'auteure maîtrise à merveille les codes de la jeunesse, les dialogues sonnent juste, dans un argot poétique et un rythme enlevé.

Hilda, dite Bambi, a une revanche à prendre sur la vie. Les paillettes, les pépètes, elle veut tout...et à à peine seize ans, le plus simple, c'est d'utiliser sa beauté avec une fausse candeur, et de manipuler les hommes qui sont à la recherche de proies faciles via des sites de Sugar Dating, avec l'aide de ses copines.

Donc tel est pris qui croyait prendre, et Bambi est bien armée pour se défendre contre tous ces pervers pépères. Au fil des pages, elle acquiert encore plus de profondeur lorsqu'on réalise que ce n'est pas uniquement pour sortir de la misère qu'elle recourt à ces arnaques, et que sa violence n'est finalement pas gratuite, mais une armure qu'elle utilise pour se protéger.

Un roman où on a envie de protéger cette pauvre gamine détestable, ce petit porc-épic aux yeux de biche, qui explore la violence au féminin,  dans un style au plus prêt de ses personnages. Je n'ai qu'une envie,  poursuivre ma découverte de cette auteure compatriote.


Lien : https://instagram.com/danygi..
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Manger Bambi

Acheté suite à l'interview de l'auteure à "Sous-couverture"... J'avais bien aimé son approche de promotion via un teasing en BD... Une visite à la librairie partenaire "Flagey" (Bruxelles) a achevé de me convaincre ! J'ai bien aimé accompagner Bambi (ou Hilda) dans ses virées sordides... J'ai apprécié l'argot omniprésent (à certains moments, j'ai cru me retrouver parmi les drougs d'Alex dans Orange Mécanique). Sinon, l'histoire - malgré moins de 200 pages - a tendance à se répéter un peu et nous amène vaille que vaille vers le drame final que l'on pressent dès les premières lignes.

J'ai passé trois heures agréables meme si le roman est très noir et pessimiste !
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Manger Bambi

Bambi a tout du faon aux pattes grêles, l'innocence apparente, la jeunesse (elle a seize ans) et  la beauté, mais pas question de jouer les proies. C'est elle qui harponne, sur les sites dédiés aux sugar daddies , ceux qui vont devenir ses proies. Gare à ceux qui pleurnichent et l'énervent ,elle ne supporte pas. Et là, elle peut se déchaîner et devenir complètement guedin. Une Bambi armée d'un Sig Sauer, seul legs paternel, ça peut faire du dégât !

Mais un jour la belle mécanique s'enraye et Bambi va se trouver prise au piège de ses propres mensonges...

Avec une langue drue, rapeuse, empruntée aux jeunes, Caroline de Mulder brosse le portrait d'une adolescente tour à tour violente,mais douce avec sa mère, qui refuse d'être une victime, qui se ment parfois à elle-même mais sait aussi manipuler les autres. Bambi possède une multitude de facettes et l'autrice sait nous la montrer en pleine transformation, se donnant les apparences d'une pauvre petite fille fragile (qu'elle est parfois aussi), se prenant parfois elle-même à ses propres comédies, ou devenant folle de rage. Une chose est sûre: Bambi ne se laissera pas manger par qui que ce soit sans lutter jusqu'au bout..

La tension règne dans ce texte qui ne cède pourtant jamais au piège du voyeurisme. On est chahuté, bouleversé, et on sort un peu groggy de la lecture de ce roman dévoré d'une seule traite.



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Calcaire

Pas vraiment besoin d'être belge et bilingue de surcroit pour apprécier ce roman mais cela aide .

Une plongée dans un monde qu'on peut qualifier "à la marge" pour un récit qui fait froid dans le dos. Une histoire d'amour mêlant ex prostituées , policiers corrompus et entrepreneurs véreux .

Une écriture trash faite de phrases courtes parfois sans verbe mais qui font mouche .

Un récit rapide également qui laisse peu de temps de repos pendant la lecture tant cela va vite .

Pas beaucoup de choix soit on aime soit on décroche rapidement . J'ai littéralement adoré "Calcaire" de Caroline de Mulder qui est une des très belles plumes belges actuelles.
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Bye Bye Elvis

Deux hommes, Elvis Presley, le « plouc » devenu idole, et John White, vieil américain bizarre à Paris. Deux vies mises en parallèle, deux corps en déliquescence, une même addiction aux médicaments, une solitude intérieure, un mental qui délire... Et la mort : celle d'Elvis et celles qui l'entourent ; celle qui rend veuve Yvonne et qui fait d'elle la gouvernante de John White. Caroline De Mulder brosse des portraits sans concession mais pas sans tendresse, dans une écriture nerveuse où la ponctuation disparaît parfois, où l'on passe d'une pensée à un dialogue à un récit sans les transitions classiques.

Un livre ouvert une première fois, refermé très vite et laissé longtemps sur l'étagère... Il était nécessaire d'attendre le bon moment pour découvrir ce livre. Pour moi qui ne connaissait Elvis que de loin, le lire après avoir vu le film Elvis et Nixon m'a probablement aidée à mettre des images sur les mots.
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Bye Bye Elvis

J'avais lu avec beaucoup d'intérêt "Ego Tango", Prix Rossel 2010, à l'époque le premier roman de Caroline De Mulder. J'en garde une écriture particulière, un style hors du commun. "Nous les bêtes traquées" attend son tour dans ma PAL. Lorsque "Bye Bye Elvis" est paru, il m'a semblé tout naturel de le lire. L'originalité et l'écriture particulière sont toujours de mise; j'ai vraiment apprécié.



Le livre met en parallèle deux destins; celui d'Elvis et d'un vieil américain John White.



Ce roman est une biographie fiction qui débute à Graceland le 16 août 1977. Le roi du rock vient de s'éteindre et des millions de fans veulent lui rendre un dernier hommage. C'est à ce moment qu'Yvonne, qui vient de perdre son mari, sonne à la porte de John White, un vieil américain excentrique. Elle rentrera à son service pour le soigner.



Chapitre après chapitre, nous basculerons alternativement d'un homme à l'autre, une gymnastique un rien perturbante au départ que l'on oubliera bien vite par la force de l'écriture, aussi bien pour l'un comme pour l'autre, même si la vie du King et l'écriture un peu "rock" m'ont un peu plus passionnée et donné l'envie d'avancer plus vite. Mais on se rendra compte un peu plus tard que les deux parcours sont indissociables.



Je ne suis absolument pas fan d'Elvis, mais j'avoue qu'en cours de lecture mon intérêt pour le personnage n'a fait que grandir. Au delà de l'aspect largement connu du grand public, Caroline De Mulder s'attache surtout à la personne "intérieure", sa grande solitude et déconstruit avec brio le mythe, la légende.



Ce beau jeune homme gracieux qui quitte la pauvreté pour la gloire, qui devient une superstar en un temps record. Il mettra vingt années pour se détruire et dépérir. Il restera à tout jamais l'enfant orphelin qui ne s'est jamais remis du décès de sa mère. Sa gloire le transformera physiquement et moralement, ses transformations physiques exprimant sa solitude et son mal être. Cette question sans réponse qu'Elvis a dû se poser continuellement : était-il aimé pour lui ou pour l'image qu'il représentait?



J'ai aimé et trouvé intéressant la construction du roman sur cet homme enfant qu'il est resté toute sa vie, pris au piège de son image, d'un manager avide qui lui faisait faire n'importe quoi, navets au cinéma, chansons sans goût parfois, pour le plaisir de ses fans, de toute une armée de personnes à ses basques et à son portefeuille, une famille pas très top qui profitait de ses largesses. Lui qui voulait à tout prix être aimé.



...car la pauvreté, ça vous poursuit sous forme de parents faméliques, de parasites, de piques assiettes qui portent votre nom.





Comment rester soi-même si on est fragile, je n'ai pu m'empêcher de mettre son destin en parallèle à celui d'un autre roi, celui de la pop, Michael Jackson.



A côté de tout cela, Yvonne soigne et accompagne ce mystérieux John White. Un américain fragile, bizarre, dont le corps est détruit, malade. Très riche au départ et puis sans le sou par la suite. Quel est donc le lien mystérieux qui l'unit à Elvis. L'un est la lumière, l'autre l'ombre. Yvonne est sous son emprise, son esclave.



"Pour lui, j'étais sa mère, en moins jeune. Dans la vie, j'étais son ombre, sa main droite, j'étais ses yeux et, de plus en plus souvent, sa tête. J'étais sa voix quand nous sortions. J'étais son pilulier. Sa canne. Sa montre. Quand j'ouvrais les tentures j'étais le soleil, et j'étais la nuit quand je les fermais. Son nid quand je le bordais. Mais pour moi il était quoi au juste."





Deux parcours attachants, une belle découverte de la rentrée.



Ma note 8/10


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Bye Bye Elvis

Un roman très maîtrisé dans lequel l'auteur met en parallèle le quotidien à Paris d'un riche et vieil Américain au service duquel entre une veuve quadragénaire, et la vie tumultueuse d'Elvis Presley. Entre fiction et biographie romancée du King, cette œuvre brosse le portrait de deux êtres monstrueux : l'un évolue essentiellement dans la lumière et les paillettes, l'autre vit reclus et ne dévoile rien de sa vie, mais les deux sont étouffés par leur propre personnage...
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Manger Bambi

Manger Bambi est un roman d'une grande force qui met en lumière un sujet tabou : la violence perpétrée par des femmes. Dans ce conte cruel, prédateurs et victimes voient leurs rôles inversés.

Sous ses airs de dure à cuire, Bambi reste une adolescente de quinze ans, à la fois sensible et fragile. Issue d'un milieu particulièrement défavorisé, elle mène une vie de galère et tente de s'en sortir en s'inscrivant sur un site de sugar-dating. C'est à ce moment-là que la situation dégénère et que l'adolescente sombre dans une débauche d'extrême violence.

Ce roman plein de rage m'a complètement séduite avec sa superbe intrigue et son style trash. Le langage de la rue lui confère une note empreinte de poésie. L'autrice relate l'histoire avec un ton neutre et un certain détachement.

Très actuel, il brise tous les codes et sonne très juste. Cerise sur le gâteau : il fait partie des romans si chers à mon coeur qui invitent à la réflexion !

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Manger Bambi

Grosse déception ! J'aime beaucoup les romans précédents ainsi que l'univers de Caroline De Mulder et j'attendais avec impatience son "Manger Bambi" . Malheureusement je n'ai pas accroché même si le sujet est intéressant et très actuel je trouve le traitement catastrophique. Pourquoi avoir adopté ce langage des banlieues qu'elle pousse presque jusqu'à la caricature ? Dans son roman "Calcaire" elle utilisait des mots de patois flamands à bon escient tandis que dans ce roman ce langage qui se veut "jeune" loupe tout à fait son effet .Les personnages ne m'ont pas touché ni ému non plus tant ici également on frise l'indigestion de clichés sur la jeunesse délinquante . Dommage mais je reste convaincu que Caroline De Mulder nous livrera encore de très bons romans par la suite .
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