AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072965579
224 pages
Gallimard (15/09/2022)
3.37/5   162 notes
Résumé :
Bambi, quinze ans bientôt seize, est décidée à sortir de la misère. Avec ses amies, elle a trouvé un filon : les sites de sugardating qui mettent en contact des jeunes filles pauvres avec des messieurs plus âgés désireux d'entretenir une protégée. Bambi se pose en proie parfaite.
Mais Bambi n'aime pas flirter ni séduire, encore moins céder. Ce qu'on ne lui donne pas gratis, elle le prend de force. Et dans un monde où on refuse aux femmes jusqu'à l'idée de la ... >Voir plus
Que lire après Manger BambiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 162 notes
"Le titre laissait déjà présager le malaise. Derrière le projet carnivore se profilait l'inversion des valeurs, l'atteinte à la dignité animale, la profanation d'une figure exemplaire du panthéon enfantin, bref l'acte criminel et même blasphématoire.
Bien vite on voit que Bambi est une jeune fille, et si elle n'est pas aussi fraîche et innocente que le petit animal Disney, elle est tout aussi frêle et sympathique (certes, en mode sale gosse), et elle a beau être armée d'un redoutable Sig Sauer dont elle sait se servir, on anticipe que ça va quand même mal se passer parce qu'une gamine de 15 ans et qui joue les bombes sexuelles pour attirer et détrousser des vieux cochons, c'est pas le signe d'un bon départ dans le travail salarié, même si on n'a rien contre le statut d'auto-entrepreneur et le métier d'acteur.(...)
Ce qui est fort dans ce roman, c'est tout d'abord l'écriture, une belle immersion dans la langue des banlieues, un rythme enlevé, des descriptions sensibles, ensuite c'est le personnage de Bambi, sa colère, ses angoisses, sa mère, ses beaux-pères, les hommes qu'elle croise, sa radicalité. Enfin, c'est l'histoire, ce récit poignant d'une enfant perdue, ses copines à la vie à la mort, coéquipières de ses virées dangereuses, au plus près des fantasmes sexuels des bonshommes, sans que jamais il ne soit question de sexe, mais juste de violence, d'arnaques, de coups tordus et de prises de risques inconsidérées. (...)
Bref, un très bon roman noir, une belle découverte !"
François Muratet dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mang..
Commenter  J’apprécie          11712
Bambi, jolie môme mais qu'as-tu fait ? Regarde-toi, de quoi t'as l'air là ? T'es qu'une gamine Bambi, t'as pas seize ans et t'as déjà l'Rimmel qui fout l'camp, qui coule des rigoles sombres sous tes beaux yeux tristes. T'as trop pleuré jolie môme ? Non, tu pleures jamais toi, sur le vide de ta vie, sur celle que tu rêves d'avoir, une vie de princesse comme dans les contes des Mille et Une Nuits mais la vie c'est pas un conte merveilleux Shéhérazade, ton palais c'est rien que quatre murs gris tout décrépis d'un quartier ouvrier, sans chaleur ni tendresse car la vie c'est une putain d'embrouille qui te fait pas de cadeaux si t'es pas née là où il faut. Alors tu refais l'histoire à ta façon, princesse glauque et sordide, sans te douter un instant que tes petits jeux sont dangereux.

Hé toi ! Oui toi, le jeune homme dans la fleur de l'âge, l'hédoniste qui cherche une petite à gâter, luxe, calme et volupté. Gaffe si tu croises la route à Bambi, elle est bien capable de te faire la peau après t'avoir vidé les poches, même pas sûr qu'elle te laisse ton slibard, tout juste un peu d'amour propre. Tu ne le sais pas mais Bambi c'est Hilda pour l'état civil, son délire c'est de racoler et dépouiller des vieux-beaux friqués et bien mis comme toi sur les sites de Sugar Dating. Et toi tu n'y vois que du feu, juste l'envie de croire que tu peux encore pécho une petite poupée, un petit bonbon à peine sorti de l'enfance en alignant quelques billets.

Alors Bambi rêve de Thaïlande, de paradis, d'îles lointaines, de cartes postales... Elle redevient une petite fille, Bambi a le seum, Bambi a le spleen des femmes qui sont fatiguées d'avoir trop vécu. Entre deux ou trois deals de shit du côté du "Santa Barbara" avec son gang de filles et un passage à tabac d'un pigeon qui n'a pas su résister à sa petite moue de baby doll, elle essaye juste d'oublier qu'elle n'a pas la vie qu'elle mérite, que sa mère picole et qu'elle a la main un peu trop leste quand son actuel (qui lui aussi aime un peu trop les petites) se fait la malle. "La vie est une pute faut la bouyave" alors Bambi sort le gun à papa et joue à la guerre. Elle gueule, elle beugle, elle crache son fiel, sa rage, elle griffe pour faire mal et pour se faire mal car elle est comme ça Bambi, elle préfère avoir mal, plutôt crever que de se laisser aller à pleurer.

Un récit sombre, une écriture crue et féroce. Caroline de Mulder reprend avec brio les codes et le langage spécifiques de la rue en y incluant des passages d'une grande intensité, elle laisse parler le corps, la souffrance psychique. Elle dresse le portrait au vitriol d'une jeunesse à peine sortie de l'enfance et déjà désenchantée : Bambi adolescente paumée et borderline, véritable petite bombe à retardement, façonnée à l'envi par une société de plus en plus consumériste, rejette, vomit littéralement sa vie étriquée et n'a aucune conscience de la gravité et de la barbarie de ses actes, elle reproduit les violences qu'elle subit car c'est la seule manière pour elle de se révolter contre une société dans laquelle elle se sent complètement exclue et sans aucuns repères qu'ils soient familiaux ou sociaux.

Vous l'aurez compris Bambi n'aura fait qu'un bouchée de moi. Je me suis pris un aller-retour en pleine face, un uppercut, et à l'issue de ma lecture je n'ai eu qu'une envie c'est de prendre la gamine dans mes bras et de la réconforter. Je n'en dis pas plus et je vous laisse découvrir cet excellent roman de la demoiselle de Mulder.

"T'es qu'une fleur de printemps
Qui s'fout d'L heure et du temps
T'es qu'une rose éclatée
Que l'on pose à côté
Jolie môme..."



* Merci aux petits amis : Sam, Majero, Christophe-bj, Wyoming qui m'ont amenée jusqu'à Bambi.

Commenter  J’apprécie          8052
Bambi est une jeune fille de presque seize ans qui vit avec sa mère alcoolique dans une grande précarité. Avec son amie Leïla, elle écume les sites lui permettant de se mettre en contact avec des hommes beaucoup plus âgés et « généreux ». Mais c'est elle qui leur fait passer un sale quart d'heure. ● Comme le titre le suggère, c'est un roman très noir mais aussi très addictif, très bien construit et très bien écrit dans une excellente stylisation de ce langage jeune des cités qui est celui de Bambi. ● le rythme ne se relâche jamais, ce qui n'empêche pas l'histoire d'être poignante, car Bambi est avant tout une victime ; et elle n'abandonne jamais sa mère qui pourtant lui rend la vie infernale. ● le portrait de ces adolescentes en déshérence est remarquable. ● Je conseille fortement ce roman ! Et je remercie daniel_dz de me l'avoir fait découvrir. Je ne connaissais pas l'autrice, je vais lire d'autres livres d'elle.
Commenter  J’apprécie          651
Bambi, un roman âpre et sombre. Bambi, une adolescente de quinze ans bientôt seize ans. Voilà. Tout est dit. Bambi, c'est pas comme un conte de fée, de toute façon l'histoire de Bambi n'a rien d'un conte pour enfants, Bambi c'est un conte pour adultes bourré de rage et de tristesse. Bambi, le gun dans son jeans slim, ce sont des SMS auxquels un vieux con comme moi ne comprend pas grand-chose. Mais il comprend qu'à l'intérieur de sa mignonne petite tête, cela bouillonne, sauvagement. Elle est prête à exploser, et le moindre de ses rencarts « sugar dating » peut virer au bain de sang.

Dans cette poésie de l'asphalte qu'il faut appréhender au départ, je découvre un autre monde que les clichés d'un conte pour enfant auxquels Bambi ferait référence. Une violence féminine que l'on ne soupçonnerait même pas en regardant la douceur du visage de l'auteure Caroline de Mulder. Une enquête sur la jeunesse dans la rue que l'on pourrait autant placé dans la banlieue de Paris que de Namur.

Le sugar dating, ce sont ces rencontres entre de jeunes filles avec des vieux messieurs, des pauvres types, des vieux cons, des pervers avec des femmes qui veulent plus baiser. Alors, le gun en main, Bambi se venge, se sert, noie son chagrin, crie son désespoir, hurle sa rage. Intense, brutale, trash. Elle braque, elle vole, elle humilie. Une vie sans repos mais tout en colère. En colère contre sa mère, contre les mecs de sa reum, contre l'école, contre la société. Cela fait beaucoup à quinze ans presque seize, et cela fait surtout un roman tristement noir, là où il n'y a plus d'espoir comme lorsque l'ampoule du lampadaire du coin de la rue a explosé et que la nuit n'expose même plus la mélancolie de sa lune ou la brillance de ses étoiles. le noir complet, absolu, le genre de noir où tu te noies profondément et où seul le rouge sang apporte une terrible nuance de couleur. Sauf que même le sang, au bout d'un certain temps, vire au noir.
Commenter  J’apprécie          481
Elles sont deux, deux adolescentes, dans une chambre d'hôtel de luxe, attifées comme des… Heu… Bref ! Elles ont commandé en roomservice du homard. Mais là, elles se débattent avec la carcasse de la bête sans arriver à se sustenter. Elles devraient demander conseil à l'homme présent dans la chambre. Lui sait certainement. Mais il va avoir du mal à leur répondre. Il est bâillonné sur le lit…


Critique :

Mesdames et Messieurs, si vous attendez des « héroïnes » de cette histoire qu'elles s'expriment dans un langage châtié, approuvé par l'Académie française, ne vous attardez pas ! Vous risquez un malaise ! Caroline de Mulder fait parler « ses filles » de façon très crédible… Pour des filles de banlieue ! Pas de banlieue chicos ! Non ! D'une de ces banlieues où la misère est présente à tous les nivraux et l'éducation au dernier sous-sol plutôt qu'à l'ultime étage de l'instruction d'où l'on a une vue sublime sur le Larousse, Le Robert et le Littré. Ses personnages sont-ils crédibles ? Oh, que oui ! Pas seulement parce que des gangs de filles extrêmement violents ont vu le jour, mais aussi parce que, malgré les horreurs qu'elles peuvent commettre, elles n'en restent pas moins des êtres humains que la vie n'a pas épargnées et qui décident de prendre ce qu'elles n'ont pas, tout en manifestant parfois des sentiments tels que l'amitié, la fidélité, l'amour filial, etc.
C'est là aussi que certaines lectrices et lecteurs risquent de faire les grands yeux à l'auteure : ces filles ne sont pas des victimes ! Ne cherchez pas les prédateurs parmi les hommes ! Ces gamines à peine pubères sont des prédatrices. Attention : Caroline de Mulder ne dit pas que c'est bien ! « Super les filles, il faudrait dire « frères » si l'on parle le même langage qu'elles, super les filles ! Vous êtes au moins aussi douées que les mecs pour commettre des horreurs. »
Elle constate simplement que des femmes, des jeunes filles, ici, peuvent aussi commettre des atrocités et se montrer parfaitement malveillantes. (Ouille ! Je sens que certaines féministes qui considèrent toujours les femmes comme des victimes ne lui pardonneront pas, alors que d'autres féministes ne lui en tiendront pas rigueur puisque ces adolescentes deviennent les égales des hommes, fut-ce au travers de crimes). Soyons clairs : personne, et certainement pas Caroline de Mulder, n'encourage les comportements décrits dans ce livre. C'est un roman ! Une fiction, quoi ! … Mais grâce à l'immense talent de Caroline de Mulder, on y croit… Ou pas si on est convaincu.e que jamais une fille ne pourrait commettre de tels forfaits. Et pourtant, Hilda, Bambi pour son « crew », et la blonde (à perruque), Leïla, n'hésitent pas.
Bambi et Leïla attirent des hommes, mariés de préférence, dans des pièges qu'elles dressent via des sites de rencontres où des hommes plutôt âgés cherchent des contacts avec des jeunes filles pour des échanges tarifés. Elles les piègent pour les dépouiller comptant sue le fait qu'ils n'oseront pas porter plainte puisque Bambi n'a même pas seize ans. Les hommes ont plus à perdre qu'elles… Beaucoup plus ! « Plutôt crever que de se faire gauler la main dans le string. »
Et Bambi est tellement douée qu'elle n'a aucun mal à faire chanter le directeur de son établissement scolaire grâce à ses talents de comédienne, et à l'habile préparation de sa mise en scène, qui font d'un innocent un sacré vicelard !
N'allez surtout pas croire que ces furies, dont au moins une a des airs angéliques, ne s'en prennent qu'aux mâles ! Une fille de leur âge est aussi une belle victime potentielle, tout simplement parce qu'elle a de jolies pompes aux pieds et qu'elle est jolie, alors si en plus elle refuse de refiler ses godasses, elle ne devra pas venir se plaindre s'il lui arrive une ou deux bricoles.
C'est un ouvrage à déconseiller aux âmes sensibles tant la plupart des passages sont durs. Mais la violence n'est pas étalée juste pour obtenir un effet gore. Elle est là parce que l'histoire le veut pour être crédible.

Ce n'est pas un polar, ni un thriller, ni un roman policier… C'est un roman noir de chez noir !
Mais sortez de l'obscurité et lisez-le. Il est remarquable !
Commenter  J’apprécie          3713


critiques presse (1)
FocusLeVif
03 février 2021
Dans Manger Bambi, Caroline De Mulder fouille (encore) le sujet tabou de la violence féminine en mêlant gang de filles et "sugar daddies". Un récit en forme de coup de boule: "La vie est une pute, faut la bouyave"
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Elle prend en main le Sig Sauer. Marche dans le living, pareille qu'un animal errant et traqué, et c'est comme ça qu'on meurt, elle pense. Comme si on en mourait. Comme si on mourait de mourir. Comme si on pouvait mourir de rage, n'importe quoi. Elle veut se cogner la tête une nouvelle fois, mais ça ne va pas fort, pas fort avec sa tête qui vacille, ses mains qui tremblent, la mollesse l'a gagnée de partout et elle est maintenant incapable de se taper, ni de jeter quoi que ce soit contre les murs, ni elle-même ni rien. Elle sort dans le jardin, erre dans le froid, comme si quelque chose allait apparaître, comme si elle allait rencontrer qui que ce soit, ici maintenant. Le froid est partout sauf dans sa tête, chaude à la peau, et qui cogne, cogne toute seule, pleine du battement de son coeur. Ça fait boum boum boum boum avec une douleur perçante. Devant elle, le mur très haut du jardin, un mur d'immeuble à dix étages, qui avale le peu de lumière du matin. De la brique crue, moisie, rouge et noire et verte. Et l'arbre, qui a poussé tout en hauteur, un acacia. Elle lève les yeux, les branches remuent, hypnotiques. Dans son ventre, tout s'est rétracté, rétréci, serré. Les pépiements d'oiseaux la transpercent pire que des aiguilles. Plusieurs pigeons dans l'arbre, qui s'en foutent de la faire souffrir.
Commenter  J’apprécie          3511
La carapace résiste à la pince, aux doigts, aux ongles, émet des craquements. La ravissante casse en deux sa moitié de homard et mord dedans :
- Sérieux, on va juste se ruiner les dents là. Quelle arnaque.
- Ton idée. Y avait aussi des burgers et des pâtes.
- T'as trop raison. Encore un truc de bourge. C'est stylé de raquer pour pas dîner. C'est trop la classe de rien bouffer. En vrai, on aurait dû prendre un burger. Le homard je sais pas faire.
- Mais attends attends ! Le boloss ! Il peut nous faire les explications.
- Il peut pas. Le bâillon.
Elles se tournent toutes les deux vers le lit.

Sur le lit, il y a un homme, le visage déformé par un bâillon-boule. Il est allongé sur le dos, les mains attachées au cadre par des menottes roses, ses jambes aux pieds du lit avec du gros scotch de bricolage. Il a le pantalon aux chevilles et le sexe mort. Contraste indécent avec sa chemise blanche et froissée en mille morceaux, son pantalon de costume noir, en accordéon ; c'était, il y a quelques heures, un financier qui sortait d'une journée de travail très bien payée. C'est maintenant un gros animal terrorisé. Sa peau est bien remplie. Il est replet, rebondi même, presque féminin. Tout de lui déborde : les yeux, le visage, la chair, et rien ne tient debout. Le couvre-lit moins rouge et moins fluide que son visage prêt à exploser. Ses yeux crachent des larmes. Un tremblement irrégulier secoue son corps tout entier.
Commenter  J’apprécie          3013
Il est photographe, à ses heures perdues. Bambi hoche la tête d'un air complice. La discussion s'engage comme ça, autour de la photographie et de la peau de Bambi qui prend si bien la lumière. Or Bambi le sait parfaitement, le plâtras dont elle est enduite ne laisse pas passer la lumière, ni même la peau ; son visage cache son visage et là où elle est, il fait noir, il n'y a rien à voir. L'homme, de type méridional, fait le mystérieux quant à ses origines, dit qu'il a beaucoup voyagé pour les affaires. Bambi boit ses paroles, en goûte l'odeur aigre sans reculer. Elle a dans ses regards quelque chose de pressant, comme une urgence. Comme si elle avait besoin d'argent, par exemple. Sauf qu'elle s'en fout de l'argent. Elle a juste besoin de tuer l'angoisse, besoin de se retrouver, de reprendre le dessus. Là elle étouffe, là elle ne se reconnaît plus. Si elle met minable ce mec, tout ira mieux. Quelques verres plus tard, il veut lui montrer son studio photo. Bambi n'hésite pas, elle n'attendait que ça. De son portefeuille, il sort plus de pièces que de billets et donne le compte juste, la voiture n'est pas loin...
Commenter  J’apprécie          349
Des greffes, en plastique carmin. Ou des griffes. Plantées au bout des doigts d'un joli petit rongeur à gueule d'enfant plâtrée. Et maintenant qu'il manque celle de l'index droit, elle soupire. Devant elle, le homard intact et la blonde qui lui dit qu'on a envie de lui mettre des sparadraps partout sur les doigts et les mains. Mais l'autre reprend : "Un rien les fait jarter. De toute façon, pour toi, c'est la carte de l'étudiante en galère qui est gagnante, la femme fatale t'oublies, ça prendra jamais, t'as trop pas le profil. Écoute, mon frère, ces mecs-là ils veulent pas d'embrouilles. C'est pour ça qu'ils sortent le biff, pour pas être emmerdés. Ils raquent pour avoir ce qu'ils veulent, quand ils veulent et aussi longtemps qu'ils veulent. Et c'est des putains de divas. Si t'as l'air trop chtarbée ou trop mystique, ils se gênent pas, ils se barrent."
Commenter  J’apprécie          3912
Avant de rentrer dans la maison, elle tâte son gun calé dans sa poche intérieure, ouvre la porte, s'engage. Se fige, attentive aux bruits. Rien, que l'habituel bruit blanc de la télé. Ce soir encore, Nounours n'est pas là. Pas dans le salon, ni à dormir ni à attendre. Maman non plus. A l'étage ? En apnée et les pieds en pointe, Bambi monte. Ces connes de marche couinent quoi qu'on fasse. Quand Nounours dormait là-haut, il ronflait et grondait, menaçait jusque dans son sommeil, un volcan de gras en ébullition. Le ronflement qu'elle distingue est celui de maman, beaucoup plus léger, un peu grinçant. Et il n'y a personne avec elle, c'est sûr. Dans la chambre, une odeur aigre, vinasse tournée, haleine malade. Elle s'approche du lit et du petit tas de femme qui, dans sa position tordue, peine à respirer. Bambi la bouge doucement, replie ses jambes, la dispose en chien de fusil. Maman est légère, comme Bambi, mais quand elle dort, ses os maigres semblent coulés dans le plombe et Bambi galère, tant le sommeil la rend rticente. Elle la couvre. Redresse la bouteille renversée à côté du lit. Va chercher un verre d'eau dans la salle de bains et le pose sur la table de nuit, avec deux aspirines à côté.
Commenter  J’apprécie          160

Videos de Caroline de Mulder (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline de Mulder
Caroline de Mulder publie "Manger Bambi", aux éditions Gallimard. Dans cette oeuvre littéraire, l'héroïne est une adolescente de 15 ans, surnommée Bambi, meneuse d'un gang de filles pratiquant le sugardating. Cette activité, pratiquée par des jeunes femmes, consiste à séduire des hommes d'âges mur via des sites web. En échange, elles sont entretenues financièrement par ces derniers.

Dans "Manger Bambi", le vice est poussé à l'extrême puisque la protagoniste pratique son activité avec violence et sang-froid, afin d'extorquer un maximum d'argent. Jusqu'au jour où les rôles s'inversent... Dans ce cinquième roman, à la fois sombre et beau, Caroline de Mulder aborde un sujet tabou : la violence féminine. 


Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
+ Lire la suite
autres livres classés : trashVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (372) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2867 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..