Cécile Chartre, attendue à Gradignan en rencontres scolaires pour cette édition spéciale Lire en Poche 2020, nous adresse ses petits mots au sujet de la thématique "Du rire aux larmes"
Incroyable le nombre d’informations et d’anecdotes en tout genre qu’elle a pu emmagasiner pendant toutes ces années. Bon, le souci, c’est que des fois ça se mélange un peu dans sa tête. Du style « J’ai vu Albert Camus hier chez Nagui, il a pris du bide le pauvre vieux ! » Ben ouais, soixante-dix-sept ans au compteur Colette tout de même, faut pas trop lui en demander non plus. C’est pour ça que j’ai profité du voyage pour la faire réviser un petit peu. Beaucoup même. Pour être honnête, je l’ai fait bosser comme une malade. Une bonne remise à jour de son disque dur lui a fait le plus grand bien. Allez hop, on défragmente tout ça et on repart d’un bon pied. C’est mal, je sais.
Je ne me lasse pas de le regarder, cet album. Je m'attarde sur les détails des visages, sur les joues roses, sur les sourires éclatants. Et je regarde comment ça faisait d'être heureux. Ça avait l'air chouette quand même.
Bon, j'ai compris qu'elle avait envie de discuter. J'ai lâché cinq secondes mon téléphone et on a entamé la conversation. Elle s'appelait Barbara. Elle avait effectivement une vingtaine d'années et exerçait le métier de représentante de draps, ou quelque chose dans ce style. C'est en tout cas ce que j'avais compris quand elle m'a dit qu'elle allait d'hôtel en hôtel, pour travailler.
(p. 50)
Et Séverine a passé la porte ensuite, affublée de deux drôles de trucs perchés très haut sur le sommet de sa tête. Elle nous a précisé au passage, bande d'ignares que nous sommes, que ça s'appelle des macarons, et que c'est très mode, les macarons. Ceci étant clarifié, elle a annoncé qu'elle se payait un mal de crâne à décorner un boeuf, alors qu'il fallait pas trop la titiller. Elle s'est mise alors à trifouiller dans son sac comme une sauvage en marmonnant " Un Doliprane, il me faut un Doliprane, t'as pas un Doliprane ? ". Thomas lui a suggéré de lâcher un peu ses cheveux, parce qu'à son avis, ça doit pas vraiment faire du bien d'avoir deux gros machins aussi emberlificotés au-dessus du ciboulot. Mais Thomas ne sait pas que lorsqu'on a passé trois heures et demie à se faire une coiffure d'enfer, on ne va pas tout saccager pour un simple mal de tête. C'est pénible à la fin, faut tout nous expliquer, à nous, les mecs.
Crénom : Juron ancien exprimant la surprise, l'impatience, etc.
Exemple : 'Oh crénom, tu vas bouger ton boule, oui ?'
Aujourd'hui remplacé par : 'Ta mère en short, zyva, wesh mon frère'.
(p. 34)
Tous les trois, la vieille, le banc et le chien, ils regardaient loin devant eux, aussi loin qu'ils le pouvaient. Ils regardaient l'océan qui allait et qui venait, là, juste en face. Contre les vents, contre les marées, ils scrutaient attentivement l'horizon, comme si leur vie en dépendait.
Alors si en plus le vocabulaire du 3ème âge s'en mêle, on n'est pas couché
Et toute la nuit, j'ai serré ta boîte contre moi. Pour rien au monde, je ne l'aurais ouverte, papa. Ah ça, non! Même que dessus, j'avais écrit au marqueur rouge :
Interdi d'ouvrire cette boate avent le 1 janvier 2010 zéro heur, zéro minute.
Et je continuais à la serrer, parce que je sentais que si je ne le faisais pas, il arriverait un truc terrible.
Le matin, le truc terrible est arrivé quand même. Il est sorti de la bouche de maman, quand elle est entrée dans ma chambre et qu'elle s'est assise sur mon lit. J'étais réveillé. Je savais déjà.
Le samedi suivant, on était en route pour Jardigland. Dans ma tête c’était la fête. Je me répétais en boucle « C’est gagné ! » comme l’autre crétine du dessin animé. Ouais, c’était gagné pour le chinchilla.
Parce qu’à Jardigland, il y en avait plein, et j’étais persuadé, petit inconscient plein d’espoir que j’étais, qu’ils n’attendaient que moi.
Une fois là-bas, j’ai vite compris qu’il allait y avoir une boulette dans le potage.
100 euros le chinchilla.
Un chinchilla vit en couple ou ne vit pas.
200 euros les deux chinchillas.
Deux chinchillas vivent dans une très grande cage à deux étages, ou ne vivent pas.
450 euros la très grande cage.
35 euros le petit lapin gris dans sa cage en plastique. Et c’est comme ça que le chinchilla s’est transformé en lapin gris.
« Du coup, je me suis senti obligé de les inviter. Mais ils s’étaient déjà préparé un plateau télé et allaient se régaler devant trois épisodes de « Plus belle la vie ». Je serais bien resté avec eux histoire de voir comment elle était, la vie, à la télé. »