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Citations de Charles-Ferdinand Ramuz (534)


C'est vers ces temps-là qu'il a commencé à se hasarder jusque dans les rues de la petite ville, ce qu'il n'aurait pas osé faire auparavant, mais il y avait des choses qui n'étaient pas permises et, à présent, elles l'étaient.
Il y avait des choses qui avaient semblé impossibles et qui ne semblaient plus impossibles.
Vers ce temps, c'est-à-dire vers le milieu de mai, il a commencé à s'aventurer jusqu'en plein centre de la ville ; comme il faisait chaud déjà, il portait des vêtements en toile blanche.
Il tenait à la main une branche qu'il avait cassée en passant dans une haie et ayant encore ses feuilles ou même toute fleurie, quand c'était une branche d'aubépine ou de fusain.
On n'a guère fait attention à lui, les premiers jours, sauf que ceux qui n'avaient pas encore eu l'occasion de le rencontrer se retournanient sur son passage, demandant : "Qu'est-ce que c'est que ce particulier-là ?" mais on leur disait :
-- Comment, vous ne savez pas ? C'est le pensionnaire du docteur Morin...
-- Ah !
-- Il croit qu'il est Jésus-Christ.
On riait. Et lui, continuait sa route, sa branche de feuilles à la main, comme quand on portait autour de Lui des palmes (...)

C.-F. RAMUZ, "L'Amour du Monde", 1925, éditions Séquences (1990) : chap. I (incipit)
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-- Je dis que c'est comme ça : l'honneur et l'amour. Et point d'argent du tout, s'il faut, parce qu'il resterait l'honneur, l'honneur et l'amour.
Raclant à grands coups pour le bien montrer, raclant, et c'est un travail d'homme une fois les pousses sorties, parce que si les femmes venaient elles risqueraient de les abîmer avec leurs jupes.
-- Nous qu'on est de la vieille espèce, de la bonne espèce, de la vieille bonne espèce, et on est quelques-uns encore de cette espèce, alors hardi !
Il racle.

C.-F. RAMUZ, Fête des Vignerons" (*), re-visitation par l'auteur de son "Passage du Poète", éditions Séquences (16140 Aigre), 1984 : fin chap. VII, p. 96.

(*) ouvrage incluant une "Après-lecture" de Jean-Louis Pierre, président de l'association "Les Amis de Ramuz
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Le Président parlait toujours.
La séance du Conseil général, qui avait commencé à sept heures, durait encore à dix heures du soir.
Le Président disait :
-- C'est des histoires. On n'a jamais très bien su ce qui s'était passé là-haut, et il y a vingt ans de ça, et c'est vieux.

C.-F. RAMUZ, "Derborence", 1926 (incipit)
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Un pâtre, qui avait disparu et qu’on croyait mort, avait passé plusieurs mois enseveli dans un chalet, se nourrissant de pain et de fromage…
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Le petit berger des chèvres soufflait dans sa corne.
Ils allumaient le feu dans les chalets, partout en haut des cheminées ou par les trous des portes, un joli petit plumet bleu balançait doucement dans l'absence de tout courant d'air.
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La mousse, d'un pinceau lent et minutieux, a peint en jaune vif, en gris sur gris,
en toutes sorte de verts, les plus gros des quartiers de roc, ils nourrissent dans leurs fissures plusieurs espèces de plantes et de buissons,airelle,myrtille, épine- vinette, aux feuilles dures, aux fruits ligneux, qui tintent dans le vent doucement comme des clochettes.
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Une fille comme elle et la musique, ça va ensemble......
Personne ne l'avait aperçue encore, et elle avait été jusqu'à ce jour là comme une morte,mais voilà c'est des filles qui sont faites ainsi: un petit air de danse les ressusciterait.. C'est des pays d'où elles viennent, des pays chauds.
Vous n'avez qu'à vous rappeler cette entrée.....
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7 avril 1897 - C'est un grand plaisir pour moi de prendre la plume et de me décrire à moi-même la situation de mes sentiments et de mes pensées, de faire le plan de ma vie chaque jour, de dresser la carte des pays que je parcours en imagination, pour moi seul, car j'éprouve une étrange coquetterie à cacher mon monde intérieur à ceux qui m'entourent. Comme les héros des tragédies classiques j'ai besoin d'un confident - ce confident, ce sont ces quelques notes fugitives ; mon journal devrait être quotidien. Malheureusement, une paresse innée, les mille petits incidents de mon existence monotone m'empêchent souvent d'écouter la voix de mes bonnes intentions et d'exécuter mes projets. Je suis du reste sans excuse, je l'avoue. Mais je suis faible, je résiste mal à mes impulsions bonnes ou mauvaises.

1149 - [Œuvres complètes, t. 20, Journal, p. 27]
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10 décembre 1896 - Lire beaucoup vous donne peut-être des idées, - des idées personnelles, non pas. Je cherche... je cherche. Réfléchir longuement sur ce qu'on lit, discuter ses lectures, à l'occasion les réfuter, rechercher le paradoxe au risque de s'attirer un mauvais parti. Car, comme on dit, les extrêmes se touchent. Le paradoxe est souvent très près de la vérité sous son apparente exagération.

1689 - [Œuvres complètes, t. 20, Journal, p. 16]
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- Tu as pourtant refait les calculs, tu es arrivé au même résultat que moi... Eh bien je vais te dire, parce que tu n'as pas compris. Eh bien, dans le livre, il y a une guerre; - il y a justement une guerre à présent. Et il y a aussi une guerre dans la région du soleil. 1896 et 41, ça fait le compte. Il est dit que le ciel s'obscurcira de plus en plus, et un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours.
- Rien que pour nous?
- Pour tout le monde.

Image de la citation:
http://www.notrecinema.com/images/filmsi/si-le-soleil-ne-revenait-pas_341750_42526.jpg
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Ces fonds, en ce temps-là, étaient dès le mois de mai tout peints d'une belle couleur verte, car là-haut, c'est le mois de mai qui tient le pinceau.
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Il allait maintenant comme chassé par un grand vent, sans repos, ni tranquillité, il ne disait plus bonjour à personne, ses yeux étaient tournés vers les choses de l'intérieur, ses oreilles occupées seulement d'une voix au-dedans de lui. ( Poche suisse / Age d'homme, 1983- p.120)
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Au moment où Joseph levait la tête, le rose s'est éteint sur le glacier, qui est devenu pâle dans toute sa longueur, en même temps qu'il semblait s'avancer à votre rencontre.
Il parut venir à votre rencontre avec une couleur méchante, une vilaine couleur pâle et verte; et Joseph n'avait plus osé regarder, il s'était mis à marcher plus vite encore en baissant la tête; heureusement que bientôt la belle lumière jaune clair du feu brûlant sur le foyer s'est montrée en avant de lui dans l'ouverture de la porte; et Joseph a tenu ses yeux fixés sur le feu sans plus les en détourner.
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On a commencé à écouter, on a commencé à pouvoir écouter, on a commencé à entendre; puis quelqu' un au milieu de silence, quelqu'un tout à coup:
-C'est eux ! Ceux du chalet !...
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– C’est que tu as voulu, Président, t’attaquer à plus fort que toi... Et elle est méchante, quand elle s’en mêle.
Parlant sans doute de la montagne:
– Il y a des places qu’elle se réserve, il y a des places où elle ne permet pas que l’on vienne...
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Charles-Ferdinand Ramuz
Il n'y a plus de solitude là où est la poésie.
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Ce fut tout; il s'était tu. Et, à ce moment-là, Séraphin s'étant tu également, on avait senti grandir autour de soi une chose tout à fait inhumaine et à la longue insupportable: le silence. Le silence de la haute montagne, le silence de ces déserts d'hommes, où l'homme n'apparaît que temporairement : alors, pour peu que par hasard il soit silencieux lui-même, on a beau prêter l'oreille, on entend seulement qu'on n'entend rien. C'était comme si aucune chose n'existait plus nulle part, de nous à l'autre bout du monde, de nous jusqu'au fond du ciel. Rien, le néant, le vide, la perfection du vide; une cessation totale de l'être, comme si le monde n'était pas créé encore, ou ne l'était plus, comme si on était avant le commencement du monde ou bien après la fin du monde. Et l'angoisse se loge dans votre poitrine où il y a comme une main qui se referme autour du cœur.

[...]

S'étant habitués maintenant à peu près au manque d'air, bien que toussant encore part moments, ils se tenaient là, ayant commencé une conversation à voix basse; et ça grondait sourdement sous eux pendant ce temps; et, comme ils avaient le ventre appliqué contre la montagne, ils entendaient avec le ventre les bruits de la montagne qui montaient à travers leur corps jusqu'à leur entendement.
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Et l'angoisse se loge dans votre poitrine où il y a comme une main qui se referme autour du coeur.
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Charles-Ferdinand Ramuz
La seule vraie tristesse est (dans) l'absence de désir.
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On lit dans le Journal d'André Gide : "J'ai connu quelqu'un que suffisait à plonger dans une mélancolie épaisse la seule pensée de devoir remplacer bientôt et de temps à autre la paire de souliers qu'il portait aux pieds. Il ne fallait point voir là de l'avarice, mais une sorte de détresse à ne pouvoir s'appuyer sur rien de durable, de définitif, rien d'absolu" Moi.
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