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Critiques de Charlotte Bousquet (1952)
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Loup y es-tu ?

Chacun de nous a en mémoire cette comptine « promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas... » et la petite peur que suscitait la fameuse question « Loup y es-tu ? », avec à la fin cette terrible réponse : « C'est bon, j'arrive, j'arrive ! ».

Et bien, les habitants de l'écovillage de Saint Lunaire peuvent répondre, eux, qu'il n'est pas loin !

Réalisé en partenariat avec le mouvement #Onestprêt, ce roman s'inscrit dans la collection pour ados qui propose aux lecteurs à partir de 13 ans, des récits de fiction pour appréhender l'urgence climatique autrement.

Clara vient d'avoir 18 ans. Elle arrive chez son père qu'elle n'a pas vu depuis deux ans, dans ce village en pleine transition écologique, où économie alternative et solidarité semblent être les maîtres-mots. C'est la seule échappatoire qu'elle a trouvée après avoir claqué la porte de chez sa mère et son beau-père, en région parisienne.

Elle aime beaucoup les univers imaginaires et donc la fantasy et est passionnée de photographie. Ici, elle va enfin avoir la possibilité de souffler…

Son père lui présente alors sa copine Mathilde, venue de Finlande après son divorce accompagnée de ses deux fils, Ari et Mika. Elle s'est installée à saint - Lunaire pour élever des brebis.

Clara à peine installée, une meute de loups est signalée dans la région et relance l'inquiétude pour les troupeaux. de plus, cette nouvelle meute risque d'aggraver la situation avec la préfecture et certains lobbies influents. L'existence de cette réserve est encore tellement fragile !

Car depuis que leur forêt a été officiellement transformée en réserve de vie sauvage, la Région fait pression et menace de suspendre provisoirement les subventions qui leur étaient octroyées.

Cette nouvelle risque de mettre en danger l'équilibre qui s'était à peu près installé au sein du village et les peurs bien évidemment ressurgissent et une psychose naît rapidement autour de la nouvelle meute...

Les habitants sont partagés entre leur attachement à la biodiversité et la réalité économique pas toujours facile, il faut bien payer les factures.

Pour ce qui est des deux frères, le sujet des grands prédateurs les divise déjà depuis un moment.

Quant à Clara qui était venue uniquement pour se ressourcer, outre une photo troublante qu'elle a prise, c'est sa rencontre fortuite avec un loup et la naissance d'une amitié extraordinaire entre eux qui va être pour elle une vraie prise de conscience et l'impliquer dans ce combat pas facile à mener pour la protection des loups. Difficile de gérer ces prédateurs quand on a vécu plus d'un siècle sans eux.

Si cette amitié avec ce loup qu'elle appellera Dreamer, peut paraître surréaliste, il faut savoir qu'il est déjà arrivé, qu'un loup s'installe chez les humains.

Dans Loup y es-tu, Charlotte Bousquet aborde une question essentielle : plutôt que de vouloir éliminer il serait temps de créer des interstices nous permettant de cohabiter avec eux, aux frontières du sauvage et du civilisé. Les loups sont d'excellents régulateurs des chevreuils, des sangliers et autres gibiers, ne s'en prenant aux troupeaux que lorsqu'ils sont seuls, isolés de la meute.

Les deux principales associations en France, ASPAS et FERUS proposent de l'aide sous différentes formes préconisant entre autres la surveillance des troupeaux, l'installation de protections efficaces et la présence de patous, ces chiens qui sont de merveilleux gardiens et protecteurs de troupeaux.

Charlotte Bousquet utilise deux narrateurs, Clara d'une part et les loups de l'autre. Elle permet au lecteur de s'immiscer dans la peau et les pensées de ceux-ci, apportant une touche très originale et particulièrement sensible au récit.

Enfin, un livre très concret et de plus dirigé vers les jeunes, pour montrer et expliquer que l'homme, s'il le décide, peut être à la source de belles initiatives et créer des lieux où il peut vivre en symbiose avec la nature et non en concurrence avec elle. Il serait temps que ces exemples se multiplient si l'on ne veut pas courir à la catastrophe.

Des types de village comme Saint -Lunaire (fictif dans le roman) existent et permettent de redonner une place plus équilibrée à l'humain, en harmonie avec son environnement, dans un respect des écosystèmes présents. « C'est en sensibilisant les gens à la vie sauvage que nous nous en sortirons. » Des possibilités de tourisme local peuvent de plus être sources de revenu sans détériorer davantage la planète.

Loup y es-tu ? Est un livre porteur d'espoir, dans lequel Charlotte Bousquet expose de façon très détaillée toutes les tensions créées par la présence du loup et apporte de multiples précisions sur sa vie en meute et la différence de comportement entre la meute et l'animal isolé. Elle montre également le poids des traditions et des lobbies, évoquant ces louvetiers, cette organisation datant de Charlemagne, chargée de l'éradication totale des loups, organisation toujours existante !

En annexe, trois pages sont de plus consacrées aux grands prédateurs en France et en Europe et apportent des renseignements, des informations et des chiffres plus qu'intéressants.

Mais ce que j'ai retenu c'est la détermination et la solidarité dont vont faire preuve ces jeunes réussissant à rallier les habitants dans cette quête d'un monde meilleur, se battant pour le respect du vivant, pour sauver la forêt et les grands prédateurs. Une leçon à retenir !

Si j'ai un peu moins aimé la communication intuitive de Clara, je dois reconnaître qu'elle apporte une certaine poésie au roman.

Et comment résister à ce dernier chapitre intitulé « Écoutez notre voix » qui, en quelques lignes nous appelle à la compréhension et à retrouver notre bon sens et se termine ainsi :

« S'il vous plaît, arrêtez de nous tuer. »


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Loup y es-tu ?

Avec la collection #onestprêt, les éditions Glénat s’adressent aux adolescents et aux jeunes adultes décidés à ce que les choses changent, à ce que le vivant retrouve ses droits. Après L’été du changement (Sophie Adriansen), Le cri du homard (Guillaume Nail), Urban Garden (Fabien Fernandez) et Le buzz de l’abeille (Isabelle Renaud), voici Loup y es-tu ? (Charlotte Bousquet) et bien que j’aie passé l’âge, j’ai été captivé par la lecture de ce dernier.

Dans cette fiction, Charlotte Bousquet s’attache aux pas de Clara mais donne aussi la parole aux loups et permet de mieux connaître ces prédateurs revenus en France en 1992. Hélas, par méconnaissance, par volonté de résultats à court terme et pour satisfaire les lobbies, l’État français accorde de plus en plus d’autorisations d’abattage de loups : une centaine en 2019 et 118 en 2021, toujours plus !

Je reviens à Clara (18 ans) qui débarque à Saint-Lunaire, dans une vallée paumée en montagne, où les habitants ont décidé de créer un écovillage. Clara a rompu avec sa mère et son beau-père qui habitent un pavillon à Enghien-les-Bains, pour retrouver son père, justement, à Saint-Lunaire.

Malgré ces retrouvailles, rien n’est facile car Clara n’oublie pas que son père l’a laissée tomber au moment où elle était en difficulté.

Dès la première nuit à Saint-Lunaire, Clara entend des hurlements. Une meute de loups est signalée et la peur s’installe pour les troupeaux.

Rapidement, Clara fait connaissance avec Amandine, la mairesse et surtout avec Mathilde, l’amie de son père, mère de jumeaux, Ari et Mika, qui jouent un rôle important dans l’histoire et ont à peu près le même âge que Clara.

Si cette dernière est remarquée pour ses cheveux bleus, elle n’est pas rejetée et s’adonne sans délai à sa grande passion : la photographie. Lorsqu’elle apprend que, dans les communes voisines, des lieutenants de louveterie organisent des battues, elle tente de convaincre son père pour s’opposer à de telles actions sur Saint-Lunaire. Hélas, celui-ci reste neutre.

C’est en pleine nuit qu’un bruit réveille Clara. Elle voit arriver un grand chien efflanqué, blessé… Un loup ? Elle le nourrit et le laisse s’installer. Ainsi, Charlotte Bousquet décrit, avec sensibilité et tact, une affection réciproque entre Clara et celui qu’elle nomme Dreamer. Ils ont créé des liens comme le renard et le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, même s’il ne s’agit pas du tout, pour Clara, d’apprivoiser Dreamer. Ces moments magiques ne sont pas sortis de l’imagination de l’autrice puisque cela s’est déjà produit.

Avec cette belle complicité, tout l’intérêt du livre se trouve dans l’action menée par Clara, Ari, Mika, Chloé, soutenus par une intervenante de l’ASPEF – contraction créée par l’autrice avec l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) et FERUS (sauvage en latin, Association nationale pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs) qui existent bien et sont très actives.

Tout cela, Charlotte Bousquet le raconte bien. C’est vivant, inquiétant, émouvant et passionnant. Préserver le vivant, accepter de partager la nature avec des prédateurs comme le loup, le lynx ou encore l’ours, comme cela fut pendant des millénaires, le mouvement On est prêt a trouvé, avec Loup y es-tu ?, une magnifique démonstration de ce qui est possible quand les gens se parlent et échangent.

Le dialogue retrouvé entre les jeunes et les adultes aux responsabilités doit faire avancer les choses surtout faire évoluer les mentalités.

Il y avait 530 loups en France, en 2019 et ils seraient 624 en 2021. Ces loups régulent sangliers, chevreuils… Ceux qui dévorent un mouton ou une brebis sont des isolés, la plupart du temps coupés de leur meute par des battues. Le chien patou, des clôtures adaptées, une surveillance sérieuse doivent éviter de pénaliser les éleveurs afin que le vivant en sorte enfin vainqueur comme le dossier terminant le livre l’explique très bien.

Si j’ai pu découvrir et apprécier Loup y es-tu ? de Charlotte Bousquet, c’est grâce à Babelio (masse critique) et aux éditions Glénat que je remercie.


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L'Archipel des Numinées, tome 1 : Arachnae

Un livre de fantasy sans concession, dure et âpre, où la beauté est salie et l’innocence bafouée. Nous pourrions nous trouver à l’époque de la Renaissance dans ces grandes et opulentes cités italiennes où se côtoyaient dans un beau fatras splendeur, misère, ferveur religieuse, perversité, vertu et débauche ; des villes gouvernées par de grandes familles redoutablement intelligentes, roublardes, machiavéliques et cruelles.

Arachnae, la grande cité médiévale, est à l’avenant : une cité crépusculaire, poisseuse, avec ses palais somptueux, ses personnages énigmatiques glissant au milieu de longs couloirs déserts, ses dagues effilées dissimulées dans les bottes, ses relents de crimes et ses intrigues retorses ; avec sa cour des miracles, ses ruelles tortueuses et assassines, où la vie n’est qu’une simple marchandise et la mort une bénédiction.

Nous voyons émerger de cette noirceur quelques âmes qui cherchent à échapper à leur destinée : le Prince Alessio qui trompe son monde en vieux routier de la politique, la folie d’Horatio et le grandiose sacrifice de Tibério, la belle et insaisissable Théo qui finira par perdre son humanité, Tigran qui nage en eaux troubles à la poursuite de ce Dieu fou venu du fond des âges, et la beauté ensorcelante d’Ornella.

Que de chausse-trapes, de traquenards, de courses-poursuites, de combats acharnés où la magie tient le premier rôle, de victoires à la Pyrrhus où les vainqueurs finissent éreintés et écœurés, où la plus grande des machinations est finalement anéantie par une minuscule souris…

Un bon roman, noir, très noir, violent, brutal, enragé, ardent… Ange77 et moi l’avons lu en commun. Nous nous sommes bien souvent égarés dans les méandres de ce récit labyrinthique, et inquiétés pour nos héros qui ne furent guère ménagés. Je vous invite à lire son joli billet.













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L'Archipel des Numinées, tome 2 : Cytheriae

Second tome de l’Archipel des Numinées. Nous quittons Arachnaé, l’universelle araigne, pour rejoindre Cytheriae et sa cité envahie par les eaux. L’auteure a laissé les héros cabossés d’Arachnaé continuer leurs vies tourmentées, et nous en présente d’autres, pas tellement plus chanceux, il faut bien le reconnaître, avec leur passé chaotique, leur présent douloureux, et, seulement par temps clair, leur rêve d’un avenir meilleur…

La menace, qui demeurait en arrière-plan sur Arachnaé, devient cette fois beaucoup plus tangible. On sent ramper cette entité supérieure venue du fond des âges dans les venelles malodorantes de cette cité lagunaire ; on la voit prendre, avec toute sa malignité, sa cruauté, sa perversité, possession des âmes ; on la voit grandir, se renforcer d’heure en heure, pour assurer son hégémonie sur ces archipels dont les chefs s’ingénient à regarder ailleurs. C’est l’éternelle lutte entre le bien et le mal si présente dans les livres de fantasy…

Le combat que mène nos héros contre Elle, et au premier chef, l’ensorcelante Nola et le glacial Angelo est désespéré, perdu d’avance. C’est le combat des sacrifiés.

J’ai préféré ce second tome. J’ai aimé me perdre dans les ruelles tortueuses auréolées de brume de Cribella, la grande cité lagunaire en train de se perdre inexorablement dans ses eaux noires ; d’entendre le clapotis des vaguelettes sur les coques des frêles esquifs ; de frissonner dans les dédales désordonnées des innombrables pièces et corridors des grands palais laissés à l’abandon, signe d’une grandeur passée, à jamais révolue ; de craindre ces ombres mouvantes tapies au fond des venelles ; de m’asseoir à un coin de table de l’Ambre Rouge pour y savourer, à la lueur tremblotante d’une bougie, une soupe chaude, manger quelques écrevisses, et admirer Rossana, l’exubérante libertine.

Et puis Nola, belle comme un ange ! Écrivain public, elle accueille dans sa petite échoppe toutes les peines et toutes les espérances du monde, fait des poèmes à trois sous pour les amoureux transis qui ne savent comment déclarer leur flamme… Nola, qui casse tous les codes et désespère ses adorateurs, âme libre qui ne rend compte à personne et prend tous les risques, âme tourmentée, âme passante entre deux mondes…

Bientôt le troisième tome et un embarquement pour une nouvelle archipel. Un nouveau monde. Mais toujours la même menace.







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Invisible

Marie est une jeune fille timide, mal dans sa peau et se trouvant grosse. Elle a une grande passion : créer des bijoux mais aussi des vêtements. Aussi, lorsque la prof de techno lui demande de l'aider à confectionner les costumes pour la pièce de théâtre de fin d'année, elle accepte aussitôt. Une manière aussi d'approcher Soan dont elle est secrètement amoureuse. Même si ses camarades de classe sont admiratifs devant son travail, la jeune fille se sent invisible à leurs yeux. Invisible aussi aux yeux de ses parents. Mais, lorsque Soan lui demande de créer un bijou qu'il compte offrir à sa sœur, Marie se sent revivre et décide de se reprendre en main. Bercée d'illusions, elle ne semble pas voir la vérité en face...



Charlotte Bousquet traite avec justesse du mal de vivre des adolescents. Dans cet album, elle dresse le portrait de Marie, une jeune fille complexée, un peu solitaire et qui a du mal à trouver sa place. Elle se sent tout simplement invisible, aussi bien à l'école que chez elle. Un portrait tout en finesse, d'une grande justesse mais terrible. L'auteure aborde avec sensibilité le mal de vivre, la solitude et le passage délicat de l'enfance à l'adolescence. Un album touchant, un brin mélancolique et une jeune fille émouvante dans sa quête de soi. Un portrait percutant servi par un trait réaliste et des couleurs acidulées.



Rappelons que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans.
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Hiver indien

Manon est une adolescente réservée, discrète et mal dans sa peau. À l'approche des fêtes de Noël, elle redoute une fois encore de se retrouver en famille, avec ses tantes autoritaires, son père qui ne pipe mot et ses cousins qui l'ignorent la plupart du temps. Incomprise, la jeune fille se sent invisible. Mais, lorsque son père lui annonce que tante Nadia, sa marraine, violoncelliste de renom qui habite New-York et se produit dans le monde entier, sera là pour le réveillon du nouvel-an, la jeune fille s'en réjouit aussitôt. Elle-même pianiste, le trac l'empêche souvent de jouer. Elle espère ainsi, qu'au contact de Nadia, elle saura retrouver confiance en elle...



Dans cet album, Charlotte Bousquet dépeint les relations familiales, fussent-elles compliquées, conflictuelles ou au contraire bienfaitrices et émouvantes. Rabaissée par ses tantes, moquée parfois, ce n'est pas en son père qui l'a élevée seule que Manon va trouver du réconfort mais en la personne de la tante de ce dernier, Nadia. Celle-ci croit en elle et en ses capacités à surmonter les épreuves et le trac qui la paralyse. L'auteure s'attarde également sur les relations difficiles et pleines de non-dits entre le père de Manon et ses sœurs mais aussi entre Nadia et son frère. Ce roman graphique traite intelligemment des problèmes de l'adolescence et du poids de la famille. Manon est un personnage auquel bon nombre d'adolescentes pourront se retrouver. Un personnage fort attendrissant. Graphiquement, Stéphanie Rubini nous plonge dans une ambiance intimiste et sensible.
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À coeurs battants

Un grand merci à Babelio et à Gulf Stream Éditeur...



Samedi, en fin d'après-midi. Il y a foule dans les rues parisiennes. Un grand nombre de citoyens s'est déplacé pour manifester. Tant de brouhaha, tant de colère. Le souffle de la révolte gronde. Injustice sociale, Loi travail, racisme, précarité, silence des pouvoirs publics... Des rues sont bloquées. C'est la pagaille. Des casseurs se sont invités à la manif'. Des ripostes menées de part et d'autre. Les CRS se défendent, chargent. À coups de gaz lacrymo. Des explosions. Des fumées blanches. Des cris dans la foule. Et certains, pris à parti, se font rouer de coups. C'est la panique, l'affolement. Ça court à droite, à gauche dans une ambiance terrifiante... Parmi cette foule, Aurélien, punk SDF, qui pour sauver son chien des coups des CRS, se fait tabasser. Samia, vlogueuse venue filmer et interviewer les manifestants. Appoline et Harley, frère et sœur d'adoption, et leur ami, JB, trois jeunes pacifistes. Tous les cinq emportés dans le tourbillon de la manif'...



Voilà un roman jeunesse terriblement d'actualité. L'on se croirait un certain samedi de début décembre. Une manifestation, des citoyens pacifistes, d'autres moins (reconnaissons-le), des casseurs en marge. Et c'est la cohue, la panique. Tout dégénère. Un climat de violence s'installe. CRS contre manifestants. À travers les yeux de Samia, Appoline, Aurélien, JB et Harley, l'on participe au plus près des événements. L'on ressent cette montée de violence et de colère, ce sentiment de panique générale, la fuite pour s'en sortir. Outre cela, Charlotte Bousquet colle également au plus près des personnages, en décrivant aussi bien leurs émotions et réactions que leurs personnalités. Elle traite ainsi de problèmes rencontrés par les jeunes tels que le racisme, l'acceptation de leur homosexualité, les familles recomposées... Un roman fort, bouleversant, percutant et également porteur d'espoir en nous montrant une jeunesse désireuse de s'exprimer, de réagir.



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Mots rumeurs, mots cutter

Deux jours après la rentrée, au cours d'allemand, Léa se retrouve à côté de Mattéo, un redoublant. Sans sa copine, Solveig, qui a craqué pour lui, la jeune fille ne se serait même pas aperçue qu'il était aussi mignon. Le lendemain, il s'installe de nouveau à côté d'elle, ce qui n'est pas sans piquer la jalousie de son amie qui, sur un petit papier, lui écrit qu'elle n'a aucune chance avec lui. Pour prouver à Solveig qu'elle se trompe, Léa passe du temps avec lui et les deux jeunes rentrent souvent ensemble le soir. Quelques semaines plus tard, ils sortent ensemble. Un samedi, le groupe d'amies se retrouve chez Solveig, ses parents étant absents. L'ambiance bat son plein, les filles discutent, blaguent entre elles, boivent un peu et jouent à "Action ou Vérité". Quand arrive le tour de Léa qui choisit "Action", l'une d'entre elles la met au défi de faire un strip-tease. Prise dans l'euphorie générale, la jeune fille s'exécute, exhibant ainsi sa poitrine... Sans avoir remarqué que Lola la photographiait. Une photo qui fera rapidement le tour de la classe...



Charlotte Bousquet, dans ce nouvel album consacré aux affres de l'adolescence, met en avant le harcèlement. L'on fait ici connaissance avec Léa, une jeune fille entourée d'amis, un peu timide mais bien dans sa peau. Malheureusement, une photo prise lors d'une soirée entre filles va faire d'elle la risée de sa classe. L'on se moquera d'elle, on la maltraitera, on l'insultera. L'auteur prend le temps d'installer ses personnages, notamment Léa à qui toute adolescente pourra s'identifier. L'on s'attache à elle et le comportement de ses camarades de classe est d'autant plus violent, voire incompréhensible. Un album habile qui permettra aux adolescents et aux parents d'appréhender cette situation qu'est l'exclusion sociale et le harcèlement moral. Un phénomène encore bien trop d'actualité qui touche les adolescents. Graphiquement, le trait réaliste et les couleurs flashy collent parfaitement à cet album destiné à la jeunesse.



Rappelons qu'un enfant sur 10 est victime de harcèlement à l'école.
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Rouge Tagada

Elle l'avait rencontrée le jour de la rentrée. Elle l'observait, là, assise sur un banc, plongée dans son agenda. Elle semblait terrorisée. Une allure de gazelle un peu paumée dès qu'elle s'est levée du banc. Layla était dans sa classe, en 4ième, mais Alex n'a jamais osé lui parler. Aussi, lors du jour de l'inscription pour le théâtre, elle lui a tapé sur l'épaule pour lui demander son crayon, Alex est comme subjuguée. Commence alors une belle amitié entre ces deux jeunes filles. Mais, pour Alex, il s'agit d'autre chose...



A la manière d'un journal intime, ce Rouge Tagada s'épanche sur la relation entre Alex et Layla. S'agit-il d'une amitié? D'un amour? Le sentiment qui les unit reste ambigu. Car, Alex n'ose avouer ses véritables sentiments à son amie de peur de tout gâcher. Tout en subtilité et délicatesse, Charlotte Bousquet nous livre un album finalement touchant sur l'homosexualité. Les couleurs vives et acidulées et la fraîcheur du dessin collent parfaitement à la tendresse et la jeunesse du propos.



Rouge Tagada, rouge passion...
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L'Archipel des Numinées, tome 1 : Arachnae

«

Celui qui croit pouvoir démêler l'écheveau du Destin est un insensé, car les Moires qui en ont la garde se jouent des désirs des mortels et les poussent inexorablement dans les chemins secrets qu'elles ont tissés pour eux.



Ainsi commencent les contes, dans l'Archipel des Numinées.

»

***



« … le ciel est sombre, triste est mon coeur »



Premier opus de la saga « L'Archipel des Numinées » qui s'annonce grandiose et homérique, « Arachnae » est à la fois son titre, une principauté tentaculaire, belle et cruelle, et presque, pourrait-on dire, un personnage à nul autre pareil de l'oeuvre éponyme.

Les tomes suivants se nomment respectivement « Cytheriae » et « Matricia » ; mais peuvent être lus indépendamment les uns des autres.





RÉSUMÉ :

Des bas-fonds les plus sordides aux éclats de la cour princière, la cité d'Arachnae se livre sans fards, gangrenée par l'horreur et les excès.

Dans le Labyrinthe où se côtoient la misère et le vice, des cadavres d'enfants torturés sont retrouvés. Théodora, la belle bretteuse libertine, est contrainte de s'allier avec l'austère Capitaine Gracci pour faire cesser ces crimes, alors qu'une guerre souterraine sans merci se joue entre le prince Alessio et les Moires, ses conseillères, et qu'une secte mystérieuse semble étendre son influence sur l'aristocratie décadente.

Ces alliés que tout oppose parviendront-ils à dénouer la trame des possibles, ou se laisseront-ils engluer dans la toile de la Destinée ?





Un univers fabuleux et onirique me submerge à la lecture des premiers mots d'une Charlotte Bousquet, que je découvre pétrie d'un talent monstre.

Un monde fantastico-médieval où se côtoient littéralement pléthore de personnages haut-en-couleur ; maître-assassin, maître-espion, sorcières, nécromanciens et télépathes, orphelins, princes et princesses, bretteurs et courtisanes,...etc...

! > Nous n'évoluons cependant pas au pays des bisounours, loin s'en faut ; estampillé dark fantasy, on y trouve également des gargotes suintantes et purulentes au coeur de traboules infâmes et mal famées, d'hideuses créatures dont les pires sont sans doute humaines, des crimes plus sordides les uns que les autres, des cultes sacrificiels et des victimes infantiles atrocement mutilées,... - Mieux vaut avoir le coeur bien accroché ^^



C'est violent, sombre et glauque, mais extrêmement attirant et irrésistible pour qui apprécie ce genre d'histoire. C'est heureusement mon cas !



La part du lion est ici indéniablement offerte aux personnages féminins, largement mis en valeur de par leur caractère, leur combativité, leur loyauté ou bien encore leur cruauté, leur perversion...



« Un fils. Une engeance fâcheuse, en cette principauté traditionnellement gouvernée par des femmes.

Fâcheuse et dangereuse. »



Intrigues politiques, cabales et manigances, quêtes de pouvoir et luttes d'influence, thaumaturgies divinatoires ou occultes, enquêtes criminelles et j'en passe, se mêlent ici dans un tourbillon sanglant et ascensionnel.

Au fil des pages se nouent et se dénouent d'innombrables desseins en mode poupées russes ; certains mystères se verront résolus à différents moments du récit, gardant ainsi intacte l'attention du lecteur ; les rébus prennent forme et les pièces du puzzle s'assemblent, au coeur d'une tourmente sans cesse alimentée.

On se perd en conjectures et supputations avec un réel intérêt, devenant soi-même héros de papier plus que simple spectateur.



L'écriture et le style sont relativement fluides, riches d'un vocabulaire peut-être parfois complexe - car inhérent à un monde interlope si fuligineux qu'on y avance fatalement à tâtons - , mais souvent alambiqué et ampoulé, pouvant éventuellement rebuter les moins assidu.e.s. d'entre nous.



Me concernant ; c'est quasiment un coup de coeur (quasiment car d'infinitésimaux reproches on ne peut plus personnels ont assombri mon plaisir par moment), mais que je recommande néanmoins ardemment à toutes les âmes curieuses de récits viscéraux épiques et passionnants - Les plus sensibles, en revanche, s'abstiendront.





Je termine en remerciant vivement mon ami Éric76, avec qui j'ai adoré partager mes ressentis tout au long de cette superbe lecture commune =)

Et vous enjoins naturellement à lire son billet, pour un autre regard, même si je sais qu'il a apprécié Arachnae au moins autant que moi...





« J'ai accepté ma destinée et la Destinée a fait de moi un monstre. C'est mon humanité que je pleure. »





Arachnéennes lectures à tous et à toutes !





***

«

Car nul ne peut échapper à sa destinée : tout est filé, tissé sur la Grande Tapisserie du monde. Et la Lune, Déesse au triple visage, veille à ce que nul accroc ne vienne en altérer la trame.



Ainsi se terminent les contes, dans l'Archipel des Numinées.

»
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L'archipel des Numinées - Intégrale

Charlotte Bousquet a toujours défendu les genres de l’imaginaire et a percé dans ce milieu en 2009 en initiant la série de "L’Archipel des Numinées", un univers insulaire inspirée de l’Italie d’Ancien Régime coincée quelque part entre Quattrocento et Risorgimento. On sent les références à la Renaissance et au Siècle des Lumières, mais nous sommes aussi dans le romantisme le plus noir quelque part entre Edgar Allan Poe et Charles Baudelaire où tout est dorure ou pourriture (attention le glauque pour le glauque, le grimdark pour le grimdark peut vite devenir saoulant)… C’est dans cette ambiance qu’on lâche le méchant millénaire Kebahil qui tient tout du Grand Ancien lovecraftien !



J’ai envie d’évacuer tout de suite les polémiques. Un roman féminin doit-il être forcément féministe, en plus d’être lesbien pour ne pas dire LGBT. Tous les personnages qui comptent semblent homosexuels ou bisexuels, et ceux et celles qui le sont pas semblent sciemment être laissés de côté… Le Dieu unique représenté par le prêtre patriarcal a été remplacé par une déesse multiple représentée par une triade matriarcale avec Clotho la jeune fille, qui devient Lachésis la mère après la fin de la virginité et le début de l’enfantement, puis Atropos la vieille femme une fois la ménopause arrivée (ça aussi cela aurait été bien de l’expliquer cela à un moment ou à un autre). De la même manière que le Dieu unique arrangeait bien les partisans d’un pouvoir masculin, masculiniste et patriarcal censément unique, la Triple Déesse arrange bien les partisanes d’un pouvoir féminin, féministe et matriarcale prétendument collégiale. Ce qui expliquerait que les femmes ont tous les pouvoirs et que les hommes au foyer sont chargés des mondanités, et que ceux qui veulent faire preuve de leur valeur se heurtent au plafond de verre installé par l’élite fémino alors qu’on nous parle de monde mixte et société paritaire… Sans commentaire ? Non je suis obligé de signaler l’antihéroïne Dionisia du tome 3 qui métisse, bisexuelle et animaliste a une bonne de Mary Sue !



L’auteure a style extraordinaire, véritable nectar littéraire. Mais le style ne suffit pas, il faut aussi savoir raconter son histoire ! A chaque tome on a des pages et des pages consacrées à des poèmes, à des romans, à des des morceaux d’opéra ou à des extraits de pièces de théâtre (sans parler du running gag de la cagole qui fuit la réalité pour se réfugier sous la couette avec un roman à l’eau de rose)… J’ai envie de dire « pourquoi pas ? », mais à chaque tome les tenants et aboutissants de l’intrigue sont d’autant moins clairs qu’on a pléthore de choix scénaristiques plutôt peu pertinents (comme la magie à géométrie variable, tantôt absente tantôt omniprésente, surpuissante quand l’histoire doit aller plus plus vite et sous-puissante quand l’histoire doit aller moins vite). Pour ne rien gâcher à chaque tome on perd du temps en s’attardant sur un paquet de personnages véritables éléments de décorum qui n’agissent aucunement sur l’intrigue (ni dans l’intrigue d’ailleurs), donc qui viennent polluer la lecture plus qu’autre chose… Du coup c’est sans surprise qu’au bout de la trilogie rien n’est résolu et que lecteurs et lectrices doivent attendre un hypothétique seconde trilogie pour éventuellement avoir le fin du récit !





Tome 1 : dans "Arachnae", noir c'est noir il n'y a plus d'espoir... C'est sombre, c'est glauque, et c'est plein de bonnes idées par toujours bien exploitées...

https://www.portesdumultivers.fr/archipel-des-numinees-l-tome-1-arachnae-charlotte-bousquet/



Tome 2 : dans "Cytheriae", il y avait de l'idée avec un minotaure dernier espoir de la cité, mais on se perd dans les états d'âme d'un personnage principal qu'on a envie de baffer tellement elle adore déprimer et un dramatis personnae qui n'en finit plus de complexifier le récit pour rien...

https://www.portesdumultivers.fr/archipel-des-numinees-l-tome-2-cytheriae-charlotte-bousquet/



Tome 3 : dans "Matricia", on évacue tout ce qui est intéressant / important pour se consacrer aux états d'âmes d'une anti-héroïne qui ne sait pas ce qu'elle veut... Alerte Rouge Mary Sue !

https://www.portesdumultivers.fr/archipel-des-numinees-l-tome-3-matricia-charlotte-bousquet/





L'intégrale regroupe la plupart de bonus écrits par l'auteur. Elle aurait été très soignée si on ne devait encore déplorer pas mal de coquilles...
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Au nom de nos rêves

Un roman choral qui réunit 11 écrivains qui font parler des acteurs ( étudiants ou animateurs) d'une association d'aide aux étudiants en difficulté matérielle qui s'occupent en toute discrétion de l'Association Liens Publics qui fournit des vivres et un lieu pour se rencontrer.

En difficulté car les versements trop insuffisants de leurs parents ou d'une aide publique tardent à arriver ou ne suffit pas à les nourrir, les vêtir correctement.

Le confinement , qui a isolé les étudiants dans leurs chambrettes, a été catastrophique pour les liens sociaux dont ils ont besoin.

Gros souci pour cette association bien utile animée par Espérance ; le propriétaire des lieux veut vendre les locaux.

Nola, jeune étudiante qui a besoin d'aide pour boucler ses fins de mois, voit apparaître le nom de son grand-père en tant que propriétaire. Est-ce bien lui ? Il y a bien longtemps qu'elle ne l'a pas vu. Il a la réputation de ne penser qu' à lui et d'être très radin.

De page en page, d'auteur en auteur ou d'auteure en auteure, nous vivons avec ces jeunes et leur réalité pas toujours rose. Si en plus d'étudier dur et sec, on doit encore se batailler pour son bien-être, c'est bien difficile.

Et pourtant ça existe de telles situations. Les médias nous ont assez sensibilisés pendant le confinement.

Une très belle initiative à laquelle 11 écrivains ont participé en reversant leurs droits d'auteur à Linkee : la première association française de distribution alimentaire aux étudiants.



Merci à Babelio et aux éditions ScriNeo pour m'avoir permis de lire le roman. On peut le nommer " roman " car les onze auteurs ont fourni un travail de coordination pour nous livrer un récit qui a bien un début, une fin, des rebondissements et une suite logique après chaque prise de plume des écrivains.

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L'Archipel des Numinées, tome 2 : Cytheriae

ROMAN FANTASY / DARK FANTASY.

On aurait pu avoir un "Seven" lovecraftien au sein d'une Venise Dark Fantasy. Oui mais non. Au lieu de cela on nous refait le coup de l'artiste maudit du romantisme noir. Fin du rêve (ou plutôt du cauchemar au vu de tous les éléments horrifiques)...
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Rouge Tagada

En ouvrant Rouge Tagada, je me suis invitée dans le monde adolescent qui me semble lointain et étranger et proche à la fois. Proche parce que j’y retrouve mes ados et la façon dont ils cachent leurs sentiments, parce qu’il est facile de percevoir (sans pouvoir les expliquer), les tempêtes intérieures qui ravagent leur esprit, qui les amènent à se métamorphoser, à se découvrir, à faire connaissance de soi-même, à se reconstruire, tels des papillons dans leur chrysalide qui ne s’ouvre que pour accueillir leurs pairs, et on sait qu’ils prendront leur envol un jour, mais que bien des étapes et des expériences heureuses ou malheureuses seront nécessaires pour cela. Ainsi Alex découvre ses sentiments pour Layla, parvient à créer des liens avec elle, se fait son âme sœur. Les deux filles deviennent inséparables jusqu’au jour où Layla tombe amoureuse d’un garçon, le garçon au nom de caleçon, le garçon qui exaspère Alex…



Un livre donc sur les sentiments amoureux d’une fille qui est attirée par une fille, mais cela importe peu, c’est surtout la découverte de sa sexualité, les prémices des ébats amoureux, les états d’âme de tout adolescent à la vie amoureuse pas toujours calme et sereine, qui me semble mis en avant dans ce roman.

On y constatera un amour sans réciprocité, passion d’un côté, neutralité de l’autre, un fait perturbant dès le départ pour le lecteur qui se place en observateur de cette relation. Cela m’a gênée tout au long du roman. Une amitié qui sonne faux dès le départ en raison du manque de conviction de Layla et de l’ambiguïté de son comportement. J’imagine alors que l’attitude de Layla permet de mieux percevoir les sentiments d’Alex…





La fin est un peu brutale, sans ouverture vers l’avenir, un peu comme si la vie amoureuse d’Alex s’arrêtait là. Dommage.
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L'Archipel des Numinées, tome 3 : Matricia

Je me souviens de Robin Recht qui disait qu’il voulait faire de la BD mais qu’on voulait l’obliger à faire de l’Art, et qu’il ne comprenait pas pourquoi (ni même le concept d’ailleurs). Ici on fait de l’Art au lieu de raconter une histoire, et cela n’aboutit nulle part. Oui l’auteure a un talent fou, et oui elle a dû se couper les cheveux en quatre pour ciseler son style et y incruster poèmes, scènes de théâtre et morceaux d’opéra. Mais une trilogie bien construite apporte des réponses à chaque épisode, et chaque épisode a son importance en apportant sa pierre à l’édifice. Ce n’est pas la cas ici, et si Charlotte Bousquet s’était moins regardée écrire elle aurait bouclée sa série au lieu de laisser lecteurs et lectrices au milieu du chemin !
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L'Archipel des Numinées, tome 1 : Arachnae

Charlotte Bousquet a toujours défendu les genres de l’imaginaire et a percé dans ce milieu en 2009 en initiant la série de "L’Archipel des Numinées", un univers insulaire inspirée de l’Italie d’Ancien Régime coincée quelque part entre Quattrocento et Risorgimento. On sent les références à la Renaissance et au Siècle des Lumières, mais nous sommes aussi dans le romantisme le plus noir quelque part entre Edgar Allan Poe et Charles Baudelaire donc loin de Scott Lynch qui avec un univers similaires mais une ambiance toute autres avait avec réalisé "Les Salauds Gentilshommes". Nous également en présence d’un livre interdit aux moins de 16 ans et déconseillé aux moins de 18 ans : il y a des passages difficilement soutenables entre « Torture Porn » ("Saw", "Hostel") et « Body Horror » ("Scanners" de David Cronenberg ou "Hellraiser" de Clive Barker). Car le cannibalisme est au centre d’un récit truffé d’horreurs plus habituelles  : harcèlement, exploitation, maltraitance, trafic d’êtres humains et autre réseaux pédophiles… (les pisse-froid, les rabats-joie et les donneurs de leçon continueront de dire que tout cela n’est pas crédible : l’affaire des disparues de l’Yonne, l’affaire des prostituées de Toulouse, ou l’affaire Marc Dutroux sont aussi dégueulasses que tout ce qu’elle peut mettre en scène ici… Dois-je continuer la liste des horreurs réelles qui dépassent les horreurs fictionnelles ?)





Au sein de l’Archipel des Numinées, Arachnae c’est un peu beaucoup la Florence de Médicis après la Conspiration Pazzi (même si tout est centrée sur la famille des Sforza !)… La princesse Olivia été assassinée mais a désigné son frère Alessio comme successeur avant de succomber. Dans une principauté toujours gouvernée par des femmes, cela fait fortement jaser. Mais Alessio qui pleure à la fois la mort de sa sœur et de son amante, sait qu’en châtiant ennemis intérieurs et extérieurs lors de la guerre contre Bardella il n’a pas frappé les véritables commanditaires qui œuvrent toujours à la fin de se sa lignée. Il décide de se servir de son fils comme appât pour les obliger à se démasquer et en finir une bonne fois pour toutes !



* Nous avons d’un côté le game of thrones aristocratique habituel qui ici est centré sur la querelle entre le trône et l’autel qui semble être une ligne de fracture commune à toutes les principautés de l’Archipel des Numinées.

Alessio reprend le rôle de Laurent le Magnifique, son fils Tiberio semble tout droit sorti d’une tragédie grecque tant il est écrasé par le poids de sa destinée, coincée entre une grande sœur faisant office de Sansa bis et une petite sœur qui cumulent les rôle d’Arya et de Bran (mais qui n’est sans doute pas très loin de d’Alya la sœur de Paul Atreides dans "Dune"). La famille princière peut compter sur la maîtresse espionne Fausta qui semble au courant de tout avant absolument tout le monde. Sauf de l’identité de assassin engagé par une conspiratrice de de 3e zone mais dupe de 1ère catégorie, et celle du cultiste en chef de Kebahil / Slaanesh qui semble avoir marabouté avec ses orgies dionysiaques tout ou partie de l’aristocratie locale : comme c’est commode pour que l’intrigue avance à la vitesse voulue par l’auteur et que le sad end puisse subvenir quand même...

Julia femme au foyer et épouse délaissée dans une société dirigée par les femmes alterne fuite sans ses lectures romanesques où tout le monde est beau et noble et intrigues sordides où tout le monde est égoïste et cruel dans l’espoir de se (re)donner de l’importance...



* Nous avons d’un autre côté l’enquête du Capitaine Tigran Gracci, ancien héros de guerre bi-classé guerrier et magicien qui a brisé le plafond de verre de la société vaginocratique en mettant fin aux agissement d’un serial killer inspiré autant par le Docteur Frankenstein que par Jack l’Éventreur (enquête qui nous est raconté dans la bonne nouvelle intitulé "Arlequinades"). Il suit ici les traces d’un violeur et un tueur pédophile très violent et très actif.



* Nous avons enfin Théodora dite Théo (qui quelque part est le prototype de Nona Grisaille, la super-héroïne sombre de Mark Lawrence), espionne et assassine bisexuelle dotée du don de prescience, que la maîtresse-espionne du prince prépare à sa succession, mais qui pour l’instant brûle la chancelle par les deux bouts en multipliant les conquêtes des deux sexes, et en trompant son ennui en addiction diverses… Sa Big Boss montre un traquenard pour l’obliger à collaborer avec Tigran Gracci dans l’espoir de remonter une filière et attraper de plus gros poissons (du moins c’est ce que j’ai compris, car ce n’est pas super-clair).





Globalement j’ai aimé voire beaucoup aimé : l’univers à la fois classique et original est plein de potentialités, c’est bien rempli, c’est bien rythmé, les personnages ne sont pas trop stéréotypés et pour ne rien gâcher Charlotte Bousquet a globalement une bonne plume voire une belle plume. Mais vous avez dû sentir dans ce que j’ai écrit précédent quelques réticences, mais pour en causer pleinement je suis obligé d’écrire les mots fatidiques « ATTENTION SPOILERS » ! (disons pour résumer que dans un bon ensemble il y avait beaucoup trop de choses qui auraient pu être corrigées et/ou améliorées…)



L’auteure se fait plaisir avec des poèmes, des extraits de romans et/ou de pièces de théâtre fictionnels et des légendes du temps jadis… Alors on n’est pas dans ce tolkienisme mal digéré qui hante la Fantasy américaine, mais pour un roman aux faux-airs de novella c’est des pages et des pages qui ne sont pas consacrés au reste. Il y a largement de quoi étoffer le worldbuilding (apparemment la première activité de Théo c’est de chasser les monstres, et entre les lamias, les empuses, les stryges et les goules il y avait de quoi faire, et la toute petite nouvelle intitulée "Lutzi" donne un aperçu bien trop succinct) et le magicbuilding (apparemment l’autre activité de Théo c’est de surveiller les sorciers, et entre les thaumaturge affilés à l’un des quatre éléments, les prescients, les télépathes, les envoûteurs, les nécromanciens, les démonologues et les mages de sang il y avait de quoi faire). La magie est même presque overcheatée puisque les psioniques capables de transformer autrui en marionnettes sont si nombreux que tous les agent de l’État doivent se munir d’amulettes de protection !



Ensuite je ne vais pas mentir c’est aussi des pages est des pages qui ne sont consacrés à l’histoire et aux personnages (qui sont plusieurs dizaines, par loin d’un cinquantaine en fait, dans un roman qui finalement est assez court). Car je n’ai pas vu quels étaient les liens entre le game of thrones d’Arachnae et les enquêtes de Tigran et Théo :

- il n’y a pas vraiment de lien entre les pédophiles de Caesario, sous Zaroff qui ont toujours été pervers et qui profitent des orgies dionysiaques du Culte de Kebahil pour se refaire la cerise et les multiples machinations du Grand Prêtre Horatio

- il n’y aucun lien entre le Culte de Kebahil dirigé par le Grand Prêtre Horatio (dont les motivations sont inexpliquées : vengeance, folie, fanatisme, possession par un Dieu du Chaos ou un Grand Ancien) et les complots et intrigues des Moires contre la Dynastie Sforza (si encore elles le couvraient pour discréditer le prince et son efficacité : oui mais non)

En plus on se débarrasse du personnage le plus intéressant aux 2/3 du roman (qui se fait enlever 2 fois avant de crever salement et tragiquement : c’est pire qu’une demoiselle en détresse dans un récit grimdark à la GRR Martin !), et on a des POVs tellement réduits qu’à la limite on n’aurait pu s’en passer (Alessandrina qui veut retrouver son saltimbanque, Lorenzo traumatisé qui devient son chevalier servant pour se racheter, Tiberio qui n’apparaît que pour dire « - Je vais mourir père ? - Oui mon fils, soyez brave ! », les atermoiements de Julia, les complots à la Iznogoud de sa sœur Agrippina, les contre-complots à la Iznogoud de sa nièce Leandrina…)



Même au niveau des games of thrones ce n’est pas clair : j’ai compris que comme dans le "Dune" de Frank Herbert les camps qui se disputent le pouvoir pouvaient lire l’avenir donc se neutraliser mutuellement… Les Moires qui voit l’avenir donc les plans à l’intérieur des plans ont décidé de « finir le travail » en organisant la mort d’Alessio après celle d’Olivia car elles veulent rétablir la supériorité du spirituel sur le temporel, mais elles n’arrivent pas à lire le destin de leur future victime. Pourquoi ? Parce que l’ancienne Atropos travaille de concert avec lui pour éliminer ses anciennes collègues, mais elle n’est pas nommée et n’apparaît qu’au début de l’histoire (en plaçant Noria et Théodora à la bonne place pour faire/défaire le Destin) et à la fin de l’histoire (pour rendre la monnaie de sa pièce à celle qui l’a évincée avant de prendre sa place). Parce qu’en matière de divination Artemisia la dernière née du prince est sans doute aussi puissante voire plus puissante que les Moires (mais comme elle quitte la scène assez rapidement, il faut le comprendre dès la première et dernière apparition). Parce que Théodora au service de Sa Majesté dispose d’un don de prescience puissant mais difficile à utiliser (elle sent quand le champ des possibles se restreint ou s’élargit, et entrevoit le fil du destin, et c’est rendu de façon aussi élégante que dans l’anime "Kimetsu no Yaiba", avant d’avoir des visions la faisant entrer en convulsion), et qu’elle se retrouve toujours au centre des événements pour perturber la vision des Moires au point que celles-ci décident de l’éliminer ! Cela aurait bien d’expliquer tout cela à un moment ou à un autre...



Un roman féminin doit-il être forcément féministe, en plus d’être lesbien pour ne pas dire LGBT. Tous les personnages qui comptent semblent homosexuels ou bisexuels, à part le prince Alessio que toute l’aristocratie semble détester par qu’il est un homme résolument hétérosexuel… Le Dieu unique représenté par le prêtre patriarcal a été remplacé par une déesse multiple représentée par une triade matriarcale avec Clotho la jeune fille, qui devient Lachésis la mère après la fin de la virginité et le début de l’enfantement, puis Atropos la vieille femme une fois la ménopause arrivée (ça aussi cela aurait été bien de l’expliquer cela à un moment ou à un autre). De la même manière que le Dieu unique arrangeait bien les partisans d’un pouvoir masculin, masculiniste et patriarcal censément unique, la Triple Déesse arrange bien les partisanes d’un pouvoir féminin, féministe et matriarcale prétendument collégiale, ce qui explique que les femmes ont tous les pouvoirs et que les hommes au foyer sont chargés des mondanités, et que ceux qui veulent faire preuve de leur valeur se heurtent au plafond de verre installé par l’élite fémino.

Charlotte Bousquet est trop intelligente pour remplacer des injustices, des inégalités et des ségrégations par d’autres injustices, inégalités et ségrégations donc la dictature d’un sexe par la dictature d’un autre sexe... Néanmoins force est de constater que le côté LBGT est posé directement sur la table et il faut faire avec là où par exemple Mark Lawrence prenait le temps de développer des liens d’amitiés et d’inimitiés puis d’amour et de haine entre ses strong independent women super-héroïnes et super-vilaines… Alors dans un univers on a Théo qui est couple avec Ornella qui l’aime, mais elle ne veut pas s’engager et laisser traîner les choses. Puis dès qu’elle la rencontre elle tombe immédiatement amoureuse de Valia qui ne l’aime pas et qui elle aussi va laisser traîner les choses. Enfin elle développe en même temps des sentiments amoureux pour son coéquipier bien qu’il soit un mâle et qu’à la base cela ne soit pas sa tasse de thé… J’ai eu un peu l’impression que l’auteure envoyait les love interests de Théo là où elle voulait les voir sévir pour qu’il puisse sortir tragiquement du récit aux moments opportuns. Cela aurait fait sens si on était dans un récit d’apprentissage grimdark et que le but soit la transformation de Théo en machine à tuer au service de la raison d’État (ce que laisse un peu sous-entendre l’auteure, mais cela aurait fait sens avec un véritable suite).



Ne jamais critiquer sans proposer :

- on aurait avoir Théo et Tigran enquêtant d’en bas pour remonter la piste des cultistes

- on aurait pu avoir Ornella enquêtant d’en haut pour remonter la piste des orgistes

- on aurait avoir un vrai triangle amoureux bisexuelle Théo / Tigran / Ornella

- on aurait pu avoir un vrai complot avec les Moires couvrant les orgistes-cultistes pour discréditer le Prince auprès du peuple et provoquer une émeute/révolte pour assassiner tout ou partie de la famille princière en toute tranquillité

- et on aurait pu se mettre de côté tout le reste qui parasite le récit plus qu’autre chose...
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Le jour où je suis partie

Tidir est une jeune femme qui habite un petit village du Maroc. Elle vient de perdre sa meilleure amie qui à la suite d'un viol a été contrainte d'épouser son agresseur. Celle-ci a choisi de se suicider pour échapper à son destin.

Tidir, elle, est révoltée. Elle ne comprend pas le geste de sa meilleure amie. Et puis, un jour le père de Tidir décide de la marier avec un homme qu'elle n'aime pas. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Elle prend la décision de quitter sa famille. Elle veut rejoindre Rabat où aura lieu une manifestation en faveur des droits de la femme. Son périple est loin d'être facile. Elle devra affronter le regard et les préjugés des gens qu'elle croise.



Wouah !! Petit roman, mais il est si puissant et offre tellement d'émotions en le lisant. J'espère trouver les mots justes pour vous convaincre de le lire ou de le faire lire aux ados...

Je suis effarée de m'apercevoir qu'il y a encore tant à faire pour changer le regard des hommes sur les femmes. Les mentalités ont certes évolué, des lois ont été promulguées, mais il reste encore beaucoup à faire.

Tidir est courageuse, aidé de Lilian, un jeune touriste français, elle va réussir à s'affirmer et à assumer son statut de femme libre.



Énorme coup de coeur pour ce roman adolescent. C'est une lecture qui ouvre l'esprit sur notre monde.
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Imaginales 2016 : Anthologie Fées et Automates

L’anthologie 2016 du festival des Imaginales voulait audacieusement associer deux archétypes qui se croisent rarement. Les auteurs, essentiellement francophones, avaient pour cahier des charges d’écrire des nouvelles faisant intervenir des fées et des automates. En dehors de cela, c’était open bar.

Des fées et des automates, ben, voyons ! Comme si ces archétypes avaient l’habitude de se côtoyer tous les jours dans l’imaginaire. Sacré gageure !

Eh bien je l’avoue, je suis époustouflé par le talent mis en œuvre par les plumes qui ont participé à l’exercice. A des degrés divers, j’ai vraiment apprécié 90% de ce que j’ai lu. La variété des ambiances, des tons, des époques, l’imagination employée pour cuisiner les thèmes ont ajouté au sentiment de partir pour un long voyage débridé aux multiples escales. Je ne connaissais pas 70% des auteurs et je peux vous dire que ma PAL virtuelle est à l’agonie.



Mon top 3 (dans l’ordre ou le désordre) comprend :

* Fabien Cerutti (Le crépuscule et l’aube) qui nous fait assister, dans son univers uchronique médiéval du Bâtard de Kosigan, à la lutte de Faërie contre l’Humanité. Une interprétation fusionnelle fée/automate. C’est épique, rythmé en crescendo avec succession de plus en plus rapide des points de vue. Je n’ai pas encore lu les romans, mais là je n’ai plus le choix.

* Adrien Tomas (L’énergie du désespoir) Cette fois une relation déséquilibrée entre automates et fées, mais surtout une vision péjorative de l’humanité qui utilise à outrance toutes les ressources dont elle peut s’emparer pour favoriser son bien-être. L’inventivité de ce récit m’a emporté.

* Gabriel Katz (Magie de Noël) qui nous prouve qu’il sait décrire un monde dystopique dans lequel je n’aimerais pas vivre mais dont il n’est pas improbable qu’il advienne dans un futur proche. Les automates ressemblent plus à l’image traditionnelle. La fée… aaah non, je ne dirai rien. Ça fait partie du coup de théâtre de la fin.



Juste en dessous, dépassé à peine d’une courte tête, il y a un peloton de très bonnes nouvelles. Je citerai Pierre Gaulon (Le tour de Vanderville) qui, dans une foire du fin fond du limousin, met face à face deux numéros réussi d’imitations de comportement humain. Mécanique ou magique ? Pierre Bordage (AuTOMate) qui détourne un peu le cahier des charges pour nous parler, avec son talent habituel, de la médiocrité humaine dans notre quotidien. Et bien sûr Lionel Davoust (Le plateau des chimères) et sa nouvelle pierre de conquête de l’empire d’Asreth dans l’univers d’Evanégyre, où comme dans La Volonté du Dragon, c’est la ruse qui va être victorieuse.



J’avoue n’avoir été déçu que par Nabil Ouali (Al’ankabût) qui, malgré sa belle plume, oublie de parler du contexte de son récit, ce qui m’a empêché de comprendre ce qu’il se passait et pourquoi.



L’anthologie présente donc une grande variété d’ambiances et d’interprétations des fées et des automates : de la vision traditionnelle au détournement de concept, de la fusion/collaboration à l’affrontement/esclavage. La plupart du temps, l’humanité apporte ce qu’il y a de MAL dans le récit.



Je remercie boudicca dont la critique a attiré mon attention, et Lionel Davoust qui, en me twittant que le recueil contenait une nouvelle sur Asreth, a fini de me convaincre. Et c’était carrément une bonne idée.

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Proie idéale

Marre des parents, du foyer, des familles d'accueil. Bien envie d'aller tutoyer les étoiles. Après tout, je ne suis pas plus moche que toutes ces filles qui posent, qui jouent, qui chantent, qui dansent. Allez, je tente ma chance via le net. Quelques refus ont bien failli me décourager. Heureusement, le photographe Eric sait voir la différence, lui, entre une beauté classique et le petit plus de l'originalité. Regardez tous ces physiques 'pas faciles' chez les people, il a bien fallu que quelqu'un ait l'audace de croire en elles/eux - ah bon, ce sont des 'enfants de' ?



Bref, si vous n'êtes pas né de la dernière pluie, vous aurez compris que le Eric en question est un sale type et que la jeune fille va tomber dans un truc chelou. Au mieux elle se fera violer une fois, au pire, elle va se retrouver dans un réseau de prostitution.



Voilà le sujet de cet ouvrage. L'intention est louable, d'autant que l'auteur nous parle également de Roms et d'homosexualité féminine - ça élargit les thématiques - mais l'histoire traîne en longueur, et prend des allures de Club des Cinq.

Je me suis ennuyée et j'ai failli abandonner à plusieurs reprises...



Sur les leurres des rencontres sur le net, j'ai préféré 'Mauv@ise connexion' (Jo Witek), plus simple, donc plus plausible.



Parmi la longue playlist, je retiens cette chanson d'Amy Winehouse :

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=TJAfLE39ZZ8 ♪♫
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Âmes libres

Jada, une adolescente piégée dans une vie faite de gangs et de violence qu’elle est bien décidée à fuir se retrouve plongée dans un tête à tête inattendu avec Queen ; une lionne destinée à combattre contre des chiens pour rapporter de l’argent à son propriétaire mais surtout pour inspirer la crainte à ses rivaux et imposer sa domination.



Perdues dans le dédale des rues, Jada et Queen vont s’apprivoiser et apprendre à se connaître et développer un lien hors du commun. L’auteur choisi d’accès l’écriture sur le ressenti, l’exploration des sens et les sentiments et surtout sur les interactions entre Queen et Jada. Le revers de la médaille c’est que le reste du monde semble exclu, le résultat est que l’histoire manque de contexte et d’interaction avec le monde extérieur ce qui aurait permis de mieux comprendre la peur qui anime Jada face aux membres des Twen5. On comprend mal pourquoi Jada cède aussi facilement et se plie aux volontés du chef de gang avec autant de facilité. De même que le comportement du frère de Jada est surprenant et peu compréhensible pour les mêmes raisons. Le passé de Jada, sa vie, son quotidien sont autant d’éléments survolés qui empêchent le lecteur de vibrer avec Jada et Queen et de partager leur peur.



Le tempo est lent et permet de savourer ce conte moderne très agréable où les rêves d’Afrique et de savane de Queen sont une vraie bouffée d’air frais dans cet environnement urbain anxiogène.

Toutefois quelques moments de tension auraient été les bienvenus pour ajouter un peu de piment à cette lecture.



L’écriture est soignée, fluide et agréable mais j’ai regretté qu’il n’y ait pas plus de descriptions de l’environnement et des lieux qui entourent nos deux héroïnes car là encore cela ne permet pas de se plonger pleinement dans l’histoire. Il y a un côté approximatif que je trouve dommage.

Cependant l’histoire est belle et donne matière à réflexion et je remercie Babelio et Scrineo pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique jeunesse.



Une lecture sympathique dont j’ai regretté qu’elle ne soit pas plus immersive.
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