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Critiques de Chester Himes (178)
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Tout pour plaire

Ce polar a déjà passé 60 ans, et on pourrait croire qu'il a été écrit l'an dernier. Les personnages résonnent furieusement avec la société actuelle, en particulier, le prédicateur-escroc qui dépouille ses fidèles trop crédules et vit dans le luxe. Et bien sûr, on retrouve les deux célèbres policiers, Fossoyeur et Ed Cercueil, dans leur petite voiture noire cabossée, menant leur enquête tambour battant au cœur de Harlem. On prend un malin plaisir à découvrir les multiples arnaques auxquelles se livrent les malfrats. Même à l'époque d'Internet, on ne serait pas surpris d'apprendre qu'elles font encore recette aujourd'hui!



Le style n'a pas vieilli non plus, oscillant entre descriptions cinématographiques et dialogues truculents. Seule la dérision et une bonne couche de blindage permet aux deux policiers de continuer à faire leur boulot sans trop d'états âme. L'humour est la politesse du désespoir, dit-on: ce roman l'illustre parfaitement. Tous les personnages ou presque sont des Noirs, le racisme n'est donc pas évoqué directement, ce qui rend sa dénonciation bien plus subtile.



Il faut noter que les policiers ne sont pas les vedettes ici, mais plutôt le petit peuple de Harlem, au premier rang desquels Alberta la cuisinière, ou encore Dummy l'ancien boxeur sourd-muet. L'intrigue est assez complexe, on suit les déambulations de tous ces personnages en parallèle, orchestrées avec une précision millimétrée par Chester Himes, sans avoir la moindre idée de ce que l'on va découvrir. Exactement comme si l'on était dans la peau des policiers. Un grand classique, sur tous les plans!
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S'il braille, lâche-le--

Précurseur sur la "question noire" aux États-Unis, comme le dit la quatrième de couverture, ce livre l'est peut-être : je ne suis pas assez calé sur ce qui a pu être écrit avant ou à la même période sur ce sujet.

Ce qui est certain en tout cas c'est que ladite période, à savoir l'année 1943, nous donne à observer les relations entre Noirs et Blancs dans un contexte très particulier : celui d'un pays en guerre qui doit pourtant continuer à faire fonctionner son industrie et notamment dans les domaines de l'armement et de la construction navale. Ainsi, une fois les jeunes hommes (de toutes couleurs) envoyés sur les champs de bataille, il n'y a pas d'autre solution que de rassembler dans les mêmes usines ou sur les mêmes chantiers, considérés comme prioritaires, des populations qui, en temps normal, ne se mélangent pas. Remarques blessantes, coups bas, vexations persistent néanmoins malgré cette apparente prise de conscience qu'un Noir vaut bien un Blanc... les outils à la main. De toute façon, en dehors du lieu de travail, la ségrégation existe toujours ; restaurants, cinémas, quartiers d'habitation ne sont pas mixtes.

La "question noire" est donc le fil conducteur de ce roman, c'est certain. Et les péripéties qui s'enchaînent sur cet axe le confirment, puisque l'on suit Bob, un jeune ouvrier noir, qui veut faire sa place, être respecté, mais s'en prend plein la figure et rêve donc de vengeance... et d'amour.

Pourtant, ce même contexte du temps de guerre nous donne à observer d'autres relations que celles qui opposent les hommes noirs et les hommes blancs : les relations avec les femmes. Car le besoin de main d'oeuvre modifie aussi leur place : habituellement considérées comme quantité négligeable, elles apparaissent subitement comme des êtres munis de 2 mains, capables de tenir un tournevis, une clé anglaise ou un poste à souder (pour rappel : à la maison, les femmes n'ont pas besoin de leurs mains : il leur suffit de siffloter et le travail se fait tout seul).

Il apparaît alors bien vite que l'opposition blanc/noir et l'opposition homme/femme prennent autant de place l'une que l'autre dans ce livre, voire se combinent pour créer le nœud central de l'intrigue.

De ce fait, parler de "question noire"en évacuant la misogynie du narrateur, c'est franchement réducteur. D'autant que notre Bob est un expert en la matière : queutard invétéré mais violemment possessif avec sa fiancée, il envisage aussi sans sourciller le viol d'une ouvrière blanche de son chantier comme technique de vengeance à l'encontre de tous les Blancs.

À la limite, un tel profil peut être utilisé dans un roman, si l'idée de l'auteur est de dénoncer ce genre d'attitude (mais le voulait-il?) et on peut

même se dire que Chester Himes a délibérément forcé le trait pour montrer qu'il existe des connards de toutes les couleurs. Car son Bob, méprisant et violent avec les femmes, amoureux de sa bagnole et de la bibine, crache en réalité sur tout le monde : ses employeurs, ses "amis", les syndicalistes, ses futurs beaux-parents...

Si dépeindre un protagoniste antipathique est un défi littéraire comme un autre, je trouve que ça dessert un peu le propos ici. Les regards torves et les entourloupes des Blancs contre Bob sont bien réels et révoltants, mais s'effacent un peu derrière sa violence et sa haine universelles (y compris envers les blancs qui l'aident et une jeune fille noire qui l'aime... alors que lui-même semble n'aimer que sa Buick). Il finit juste par ressembler à un beauf bas du front à fuir à tout prix.

Cela dit, bien plus ennuyeuse, voire carrément rasoir, est la succession de revirements de Bob et de quelques autres personnages au fil des pages, parfois spontanés et inexpliqués, parfois suscités par des hasards ridicules. On passe ainsi sans arrêt d'un extrême à l'autre, d'une décision à son exact opposé, de la haine violente à l'amourette cul-cul-la-praline, sans parler des demi-tours incessants dans la ville à bord de la belle Buick, pour finalement aboutir à un dénouement attendu depuis 300 pages... pour un livre qui en compte 308.

En résumé, le seul intérêt de ce roman est son contexte historique, à savoir la guerre et la ségregation... et la misogynie élevée au rang de discipline olympique, mais sûrement pas ses péripéties ni ses personnages.
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Le fantôme de Rufus Jones et autres nouvelles

En 90 pages, on pénètre dans l’univers littéraire d’un styliste et dans le cœur de la tragédie américaine. Dans ce corpus de cinq nouvelles, je distingue particulièrement la première et la troisième : "Le fantôme de Rufus Jones" (jubilatoire) et "Son dernier jour" (profond) où l'art de Chester Himes surprend par son économie et sa puissance.

Ainsi l’auteur étend le système raciste des couleurs de peau à la description de l’environnement matériel. L’effet est double, une impression de réalité presque picturale et en même temps le soupçon d’une certaine ironie de l’écrivain : « la boule rouge terne du soleil » (p.19) ; « les filets de vomi verdâtre sous la lumière jaune » (p.24) ; « La flamme éclaira les murs blancs d’un carmin fugitif… » (p.42). Ce souci de la nuance, du coloris, est comme un écho à l’absurdité du système ségrégationniste américain. D’ailleurs, dans « Le Fantôme de Rufus Jones » une catégorie de personnes semble devenir « aveugle aux couleurs » (blind color) ce qui ébranle immédiatement les fondements de cette société…. Jusqu’à provoquer une apoplexie !



Je suis également fascinée par la richesse des images créées pour dépeindre le sordide et l’inéluctable, par exemple : « … il n’était pas le premier à rencontrer son Waterloo en la personne d’une de ces filles… » (P. 45) ou pour nommer la chaise électrique : « le voyage éclair » ; « chevaucher les éclairs ». Cet humour ravageur dit en quelques mots le désespoir sardonique, parfois résigné, des victimes d’un crime contre l’humanité pluriséculaire : l’esclavage, sur lequel s’est fondée le concept de vie idéale aux USA : l’American Way of Life… !

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La troisième génération

Ce livre est l’un des derniers de la période américaine de Chester Himes avant son départ pour la France et ses romans policiers sous l’égide de Marcel Duhamel chez Gallimard. A l’instar des précédents, il est essentiellement autobiographique et lui vaudra de se fâcher avec sa famille (ici « à l’honneur »).

L’histoire reflète les souvenirs de Chester adolescent entre des parents pour lesquels la vie était celle de la middle class noire américaine. Ses deux parents enseignants, les fins de mois difficiles qui démarrent le 15 ne sont pas le problème majeur : ce qui centralise l’attention du jeune Charles du roman, alter égo de Chester, ce sont les disputes incessantes de ses parents dont la cause est essentiellement un problème de racisme et de couleur de peau, au sens strict du terme. Sa mère, métisse de peau blanche est obsédée par ses origines blanches (réelles ou fantasmées) et méprise toute négritude y compris et surtout chez sa première victime, son mari. Elle fait le maximum pour extraire ses enfants de la fréquentation des noirs et essaye même de les « blanchir » en défrisant leurs cheveux (ce qui n’avait rien d’original à l’époque mais a été symboliquement rejeté dans les années 60 – coupes afro etc).

L’ensemble est écrit de façon classique et très précise, les tourments intérieurs de Charles – qui ne prend une place centrale qu’au tiers du roman – ne sont pas excessivement dramatisés et Chester Himes respecte à la lettre son objectif de description sociale du problème de racisme dans les années 30 ainsi que nombreux détails strictement autobiographiques comme l’accident dans l’ascenseur.

Reste évidemment que la misogynie habituelle de l’auteur, sans nuire pour autant au plaisir de la lecture, prend ici un tour obsessionnel : la mère est à peu de choses près rendue à 100% responsable de l’ambiance familiale, ses enfants finissent par ne plus la supporter, elle pourrit littéralement le quotidien de chacun (y compris évidemment le sien) et le mari finit par la laisser diriger le couple par fatigue de lutter en vain contre elle. Elle joue un rôle intéressant de courroie de transmission du racisme ambient au sein de sa propre famille noire mais l’absence d’alternative à cette vision manichéenne des personnages finit par devenir tellement caricaturale qu’elle agace plutôt que servir l’intérêt du livre, j’ai trouvé (pour simplifier, à chaque fois qu’on a l’impression qu’une certaine stabilité va s’installer, c’est elle qui, par son racisme, provoque une rupture destructrice).

Si les polars de Chester Himes ne m’ont jamais spécialement enthousiasmé, je pense que la période précédente contient des perles édifiantes et symptomatiques du problème des noirs américains au début du XXème siècle – et qui éclaire l’époque actuelle. Lire ses romans et ceux de Richard Wright est toujours d’un grand intérêt.

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Dix petits noirs

Un coffret qui nous présente 10 novellas noir.



Guerre à l'homme-loup / Jérôme Charyn

Meurtre de Farewell (Le) / Dashiell Hammett

Chat noir (Le) / Edgar Allan Poe

Plein tarif / Jean-Bernard Pouy

Nouvel an, nouvelle vie / Cesare Battisti

Messe en prison (Une) / Chester Himes

Indice publicitaire (L') / Jim Thompson

Angie / Patrick Raynal

Noires et une blanche (Des) / Frédéric Krivine

Muddy fork (The) / James Crumley



Dans ce coffret on trouve des cours romans mise en scène de façon forte agréable. En effet chacun d'eux est illustré en noir et plan.

Parmi les auteurs on retrouve des gens tels que Hamlet, Charyn ou encore Poe mais aussi des auteurs français tel Pouy.

Chaque texte de chaque auteur et très intéressant et si tous sont différents, tous sont un vrai regard sur notre monde et notre société.

Le plus de ce petit coffret de ce joli coffret c'est que à la fin de chaque volume vous pourrez retrouver une bibliographie de l'auteur mais aussi une courte biographie de son œuvre.

Bref dix histoires courtes pour se familiariser avec le genre du polar : énigmes, enquêtes, suspens, émotions.

Le meilleur du polar pour les petits et tes grands !

Ce recueil rassemble dix courts romans policiers à lire dès 10 ans.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Une messe en prison

Une longue nouvelle. Trois prisonniers assistent à une messe. Mille Watts, Vanneur et le Kid. C'est Noël. À chacun ses soucis, ses peines, sa peine, ses espoirs et ses regrets. Ses croyances et ses doutes.

Tandis que l'office se déroule, ils revoient leurs vies d'avant et les événements qui ont menés à leur enfermement. Ils sont tous trois bien différents. L'un d'entre eux espère, par l'écriture, retrouver du sens, sortir du néant, imprimer sa marque. Incidemment, tous trois sont noir de peau.



Chester Himes avait 19 ans quand il en a pris pour 20 ans.
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Retour en Afrique

Deux rêves hantent Harlem : Dieu et l’Afrique . Et il ne manque pas de prophètes et autre religieux barrés et frelatés pour proposer de les réaliser moyennant finance . Qui dit finance dit flouze , picaillon, , artiche , dollars le troisième rêve , celui qui attire les arsouilles et truands comme le sang attire les mouches …et du sang justement , il y en a …beaucoup et ce ne sont pas Cercueil et Fossoyeurs les jumeaux du colt nickelé qui vont l’empêcher de couler .
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Imbroglio negro

Harlem années soixante , nuit glaciale, une Cadillac d’or massif, Davy Crockett au volant , à côté de lui la Reine de Saba et un prestidigitateur mondain , une vieille dame écrabouillée … Sacré début non ? Et la suite est du même tonneau , trafics , massacres , travelos , vrais , pédés , fausses vierges (merci Jacky) . Le duo Cercueil et Fossoyeur auront fort à faire . Pas vraiment d’intrigue claire mais une ambiance , Himes quoi !
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Cercueil et Fossoyeur

Indispensable! Pour les aventures de Cercueil et Fossoyeur... pour Harlem... pour tout ce que l'on apprend sur les relations inter-raciales... pour l'humour de Chester Himes.



Magnifique édition avec une très utile introduction de l'auteur et un appareil critique solide.

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Couché dans le pain

Harlem, New York City, fin des années 50. Avant de devenir la coqueluche des "bobos" new-yorkais, Harlem était un quartier pauvre, mal famé, une sorte de "ghetto" afro-américain en marge de la société de consommation. Tel est le cadre des aventures de deux flics qui ont fait la célébrité de l’auteur de "La reine des pommes" : "Fossoyeur" et "Ed Cercueil". Leurs méthodes d’investigation, pas très catholiques, s’avèrent super-efficaces dès lors qu’ils joignent l’intimidation musclée à une parfaite connaissance des mœurs de la population locale. Accompagnés d’un troisième larron, Brody, bien blanc sur lui, qui se contente de les regarder faire avec des yeux tout ronds, ils vont démêler une sombre affaire de meurtre à l’arme blanche, assaisonnée de tentative de chantage et de multiples autres délits impliquant la fine fleur de Harlem. Comme dans les autres polars de cet auteur, l’intérêt réside plus dans la truculence de la narration que dans le déroulement de l’enquête. Dans la chaleur étouffante de l’été new-yorkais, les neurones préfèrent faire la sieste et le hasard, accompagné de quelques coups bas, spécialité de nos deux compères, devient un facteur prépondérant. Un Chester Himes comme on les aime...
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La reine des pommes

La pomme c'est Jackson, il est tellement beunet qu'il se fait couaner par ses potes, sa petite copine et meme par son frere qui a un gros penchant pour le déguisement de bonne soeur. Mais dans tout ça, l'ingénu jackson semble heureux et vit des choses trépidantes et on les vit avec lui.

C'est en lisant ce genre d'histoire que tu te dis que quand t'es con, ben ta vie est bien differente de celle des autres.

Comme dirait un pote de Marseille, ce livre est lourd lourd lourd.
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Retour en Afrique

Chester Himes a écrit ce livre alors qu'il était diminué physiquement, rien a changé dans son style. Ce roman est fidèle aux autres, très explicite sur Harlem et la fauve qui compose sa jungle "dixit C.H" . L'intrigue est bonne, le suspens haletant ,on plonge dans l'univers de la rue , les personnages sont décrits à merveilles, les filles sont belles, désirables, cercueil et Fossoyeur sont toujours égaux à eux-mêmes. Très bon Chester Himes, un peu moins profond dans l intrigue mais tout aussi efficace dans le suspens.
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La reine des pommes

Reine des pommes ou bonne poire, Jackson est un naïf. Dès le début du roman, il croit dur comme fer que l'on peut changer des billets de 10 dollars en billets de 100 dollars, par un simple passage dans un four domestique. Placé sur la pente savonneuse par sa petite amie, Imabelle, laquelle se réjouit probablement d'avoir mis la main sur un pigeon tel que Jackson, ce dernier fait appel à son frère jumeau, Goldy, pour récupérer son argent ainsi qu'une malle contenant des pépites d'or. Mais, bien que se ressemblant physiquement, les deux frères n'ont que peu de choses en commun. Goldy se déguise quotidiennement en sœur Gabrielle, une nonne qui réclame de l'argent pour les bonnes œuvres (en réalité : pour sa pomme).



Le duo gémellaire tâche donc de reprendre l'argent et, pense Jackson, de délivrer Imabelle. Car la belle joue un trouble jeu avec ses anciens complices : Hank, Jodie et Slim. Bientôt, tout ce beau monde est rejoint par deux policiers aux noms prometteurs : Fossoyeur et Ed Cercueil. Ce dernier sera mis hors course à la suite d'une fusillade. Ce sera alors à Fossoyeur de faire toute la lumière sur cette affaire, en tant que représentant d'un ordre nécessaire mais qui se met difficilement en place. Quant à Jackson, les événements plus que dangereux, toujours plus troubles, ne mettront pas fin à son innocence.



Le premier tiers du livre est particulièrement truculent. La naïveté de Jackson est confondante, la roublardise de Goldy étonne et amuse. Mais, peu à peu, les événements rappellent que La reine des pommes est un roman noir : certaines scènes sont particulièrement violentes, et les personnages cèdent volontiers à leurs mauvais côté. Fossoyeur, par exemple, ne semble faire que le coup du bad cop et n'éprouve visiblement aucun remords à brimer criminels et potentiels suspects. Il y a bien là l'une des forces essentielles du livre : ce mélange plutôt subtil entre des situations drolatiques et la violence inhérente au genre dans lequel ce livre s'inscrit. Le tout est rythmé par des dialogues enlevés, très vivants et qui, malgré l'âge (le livre est paru en 1958), ont conservé une grande modernité.



Il faut encore dire quelques mots sur l'environnement de cette histoire, ce Harlem noir mais avant tout populaire. Il est saisissant de voir à quel point la légèreté que donne Himes à son récit ne semble toutefois rien enlever de la réalité sordide de ce quartier nord de Manhattan. Les personnages - à commencer par Jackson, guidé par une foi béate et son innocence - croisent des dealers, des maquereaux, des prostituées, des drogués, des fous mais aussi des ouvriers, des employés, des personnes d'apparence honnête (même si l'apparence ne suffit pas) et, bien entendu, des policiers en faction.



Plus qu'un roman new-yorkais, La reine des pommes est un roman qui donne à Harlem le statut de quartier littéraire. Roman noir, le récit ne cherche pas à mettre en valeur des principes moraux mais s'attache plutôt à décrire l'ordinaire tour à tour banal et tragique de petits malfrats en quête de victimes à arnaquer. Par son humour, enfin, le roman s'affranchit quelque peu des règles de son genre : la naïveté a donc ses avantages.
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Le fantôme de Rufus Jones et autres nouvelles

5 courtes nouvelles de l'écrivain noir Chester Himes, un des auteurs américains préférés de Jean-Paul Sartre. Le ton est grinçant, la phrase est percutante, les situations sont le plus souvent dans un contexte de violence. La nouvelle "Son dernier jour" qui retrace le dernier jour d'un condamné est terrible. Une sélection de textes forts qui donne envie de mieux connaître cet écrivain.

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Une affaire de viol





Paris, au début des années cinquante, est un havre de tolérance. Du moins en apparence. Beaucoup d'intellectuels noirs ont trouvé refuge dans cette ville qui leur semble être un lieu de liberté. Ils sont journalistes ou écrivains. Certains d'entre eux, issus de la classe moyenne, sont oisifs. Ils fréquentent, sans problème visible, des femmes blanches. C'est ainsi que sur le bateau le menant en Europe, via la France, Scott Hamilton fait la connaissance d'Elizabeth Hancock, une Américaine blanche de la bonne société, récemment divorcée d'un dentiste belge. C'est le coup de foudre, que les aléas de la vie se chargeront de déliter. Quelques années plus tard, après une passion houleuse, Elizabeth est retrouvée morte dans la chambre d'un hôtel parisien. Sur les lieux, se trouvaient Scott avec trois amis noirs. L'autopsie indique que la victime avait ingurgité un puissant aphrodisiaque, connu sous le nom de poudre de cantharide. Les analyses révélant plusieurs rapports sexuels, ses vêtements déchirés et les nombreuses ecchymoses, démontrent formellement qu'il y a eu viol, puis meurtre.

Ce court roman de Chester Himes, à l'inverse d'autres ouvrages, dissèque ce fait divers de façon clinique, presque chirurgicale, L'auteur démontre que Blancs ou Noirs subissent les effets pervers du racisme. Mais s'ils sont victimes, ils n'en demeurent pas moins coupables du "crime suprême de l'humanité : l'inhumanité de l'homme envers l'homme". Une œuvre puissante. --Claude Mesplède



Mon avis



Un récit passionnant. En peu de pages, Chester Himes dissèque « l’affaire » avec brio.

Il met en exergue tout ce que l’homme blanc ou noir peut avoir de culture, de sensibilité mais aussi de rancunes, de honte de ses racines pour certains, l’éducation rigide pour d’autres.

La conclusion pour moi, après la fermeture du livre et que d’une part il ne faut jamais juger sur les apparences et d’autre part, que dans chaque homme il y a une lâcheté sous-jacente et qui ressort dans des situations dramatiques.

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Couché dans le pain

Couché dans le pain, Chester Himes,



« Quand on se met à mélanger le sexe et la religion, on est sûr de perdre les pédales » déclare Ed Cercueil. Outre la pertinence de cette remarque générale, la réflexion vaut pour l’intrigue.



Dans cette histoire, à la fois comique et rocambolesque, le démarrage par « défenestration » d’un pasteur de l’Église de la Sainte Culbute donne le coup d’envoi. Une maestria comparable au célèbre incipit d’ « Imbroglio negro ».



Personnages multiples et obsessions diverses. Intrigues à double ou triple étages. Les calculs et les actions, suivent leurs propres cours, sur fond d’arnaques, de rancunes, ou de motivations amoureuses. La vie est foisonnante dans le ghetto. A croire que la misère décuple l’imagination de ceux qui veulent s’en sortir.



Dans le Harlem de Himes, vu et compris par Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, rien ne se passe comme chez les Blancs. Aussi le sergent Brody, chargé officiellement de l’enquête, ne peut rédiger administrativement le procès-verbal final que grâce à l’action des deux inspecteurs noirs, véritables chevilles ouvrières de l’action, - et du récit.



Le lecteur appréciera leur connaissance du terrain et des mentalités. Même si l’auteur tire sur la corde avec les dialogues, les comportements déconcertent, et Chester Himes rassemble des intrigues superposées en un bouquet exotique cohérent, avec ingrédients comiques, qui dénote la parfaite maîtrise de l’écrivain.

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La reine des pommes

La reine des pommes est sans aucun doute le meilleur polar de Chester Himes, de loin le plus aboutit, le plus intéressant, le plus hilarant, le plus tragique, le plus violent, le plus loufoque, le plus inspiré. C'est un chef-d’œuvre, tout simplement, devenu un classique du polar américain. Rien que ça !



L'auteur nous relate l'histoire drôle et burlesque d'un jeune noir américain complètement bébête et naïf, qui se fait arnaquer par une combine qu'il est le seul à ne pas connaître dans tout Harlem !



L'histoire est intéressante et fascinante à la fois, tant l'intrigue est prenant, tant les personnages sont drôles et ubuesques, avec une personnalité solide, parfois inquiétante.



Le lieu de l'histoire est inédit et original, c'est le Harlem des années 60, avec des personnages haut en couleur, des noirs américains, dans un environnement surréaliste et vrai à la fois.



A lire absolument !

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S'il braille, lâche-le--

Le meilleur roman littéraire de Chester Himes !

L'auteur ici, nous conte l'histoire d'un jeune noir américain dans les années 40, qui n'a pas d'autre choix que de vivre avec le racisme et la ségrégation dans son propre pays, aux Etats-Unis.

On ressent alors à travers ce personnage, ses propres émotions ( peur, dénonciation, incertitude... ), le climat hostile dans lequel il est plongé et dans lequel il vit, son ambition de se libérer de cet environnement néfaste et pervers, etc...

L'histoire est bien écrite et facile à comprendre, malgré tout il n'égale pas "Un enfant du pays" ou "Native son" de Richard Wright qui lui est supérieur et est un chef d’œuvre. Néanmojns, "S'il braille, lâche-le..." est un bon roman de littérature américaine.

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Couché dans le pain

Couché dans le pain est le troisème opus de la série des "Cercueil et Fossoyeur" de Chester Himes. Cet épisode est haut en couleur et en suspense. Il est, plus que les deux premiers romans, construit autour d'une intrigue à la Agatha Christie.Un crime a été commis - un homme a été retrouvé poignardé, étendu dans un grand panier à pain - et les principaux suspects sont tous passés à la moulinnette des deux enquêteurs. Encore une fois ce sont les témoins et les indics, personnages secondaires, qui vont pimenter le récit et permettre d'avancer dans l'enquête.Les deux policiers noirs vont devoir se frotter à un prédicateur fou et à la pègre noire de Harlem et trouver le motif et l'arme du crime.
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Qu'on lui jette la première pierre

C'est un journal, un cahier de bord. Jimmy Monroe est en prison. Il nous décrit ce qu'il voit et vit.

Les chapitres s'enchaînent sans titre ni date. À la lecture, on perçoit plusieurs parties.

Jimmy côtoie différents hommes, les relations changent ("son cousin", Dido, le gardien Tom). Il change de cellules également. Un grand incendie aura lieu. Il joue au poker et au softball.



C'est plus un livre documentaire qu'un roman. Il ne décrit pas ses ressentis, juste les faits.

La lecture fut longue, je n'ai pas accroché. Rien ressenti.
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