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Critiques de Chester Himes (178)
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Retour en Afrique

Le révérend O'Malley, ancien repris de justice organise des meetings à Harlem, afin de promouvoir son projet de retour en Afrique, synonyme d'une meilleure destinée. Il cible les Noirs, oppressés socialement et économiquement par des Blancs.

L'entreprise est couteuse mais il a déjà réuni une somme conséquente (soit la participation de 87 familles) pour la concrétiser. Un jour, le magot disparaît. . .



L'intrigue est prenante mais j'ai été plutôt saisie par le contexte socio-historique de l'affaire. le Nord qui paraît moins meurtrier que le Sud mais qui n'en reste pas moins pénible pour les Noirs ; Ce Sud oppresseur mais qui resterait un moindre mal que cette Afrique, une terre étrangère sujette "à la famine et à la peste". Glaçant constat évoqué par un partisan de cet ordre discriminant.



Aussi, pourquoi ne pas opter pour la souffrance qui nous est la plus familière ? Surtout qu'en parallèle, un colonel organise un retour au Sud pour les Noirs installés dans le Nord !
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La reine des pommes

Jackson est ce qu'on appelle un bon gars, bon paroissien et employé sérieux de surcroît (il fait le bonheur de son patron Mr. Clay et son entreprise de pompes funèbres). Mais le problème c'est qu'il n'est pas très fute-fute et lorsque l'occasion de "multiplier" le pognon se présente, lui qui rêve simplement d'une vie meilleure à Harlem, n'hésite pas une seconde. Il confie toutes ses économies à sa petite amie, qui avec l'aide de ses complices, arnaque ce pauvre Jackson.



Ce dernier se tourne alors vers Goldy, son frère jumeau, accro à la drogue, plus connu sous le nom de Soeur Gabrielle car il se déguise en soeur de la miséricorde pour tromper les gens, usant de citations fantaisistes des Ecritures. Goldy met en place un plan pour retrouver les voleurs. Rajoutez à ça, Fossoyeur Jones et Ed Cercueil, deux flics noirs de Harlem à la gâchette facile, une malle remplie de pépites d'or, une course poursuite en corbillard dans les rues de Harlem cela donne un cocktail pour le moins explosif !



J'ai été conquis par ce livre de Chester Himes qui nous plonge au plus profond du Harlem des années 50. Dans un style incisif et précis, à la fois drôle (j'adore le personnage de Goldy, quelle trouvaille !) et brutal. Pour un livre écrit il y a presque soixante ans, j'ai été surpris par la fluidité de ce roman, facile et plaisant à lire. Je pense que la traduction y est pour beaucoup, je l'ai lu dans la version Quarto Gallimard dont les traductions ont été entièrement révisées. Quand on sait que le cycle Cercueil et Fossoyeur compte huit romans, dont La reine des pommes est le premier, il me reste de nombreuses heures de lecture en perspective, et cela pour mon plus grand plaisir !!!
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La reine des pommes

Ma première rencontre avec Ed Cercueil et Fossoyeur, deux gars sympathiques et qui ne bégayent pas quand il faut défourailler le 38. Le coup de la levure me fait hurler de rire encore aujourd'hui. Mais je pensais à l'époque que pour trouver une pomme au carré de ce calibre, il fallait être dans un Harlem pauvre et à l'acculturation troublée. Quel ne fut pas ma surprise quelques mois plus tard de lire dans la feuille de chou locale qu'une riche commerçante suisse avait donné dans le panneau avec la même escroquerie. J'ai gardé pendant des décennies l'article découpé dans la tranche de ma reine des pommes. J'en souris encore.
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La reine des pommes

Après « Les femmes de Brewster Place », je me suis plongée dans le premier roman policier de Chester Himes « La reine des pommes », roman écrit, en 1957, à la demande de Marcel Duhamel pour la collection « Série noire ». L’auteur vivait alors à Paris et l’a écrit en français.



Ce polar m’a embarquée, ou plutôt réembarquée car je l’avais lu il y a près de deux décennies, à New-York dans le quartier noir de Harlem où la naïveté incroyable du héros malgré lui, Jackson, dit la Reine des pommes tant sa crédulité flirte avec la bêtise consommée, va entraîner une succession de situations aussi rocambolesques que burlesques avec une pointe de cruauté.



Jackson vit à la colle avec la sulfureuse Imabelle, une superbe femme « à la peau couleur banane ». C’est un bon gars, pas très malin mais sympathique, petit, rondelet et un peu chauve. Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres dont il conduit un des corbillards. Il est tellement épris qu’il ne voit absolument pas que sa dulcinée le dupe de manière éhontée. D’ailleurs il souhaite l’épouser et pour ce faire il faut de l’argent. Or, sa fortune ne s’élève qu’à 1500 dollars. Il est pauvre, fauché et désespéré. Mais, la belle et splendide Imabelle a un plan, elle qui connaît un type qui connaît un type qui lui-même connaît un gus qui peut transformer un billet de dix dollars en un billet de cent. Rendez-vous est pris dans une chambre louche pour la transformation des billets et la route vers la richesse. Sauf que, au beau milieu de tout, alors que Jackson peut atteindre la richesse, la police débarque et notre héros malgré lui se fait épingler tandis que Imabelle et ses amis se font la malle, l’abandonnant à son triste sort. Il est plus que fauché et une seule solution s’offre à lui afin de recouvrer la liberté : « emprunter » dans le coffre-fort de son entreprise de quoi verser le bakchiche. Notre naïf Jackson met le doigt dans un engrenage qui l’emmènera de Charybe en Scylla, toujours persuadé qu’il doit sauver Imabelle des griffes des escrocs. Il croisera la route de deux flics de Harlem réputés pour avoir la gâchette facile, Ed Cercueil et Joe Fossoyeur, versions noires de l’inspecteur Harry, ce qui veut bien dire ce que cela veut dire … quand on tombe entre leurs mains impitoyables on peut faire ses prières. Au cœur du sac de nœuds, une malle remplie de pépites d’or, une malle qui fait courir beaucoup de monde, la nuit, dans les rues de Harlem. De cavalcades en planques, de frayeurs en découverte de cadavre, Jackson, aidé par son frère Goldy, petit escroc junkie traversti en bonne-soeur, tentera de retrouver sa belle et de reprendre une vie normale.



Avec « La reine des pommes », roman policier jubilatoire, Chester Himes observe et raconte avec justesse et une énorme dose d’humour les travers de la situation des Noirs sans avoir recours au cynisme et encore moins à la caricature. Ed Cercueil et Joe Fossoyeur sont noirs mais avant tout ils sont là pour faire respecter l’ordre dans un milieu qui a perdu nombre de ses repères, notamment moraux. Derrière l’humour, parfois grinçant, l’auteur pointe le sordide, le glauque et la misère sociale et culturelle d’une population abandonnée à elle-même. Derrière le rire, car je dois souligner que le rire est à chaque détour de page, Chester Himes montre combien l’Amérique blanche bloque les Noirs dans leur désir d’émancipation et leur envie de décrocher les meilleures places dans la société.



Nota Bene : j’ai eu, plus d’une fois, l’impression de me trouver dans un film de Quentin Tarentino avec en bande son la musique de James Brown.
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
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Qu'on lui jette la première pierre

"Qu'on lui jette la première pierre" c'est l'histoire d'un jeune homme qui prends vingt ans de taule. Un jeune homme qui m'a plus d'avenir sauf derrière les murs de la prison où il a été enfermé.

"Qu'on lui jette la première pierre" c'est un violent réquisitoire contre le système pénitentiaire américain. Brutal ,cassant, injuste. Le système carcéral est ici jugé de l'intérieur. Il faut dire que si ce plaidoyer prend la forme du roman, l'auteur sait de quoi il parle car il a lui-même passé sept ans en prison. Et être noir et emprisonné, c'est vraiment pas une vie enviable. Et même si vous n'êtes pas un homme de couleur, la vie entre quatre mur est tout se qu'il y a de plus monotone et déprimante. Sans parler du pire...

Si vous lisez ce roman lisez aussi celui de Bunker "La bête contre les murs", un putain de coup de coeur pour celui-ci !


Lien : https://collectifpolar.blog/
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La reine des pommes

Découverte d'un auteur méconnu semble-t-il et d'un policier des années 50 qui sent bon les films ou séries télévisées de mon enfance.



Harlem. Dans une piaule défraîchie, Jackson, accompagné de sa moitié Imabelle, est convaincu d'avoir enfin le bon filon : par un procédé chimique, ses billets de 10$ vont se transformer en billets de 100. Mais ... tout va basculer ... intervention d'un flic véreux, fuite des arnaqueurs, vol de son patron pour rembourser une dette, etc. Tout va s'enchaîner tout au long du roman. Basculant du loufoque dans le sordide.



Et pourtant, Jackson, c'est le bon gars. Bon chrétien, honnête, amoureux de sa moitié, mais surtout d'une naïveté confondante. Un poissard. Quoi qu'il fasse, ça tourne à la catastrophe. Plus on avance, plus Jackson s'enfonce.



Au final, le tout donne un rompol presque touchant avec ce personnage attachant. Et en filigrane, Chester Hilmes dresse le portrait de la société de son temps. Une sorte de chronique sociale sous couvert d'un aimable divertissement. Intéressant.
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Dare-dare

Un très bon roman noir à l'ancienne, un suspense bien mené, des retournements de situation, des fausses pistes, les rues de New-York, des lieux glauques et sinistres, des boîtes enfumées, des femmes mystérieuses et fatales, des hommes en trench-coat et au visage dissimulé par des chapeaux, des flics suspects et des suspects rassurants, un style où se mêlent ellipses et phrases brêves lourdes de sous-entendus et de sens sur la vie en général.

Chester Himes nous livre un roman sur la condition des noirs aux Etats-Unis , confrontés au racisme, à la misère sociale et de façon encore plus profonde, à l'auto-dénigration.

Il nous montre comment les noirs sont pris et enfermés dans le cercle infernal de leur condition, des clichés qui leur sont associés et dans lesquels parfois ils se complaisent. Il nous fait ressentir toute la complexité de leur situation tout en évitant de tomber dans le manichéisme simplificateur.
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La croisade de Lee Gordon

La Croisade de Lee Gordon (ou La Croisade solitaire) est le livre le plus intime de Chester Himes. Lors de sa publication en 1947, sa femme Jean le menaça de divorcer, car elle se reconnaissait trop dans la femme du héros Ruth Gordon.



Le livre traite du mur intérieur et extérieur que représente la ségrégation raciale et expose comment Lee Gordon, jeune noir américain, se cogne à ce mur sans jamais pouvoir le détruire, même en s'engageant dans les mouvements politiques les plus progressistes, même avec tout l'amour des femmes et la fidélité de ses amis.



Cela rend un son de tragédie antique. Quoique fasse le héros il est marqué par son destin, matérialisé dans la couleur noire de sa peau. Fils de la malédiction qui pèse sur sa race, Lee est paradoxalement libéré face à toutes les conventions sociales, les idéologies, les discours, les prétentions des divers groupes politiques.



Pourtant il n'est pas cynique. Il travaille pour un des syndicats qui tentent de rassembler les ouvriers à Los Angeles, en 1943. Il est chargé de recruter et d'organiser les travailleurs noirs. Tout pourrait marcher à peu près correctement, mais bientôt il se confronte à l'immoralisme des dirigeants locaux du Parti Communiste qui veulent noyauter le syndicat et n'hésitent pas à sacrifier les leurs si cela peut servir la cause du parti. Lee refuse d'accepter cette forme de réalisme politique, mais le parti demeure de toute façon plus fort que lui.



Car le drame de Lee Gordon c'est qu'il est isolé, comme sans doute tout être humain sur cette Terre. Le syndicat, le parti, ne résolvent pas cette réalité fondamentale. En somme L.G. n'est pas seulement un noir. C'est aussi un individu et comme tel il ne se reconnaît dans aucune cause commune. Ici c'est l'individualisme américain qui résiste à l'idéologie socialiste et communautariste.



L'homme cultivé qu'est Chester Himes est profondément individualiste. Certes la cause des noirs, celle des travailleurs, celle des femmes – toutes ces causes le touchent. Mais au-delà, il demeure un individu et est très conscient de l'être. C'est sa fierté d'intellectuel non conventionnel et non aligné. C'est surtout son unique façon de s'affirmer comme un être humain, par-delà toutes les ségrégations et les divisions sociales.
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Dare-dare

2e contact avec cet auteur apres "la reine des pommes", une des références  de romans policiers des années 60.

Dare-dare est paru en1959 sous le titre original : "Run man, run", traduit de l'americain par Pierre Verrier.

Lu  dans la collecion Série Noire de Marcel Duhamel _ Edition NRF Gallimard_

La maquette de couverture est réalisée par "At. Pierre Faucheux/Photo Holmes-Lebel.

En fait : _ Holmes-Lebel est une agence de presse française, parisienne, ayant existé de 1950 à 1980.

et  _ Pierre Faucheux : photographe (1924-1999)" le graphiste aux 100.000 couvertures"... Voir : http://indexgrafik.fr/pierre-faucheux/

en particulier, du club français du livres des 1946, des livres de poche. Il crée une relation intime entre l'oeuvre litteraire, son graphisme et sa couverture. (*)

L'histoire : Les afro-americains de Harlem sont au centre de l'intrigue _ toujours, avec Ch. Himes qui raconte la vie de harlem, quartier noir déshérité et victime d'un racisme ordinaire de la part de la communauté blanche_.

Un double assassinat de nuit dans une entreprise de restauration industrielle, et Jimmy fuit et les policiers Brock et Walter enquêtent... . Le meurtrier serait blanc. Et "un Blanc qu'a bu un coup n'a vraiment pas besoin d'une raison pour tuer un Noir...

Les courses-poursuites s'enchaînent dans Harlem et Brodway, limitrophe .

Encore une occasion pour nous, lecteurs de pénétrer le mode de vie de cette population noire, besogneuse, débrouillarde , solidaire et victime d'une ségrégation au quotidien. Bien sûr , la loi devient parfois accessoire, les alcools forts imbibent certains organismes... à des fins anxiolytiques ? et le cautionneur  intervient dès la mise en examen, évitant les incarcérations préventives . Violences physiques , armées ou  non, se succèdent, le machisme reste bien installé, mais le sexe dit faible, quotidiennement, lutte pour son émancipation , en particulier si, jeune et pleine de charmes, elle s'attache à protéger "son "Jimmy.

Des références musicales  parsèment l'histoire : succès en vogue a New York durant les fifties :

..... "brocken hearted blues"....

..... "The blue mama" de Lil Green....

occasion pour nous de les auditionner.... sur Spotify ou autre médiathèque ....

Donc, pour un plaisir de lecture comparable à celui de "la reine des pommes" :4/5.



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La reine des pommes

Harlem 1950

Jackson vit avec Imabelle. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est naïf : il a rencontré une paire d’aigrefins et croit leurs sornettes : les lascars ont la recette pour changer les billets de 10 dollars en billets de 100 !! Comme dira Goldy le frère de Jackson « tu es vraiment la reine des pommes »

J’ai trouvé ce petit roman noir excellent. Tout d’abord l’intrigue est sans faille : une tentative d’arnaque, puis une deuxième.... une course poursuite mémorable...

Les personnages sont fabuleux (dans le sens ils semblent sortis d’une fable) : mention particulière aux frères jumeaux Goldy et Jackson.

Les situations sont cocasses et bien décrites (j’ai vu Jackson dévaler les rues de Harlem en roulant à tombeau ouvert dans son corbillard, oui je sais c’est mal de rire quand le corbillard en question lâche son passager de l’arrière ...)

C’est vraiment un livre très surprenant où on bascule du rire au drame en quelques minutes ...à la fois cocasse par les situations décrites et terribles par la description des années 50 où le racisme est très présent.

A lire !

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La reine des pommes

Peut-être aurais-je dû voir le film ? J’ai trouvé ce livre très visuel avec des courses poursuites de corbillard et voitures dans Harlem, des scènes de ‘tire sur tout ce qui bouge’. Des passages qui m’ont fait sourire, sans plus. L’idée du truand déguisé en bonne sœur semant la bonne parole est excellente. Ce roman rocambolesque a-t-il mal vieilli où serait-ce que ce n’est pas le genre d’histoire qui me passionne ? De plus, je n’ai pas toujours saisi le langage. Bien, sans plus.
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Qu'on lui jette la première pierre

Chef d'oeuvre de littérature carcérale (au moins égal à "La bête contre les murs" d'Edward Bunker, lui aussi excellent), ce livre est le récit romancé des sept années de prison du tout jeune Chester Himes.

L'écriture est magnifique, l'honnêteté absolue (Himes y parle de l'amour platonique qu'il a pour un détenu...), la violence et le racisme omniprésents, dans cette usine à fabriquer des délinquants qu'est la prison.

Chester Himes a également écrit d'excellents romans "littéraires" ("La croisade de Lee Gordon", "La fin d'un primitif"), qui traitent avec intelligence du problème racial, six romans noirs de la série "Ed Cerceuil et Fossoyeur Jones" (dont l'hilarant "La reine des pommes" et le magnifique "L'aveugle au pistolet") ainsi qu'une excellente autobiographie, "Regrets sans repentir".
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La reine des pommes

Soit Jackson ,Candide dodu ,chauffeur de corbillard de son état amoureux d’Imabelle à « la peau couleur de banane » et qui pour ses beaux yeux se fait rouler dans la farine par une bande de petits escrocs , soit une malle pleine de vraies pépites de faux or , soit une bonne sœur qui est un homme …. Mixez le tout dans un Harlem déjanté , ajoutez du vrai sang , secouez sur un rythme de boogie -woogie et pimentez avec deux flics aux noms aussi mortels que leurs instruments de travail et vous avez une (vraie) pépite de roman noir .
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La reine des pommes

Tout d'abord merci à Mme la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, pour son hommage-bévue à Toni Morrison, ça m'a donné illico envie de jeter un oeil par la petite porte, pas si petite que ça d'ailleurs et de réparer un gros oubli : lire un bouquin de Chester Himes. C'est chose faite avec la Reine des Pommes - pour une fois, un beau titre en traduction. Au terme de ma lecture, je ne puis qu'être atterré d'avoir ignoré cet auteur si longtemps. Pour du noir, c'est du noir. Réussir en plus à faire de toute cette misère une histoire pleine d'humour - macabre certes - c'est un beau tour de force, avec une histoire d'amour en prime, c'est encore mieux. Toutes les descriptions du Harlem de cette époque (années 50-60) sont aux petits oignons : le tripot de jeu de dés, la fumerie, le commissariat, la station de métro. L'action n'est pas en reste avec la course-poursuite d'un corbillard à travers un marché... L'ensemble est parfaitement découpé et cadencé pour en faire un film - le plus dur serait la reconstitution de l'époque. Quelqu'un s'y est d'ailleurs employé dans les années 90 mais je ne sais pas ce que cela a donné. Les critiques avaient l'air plutôt bonnes. Grâce aux dictionnaires électroniques, je l'ai lu en anglais, pour être bien dans le bain et laisser les mots choisis avec grand art par l'auteur, frapper mon imagination pour recréer ce monde, sa violence et sa vérité.
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Il pleut des coups durs

Peut étre pas le meilleur de Himes , mais un sacré bon livre , on l'on retrouve son style percutant . Si l' on fait abstraction des quelques défauts , c'est un excellent roman noir .
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Plan B

cela fait des lustres que j'ai lu Chester Himes, et je me souviens que celui-ci avait été mon préféré et que j'avais regretté la disparition de Fossoyeur et Ed Cercueil. Je me demande si j'apprécierais autant maintenant. A voir... A relire...
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La reine des pommes

Une superbe découverte - faite complètement par hasard alors que, comme souvent, je flânais à la librairie.



Classé dans la catégorie "roman noir", ce polar fait rire, horrifie, et divertit tout à la fois grâce à une intrigue riche en rebondissements. le récit se déroule dans le Harlem noir des années 50 et nous présente plusieurs personnages hauts en couleurs - à commencer par Jackson, une "pomme" qui se fait arnaquer de tous les côtés sans s'en apercevoir le moins du monde. L'humour noir est omniprésent, il est question de course-poursuites en corbillard, d'un frère magouilleur déguisé en bonne soeur qui vend des places pour le paradis, d'un révérend qui ne manque pas de répartie... Le roman se lit avec grand plaisir et m'a souvent donné l'impression d'être en train de regarder un film, tant les dialogues et descriptions sont imagés et vivants. J'ai très envie de découvrir d'autres livres de cet auteur!



Une petite critique, le livre est décrit comme "une enquête d'Ed Cercueil et Fossoyeur Jones" mais on les voit assez peu. On sort du livre sans les connaître et j'aurais aimé en savoir plus sur leur psychologie et leur motivation.
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La reine des pommes

Dans ce roman noir, il est question d'arnaques, de pépites d'or, de Harlem, d'un corbillard et de Jackson incrédule benêt qui traverse toute cette histoire pour l'amour de sa belle à la peau couleur de banane.

C'est drôle, sanglant, trépidant et aussi un témoignage de la vie des noirs aux États-Unis en dehors des clichés.
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S'il braille, lâche-le--

A l’époque où le livre est écrit (1943), le lynchage, sans être monnaie courante comme au début du siècle dans certains états, est encore pratiqué régulièrement et ne finira par devenir exceptionnel qu’après les lois votées dans les années 60 et notamment en 1968 après le meurtre de Martin Luther King. Comme le souligne Chester Himes ici, la Californie – ce roman se déroule à Los Angeles – a toujours été une exception sur ce point (2 noirs lynchés entre 1882 et 1968) mais la ségrégation, le manque d’égalité réelle dans les droits civiques pour les noirs restent la règle.



La façon dont l’engrenage est inévitable pour Bob, jeune contremaitre noir sur un chantier naval, qui oscille entre compromis - que lui conseille sa fiancée Alice, métisse de famille aisée - et révolte contre les humiliations quotidiennes, est très intelligemment mise en rapport avec les terreurs, complexes et haine du descendant d’esclaves. Cet équilibre peut rendre fou et les cauchemars de Bob, sa vie réelle et ses réveils angoissés finissent par s’entremêler inexorablement vers la chute finale – un peu maladroite à mon sens - raccrochant au récit l’exploitation des noirs comme chair à canon pour la guerre en Europe.



Chester Himes a mis beaucoup de lui-même ici, comme dans tous ses écrits : il a travaillé dans des chantiers de construction navale pendant la guerre et le personnage d’Alice est inspirée par Jean, sa femme à cette époque. De plus, même si Bob est objectivement libre de ses agissements, la menace omniprésente (« vous avez de la chance d’être en Californie, au Texas, on vous aurait lynché »), l’arbitraire de l’autorité blanche et la violence gratuite donnent au roman une atmosphère lourde, oppressante qui tend à l’univers carcéral – que Chester Himes a connu de 19 à 25 ans.



La lecture de l’excellente biographie de James Sallis parue en 2000 permet de mieux comprendre la thématique obsessionnelle des romans de Himes. Elle donne aussi des indications précieuses pour aborder l’œuvre littéraire dans son ensemble qui promet d’être passionnante – sachant que c’est le premier roman que je lis de lui, en parallèle avec la biographie de Sallis.

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Plan B

Noirs & Blancs.

Ségrégation & mépris.

Racisme & violence.

Haine & misère.

Héritage de l'Histoire & fractures de la géographie.

Richesse & crasse.

Beaux quartiers & ghettos

Soumission & révolte

Folie & massacres.



Fable délirante ou miroir de la réalité?



Et 50 ans plus tard, où en sommes-nous ?

Est-ce un hasard si ce dernier roman de Chester Himes est resté inachevé ?



Cela dit, quel style !

Parvenir à mettre autant d'humour derrière la violence et de réalisme dans l'excès, c'est un véritable tour de force.

Mais l'excès, comme l'humour, ne doivent pas faire oublier que le scénario de ce plan B, même s'il va trop loin, s'appuie sur des fondements qui restent hélas bien réels. Et ne sont rien d'autre que cette incompréhensible haine de la différence.
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