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Critiques de Chiyo Uno (33)
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Confession amoureuse

Peintre doté d'une certaine renommée dans le Japon des années trente, Yuasa Joji se laisse porter par ses succès féminins, incapable de décider clairement entre les femmes qui tournent autour de lui. Alors qu'il peine à couper le lien avec sa première épouse dont il divorce, il se laisse séduire par la fantasque Takao qui s'échappe alors aussitôt, tombe amoureux de la belle Tsuyoko sans se donner les moyens de contrer l'opposition de sa famille, et, par facilité, finit par se remarier avec la jeune et bien dotée Tomoko, pour le regretter aussitôt.





Derrière les apparences du séducteur, se cache en fait un homme indécis, qui s'en remet toujours aux autres et aux événements pour infléchir le cours de sa vie. Répugnant à déplaire ou à contredire, toujours dans le sens du courant, il s'avère incapable de faire des choix et encore moins de les imposer, se contentant de se croire amoureux ou aimé, sans disséquer clairement ses propres sentiments ni chercher à voir au-delà des apparences. Naïf, veule et immature, mais sans méchanceté aucune, il finit par être le jouet de ses conquêtes ou de leur entourage, éternel coeur d'artichaut qui, pour son malheur, ne sait plus qui il aime ni qui l'aime.





Agaçant, l'homme reste malgré tout sympathique, car pitoyable et malheureux. Toute l'intrigue se déroule de son point de vue de narrateur, c'est-à-dire plutôt neutre et passif, sans grand sentiment ni état d'âme, si ce n'est un profond désarroi.





Chiyo Uno nous renvoie ici le trouble d'un Japon tiraillé entre modernité et traditions, à une époque où elle faisait elle-même figure d'exception par sa vie tumultueuse et sa lutte pour l'émancipation féminine. Son état d'esprit précurseur se retrouve dans la détermination et l'insolence de ses personnages de femmes. Il confère à ce récit une dimension critique et moqueuse à l'égard du patriarcat nippon, en même temps qu'une étonnante modernité.





Mené d’une plume fluide et alerte, ce roman agréablement dépaysant dévoile avec subtilité les complexités du Japon, au travers du regard ironique d’une femme en rébellion contre l’hypocrisie d’une société très attachée à l’honneur, avant tout masculin.

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Ohan

De son propre aveu, Kanô est un bon à rien qui vit aux crochets d'une femme. Or cette femme, Okayo, n'est pas son épouse mais sa maîtresse, une ancienne geisha qui gère désormais son propre établissement. Lui a fait péricliter la teinturerie familiale et fait le brocanteur en dilettante pour gagner son argent de poche. Et ce n'est pas là le pire de ces méfaits ! Son acte le plus honteux a été de quitter Ohan, son épouse légitime, alors qu'elle attendait leur enfant. C'était il y a sept ans et depuis il n'a pas revu sa femme et ne connaît même pas son petit garçon. Pourtant, quand un soir d'été, il la croise par hasard, Kanô est bouleversé. Soudain il ne pense plus qu'à cette femme lâchement abandonnée, se reprochant son inconduite. Beau parleur, il réussit à se faire pardonner et la situation s'inverse : il devient l'amant de sa propre femme. Il se rapproche également du petit Satoru, son fils inconnu, et décide de quitter Okayo pour emménager avec Ohan. Pourtant il ne suffit pas de décider, il faut agir aussi et Kanô n'est pas un homme d'action. Comment laisser Okayo et Osen, la fille qu'elle vient d'adopter, sans la faire souffrir et sans en pâtir lui-même ? Comment faire patienter Ohan et Satoru, impatients de former une famille ? Pris entre deux feux, Kanô tergiverse, hésite, promet, se ravise, ne sait laquelle choisir.



Indétrônable figure des romans d'amour, le triangle amoureux est ici dessiné avec la délicatesse d'une estampe japonaise. Avec beaucoup de pudeur, de retenue et un sens aiguisé de la dramaturgie, Chiyo Uno raconte l'histoire banale d'un homme qui ne peut choisir entre les deux femmes qu'il dit aimer. Banal l'homme l'est aussi, dans son égoïsme, sa lâcheté sa frivolité. Les femmes le sont moins. Ohan, mère aimante, épouse patiente, femme humble et digne qui s'inquiète pour sa rivale. Okayo, forte, ambitieuse, entreprenante, amoureuse de son vaurien d'amant. Et puis il y a les enfants, une fille, un garçon, tous deux cherchent un père et là encore Kanô ne saurait être à la hauteur, lui qui fuit les responsabilités comme la peste. Mais à être inconstant et volage, la vie ne fait pas de cadeau et se charge de punir le faible qui veut tout et ne donne rien. Le drame, prévisible, inévitable, frappe de plein fouet un Kanô qui découvre quand il le perd, ce à quoi il tenait le plus sans se l'avouer.

Un petit bijou comme seule la littérature japonaise peut en proposer, tout en poésie, en délicatesse. Dans un Japon intemporel, la ritournelle des sentiments au gré du passage des saisons. A découvrir.
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Ohan

Dans ce court roman nous suivons le parcours amoureux d’un individu assez minable, incapable de prendre une décision, se complaisant dans une valse-hésitation entre la femme qu’il a quitté 7 ans auparavant et sa maîtresse.

Lorsqu’Ohan reparaît dans sa vie et qu’il se découvre père d’un petit garçon, le narrateur déploie toute son énergie pour garder son confort, sans perturber sa vie.

Chiyo Uno réussit parfaitement à se glisser dans la tête d’un homme qui se qualifie lui-même de faible, comme si cela pouvait être une excuse à son comportement ambigüe et irresponsable.

Agaçant, l'homme reste malgré tout sympathique, car pitoyable et malheureux. Toute l'intrigue se déroule de son point de vue de narrateur, c'est-à-dire plutôt neutre et passif, sans grand sentiment ni état d'âme, si ce n'est un profond désarroi.



Mené d’une plume fluide et alerte, ce roman agréablement dépaysant nous dévoile avec subtilité l’âme du Japon tiraillé entre tradition et modernité.

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Ohan

Petites lâchetés ordinaires…



Voilà la formule qui me vient à l’esprit après avoir lu ce livre. L’histoire d’un homme partagé entre sa passion pour une geisha et son amour pour sa femme. Ce pourrait être une banale histoire de triangle amoureux si ce n’était l’importance de la question du choix ou plutôt de la difficulté à faire un choix.



Le héros passe son temps à hésiter, à toujours remettre à plus tard, tergiverser inlassablement, s’agaçant lui-même de ses propres hésitations et faisant fi de ses belles promesses.



Fuir plutôt que choisir.



Pour n’avoir pas su faire un choix à temps, le héros va perdre ce qui, il vient de le découvrir, lui est le plus cher.



Fuir au risque de tout perdre...


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Confession amoureuse

Autant j'avais aimé"Ohan"de Uno Chiyo, la célèbre romancière japonaise, autant "Confession Amoureuse", me laisse un sentiment mitigé. Nous faisons connaissance avec Yuasa Joji,, un peintre rentré d'Europe oú il a passé plusieurs années, qui ressent son épouse et son fils comme des étrangers: il vit à l'étage, sa femme et leur enfant au rez-de - chaussée.......Yuasa Joji, don Juan malheureux, fait l'amére expérience de la douleur d'aimer, il est le jouet des femmes qu'il aime ou qu'il pense aimer...." L'homme propose, la femme dispose". La jeune Takao, belle, glaciale, sauvage lui dicte ses quatre volontés,son épouse le laisse tomber, il tombe amoureux de la ravissante Tsuyuko...avant de tomber dans les bras de l'enfantine Tomoko......Aura t- il le dernier mot?

Ce personnage versatile qui multiplie les liaisons ne semble pas heureux , il se laisse balloter au gré des événements, dés que sa maitresse le quitte , il en prend une autre. Il se montre lâche ou intéressé suivant les circonstances, hésitant, inconstant, léger, gauche, peu courageux, comme si son statut de peintre auréolé de son séjour en Europe lui permettait ce comportement de coureur de jupons incapable de tomber amoureux vraiment!

L'écriture est froide, "bavarde," un peu distante. Trahison,faux semblants,séduction, lâcheté prédominent!

Paradoxalement, les émotions manquent même lorsque les événements prennent un tour tragique. Un héros à la fois exaspérant , antipathique et pathétique à la fois!

Un ouvrage désarmant , du moins à mes yeux ! Et dire que mon amie de la médiathéque l'a déniché dans la " réserve "!

"Confession amoureuse,": publié pour la premiére fois, en 1935 !
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Ohan

C'est l'histoire d'un triangle amoureux, la confession d'un homme, le narrateur, balançant entre deux femmes, tiraillé entre sa maitresse, une geisha nommée Okayo qu'il a commencé à fréquenter il y a sept ans, et l'amour pour sa femme Ohan dont il s'est séparé avant la naissance de leur fils Saturo.

Un récit empreint de poésie et de gravité, à la fois simple et profond, rythmé par les fêtes traditionnelles japonaises qui se déroulent sous nos yeux et les errances de notre narrateur, veule, indécis, lâche,se confinant dans ses obsessions et son plaisir, tout à fait incapable de choisir son destin, s'abandonnant à ses désirs d'une maniére floue, faible de caractère comme si sa vie était fragile et aussi inconsistante qu'un rêve....

"Tout de même, il n'y a rien de plus inconstant que le cœur de l'homme"......, il se prend pour un crétin et il songe avec un rien d'étonnement à sa vie insoucieuse!



La prose est élégante , cocasse parfois , magnifique dont on pourrait citer nombre de phrases! Aucune morale dans ce récit oú le ton est à l'aurodérision pour un homme oisif, uniquement gouverné par ses impulsions, qui se prend d'amour fou pour son propre fils Sakuro, qu'il découvre seulement.....N'oublions pas le portrait nuancé d'Ohan, l'épouse fidèle, toute en retenue et en délicatesse...ouvrage ponctué de touches colorées par les fêtes qui rythment les saisons, de femmes gracieuses , émergeant de la bruine, les épaules inondées de pétales de fleurs de cerisiers , aux kimonos splendides , soucieuses du plaisir des autres.....merci à Claire , mon amie de la médiathéque qui m'a fait découvrir cette pépite.

Un trés bel ouvrage sur la complexité des" intermittences "du cœur , bref, riche, prenant, au déroulement implacable......
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Confession amoureuse

Yuasa Joji un artiste peintre, marié à Matsuyo, un enfant dont il ne se soucie guère, son mariage bat de l'aile, est en pleine déroute affective. Il se fait d'abord harceler par Takao, une jeune fille obsessionnelle mais c'est Tsusyuko l'amie discrète qui l'attire et dont il va - croit-il - tomber amoureux mais la famille de la jeune fille ne l'entend pas ainsi. Éconduit, c'est Tomoko, une toute jeune fille à la santé fragile, et surtout l'accueil de la famille dans laquelle il se sent pour la première fois, réconforté et apprécié, qui va lui extorquer le mariage alors qu'il n'est pas encore divorcé. Mais Tomoko n'est pas tout à fait la jeune fille frêle qu'elle laisse paraître. Le mariage célébré, la belle disparaît mais pas seule...



Marivaudage à la japonaise qui tourne au vaudeville avec comme personnage central Yuasa, un Dom Juan un peu veule, un peu lâche mais très naïf, qui se laisse bercer par les paroles de l'une ou de l'autre, un homme faible affectivement mais qui ne s'aperçoit pas qu'il est constamment le jouet des femmes qui le manipulent tour à tour...

Chiyo Uno, une auteure comparée à Colette, s'amuse dans cette Confession amoureuse à décrire les affres et déboires amoureux de Yuasa, sur un ton badin mais qui au final, tourne à l'amertume, avec un homme qui ne sait plus très bien qui il est et qui l'aime vraiment.

Confession amoureuse est une peinture des mœurs dans le Japon des années trente surprenante d'actualité et de modernité, le ton se veut léger, le style est agréable mais au final ce roman n'est pas très marquant et m'a laissée un peu sur ma faim peut-être à cause de ce héros pas très consistant...
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Ohan

Ma dernière escale littéraire m'a emmené au Japon avec Ohan de Chiyo Uno, une auteure que je voulais découvrir depuis longtemps. J'avais lu d'excellentes critiques sur ces romans et j'étais curieuse de lire un de ses écrits. Et je dois dire que je comprends l'engouement de certains lecteurs(rices).



Premièrement l'écriture et le style sont magnifiques. Plein de pudeur et simplicité, sillonnent les pages de ce court roman. On pourrait nommer un grand nombre d'extraits, de citations car chaque page cache un trésor.



Ensuite l'intrigue du triangle amoureux, qui n'a rien d'extraordinaire et à déjà fait couler beaucoup d'encre. Pourtant ici, la formule marche et l'on découvre un homme qui ne sait pas choisir entre l'amour pour sa femme et l'amour pour une geisha.



C'est un court roman très joli, bien écrit avec lequel on passe un très bon moment.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Ohan

C'est l'histoire des errances d'un homme,le narrateur,pris entre deux femmes,Okayo sa maîtresse,une geisha avec qui il vit,et sa femme Ohan dont il est séparé depuis sept ans,qu'il rencontre par hasard sur un pont.Dés lors cette femme qu'il a quitté et qui est rentrée chez ses parents enceinte,redevient une obsession,ainsi que le fils né après la séparation et non reconnu.En somme c'est une histoire banale.Mais ce récit dénué de toute morale,rythmé par les saisons et les signes prémonitoires de la tragédie à venir est bouleversant.Le narrateur ,cet homme ,un bon à rien,interpelle directement le lecteur et confie ses états d'âmes sans aucune retenue.Et il y a ces magnifiques descriptions minutieuses de la nature,d'événements,des petits moments de la vie,des fêtes...de ce Japon traditionnel qui font le charme de ce court chef-d'oeuvre.Un vrai plaisir de Lecture!
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Ohan





Je ne suis pas sûre qu’un occidental puisse apprécier pleinement ce livre. D’abord parce que la postface fait état d’un style mélangé que la traduction ne peut rendre. Ensuite parce que les réactions des personnages sont parfois curieuses ; celle d’Ohan qui plaint son mari et se sent coupable, mais aussi celle de l’oncle qui a laissé Satoru partir le soir par temps de tempête et qui ne se sent aucune responsabilité dans le drame.



Ce qui n’empêche pas que ce livre soit très plaisant à lire.



Kano, le narrateur, a laissé sa femme enceinte pour partir vivre avec une geisha. Pendant sept ans, il ne s’est soucié ni d’elle ni de son enfant. Mais une rencontre fortuite le fait renouer avec sa femme Ohan, en cachette de sa maîtresse Okayo. Il passe ainsi de l’une à l’autre sans prendre de décision, faisant des promesses qu’il ne tient pas. Le pire est qu’il ne semble pas si heureux, ni avec l’une, ni avec l’autre, mais il se laisse entretenir. La rencontre de son fils Satoru dont on ne sait s’il se doute qu’il s’agit de son père semble vraiment le remuer mais sans pour autant qu’il prenne sa vie en mains, trahissant les espoirs de l’enfant. C’est la vie qui prendra les décisions auxquelles il ne se résout pas, le laissant comme toujours s’accuser de veulerie mais restant bien au chaud dans sa routine.





Challenge ABC

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Confession amoureuse

Yuasa Joji est un peintre japonais renommé, parti en Europe plusieurs années, et qui revient enfin au pays retrouver sa femme et son enfant. Bonheur de courte durée : la trop longue séparation a fait de ses êtres chers des étrangers. Joji multiplie alors les liaisons : avec Takao, qui dicte ses quatre volontés ; avec Tsuyoko, la meilleure amie de cette dernière ; puis enfin avec Tomoko, jeune fille malade, qu'il finit par épouser sans vraiment le vouloir sur l'insistance de ses parents à elle.



Le personnage de Joji est vite antipathique : incapable de prendre la moindre décision, il se fait ballotter par les événements sans broncher. S'il échafaude des plans de fuite avec sa bien-aimée, il se laisse abattre à la moindre difficulté. Dès qu'une maîtresse part, plutôt que de la retenir, il en prend une autre le jour même.



L'écriture elle-même est assez froide et dépouillée de sentiments. J'aurais bien eu besoin que l'auteure décrive un peu mieux ce qui se passe dans la tête de ce personnage exaspérant.
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Ohan

Le narrateur, Kanô, est un homme inconséquent, ballotté entre son épouse Ohan et sa maîtresse Okuya, et définitivement dans l'incapacité de choisir entre l'une et l'autre.



Tenant sept ans auparavant un commerce de soja, son caractère insignifiant et une mauvaise fortune lui ont fait laisser tomber sa femme pour aller vivre chez une geisha, Okuya, et sa jeune fille Osen.

Sauf qu'à la faveur d'une rencontre fortuite avec Ohan, il s'emballe et croit bien retomber amoureux d'elle. En douce, il la revoit régulièrement, lui promet qu'ils vont se réinstaller ensemble, en location.

Kanô s'imagine discret, mais si Okuya ignore ce qui se passe, les enfants ont des yeux et des oreilles : Osen, qui aimerait en faire son père, ce dont il se défend absolument, mais surtout Satoru, le fils qu'il a eu avec Ohan. S'il se découvre de l'amour pour son fils, il n'a de cesse de fuir ses responsabilités tant auprès de « ses » femmes que de ces enfants.

Dès que la situation semble bouger vers un choix à faire, une décision à prendre, il fait marche arrière et fait ainsi le yo-yo en permanence entre l'une et l'autre femme.



Mais à force de ne pas choisir, la vie va se charger de le punir, lorsque l'inévitable drame arrive...



Cette histoire n'est pas d'une originalité extraordinaire, c'est le triangle amoureux classique, avec drame à la clé. C'est le parti pris de narration et le ton qui marquent : le narrateur est véritablement un homme irresponsable, qui ne pense qu'à lui, à son plaisir, et est incapable de constance vis-à-vis d'êtres qu'il n'aime pas assez, finalement.



La subtilité de l'auteur est de faire dire à Kanô toutes les trois pages un truc du style « vous voyez un peu comme je suis nul ! », «vous allez vous gausser de moi »....On dirait fort qu'avec cette manière permanente de nous prendre à témoin de son insignifiance, cet anti-héros adopte là une stratégie d'auto-dédouanement complet. Je suis nul, je me traite moi-même d'archi-nul comme ça ce sera fait, circulez y'a plus rien à dire ! Sauf que le petit père ne va pas s'en tirer à si bon compte. Il va falloir payer un peu ! Et bien même dans l'adversité, il trouve le moyen d'essayer de se faire plaindre et de pleurnicher, alors qu'au fond il ne semble pas ressentir une si grande peine...

L'homme est méprisable, les deux femmes sont en revanche remarquables de patience, de tolérance, de sérieux, de stabilité, surtout la figure de Ohan, femme simple, discrète et digne jusqu'au bout.



Un bon livre, court, pas tout à fait la tragédie classique, puisqu'il n'y a pas totale unité de temps et de lieu, mais pas loin…Cela sentirait presque le théâtre Kabuki.



J'ai aimé également la post-face qui nous permet d'en apprendre un peu sur Chiyo Uno, femme écrivain qui vécut presque centenaire et traversa tout le siècle dernier. Femme libérée, moderne et en avance sur son temps, elle fut très populaire et a marqué le monde des arts et de la mode au Japon.

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Ohan

Kanô, le narrateur, annonce d'emblée la couleur: il est un bon à rien vivant aux crochets de sa maitresse. Ça, c'est dit.

Petit retour en arrière : sept ans auparavant, ledit Kanô, s'étant amouraché de la geisha Okayo, abandonna sa femme Ohan enceinte. Lui demandant néanmoins d'attendre que sa crise passe... Un type bien, quoi.

Depuis, il travaille comme brocanteur pour son argent de poche. Pour le reste, Okayo, qui a regagné son indépendance professionnelle pour ouvrir une okiya (maison de geishas) fournit tout, amour compris.

Mais voilà, un été, Kanô croise sa femme par hasard et se dit que finalement, il renouerait bien avec. Et c'est ainsi que le roman commence...



A première vue, on pense avoir affaire à une énième histoire de triangle amoureux où le mari hésite entre sa femme (et son fils qu'il n'a jamais vu en sept ans) et sa maîtresse qui lui assure une très confortable vie d'oisiveté. Pour ce qui est des atermoiements et des tergiversations, Kanô se pose là. Il a beau jeu, tout le long de sa confession, de déclarer sa veulerie et d'appeler sur lui moqueries et mépris de son auditoire. Et d'affirmer régulièrement que vraiment le coeur de l'homme est insondable et misérable. Il met du coeur et de la complaisance à se couvrir d'opprobre...



Donc Ohan un roman qui sent le réchauffé? C'est sans compter sans le talent de Uno Chiyo. L'auteure a mis dix années pour rédiger ce qui est considéré comme son oeuvre la plus aboutie. Très court (80 et quelques pages), l'ouvrage est ciselé, affiné et travaillé dans ses moindres détails. Uno Chiyo déroule son intrigue sur un peu plus d'une année, à compter de la retrouvaille de Kanô et de Ohan. Cette période est rythmée par le passage des saisons et les différentes fêtes traditionnelles japonaises qui les ponctuent.

De quasi vaudeville entre le trio Kanô-Ohan-Okayo, le ton évolue subtilement vers un ton plus dramatique avec l'entrée en scène du petit Satoru, le fils né après que Kanô ait abandonné sa femme, l'obligeant à retourner chez sa mère et à vivre d'incessants travaux de couture. Et l'histoire d'évoluer et se poursuivre vers son tragique dénouement, au gré des sempiternels atermoiements de cette tête à claque de Kanô.



En comparaison de son narrateur masculin, Uno Chiyo dresse deux beaux portraits de femmes. Ohan, toute d'obéissance et de retenue, de respect même pour l'autre femme. Elle est la parfaite épouse japonaise. Okayo, elle, vive et alerte maîtresse d'okiya, sans remords vis-à-vis de sa rivale mais mue par un attachement véritable et profond pour Kanô.

Et le petit Satoru bien sûr. L'innocence perdue au milieu des turpitudes des affaires des adultes.



Ce livre est un véritable bijou. L'écriture est superbe de sobriété et de subtilité. Chaque mot, on le sent, est soigneusement choisi et pesé. L'émotion, comme souvent dans la littérature nipponne, se fait discrète et pleine de pudeur. À l'image de ces sourires féminins qui se cachent derrière la manche soyeuse d'un kimono.

Par le cadre de vie général, Uno Chiyo offre un côté intemporel à son récit.



Une oeuvre d'une grande beauté à découvrir sans la moindre hésitation.
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Ohan

Confession pathétique

Le récit se déroule sur une année ponctuée par les fêtes traditionnelles dans un quartier de petits commerçants. Le narrateur Kâno a quitté son épouse, Ohan, alors enceinte, sept ans auparavant pour vivre aux crochets de sa maîtresse, la geisha Okayo. Mais un soir, il croise par hasard Ohan et se remet à rêver d' elle. Ils ne vont pas tarder à se retrouver en cachette de sa maîtresse...



L'intérêt du récit réside surtout dans la narration. L'intrigue se nourrit des confidences omniprésentes et envahissantes du narrateur, spectateur lucide de sa pitoyable existence. Kâto est oisif, paresseux, complètement gouverné par ses impulsions, incapable de mener à bien ses bonnes résolutions. Veule, lâche, irresponsable et conscient de l'être. On se demande ce qu'elles lui trouvent ! La maîtresse rêve d'un mari et l'épouse d'un amant. Elles ont un coq en pâte. Les personnages féminins ne sont pas très complexes, ce sont des stéréotypes qui s'inversent. Le seul personnage émouvant est le petit garçon parce qu' il est décrit avec deux ou trois détails charmants. Mais le narrateur n'a de cesse de nous prévenir d'un drame imminent. Il veut que l'on s'apitoie sur son sort. Mais à l'image d'Ohan, je préfère tourner la page.

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Ohan

Sur le thème du triangle amoureux, Chiyo Uno nous conte l’histoire d’un homme dont le cœur balance sans cesse entre son épouse légitime et sa maitresse geisha. Mais le talent de l’auteure japonaise tient davantage dans l’écriture de ce texte empli de gravité et de poésie que dans l’histoire en elle-même. En effet, la simplicité du récit met en exergue la complexité des tourments qui habitent le narrateur. En quelques mots et comme seuls les auteurs japonais savent le faire, Chiyo Uno nous plonge dans le cœur de Kanô que l’on a tantôt envie de plaindre tantôt envie de secouer tant il peut nous irriter par son manque de courage et son indécision.



Peu d’informations nous permettent de situer le récit dans le temps et dans l’espace bien que l’on y fasse référence au quartier des geishas, Gion, déjà découvert dans le roman d’Arthur Golden. L’histoire se déroule sur une année et c’est au rythme des fêtes traditionnelles japonaises que les saisons se déploient devant nos yeux.



Découvrez en les premières pages sur le blog.
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Ohan

Sur le ton de la confidence, Kâno nous confesse sa vie qu’il partage depuis sept ans auprès d’Okayo, une geisha. Sept années qu’il est séparé de son épouse Ohan.

Un soir d’été Ohan frôle Kâno de son kimono et ce simple contact le rend dans tous ses émois, il s’abandonne à ses désirs et renoue avec celle-ci une relation.

De ce triangle amoureux difficile à gérer pour Kâno, l’auteur en quelques pages nous transporte dans un quartier japonais avec son temple, ses cerisiers, ses fêtes rythmées par les saisons, et aussi par la façon d’interpeller le lecteur nous entrons, partageons la vie de ses habitants.

Une très jolie prose qui nous capte par sa beauté, sa simplicité, les sentiments, les errances d’un homme pris entre deux femmes. A découvrir

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Ohan

Ce petit texte de moins de 100 pages est un petit bijou. Il évoque la vie d'un homme indécis, et il faut bien le dire, un peu lâche, qui se retrouve coincé par l'amour de deux femmes. Ce triangle amoureux est dépeint avec une grande subtilité et une plume magnifique, parfois cocasse. Un livre tellement japonais et pourtant universel !
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Ohan

Je n'ai pas adhéré à ce roman. Les difficultés qu'a cet homme de faire un choix entre ses deux compagnes ne pas pas vraiment intéressé. Sa culpabilité de ne pas assumer son rôle de père est trop évidente. Il se dévalorise en permanence, ça en devient agaçant ! Dans ce récit, on assiste trop souvent aux mêmes atermoients, aux mêmes hésitations, aux mêmes situations, aux mêmes actions... Et même la chute du récit est finalement assez prévisible, histoire de rajouter une couche de culpabilité sur ce pauvre homme. De plus, l'intrigue n'est pas vraiment située dans le temps et l'espace. On a du mal à s'y repérer.

Donc assez déçu par ce premier roman de Uno Chiyo.-
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Ohan

Défi ABC 2020-2021

Un homme deux femmes un enfant. Un pays, le Japon, une époque, peu déterminée. La pluie, le vent. Le destin , inexorable.

Un roman court, à l'atmosphère sombre, souvent pesante, un quotidien ballotté d'indécisions en hasards , de tempêtes en éclaircies, de lâchetés, avant le drame attendu.

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Confession amoureuse

Pauvre homme ! Victime de son coeur d'artichaut !



Ce roman à la première personne m'a agréable surprise. Peut-être ai-je été influencée par la couverture ou le fait que ce soit une femme qui ait écrit cette histoire dans les années 30. Je m'attendais à une histoire et c'est une autre, parfois on à des a priori. Peut-être est-ce le fait que ces derniers temps on a une tendance à voir des hommes prédateurs, allez savoir… On pourrait croire qu'on a affaire à un Dom Juan mais pas du tout, il se définit comme un « coureur à l'occidental » cependant le comportement des jeunes japonaises a changé depuis sont départ.



J'ai parfois souri, car ce personnage à l'art de se mettre dans des situations où il joue le rôle du dindon de la farce. Il est plus souvent qu'à son tour agaçant, imbu de sa petite personne et on a envie de le secouer un peu. Il a un petit côté vaniteux, on lui fait facilement croire qu'il est irrésistible. Il n'a pas de chance en amour, on se joue de lui. Tel une allumette il s'enflamme rapidement et se consume d'un coup. Il y a des scènes assez rocambolesques où là j'ai vraiment rit. le ton sarcastique donne à la narration un côté léger alors qu'elle aborde des sujets graves (mariages arrangés, honneur, et suicide).



Chiyo Uno s'est amusée à changer les rôles hommes/femmes habituellement employés. Ici ce n'est pas la demoiselle qui tombe en pâmoison. Quand l'intensité émotionnelle est à son paroxysme il perd conscience et laisse au destin ou aux autres régler les problèmes.



Ce qui a attiré aussi mon attention c'est son côté enfant prodigue. C'est un peintre qui revient d'Occident après des années, il est accueilli par la presse, il est reconnu comme artiste, ce qui vous le verrez lui jouera des tours ou le sauvera au choix. On découvre aussi par là que la presse écrite avait un certain poids. Son côté « étranger » va contribuer à son manque de connaissance des lieux, on a plusieurs scènes où on le sent perdu dans son propre pays et pas seulement dans les jeux amoureux.



Nous sommes dans l'entre deux guerre, mais en même temps il y a un côté intemporel. La place des transports nous montrent un pays avec des infrastructures ferroviaires, routière (voitures, bus et taxi) et maritime. C'est un pays en mouvement qui nous est proposé, un pays moderne avec des activités économiques importantes … et à travers ce personnage et ses aventures on est dans le monde de l'amour courtois et de l'honneur, les filles sont soumises aux diktats familiaux tout en ayant une certaine marge de manoeuvre pour le faire tourner en rond.



Le thème de la mort est aussi présent que ce soit le suicide par dépit amoureux, l'accident de voiture ou autre, elle ponctue les événements et correspond souvent à la fin d'une histoire.



Je vous laisse donc découvrir les mésaventures de se séducteur du dimanche…
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