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EAN : 9782809710052
128 pages
Editions Philippe Picquier (07/05/2014)
3.46/5   56 notes
Résumé :
Uno Chiyo mena dans le Tôkyô des années vingt la vie d'une môga - ces "modern girls" éprises de liberté et de plaisirs -, fréquentant artistes et écrivains de renom qui allaient bientôt saluer sa personnalité et son style littéraire inimitables.

Ohan, qu'elle a mis plus de dix ans à écrire, est considéré comme son chef-d'œuvre. C'est la confession d'un bon à rien, d'un homme qui a le diable au corps, prisonnier de ses attachements, hors d'état de choi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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De son propre aveu, Kanô est un bon à rien qui vit aux crochets d'une femme. Or cette femme, Okayo, n'est pas son épouse mais sa maîtresse, une ancienne geisha qui gère désormais son propre établissement. Lui a fait péricliter la teinturerie familiale et fait le brocanteur en dilettante pour gagner son argent de poche. Et ce n'est pas là le pire de ces méfaits ! Son acte le plus honteux a été de quitter Ohan, son épouse légitime, alors qu'elle attendait leur enfant. C'était il y a sept ans et depuis il n'a pas revu sa femme et ne connaît même pas son petit garçon. Pourtant, quand un soir d'été, il la croise par hasard, Kanô est bouleversé. Soudain il ne pense plus qu'à cette femme lâchement abandonnée, se reprochant son inconduite. Beau parleur, il réussit à se faire pardonner et la situation s'inverse : il devient l'amant de sa propre femme. Il se rapproche également du petit Satoru, son fils inconnu, et décide de quitter Okayo pour emménager avec Ohan. Pourtant il ne suffit pas de décider, il faut agir aussi et Kanô n'est pas un homme d'action. Comment laisser Okayo et Osen, la fille qu'elle vient d'adopter, sans la faire souffrir et sans en pâtir lui-même ? Comment faire patienter Ohan et Satoru, impatients de former une famille ? Pris entre deux feux, Kanô tergiverse, hésite, promet, se ravise, ne sait laquelle choisir.

Indétrônable figure des romans d'amour, le triangle amoureux est ici dessiné avec la délicatesse d'une estampe japonaise. Avec beaucoup de pudeur, de retenue et un sens aiguisé de la dramaturgie, Chiyo Uno raconte l'histoire banale d'un homme qui ne peut choisir entre les deux femmes qu'il dit aimer. Banal l'homme l'est aussi, dans son égoïsme, sa lâcheté sa frivolité. Les femmes le sont moins. Ohan, mère aimante, épouse patiente, femme humble et digne qui s'inquiète pour sa rivale. Okayo, forte, ambitieuse, entreprenante, amoureuse de son vaurien d'amant. Et puis il y a les enfants, une fille, un garçon, tous deux cherchent un père et là encore Kanô ne saurait être à la hauteur, lui qui fuit les responsabilités comme la peste. Mais à être inconstant et volage, la vie ne fait pas de cadeau et se charge de punir le faible qui veut tout et ne donne rien. Le drame, prévisible, inévitable, frappe de plein fouet un Kanô qui découvre quand il le perd, ce à quoi il tenait le plus sans se l'avouer.
Un petit bijou comme seule la littérature japonaise peut en proposer, tout en poésie, en délicatesse. Dans un Japon intemporel, la ritournelle des sentiments au gré du passage des saisons. A découvrir.
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C'est l'histoire d'un triangle amoureux, la confession d'un homme, le narrateur, balançant entre deux femmes, tiraillé entre sa maitresse, une geisha nommée Okayo qu'il a commencé à fréquenter il y a sept ans, et l'amour pour sa femme Ohan dont il s'est séparé avant la naissance de leur fils Saturo.
Un récit empreint de poésie et de gravité, à la fois simple et profond, rythmé par les fêtes traditionnelles japonaises qui se déroulent sous nos yeux et les errances de notre narrateur, veule, indécis, lâche,se confinant dans ses obsessions et son plaisir, tout à fait incapable de choisir son destin, s'abandonnant à ses désirs d'une maniére floue, faible de caractère comme si sa vie était fragile et aussi inconsistante qu'un rêve....
"Tout de même, il n'y a rien de plus inconstant que le coeur de l'homme"......, il se prend pour un crétin et il songe avec un rien d'étonnement à sa vie insoucieuse!

La prose est élégante , cocasse parfois , magnifique dont on pourrait citer nombre de phrases! Aucune morale dans ce récit oú le ton est à l'aurodérision pour un homme oisif, uniquement gouverné par ses impulsions, qui se prend d'amour fou pour son propre fils Sakuro, qu'il découvre seulement.....N'oublions pas le portrait nuancé d'Ohan, l'épouse fidèle, toute en retenue et en délicatesse...ouvrage ponctué de touches colorées par les fêtes qui rythment les saisons, de femmes gracieuses , émergeant de la bruine, les épaules inondées de pétales de fleurs de cerisiers , aux kimonos splendides , soucieuses du plaisir des autres.....merci à Claire , mon amie de la médiathéque qui m'a fait découvrir cette pépite.
Un trés bel ouvrage sur la complexité des" intermittences "du coeur , bref, riche, prenant, au déroulement implacable......
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Dans ce court roman nous suivons le parcours amoureux d'un individu assez minable, incapable de prendre une décision, se complaisant dans une valse-hésitation entre la femme qu'il a quitté 7 ans auparavant et sa maîtresse.
Lorsqu'Ohan reparaît dans sa vie et qu'il se découvre père d'un petit garçon, le narrateur déploie toute son énergie pour garder son confort, sans perturber sa vie.
Chiyo Uno réussit parfaitement à se glisser dans la tête d'un homme qui se qualifie lui-même de faible, comme si cela pouvait être une excuse à son comportement ambigüe et irresponsable.
Agaçant, l'homme reste malgré tout sympathique, car pitoyable et malheureux. Toute l'intrigue se déroule de son point de vue de narrateur, c'est-à-dire plutôt neutre et passif, sans grand sentiment ni état d'âme, si ce n'est un profond désarroi.

Mené d'une plume fluide et alerte, ce roman agréablement dépaysant nous dévoile avec subtilité l'âme du Japon tiraillé entre tradition et modernité.
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Le narrateur, Kanô, est un homme inconséquent, ballotté entre son épouse Ohan et sa maîtresse Okuya, et définitivement dans l'incapacité de choisir entre l'une et l'autre.

Tenant sept ans auparavant un commerce de soja, son caractère insignifiant et une mauvaise fortune lui ont fait laisser tomber sa femme pour aller vivre chez une geisha, Okuya, et sa jeune fille Osen.
Sauf qu'à la faveur d'une rencontre fortuite avec Ohan, il s'emballe et croit bien retomber amoureux d'elle. En douce, il la revoit régulièrement, lui promet qu'ils vont se réinstaller ensemble, en location.
Kanô s'imagine discret, mais si Okuya ignore ce qui se passe, les enfants ont des yeux et des oreilles : Osen, qui aimerait en faire son père, ce dont il se défend absolument, mais surtout Satoru, le fils qu'il a eu avec Ohan. S'il se découvre de l'amour pour son fils, il n'a de cesse de fuir ses responsabilités tant auprès de « ses » femmes que de ces enfants.
Dès que la situation semble bouger vers un choix à faire, une décision à prendre, il fait marche arrière et fait ainsi le yo-yo en permanence entre l'une et l'autre femme.

Mais à force de ne pas choisir, la vie va se charger de le punir, lorsque l'inévitable drame arrive...

Cette histoire n'est pas d'une originalité extraordinaire, c'est le triangle amoureux classique, avec drame à la clé. C'est le parti pris de narration et le ton qui marquent : le narrateur est véritablement un homme irresponsable, qui ne pense qu'à lui, à son plaisir, et est incapable de constance vis-à-vis d'êtres qu'il n'aime pas assez, finalement.

La subtilité de l'auteur est de faire dire à Kanô toutes les trois pages un truc du style « vous voyez un peu comme je suis nul ! », «vous allez vous gausser de moi »....On dirait fort qu'avec cette manière permanente de nous prendre à témoin de son insignifiance, cet anti-héros adopte là une stratégie d'auto-dédouanement complet. Je suis nul, je me traite moi-même d'archi-nul comme ça ce sera fait, circulez y'a plus rien à dire ! Sauf que le petit père ne va pas s'en tirer à si bon compte. Il va falloir payer un peu ! Et bien même dans l'adversité, il trouve le moyen d'essayer de se faire plaindre et de pleurnicher, alors qu'au fond il ne semble pas ressentir une si grande peine...
L'homme est méprisable, les deux femmes sont en revanche remarquables de patience, de tolérance, de sérieux, de stabilité, surtout la figure de Ohan, femme simple, discrète et digne jusqu'au bout.

Un bon livre, court, pas tout à fait la tragédie classique, puisqu'il n'y a pas totale unité de temps et de lieu, mais pas loin…Cela sentirait presque le théâtre Kabuki.

J'ai aimé également la post-face qui nous permet d'en apprendre un peu sur Chiyo Uno, femme écrivain qui vécut presque centenaire et traversa tout le siècle dernier. Femme libérée, moderne et en avance sur son temps, elle fut très populaire et a marqué le monde des arts et de la mode au Japon.
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Kanô, le narrateur, annonce d'emblée la couleur: il est un bon à rien vivant aux crochets de sa maitresse. Ça, c'est dit.
Petit retour en arrière : sept ans auparavant, ledit Kanô, s'étant amouraché de la geisha Okayo, abandonna sa femme Ohan enceinte. Lui demandant néanmoins d'attendre que sa crise passe... Un type bien, quoi.
Depuis, il travaille comme brocanteur pour son argent de poche. Pour le reste, Okayo, qui a regagné son indépendance professionnelle pour ouvrir une okiya (maison de geishas) fournit tout, amour compris.
Mais voilà, un été, Kanô croise sa femme par hasard et se dit que finalement, il renouerait bien avec. Et c'est ainsi que le roman commence...

A première vue, on pense avoir affaire à une énième histoire de triangle amoureux où le mari hésite entre sa femme (et son fils qu'il n'a jamais vu en sept ans) et sa maîtresse qui lui assure une très confortable vie d'oisiveté. Pour ce qui est des atermoiements et des tergiversations, Kanô se pose là. Il a beau jeu, tout le long de sa confession, de déclarer sa veulerie et d'appeler sur lui moqueries et mépris de son auditoire. Et d'affirmer régulièrement que vraiment le coeur de l'homme est insondable et misérable. Il met du coeur et de la complaisance à se couvrir d'opprobre...

Donc Ohan un roman qui sent le réchauffé? C'est sans compter sans le talent de Uno Chiyo. L'auteure a mis dix années pour rédiger ce qui est considéré comme son oeuvre la plus aboutie. Très court (80 et quelques pages), l'ouvrage est ciselé, affiné et travaillé dans ses moindres détails. Uno Chiyo déroule son intrigue sur un peu plus d'une année, à compter de la retrouvaille de Kanô et de Ohan. Cette période est rythmée par le passage des saisons et les différentes fêtes traditionnelles japonaises qui les ponctuent.
De quasi vaudeville entre le trio Kanô-Ohan-Okayo, le ton évolue subtilement vers un ton plus dramatique avec l'entrée en scène du petit Satoru, le fils né après que Kanô ait abandonné sa femme, l'obligeant à retourner chez sa mère et à vivre d'incessants travaux de couture. Et l'histoire d'évoluer et se poursuivre vers son tragique dénouement, au gré des sempiternels atermoiements de cette tête à claque de Kanô.

En comparaison de son narrateur masculin, Uno Chiyo dresse deux beaux portraits de femmes. Ohan, toute d'obéissance et de retenue, de respect même pour l'autre femme. Elle est la parfaite épouse japonaise. Okayo, elle, vive et alerte maîtresse d'okiya, sans remords vis-à-vis de sa rivale mais mue par un attachement véritable et profond pour Kanô.
Et le petit Satoru bien sûr. L'innocence perdue au milieu des turpitudes des affaires des adultes.

Ce livre est un véritable bijou. L'écriture est superbe de sobriété et de subtilité. Chaque mot, on le sent, est soigneusement choisi et pesé. L'émotion, comme souvent dans la littérature nipponne, se fait discrète et pleine de pudeur. À l'image de ces sourires féminins qui se cachent derrière la manche soyeuse d'un kimono.
Par le cadre de vie général, Uno Chiyo offre un côté intemporel à son récit.

Une oeuvre d'une grande beauté à découvrir sans la moindre hésitation.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu’il la croise par hasard sur un pont, il y a déjà six ans que Kanô a quitté Ohan, sa femme, pour aller vivre avec Okayo, une ancienne geisha. Et voilà qu’il est brusquement pris du désir de renouer avec elle. Discrète, effacée, elle ne s’y refuse pas. Seulement, une fois ce premier pas effectué, Kanô ne parvient pas à se décider. Qu’il soit avec l’une et c’est l’autre qui lui semble parée de tous les attraits. Ondoyant, velléitaire, il diffère, il élude. Et il s’enferre dans le mensonge. Il s’en veut, il bat sa coulpe, mais ce n’est pas pour autant qu’il tranche dans le vif. On a au contraire le sentiment qu’il se complaît dans la contemplation de son impuissance, de sa lâcheté et dans l’autoflagellation. Si décision il doit y avoir, elle ne peut dès lors que lui être imposée de l’extérieur. Par sa femme ? Par sa concubine ? Non. Elle le sera tragiquement par le truchement d’un fils qu’il vient brusquement de découvrir après l’avoir superbement ignoré depuis sa naissance et que le Destin lui reprend.

Ohan est un ouvrage envoûtant, mais qui me laisse, une fois terminé, un sentiment de frustration. Il me semble en effet être passé à côté de nombre des subtilités qui en font la « substantifique moelle » faute d’avoir une connaissance suffisamment approfondie de la culture japonaise ainsi que des us et coutumes de ce pays.
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Vraiment, à cette époque, le moindre claquement de geta faisait battre mon cœur. Une fois traversée l'enceinte du temple, il faut pour venir jusqu'ici emprunter le sentier de terre tracé sur le remblai. Quand ils marchaient sur ce sentier, les gamins du voisinage laissaient souvent traîner un bâton sur le sol, et chaque fois que j'entendais, de ma boutique, le raclement de ce bâton, avant même de savoir qui s'approchait ainsi, mon cœur s'affolait.
Si l'impatience que j'éprouvais en attendant Ohan tenait du sentiment amoureux, comment qualifier celle que m'inspirait mon enfant ?
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Puis, s'approchant d'un pas discret, elle s'est blottie contre moi. Ce qui s'est passé dans mon cœur à cet instant-là, à quoi pourrais-je bien le comparer ?
C'était bien moi qui avais promis à cette femme de reprendre la vie commune, à présent j'étais assis en sa compagnie comme si de rien n'était, dans cette maison presque inconnue, humide et poussiéreuse, et je ne comprenais pas çe que je faisais là.
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Vous savez sans doute que, durant l'été, le lit à sec de la rivière qui borde le quartier en contrebas s'anime de toute une foule de badauds. Eh bien, ce soir-là, en voyant les lampions accrochés au-dessus des étals de marchands de glace pilée ou des baraques foraines, j'ai pensé à des amours-en-cages.
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Plus j'étais conscient du mal que je lui faisais par mes paroles, plus l'envie me prenait d'en rajouter.
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Video de Chiyo Uno (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chiyo Uno

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Payot - Marque Page - Chiyo Uno - Ohan.
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