Ce tome regroupe le numéro spécial d'origine de l'équipe (paru en 1987, en "prestige format"), ainsi que les 5 premiers épisodes de la série débutée en 1988.
À cette époque, les X-Men ont pas mal souffert à tel point que Kitty Pryde (Shadowcat) et Kurt Wagner (Nightcrawler) sont encore en train de se remettre des blessures reçues dans Mutant Massacre dans la demeure de Moira McTaggert à Muir Island et que les autres X-Men ont péri pendant The Fall of the Mutants à Dallas.
Sur Muir Island, Kitty Pryde a un cauchemar mettant en scène Rachel Summers sur un plateau de tournage de film avec des acteurs incarnant les X-Men qui sont mort à Dallas. Une fois réveillée, elle a toujours aussi peu de maîtrise sur son pouvoir qui la fait devenir intangible contre sa volonté. Lors d'une séance d'entraînement dans une salle des Dangers à Muir Island, Kurt Wagner ne peut que constater qu'il n'a toujours pas retrouvé son agilité d'avant ses blessures.
Un peu plus loin, Brian Braddock (Captain Britain) abuse de l'alcool pour trouver une échappatoire à ses responsabilités. Meggan se désole de le voir ainsi se dégrader. L'apparition de 2 factions à la poursuite de Rachel Summers à Londres vont les amener à collaborer ensemble pour défendre cette dernière et à former un nouveau groupe de mutants appelé Excalibur. Par la suite, il leur faut encore capturer les Warwolves, puis se battre contre le Crazy Gang et Arcade.
Alors, bien sûr, ce qui saute aux yeux, c'est le ton plus léger que celui de la série mère des X-Men à l'époque et les jolis dessins bien ronds d'Alan Davis. Il ne faut pas oublier les nombreuses bulles de pensée et les dialogues parfois abondants de Chris Claremont. Alan Davis dessine souvent ses personnages avec le sourire. Les méchants ont une apparence qui prête à sourire, à commencer par le Crazy Gang (Jester, Knave, Red Queen, Tweedledope et Executionner) qui semble tout droit sorti de Alice au pays des merveilles, avec un coté enfantin très agréable. L'autre équipe de zozos extra-dimensionnels allie la loufoquerie avec le merveilleux dans un style mignon à craquer sans être niais, il s'agit de Gatecrasher et son équipe Technet (Bodybag, China Doll, Elmo, Ferro, Joyboy, Ringtoss, Scatterbrain, Thug et Yap).
L'amour que porte Alan Davis à ces personnages irradie à chaque case. Il a adopté une mise en page assez dense avec une moyenne de 7 cases par page. Kitty Pryde dispose d'une silhouette de grande adolescente, avec un sourire charmant. Meggan a des rondeurs bien développées avec un sourire pur, et des expressions de désarroi qui donnent envie de la prendre dans ses bras pour la consoler (et de flanquer une baffe à Brian Braddock). Nightcrawler a la grâce aérienne de l'athlète de cirque avec une légère touche d'elfe, et quelques postures qui évoquent Dave Cockrum (son créateur). Rachel Summers arbore le plus souvent sa tenue moulante en cuir rouge et à talons hauts avec un port altier de jeune femme sure d'elle. Chaque page recèle son lot d'inventivité visuelle avec des personnages charmants à craquer. Il faut aussi décerner une mention spéciale aux Warwolves (Bowzer, Ducks, Jacko, Popsie, Scarper et un sans nom) en train de revêtir leur peau d'humain.
Et puis, il y a ce qu'il reste de nos mutants favoris qui ont enfin droit à un peu d'aventures plus légères et plus drôles. Claremont a décidé d'aller piocher dans la mythologie de Captain Britain, période Alan Moore et Alan Davis (épisodes réédités dans Captain Britain). Du coup, le lecteur retrouve des mutants qu'il connaît déjà bien, tout en découvrant des références déjà très riches et pas forcément très accessibles, ce qui produit un fort sentiment de nouveauté et d'évolution. Les aventures contiennent une large dose de bonne humeur avec un dépaysement assez intense. Les relations entre les membres d'Excalibur dégagent des sentiments de camaraderie et d'amitié qui font chaud au coeur.
Mais quand le lecteur prête une attention un peu plus grande aux détails, il constate que Brian Braddock présente les caractéristiques d'un colosse au pied d'argile, que Meggan subit sa vraie nature plus qu'elle n'en profite, que Kitty et Kurt souffre de la culpabilité des survivants et que Rachel reste engluée dans les contradictions et les frustrations générées par sa provenance d'un futur alternatif. Sous des dehors légers et détachés, ces personnages trimballent avec eux de profondes blessures.
Alors oui, j'ai été touché par le pouvoir de séduction de ces illustrations mignonnes sans être niaises, de ces personnages heureux en apparence et de cette galerie de personnages aussi impossibles qu'irrésistibles. Ce qui me retient de mettre une cinquième étoile, ce n'est pas la qualité du scénario ou des dessins, mais le mode narratif assez lourd en texte et en bulles de pensée parfois maladroites. C'est vraiment cette narration qui date ces histoires dans la fin des années 1980. Claremont abuse déjà dès ces premiers épisodes de ses intrigues secondaires à rallonge avec Widget. Il continue de confronter Excalibur à des menaces improbables dans Two-edged Sword (épisodes 6 à 11 + numéro special "Mojo mayhem").
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"Le Phénix noir" est une saga fondamentale dans l'univers des X-Men. Se déroulant dans les épisodes 129 à 137 de la série "Uncanny X-Men" (1980), elle voit la transformation de Jean Grey en Phénix Noir. Sa puissance égalant celle d'un dieu, cette terrible entité fait partie des plus grandes menaces que le groupe de mutants ait affronté.
Si le début de tome est plutôt lent, il permet de mettre en place tous les éléments qui vont conduire Jean Grey à sa perte. C'est alors l'occasion pour le lecteur de découvrir ou redécouvrir tout un panel de personnages aussi divers que variés. C'est aussi dans ces épisodes que la jeune Kitty Pryde fait ses premiers pas et déjà elle a l'étoffe d'un X-Man.
Plus on avance dans les épisodes et plus l'histoire devient palpitante. Assister à l'apogée de Phénix est vraiment quelque chose qu'il ne faut pas rater. Les répercussions sont telles que les grandes figures de l'univers Marvel en ressentent les effets. Des Quatre Fantastiques, à Spider-Man en passant par Docteur Strange, tous assiste à l'incroyable montée en puissance de celle qui fut la douce Jean Grey.
L'ampleur est telle que l'Univers tout entier se trouve menacé et malheureusement, pour preuve un peuple entier sur une lointaine planète périra devant la soif de pouvoir du Phénix Noir.
Devant une telle force, les solutions ne sont pas légion et une seule fin est possible mais quelle fin !
Bref, un incontournable pour les fans des X-Men mais aussi pour tous les autres qui s'essayent à cet univers-là. Si l'adaptation cinématographique qui s'inspire de ces épisodes fait pâle figure à côté de cette lecture ce n'est pas si surprenant.
Du côté des dessins, on retrouve le travail de John Byrne. Le tout est évidemment en adéquation avec son époque et c'est donc une ambiance très 1980's que l'on découvre dans ces planches. Excellent !
Une des rares saga X-Men que j'ai tenté. Si dans les publications plus récentes j'avais tendance à être perdu (à cause de la multitude de personnages par exemple), ce n'est pas du tout le cas ici. Tout le monde est régulièrement présenté de sorte que l'on peut rentrer dans ces numéros très facilement. Pas besoin d'avoir lu les 128 numéros précédents. Et ça c'est agréable !
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Quand un nouveau lecteur demande "par quoi je peux commencer les X-Men ?", les anciens vont arriver avec leurs gros sabots en criant "La période de Chris Claremont".
Et c'est la que j'arrive et que je dis NON !
Pas que ce soit mauvais, loin de la. Mais la façon de faire à beaucoup changé, que ce soit au niveau du scénario ou du dessin.
Le côté old school à son charme, mais... c'est du old school !
Et ça ne plaira pas forcément aux nouveaux lecteurs qui risque d'être rebuté.
Alors si je ne le conseil pas aux nouveaux lecteurs, ça ne veut pas dire que je ne le conseil pas du tout.
En effet, il vaut mieux se faire la main sur du plus récent, et si on apprécie, revenir sur du plus anciens pour approfondir.
Moi même il y a encore quelques temps je n'étais pas le plus grand fan de la terre des récits anciens, et avec certains j'ai encore du mal, que ce soit pour certains dessins mais surtout pour la narration lourde.
Mais j'arrive quand même à apprécier les récits de qualité, et les X-Men de Claremont en font bien sûr partis.
Il introduit énormément de chose, notamment dans ce tome avec l'apparition des Shiars, des Starjamers, de Corsaire, du début de l'équipe Alpha Flight...
Franchement, si vous êtes rodé et que l'ancien ne vous fait pas peur, lancé vous !
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Essential X-Men vol 1 … et en VO s'il vous plaît...
Oui je sais, je suis une lectrice éclectique.. je peux passer d'un livre sur le Japon, d'un bouquin d'histoire, d'une aventure de pirate, à des mutants avec pouvoirs.. je peux, ça me dérange pas, au contraire...
Bon un regroupement d'histoires de X-men, datant d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... houlà...
Houla comment les dessins de Cokrum ils envoient du pâté !...
Houla comment c'est la classe.. comment que c'est beau !
Bon les histoires, on va dire voilà voilà... Pourtant c'est Claremont aux manettes.. Et Claremont bin heu, c'est un des grands, sorte de monument, bloc indéboulonnable.. et là-dessus je suis bien d'accord..
Sauf que quand même là, pour cet album, les histoires sont très anecdotiques quand même.. de la petite historiette, avec des « méchants » que bin on les verra plus après... Nosfaria ? Heu...
Par contre je me souvenais pas que Havock c'était le frangin de Scott Summers alias Cyclop.. ça j'avais oublié..
Les histoires où Jean Grey n'est ni le Phoenix ni une Summers mais Marvel Girl et qu'en plus elle s'est barrée.. non des nouveaux X-men.. et là on pourrait dire nouveaux ? Pff..
En fait si, l'intégration historique et de comment des nouveaux X-Men... avec dés qu'on se souvient bien, Nightcrawler, Wolverine, Storm, Colossus voir Banshee.. Et puis d'autre qui sont franchement passés à l'as... heu qué Thunderbird, et Sunfire (un relou) ^^... on peut pas dire qu'ils m'aient marqué beaucoup...
Alors je dois dire, c'est peu con mais cet album, les essential X-Men vol 1, est en noir et blanc...
Mais ça diminue en rien le dessin comme dit plus haut.. Même en noir et blanc le père Cokrum il a la classe.. Même que on se rend vraiment compte du dessin, de la patte, de la touche... y a des planches qui mériteraient des agrandissements dans mon salon.. Si..
Un retour dans le passé pas du tout désagréable, au contraire... et c'est cool j'en ai plein d'autres ^^
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Ce tome contient les épisodes 138 à 143 d'Uncanny X-Men (en abrégé UXM, scénario de Chris Claremont et John Byrne, dessins de John Byrne, encrage de Terry Austin), ainsi que le numéro annual 4 de 1980 (scénario de Chris Claremont, dessins de John Romita junior, encrage de Bob McLeod), parus en 1980/1981. Ce tome fait suite à Dark Phoenix Saga (épisodes 129 à 138, Classic X-Men 43, Bizarre Adventures 27, "Phoenix: The Untold Story").
Épisode 138 - À l'occasion de l'enterrement de l'un des X-Men, Scott Summers se souvient des événements majeurs de l'histoire de l'équipe depuis sa création.
Annual 4 - Parmi ses cadeaux d'anniversaire, Kurt Wagner en déballe un qui l'envoie dans un enfer singeant celui de La divine comédie de Dante Alighieri, en compagnie de Wolverine, Colossus, Storm et Doctor Strange.
Épisodes 139 et 140 - Logan a décidé de retourner au Canada pour faire face à James McDonald Hudson et au gouvernement canadien. Il souhaite s'expliquer et s'assurer qu'il ne fera plus l'objet de poursuites. Kurt Wagner l'accompagne et ils vont se retrouver à aider Alpha Flight (Guardian, Shaman et Snowbird) à enquêter sur une série de meurtres dans le grand nord.
Épisodes 141 et 142 - Dans un futur potentiel, les Sentinels ont pris le pouvoir, massacré les superhéros et les supercriminels et elles s'apprêtent à déclencher une guerre mondiale. Kitty Pryde est envoyée dans le passé (le présent des X-Men) pour empêcher le meurtre qui a tout mis en branle.
Épisode 143 - Kitty Pryde se retrouve seule dans le manoir de Westchester, le soir de Noël. Un monstre implacable la poursuit dans la demeure pour l'anéantir et dévorer son âme.
C'est le chant du cygne de l'équipe Claremont, Byrne et Austin, les derniers épisodes qu'ils créent ensemble. L'épisode 138 est particulièrement chargé en phylactères et il intéressera surtout les lecteurs ayant découvert les X-Men à partir de leur relance en 1975 avec le Giant Size Special (réédité dans The Uncanny X-men 1) et la nouvelle équipe. C'est un bon moyen pour découvrir les principales aventures de l'équipe originelle.
L'annual 4 déconcerte par sa maladresse. À l'époque, John Byrne participe à l'écriture des scénarios de la série mensuelle, apport qui n'existe pas dans cet épisode qu'il n'a pas dessiné. Claremont est seul maître à bord avec un volume de phylactères mieux maîtrisés, mais une histoire ridicule, impossible à avaler dès les prémisses et qui par la suite lui posera de sérieux problèmes de cohérence quant à l'origine véritable de Kurt Wagner. John Romita junior est un débutant (à cette époque) qui a un dessin clair et propre (grâce à l'encrage précis de Bob McLeod) avec quelques cases intéressantes (Wolverine en train de caresser l'âme de Storm), mais des planches globalement insipides, voire des maladresses visuelles (le changement de costumes improbables devant les portes de l'Enfer).
Il faut donc attendre l'épisode 139 pour commencer à trouver une histoire consistante. John Byrne s'empare du scénario pour préparer la série d'Alpha Flight qu'il écrira et dessinera à partir de 1983 (réédité dans Alpha Flight Classic 1). Les phylactères restent d'un volume rebutant, mais l'histoire accorde une place prépondérante aux personnages. C'est ainsi que le lecteur suit Ororo qui emmène Kitty à sa première leçon de danse avec Stevie Hunter, ou Heather MacDonald qui revient de faire les courses. Comparé aux comics effrénés d'aujourd'hui, ces moments font figure d'analyse psychologique poussée, et très agréables car les personnages existent en dehors des combats incessants. Il est également visible que John Byrne a déjà une affection particulière pour Logan et pour Heather dont les échanges sont empreints d'une chaleur humaine touchante.
Les épisodes 141 & 142 sont passés à la postérité car ils introduisent un futur potentiel irrémédiablement dystopique dans lequel Byrne et Claremont s'en donnent à coeur joie pour massacrer nos mutants préférés en les empalant ou en les carbonisant. Si le concept est déjà familier pour les lecteurs de science-fiction, il est ici exécuté avec une réelle intelligence et il servira d'exemple pour de nombreux autres à venir, avec certainement un summum atteint dans Age of Apocalypse. La narration continue de s'appuyer sur des phylactères indigestes (dialogues & bulles de pensée).
Le tome s'achève sur une histoire également mémorable dans laquelle Kitty Pryde (13 ans à l'époque) prouve qu'elle a du courage dans une histoire qui ressemble fort à un hommage à Alien, le huitième passager.
Tout du long, John Byrne propose une mise en page fluide, avec des dessins très agréables à l'oeil. Il sait créer des images mémorables, sans recourir au gore ou à la violence exacerbée. Les 2 morts de X-Men dans le futur resteront longtemps dans votre esprit. À nouveau il est possible de constater que Terry Austin ne se contente pas d'encrer les dessins de Byrne, avec minutie et précision. Il ajoute également des précisions technologiques ou des textures que l'on ne retrouvera plus dans les travaux postérieurs de Byrne où il s'encre lui-même, ou est encré par un autre.
D'un coté ces épisodes marquent la fin d'une époque et d'une collaboration supérieure à la somme des parties (ces histoires valent plus que ce que feront Claremont ou Byrne chacun de leur coté). De l'autre, elles sont fortement alourdies par des bulles omniprésentes qui plombent la narration plus qu'elles ne l'enrichissent.
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Ce tome contient une histoire complète, essentielle dans la continuité et le développement des X-Men, parue en 1986/1987. Il comprend les épisodes suivants : 210 à 214 d'Uncanny X-men (scénario de Chris Claremont, dessins successivement de John Romita junior & Dan Green, JRjr & Bret Blevins, Rick Leonardi & Dan Green, Alan Davis & Paul Neary, Barry Windsor Smith et Bob Wiacek), 9 à 11 de X-Factor (scénario de Louise Simonson, dessins successivement de Terry Shoemaker & Joe Rubinstein, puis Walter Simonson & Bob Wiacek), 46 de New Mutants (scénario de Chris Claremont, dessins de Jackson Guice, encrage de Kyle Baker), 373 & 374 de Mighty Thor (scénario de Walter Simonson, dessins et encrage de Sal Buscema), 27 de Power Pack (scénario de Louise Simonson, dessins de John Bogdanove, encrage d'Al Gordon), et 238 de Daredevil (scénario d'Ann Nocenti, dessins de Sal Buscema, encrage de Steve Leialoha). Initialement, cette histoire est parue en 1986/1987. Elle fait suite à X-Men: Ghosts (épisodes 199 à 209, et annual 10).
Cette histoire est remarquable à plus d'un titre. Pour commencer il s'agit d'un crossover construit avec une certaine dextérité. Chris Claremont joue le rôle de locomotive pour l'histoire avec la série Uncanny X-Men (en abrégé UXM), Louise Simonson (ancienne responsable éditoriale de la série UXM, sous son nom de jeune fille Louise Jones) raccroche le wagon de X-Factor pour gagner en notoriété avec cette série débutante. Elle en profite pour raccrocher sa deuxième série : Power Pack (Power Pack Classic 1, épisodes 1 à 10). Walter Simonson vient épauler sa femme Louise, avec le titre dont il est le scénariste (Mighty Thor) et en dessinant la série X-Factor.
Ann Nocenti (c'est son deuxième épisode en tant que scénariste sur Daredevil, la suite sera nettement meilleure, par exemple Lone stranger, épisodes 265 à 273) s'invite également, en tant que responsable éditoriale de la série UXM. Ces considérations permettent de comprendre comment les enfants de Power pack en viennent à découdre avec le psychopathe Sabretooth, et pourquoi Thor et Daredevil se retrouvent soudain embarqués dans cette histoire de mutants.
Lors de la (re)lecture de cette histoire, ses qualités et son rôle charnière apparaissent pleinement. Chris Claremont dispose encore de plein d'idées neuves pour les personnages qu'il a fait sien et cette équipe dont il dirige la destinée depuis 1975. Au fil des épisodes, le lecteur se rappelle que Magneto est alors directeur de l'école pour surdoués de Westchester (qui accueille l'équipe des New Mutants), qu'Ororo n'a plus ses pouvoirs. Il découvre pour la première fois les Marauders et il apprend l'existence d'un certain Mister Sinister. Il découvre Malice, il apprend que Wolverine et Sabretooth (un personnage encore nouveau à l'époque, en provenance des épisodes d'Iron Fist écrits par Claremont et dessinés par Byrne) se connaissent de longue date. Il voit Betsy Braddock intégrer l'équipe des X-Men (avec son joli costume rose pâle).
De son coté Louise Simonson essaye de récupérer comme elle peut le concept de départ calamiteux de la série X-Factor (les 5 premiers X-Men qui se font passer pour des chasseurs de mutants, attisant ainsi le racisme envers les mutants, ne cherchez pas, c'est aussi idiot que ça en a l'air). Contre toute attente (alors qu'il s'agit de ses débuts de scénariste), elle réussit à faire ressortir l'étrangeté de la situation par le biais de Jean Grey qui revient d'un coma prolongé (voir Phoenix rising).
Au-delà de cette phase historique de l'équipe des X-Men, la locomotive Claremont a senti le vent tourner : il sait que le lectorat vieillit et qu'il doit écrire des récits plus sombres. De ce coté là, le lecteur est servi : une épuration ethnique par le biais d'exécution de sang froid, et des héros tuant leur adversaire faute d'autre solution. En vrai scénariste, Claremont raconte une vraie histoire, pas simplement une suite de scènes de carnage. Lorsque Colossus tue l'un des Marauders, ce n'est pas une scène choc n'ayant de valeur que pour la case de l'exécution. C'est un véritable traumatisme, un reniement d'une des valeurs fondamentales de Piotr Rasputin qui est confronté à un individu dont les agissements dépassent son entendement. Lorsque des X-Men sont blessés, ils ne guérissent pas entre 2 épisodes.
Le niveau de souffrance des personnages est à la hauteur de l'abomination de l'extermination mise en scène. Les époux Simonson ne sont pas en reste avec la torture infligée à Angel (Warren Worthington), ou la blessure de Thor. La violence et les blessures ne sont pas édulcorées ou réduites à l'état de ressort dramatique gratuit, il y a une vraie souffrance avec des répercussions à long terme. Dans l'épisode des New Mutants, Claremont décrit l'installation de l'hôpital de fortune, la pression subie par les New Mutants s'occupant de la logistique, et le dénuement des victimes. On est très loin de la violence glorifiée comme simple dispositif de divertissement.
Bien sûr parmi ces 13 épisodes, certains ressortent comme des pièces rapportées. Les 2 premiers épisodes de X-Factor sont assez indigestes à lire parce Louise Simonson s'applique de manière besogneuse pour tout expliquer, dans un style lourd et dépourvu d'émotion. Ça va mieux pour le troisième épisode. La présence des enfants de Power Pack semble totalement déplacée parce qu'il s'agit d'une série destinée à un lectorat plus jeune, trop en décalage avec cette épuration sadique.
L'épisode de Daredevil est intéressant sur le fond avec une analyse psychologique des pulsions de Sabretooth qui en font un individu à part entière (au lieu d'une caricature de psychopathe générique), mais dans la forme il est visible que Nocenti est aussi inexpérimenté que L. Simonson pour écrire des dialogues ou des bulles de pensée digestes. Le cas de Walter Simonson est un peu différent : le rythme de son scénario est plus fluide, par contre il écrit d'une manière vieillotte (déjà pour l'époque), trop proche de celle de Stan Lee. Malgré tout l'ensemble dépeint un événement horrifiant de grande ampleur en donnant plusieurs points de vue complémentaires.
Sur le plan visuel, Sal Buscema effectue un travail à mi-chemin entre les illustrations des années 1970 (formes un peu simplistes) et une approche plus agressive qui confère un ton plus en adéquation avec le tragique des événements. Simonson semble dessiner un peu vite, avec une apparence très dynamique, mais là aussi une approche encore légèrement teintée d'une vision enfantine. Les dessins de Bogdanove transcrivent gentiment les aventures du Power Pack, pour une apparence plus douce, plus adaptée à ce lectorat plus jeune. Le meilleur se trouve donc dans les épisodes de la série UXM. La mise en page de Romita junior est très vivante et Dan Green, comme Blevins apporte une texture un peu coupante aux dessins qui illustrent bien le ton cruel du récit. L'épisode dessiné par Leonardi n'est pas très joli à regarder (comme celui de Shoemaker). Betsy Braddock affronte Sabretooth dans des dessins vifs et très jolis, tout en rondeurs, de Davis et Neary. D'un coté, c'est visuellement très mignon (et donc peu raccord avec l'animalité de Sabretooth). De l'autre, cet aspect un peu jovial retranscrit bien le refus de Claremont de se vautrer dans une narration se complaisant dans une violence facile, et préférant mettre en avant le travail d'équipe, et des valeurs humanistes.
Oui, Betsy est ridicule dans sa robe rose et ses petits talons ; oui elle n'en est que plus admirable dans son courage. Le tome se clôt avec l'incroyable prestation de Barry Windsor Smith. À cette époque il réalise 1 épisode des X-Men de temps à autre ; ils ont tous été réédités dans X-Men: Lifedeath (épisodes 53, 186, 198, 205 et 214). Il ne s'agit pas du plus beau car il ne s'encre pas lui-même et il ne fait la mise en couleurs. Malgré cela, la maîtrise et l'inventivité graphique de Windsor Smith éclatent par comparaison avec les prédécesseurs. Au lieu de jouer dans le registre du réalisme sanguinolent, il met magnifiquement en valeur les superpouvoirs des mutants, mais aussi leurs émotions, un vrai régal.
D'un coté cette histoire est plombée par quelques épisodes à la narration maladroite (même pour l'époque), et par l'aspect hétérogène des différentes séries. De l'autre, Chris Claremont raconte un récit qui marque la fin de l'innocence pour les X-Men, avec une plongée dans un massacre écoeurant, et des cicatrices aussi bien physiques que psychologiques qui ne s'effaceront pas de sitôt, à l'opposé des récits où seul l'effet choc compte. Après quelques épisodes plus mineurs, les X-Men luttent contre une invasion démoniaque dans "Fall of the mutants 1" (épisodes UXM 220 à 227, Incredible Hulk 340, New Mutants 55 à 61). Kitty Pride et Piotr Rasputin pansent leurs plaies dans "Excalibur (The sword is drawn)".
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Ce tome est complété par "Le sorcier des abysses". Ils comprennent 3 histoires d'une série indépendante de toute autre. Ils contiennent les aventures de Marada parues dans les numéros 10, 11, 12, 22 et 23 du magazine "Epic illustrated", initialement publiées en 1982 et 1984. Le scénario est de Chris Claremont, les dessins, l'encrage et la mise en couleurs sont réalisés par John Bolton. Ce commentaire porte sur les 2 tomes.
L'épée brisée (39 pages) - Au troisième siècle avant Jésus Christ, dans l'Empire Parthe, une caravane organisée par le tribun Gaius Marcellus Fulva est attaquée par une petite troupe menée par Donal mac Llanllwyr. Dans le palanquin de la caravane, il découvre une belle femme aux cheveux d'argent qu'il reconnaît comme étant Marada, une guerrière redoutable et renommée. À sa grande surprise, Marada est apeurée et ne fait montre d'aucun esprit combatif. Après le pillage, mac Llanllwyr trace un sigil dans les airs, permettant à sa troupe et lui de se retrouver dans leur repère, une cité taillée dans le roc des côtes anglaises. Dans le palais, Marada reste submergée par la peur et elle finit par raconter son histoire à Llanllwyr, comment elle s'est retrouvée captive du sorcier Simyon Karashnur qui l'a offerte au démon Y'Garon. Elle se lie également d'amitié avec Arianrhod, sa fille.
Chasse royale (19 pages) - Quelque part dans un territoire désertique de l'Afrique de l'Est, Marada et Arianrhod tombent dans une embuscade et sont capturées par les troupes de la reine Candance. Celle-ci leur explique qu'elle a l'habitude de se livrer à l'art de la chasse, avec une proie humaine. Marada et Arianrhod bénéficient de 2 heures d'avance sur la reine.
Le masque du sorcier (37 pages) - Marada et Arianrhod voyagent à bord d'un navire pour rallier Rome. Arianrhod lance un sort pour essayer de les transporter par magie au château de son père. Manquant de pratique, son sort a pour effet de transporter Marada sur un autre navire qui vogue vers la cité de Djeriabar où elle sera, contre sa volonté, l'hôte du magicien Jaffar Ibn Haroun Al-Rashid.
L'introduction de l'édition anglaise (Marada the she-wolf) comprend un dessin en noir & blanc (première version de l'une des pages de la première histoire) où l'héroïne porte le bikini en métal, caractéristique de Red Sonja. Il s'agit donc bien à la base d'un projet avec ce personnage qui a été retravaillé en cours de route (la petite histoire veut que la mise en chantier du film Red Sonja - avec Brigitte Nielsen et Arnold Schwarzenegger - ait jeté le doute sur le droit de Marvel à utiliser ce personnage) pour laisser place à Marada. À la lecture, il est possible de constater le point commun évident, dans les 2 cas il s'agit d'une femme habile à l'épée, indépendante, capable de défaire les meilleurs bretteurs masculins en combat singulier. Mais la similitude s'arrête là, car dès le départ Claremont stipule clairement que les aventures de Marada se déroulent dans le contexte historique de l'empire romain, et non dans le royaume fictif d'Hyperborée. En outre il se paye le toupet de montrer Marada comme une femme soumise et craintive dans sa première apparition. On est loin de la fougueuse et insoumise Red Sonja.
Il faut donc plusieurs scènes avant que Marada ne retrouve les caractéristiques d'une héroïne d'Heroic-Fantasy. Si elle se révèle habile et létale dans son maniement de l'épée, elle n'en devient pas pour autant une pourfendeuse d'ennemis à la chaîne. Claremont lui insuffle un minimum de personnalité, et de chaleur humaine envers son prochain. Il lui a concocté un événement particulièrement traumatisant expliquant son changement de caractère, ayant un impact durable tout au long de ces pages. Il ne s'agit donc pas d'une simple succession de courses poursuites, entrecoupées de combats contre des monstres, des magiciens et des mercenaires patibulaires. Il utilise bien les conventions du genre avec méchants sorciers et monstres immondes et agressifs. Il peut même se permettre d'être un peu plus explicite que dans un comics de Red Sonja, avec une femme violée par un démon. Mais il peut aussi montrer que Marada est vulnérable de plusieurs façons, et qu'elle peut même sourire et apprécier la vie (dans la dernière histoire), voire être amoureuse.
La relative brièveté de chacune des aventures ne permet pas à Claremont de développer des intrigues ambitieuses, et la narration ne se focalise pas sur la psychologie des personnages. Il emploie avec une certaine libéralité les bulles de pensées pour que les personnages puissent exposer de manière explicative leurs réflexions, leurs préoccupations. Néanmoins il insuffle suffisamment de personnalité pour que ses récits s'élèvent au dessus de la production de masse mensuelle. Il bénéficie également d'un dessinateur d'exception.
"Marada" est un travail de jeunesse de John Bolton, pourtant sa méticulosité est déjà bien présente. Les 2 premières histoires avaient à l'origine été réalisées en noir & blanc et elles ont bénéficié d'une mise en couleurs à posteriori, réalisée par Bolton lui-même. Pour le lecteur qui a déjà eu la curiosité de regarder ces planches en noir & blanc (sur internet), il pourra regretter que la couleur masque la finesse des dessins. Pour les autres lecteurs, ils découvriront une mise en couleurs naturaliste et nuancée. La dernière histoire a été conçue et réalisée directement dans l'optique de la couleur, avec un degré de sophistication nettement supérieur.
Pour ces planches, John Bolton fait preuve dès la première page d'une proche ambitieuse, ne reposant pas uniquement sur une réalisation à gros budget. Il dessine les personnages, les animaux et les environnements de manière naturaliste, avec un grand niveau de détails, sans pour autant rechercher un rendu photoréaliste. L'histoire commence par un dessin pleine page dans lequel des hommes à cheval progresse en colonne dans un désert de sable. La couleur rend bien la teinte sablonneuse, les pattes des chevaux soulèvent de petits nuages de sable, les cavaliers ont des tenues légères (qui ne les protègent pas du soleil), les chevaux portent des harnais raisonnablement ouvragés, le palanquin est doté de tentures avec motif. Tout au long de ces pages, le lecteur pourra se régaler de l'attention portée aux tenues vestimentaires variées et sophistiquées, entre véracité historique et fantaisie imaginative. Il pourra facilement se projeter dans les lieux, que ce soient les superbes pentes verdoyantes aux abords de la citadelle de LLanllwyr, les bains chauds souterrains, la sombre forêt entourant le repère de Karashnur, le désert brûlant de Candance, ou encore l'île méditerranéenne de Djeriabar. Il pourra également apprécier la diversité des morphologies des personnages, ainsi que leur visage expressif (même s'il est patent que Bolton s'est fortement inspiré de Kulan Gath de la série "Red Sonja, pour l'apparence de Karashnur). Il pourra également identifier quelques clins d'œil adressés par Bolton à ses références (de Russ Heath à Paul Gulacy, en passant par Frank Frazetta et John Buscema). La progression de Bolton au long de ces pages aboutit au dernier épisode, totalement enchanteur dans sa maîtrise graphique, rehaussant une description réaliste des lieux et des personnages par des touches fantastiques tout en retenue, avec un encrage délicat (évoquant un peu le doigté de Charles Vess), et une savante mise en couleurs.
Chris Claremont et John Bolton s'inspire de Red Sonja pour créer leur propre personnage totalement original, progressant d'histoire en histoire, pour finir par une merveille d'aventure légère et sophistiquée, à l'opposée des stéréotypes et des clichés du genre. Ils ont ensuite collaborés sur The Black Dragon (1985, en anglais). Ils ont également réalisé des histoires courtes des X-Men, voir X-Men Vignettes.
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