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Citations de Christiane Rochefort (170)


Comme disait Nicolas fallait pas nous faire, ou alors fallait nous dire pourquoi.
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Elle ne faisait que des garçons, et elle en était fière. Elle fournirait au moins un peloton d'exécution à la patrie pour son compte ; il est vrai que la patrie l'avait payée d'avance, elle y avait droit. J'espérais qu'il y aurait une guerre en temps voulu pour utiliser tout ce matériel, qui autrement ne servait pas à grand-chose, car ils étaient tous cons comme des balais.
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J'allais traîner dans les grands blocs, en face, où Guido habitait ; on avait mis partout des pelouses régulières, entourées de grillages pour que les mômes n'y cavalent pas, on avait planté de jeunes arbres également dans des grilles pour que les mômes ne les massacrent pas ; comme ça ça leur faisait un Espace Vert, qu'il le veuillent ou non.
Ce que je me demande c'est pourquoi on ne fout pas plutôt les mômes dans les grillages et les arbres en liberté autour.
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- Dans la Cadillac, dit Patrick, les phares s'allument automatiquement quand le jour baisse.
- La ferme, dit le père, avec ta Cadillac.
- Patrick nous les casse, dirent les jumeaux, Patrick nous les casse, Pa-trick-noulékass, Pakass nous les trique, tri casse les patates...
- Allez-vous vous taire ! dit la mère. Ah ! ces gosses !
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La maîtresse avait écrit dans le livret : "indifférente aux compliments comme aux reproches", mais comme personne ne l'avait jamais regardé ce livret elle aurait bien pu marquer c'est le printemps, ou Toto aime Zizi ou cette fille est une nouille, ça n'aurait pas fait de différence.
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Et qu'est-ce qui n'est pas touché par le temps, sinon l'éternité ?
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Eux, tranquillement, ils sont en train de rétablir l'esclavage.
J'espère que vous vous en êtes aperçus ? Sinon, il est temps.
ils ne se sont jamais remis de sa dite "abolition".
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D'ailleurs les autres bonhommes étaient également des puits de science, ils étaient intarissables sur n'importe quoi, traitant tous les sujets avec autorité, chacun tenant à montrer aux autres qu'il n'était pas un con et qu'il en connaissait un bout, surtout sur les bagnoles, où on arrivait toujours quand tout le reste avait été traité […]
(page 63)
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Il entra une autre enceinte qui se mit aussitôt au diapason. Je me reculai dans les cageots. Y avait plus où se mettre dans la boutique, en ce moment le matin la coopé c'était un vrai concours de ballons, cette Cité c'est pas de l'habitat c'est de l'élevage. Et sensibles avec ça, fallait pas les effleurer, avec leur précieux fardeau, elles auraient écrasé tout le monde, et surtout que moi à ce moment-là, je voyais plus que ça dans le paysage et je risquais à tout moment d'être aplatie entre deux cloques.
Page 85
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L’été finissait. Il tombait des seaux. Plus des virées, plus d’étoiles. Et Joël partit à son tour. Je commençais à entendre parler d’armée autour de moi, c’était signe que je vieillissais, Patrick partirait peut-être avant l’âge, on l’avait averti ; s’il s’avérait irréductible il serait envoyé comme volontaire.
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Il entra une autre enceinte qui se mit immédiatement au diapason. C'était un vrai concours de ballons cette citée, c'est pas de l'habitat, c'est de l'élevage
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Tu ne devrais pas regarder les hommes comme tu fais, qu'est-ce que tu veux c'est ta faute aussi ! Ils sont faibles les hommes, ils ne peuvent pas résister quand une fille les regarde comme tu fais…
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On lui fit des tests, la doctoresse des Allocations la regarda une demie-heure et dit qu'elle avait un âge mental de 4 ans, que ça coûterait très cher de la rattraper, c'était un traitement long et onéreux qu'on ne pourrait pas assumer, et en tout cas la gosse ne serait jamais capable de gagner sa vie, et qu'il n'y avait qu'à la mettre tout simplement dans un bon Asile où on n'aurait plus jamais à s'en occuper. Au suivant.
"C'est tout de même bien fait leur truc dit la mère, en rien de temps ils vous expédient ça. "
Il paraît que cette docteur-là dans sa matinée elle en avait envoyé 4 comme ça à la poubelle.
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- Si le bonheur consiste à accumuler des appareils ménagers et à se foutre pas mal du reste, ils sont heureux, oui ! éclata Frédéric. Et pendant ce temps-là les fabricants filent leur camelote à grands coups de publicité et de crédit, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...
- Capitalistes, dit le père.
- Le confort c'est pas le bonheur ! dit Frédéric, lancé.
- Qu'est-ce que le bonheur ? dit Ethel.
- Je ne sais pas, grogna Frédéric.
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Eh bien voilà. C'est fait. J'ai ce que j'ai voulu. Le terrain est déblayé. Nu. Complètement nu. Et m'appartient. Une victoire si totale, et si chèrement acquise, me laisse incertaine soudain. M'effraie : les ponts sont coupés derrière moi, il faut avancer. [...]
Il faut bruler le passé une bonne fois, comme de vieilles lettres, et qu'on n'y pense plus; il faut que je quitte Renaud puisque aussi bien lui-même s'est quitté. Et continuer. Dans le même sens. Et vivre. Avec ce que j'ai. Que j'ai voulu.

Une affaire de succession m'amenait dans cette ville, où rien n'indiquait que ma vie allait se jouer. Personne ne m'attendait sur le quai pour m'en avertir, me conseiller de rebrousser chemin.
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Le combat a duré sept années. j'ai perdu chaque bataille.
Mais pas la guerre.
Quand enfin l'ennemi est tombé, me trouvant par circonstance le messager de sa mort, j'ai tenté de me composer un visage qui, au moins, ne choquât point sa veuve, à qui je ne voulais nulle offense.
Je crains de n'y être pas parvenue tout à fait. Et qu'elle ait aperçu, sous mon masque mal ajusté, le sourire du survivant.
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« Alors ? Alors rien. Ils me font chier.
Qu’est-ce qui est arrivé en fait – on pourrait aussi bien dire : rien. Je me suis assis à table. Le vieux a dit : pousse-toi un peu, tu me bouches l’écran. Il n’y avait rien sur l’écran.
- Mais il n’y a rien sur l’écran…
- Pousse-toi un peu tout de même.
- Mais.
Non, c’était trop bête, non ?
- Je me pousserai quand il y aura quelque chose. J’ai dit ça calmement, sur un ton raisonnable ; comme si c’était normal. Il est devenu comme pâle. Les yeux fixes. Un truc horrible, en une seconde. Non, pour une histoire de dix centimères même pas, et qui ne servaient à rien en plus… Elle, n’est pas intervenue. Elle nous regardait l’un après l’autre, sans savoir quoi.
- - Je t’ai dit pousse-toi.
Je me suis levé et je suis parti. Tel quel.Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. En fait je ne savais pas que je partais. Quand je me suis aperçu je me suis dit : j’aurais dû prendre une valise. Mais quoi une valise, ça pouvait me servir à quoi pour aller où j’allais : quelque chose comme à Tahiti. Ca pouvait juste servir à me donner une touche d’émigrant, et à m’encombrer. Tandis que les mains dans les poches, qui sait quoi ? C’est un type qui est là comme tous les autres types, peut-être qu’il va à son travail, ou à l’école, ou il se promène tout simplement, et d’ailleurs personne ne se le demande.

Je suis donc resté logiquement sur place, dans la cour, au milieu des maisons. J’ai regardé les fenêtres : derrière toutes les fenêtres, il se passait la même histoire d’un écran qu »on bouche, et le père dit au fils de se pousser, et le fils s’en va pour toujours nulle part. Obligé, puisque c’était la même heure.
Malheureusement il n’y avait personne dans la cour, que moi.
Normalement avec mon système on aurait dû être mille.
Si on avait été mille, on serait remontés tous ensemble et on aurait cassé toutes les télés. »
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Premier bilan


   Tous les calculs ont été effectués. Voici
les conclusions :

   L'humanité est une entreprise non ren-
table.

   Le prix de revient au kilo de l'Espèce,
compté en m2/kw/dollars, comparé au
prix de revient d'un kilo de papillons (ou
de toute production témoin choisie
parmi les Espèces à déperdition naturelle
importante), dépasse le seuil tolérable.
   Si durant le présent exercice ce coût
n'est ramené à 1 % de son taux actuel,
l'entreprise sera mise en liquidation, et
devra cesser ses activités.

p.194

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Au monde


   Debout, à l'aube, sur le toit terrasse,
adossée au mur de refend, légèrement en
retrait, sans bouger d'un fil, elle les
regarde ; non, elle est dedans.
   Ils la frôlent, si proches qu'elle entend
le battement véhément de leurs ailes, le
sifflement de l'air coupé à la faux, elle
sent sur sa peau le vent de leur vol, fouet
de fraîcheur dans le ciel immobile.
   Ils crient, trissent, stridents, emplissent
l'azur de leur faim. Ils piquent entre les
blocs, en jaillissent verticaux, virent, et
fondent encore et glissent au fond des
ruelles, et ascensionnent, freinent à queue
ouverte, et replongent et remontent et
s'élancent, piaillant, dis après la même
mouche, et se débandent et se rameutent
et lui passent à un cheveu du nez. Ici, elle
est à leur niveau : de près, ils sont
énormes. Elle est encerclée, cernée,
enveloppée mais ils s'en foutent, ne la
distingue pas du reste, elle est un mur
une cheminée une citerne d'eau, elle
pense :
   Je n'existe pas. J'appartiens.

   Je suis au monde !

p.205-206
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 Et quand nous eûmes bien fait et répété
les exercices, nous nous assîmes et nous
soupirâmes.


 Bon et alors et maintenant qu'est-ce
qu'on fait ? Derrière, rien, devant, rien,
alors qu'est-ce qu'on fait.


 On garde le cap, nous répondîmes,
ayant médité.


 Mais pourquoi, alors ? S'il n'y a pas de
raison.
 C'est dans notre nature dirent les scor-
pions.
 On s'en fout on garde le cap.

p.58
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