Citations de Christos Tsiolkas (78)
- On voyagera.
Je veux voir le monde tout seul, pensa-t-il. Faire ce que je veux sans personne pour me voir, personne qui n'en sache rien, personne pour raconter quoi que ce soit.
Excepté Dieu.
Mais Dieu sait tout déjà.
Être ouvrier ne se dit pas avec des mots, seulement avec le corps.
l'acide commence à mordre , tordre , étrangler mes muscles...
J'ai peine à articuler , mes dents sont du verre glacé, c'est tout juste si je parle , mais je lâche :
-j'ai été bon.
J'ai mal , j'ai la fièvre- nager répand le poison dans mon corps.P343
Le silence n'était pas non plus la solitude. Celle-ci se cachait dans la parole; dans la conversation. (p.289)
Le sable est une des armes dont se sert la nature pour combattre l’arrogance du béton.
J'ai appris un certain nombre de leçons, en prison, la plus importante étant que j'avais fait une connerie et qu'il fallait la payer. On se construit une échelle, on grimpe les échelons pour sortir de l'enfer qu'on s'est créé et retrouver le monde réel en haut. Cela s'appelle expier, un verbe que j'ai aussi appris là-bas.
Mais qu'est ce qu'il fout cette espèce de con ?
je suis dans l'eau .elle plie devant moi , se déplace pour moi.
Me souhaite la bienvenue.
Je nage .
C'est mon élément .
Quand lui avait-on dit pour la dernière fois qu'il était bon à quelque chose?
Utile à quelque chose ?
« Ces muscles qui dorment depuis des années, ces muscles abandonnés, voilà qu'ils chantent »
Il lui arrivait de penser que les mots étaient tous inutiles. Et le silence n'était pas vide - bien au contraire, il y trouvait la paix, le calme. (p.288)
L’âge était un ennemi invincible et cruel, comme les femmes, comme les mères.
Voilà ce qu'étaient finalement l'amour, son allure, son essence, une fois disparus la luxure, l'extase, le danger, l'aventure. Il reposait avant tout sur la négociation, sur deux individus qui acceptent les réalités sales, banales, et domestiques d'une vie partagée. Cet amour-là assurait une forme de bonheur familier. Toute alternative était probablement impossible, inaccessible, et il valait mieux renoncer à l'inconnu.
Il fantasmait régulièrement sur sa mort. Son absence serait un soulagement. Puis la culpabilité confirmait ce qu'il savait déjà : il était une chose obscène, à peine humaine.
Se voyant bien dans la mêlée, il avait autrefois tenté d'intégrer l'équipe de son lycée. La première fois que le ballon avait volé vers lui, il avait fermé les yeux, l'estomac soulevé et la chair de poule - moins d'une seconde, mais cela avait suffi. Lui sautant sur le dos, un autre l'avait intercepté.
- Stefano, que t'es con ! avait-il entendu.
Loser.
J’avais un avenir. Je voulais être un des plus grands nageurs, mais je n’étais pas assez bien, et cela n’a rien à voir avec le talent, les aptitudes ou mon corps – le problème, c’était moi. Je n’avais que cet avenir, et quand il a disparu, il ne restait plus rien. Et je suis navré, mais toi, vous tous, la famille, ça ne me suffisait pas. Il n’y avait plus qu’un trou, je n’étais que ça : un trou. Je ne savais faire qu’une chose, nager, c’est tout ce que je voulais faire, c’est devenu totalement impossible, et au lieu d’être quelqu’un, j’étais le vide. Je me suis haï de ne pas être assez fort, de ne pas être assez bien. Rien à foutre de ce que les gens ont dit, comme quoi j’avais fait de mon mieux, tout le monde ne peut pas gagner, on ne peut pas toujours réaliser ses rêves. Des conneries, tout ça. Sans mon rêve, je n’étais qu’une absence, le néant. J’ai échoué. Cet échec, je l’ai porté en moi, et je me suis mis à flotter, à dériver. Flotter, c’est justement ce que je n’ai jamais pu supporter. Au contraire, j’aimais nager parce que j’avais l’impression de voler, l’eau n’était pas liquide, c’était de l’air. (p. 395-396.)
Mais la suavité et la politesse sont des qualités qui ne servent qu'à masquer la vérité. (p 256)
Les mots .
Dehors , les mots ne sont plus les mêmes qu'à l'intérieur.
P368
La lecture était une retraite, un refuge contre le vacarme au-dehors. (p.295)
Ya pas plus rouxque nick, dit richie
Lui jetant un regard noir, nick retorqua
- ta gueulle toi aussi t'es rouquin
- que dalle. Moi, c'est blond vénitien
Il observa la rue. Vêtue d’une longue robe noire, une fille balançait son sac à main à bout de bras. Un type en bleu de travail, fumant une cigarette, se grattait l’entrejambe. La virilité sans fard des ouvriers lui faisait toujours penser à Dom. Clignant des yeux, Tommy serra sa tasse entre ses mains. Le café insipide était beaucoup trop chaud. Il la reposa et s’enfouit en lui-même.
Pathis. Somers. McIntyre la salope. Un besoin de baiser immense, écrasant. Son érection contenue par ses vêtements, et il ne quittait pas la patronne des yeux. Mal à l’aise, elle se mit à frotter l’évier.
Il se dégageait de cet homme une tristesse détestable qui ne lui inspirait aucune compassion.
Synonyme de rejet, la distance qu’elle imposait à Tommy donnait une force tangible à sa colère, et en même temps son sexe se raidissait.