Citations de Christos Tsiolkas (78)
Partir, revenir... l'avenir était en fait ce qu'on y voyait.
La confiance, ça se limite à la famille. Point barre. Et encore, pas toujours.
-Tu ne devrais pas fumer, papa. ça donne le cancer.
Elle répétait bêtement les mises en garde qu'on lui enseignait à l'école. Ses enfants retenaient à peine leurs tables de multiplication , mais ils savait que fumer causait le cancer du poumon, et qu'à faire l'amour sans préservatif on attrapait des MST.
Quand il me repose, je lutte avec les pieds avec les mains, je me remue, je me bats, et je sais que je dois la battre, la marée, pour qu'elle ne
me mange pas, je frappe, je tape, je boxe, j'avance sur la
surface, et je vole, je vole, c'est ça, voler, c'est comme ça,
sauter, glisser, pousser, et la marée recule et papa crie
Pas si Vite,
mon gars, pas si vite, mais je n'ai plus peur, elle
ne m'aura pas, la marée, je glisse entre elle et le soleil, si
je continue comme ça je vole jusqu 'au soleil, aussi haut
que lui, aussi loin que mon père, qui me passe devant et
me taquine,
Tu ne me rattraperas pas, tu ne me rattraperas pas,
alors je continue, de toutes mes forces, contre l'eau,
la marée, il faut que je gagne, mes bras et mes jambes
fouettent l'eau, ils me font mal, et j'ai les yeux qui piquent,
mais je tiens bon et je le rejoins, papa me cueille dans ses
bras, me serre contre lui, contre le dessin sur sa poitrine,
ma joue frotte sur ses poils, sa peau, je souffle tellement
fort que c'est mon cœur qui souffle, et papa dit Tout ça est
à toi, mon fils, à toi, il me retient d'un bras, et de l'autre
il me montre la mer le ciel et le soleil, sa main touche le
soleil, je le sais car il y a une flamme autour de ses doigts
et il dit encore C'est à toi, tout ça, ça t'appartient.
On vole bien droit devant le ciel , entre le soleil et la mer .
ensemble .
P452 Fin
Se rapprochant de lui, Soo-Ling posa une main sur sa joue. Un geste de tendresse qui lui fit mal. Il nicha son visage dans cette main. En le caressant, Soo eut envie de lui dire je t'aime, mais elle eut peur car il semblait désespéré. L'avenir - que, toute sa vie durant, elle avait appris à respecter - ne tenait pas dans ces trois mots-là.
C'est lui qui a peur maintenant. Il jauge l'immensité qui nous sépare .
Tendu comme une corde de piano, il ouvre de grands yeux effrayés.
-J'ai fait de la prison.
Pour la première fois je le vois , ce visage; ce que j'ai commis , détruit ...
c'est Clyde qui pleure.
P72
« Angus a cassé le stylo à bille, puis il a fait couler l'encre, soigneusement, dans une soucoupe.
-Alors, je fais quoi ?
-Je veux deux cicatrices, une sur chaque omoplate.
Désorienté, il a haussé les épaules.
-Hein ?
J'ai répété :
- Deux cicatrices.Là où j'avais des ailes, là où on les a arrachées.
Il a hoché le tête.
-Ah.
Cette fois, il a pigé.Il allume son briquet, la flamme bleue lèche l'aiguille un moment.Je n'ai pas eu besoin d'ajouter que que ce soit, il avait compris.On a le même soleil bidon. »
Les autres ne voulaient pas de lui, non seulement Taylor et l'équipe, mais tous les élèves de ce lycée de merde, avec leur sourire parfait, leur peau parfaite, aucun d'eux ne voulait de lui. Torma, si. L'entraîneur tenait Danny pour le meilleur, et c'est tout ce qui comptait.
Voilà ce qu'étaient finalement l'amour, son allure, son essence, une fois disparus la luxure, l'extase, le danger, l'aventure. Il reposait avant tout sur la négociation, sur deux individus qui acceptent les réalités sales, banales et domestiques d'une vie partagée.
Et donc il s'était trompé : les livres n'existaient pas seulement dans l'esprit, mais aussi dans le corps. Les mots étaient un souffle, on les ressentait, on les comprenait par le corps et par l'esprit.Ils sont l'eau, et lire nager. Comme autrefois dans l'eau, on peut s'y abandonner : le corps et l'esprit forment un tout.
je pense que la fidélité est plus souvent minée par négligence que par le dépit ; (p170)
La mer, la vraie, vous punit. Il faut travailler dur pour la conquérir, la dompter. La mer peut vous tuer. (p.16)
Il pétait et pissait sous la douche,rotait seul en voiture,s'abstenait de se laver ou de se brosser les dents lorsque Aisha partait le wek end donner des conférences,elle ne supportait pas les exhalaisons du corps masculin .
Il sautillait mollement au son d'une musique qu'il était seul à entendre.
Soo détestait le foot, non pas le jeu en soi, mais la sensation d'être exclue d'une culture. Tommy avait réussi à l'emmener voir quelques matchs, et elle attendait patiemment la fin, immobile et navrée. Après quoi elle se dirigeait vers la sortie, pressée, déterminée, avec un visage de pierre.
Au stade, il y avait des Blancs, des Noirs, des Européens, des Méditerranées. Des gens de toutes origines, l'Asie exceptée. Et tout le monde la regardait comme une estropiée, ou une handicapée. Insupportable.
Tommy ne s'en rendait pas compte. Il prenait cette attitude pour un manque d'intérêt, et elle lui portait sur les nerfs. Le foot devint vite un sujet que Soo-Ling refusait d'aborder, une langue qui les séparait.
Bon, d'accord, un âge décent, on avait apprécié quelque chose de la vieillesse, sans pour autant assister au naufrage de son corps. (p. 288)
« Et si disais à Luke que je me suis finalement intéressé à Shakespeare ? Après tous les efforts qu'avait fournis M. Gilbert, en vain, pour me faire comprendre Jules César, dans ce lycée de privilégiés avec tous ses moyens, il faut que j'échoue ici pour saisir pleinement la beauté de l’œuvre, l’esprit qui la traverse, l'audace époustouflante de cette langue. Et si je disais « Luke, j'ai découvert Shakespeare, ainsi que la sodomie.Deux trucs merveilleux, le bonheur. » J'aimerais pouvoir lui expliquer que j'ai découvert Shakespeare en me faisant enculer, et que j'ai accepté de l'être grâce à Shakespeare. »
« Je suis dans l'eau.Elle plie devant moi, se déplace pour moi. Me souhaite la bienvenue.Je nage.C'est mon élément »
Tout l'intérêt d'habiter dans un appartement : les murs le cachaient, mais il avait conscience des bruits, des mouvements, de l'énergie autour de lui. La vie l'entourait et il restait à l'abri. (p.297)
- Je vais vous prendre un rendez-vous auprès d'une agence de placement. Vous voulez bien ?
Pas de réaction.
- Lundi prochain ?
Rien. Tommy, lentement, leva le menton. Acquiescement.
Soulagée, elle inscrivit trois mots dans son Filofax.
- D'autres questions, Tom ?
- Oui. Le congé maladie ?
- Quel congé maladie ?
- Ce n'est pas dans le package de départ ?
McIntyre fit la moue.
- Il n'est pas habituel d'ajouter un congé maladie à un licenciement. En tout cas pas ici.
- Ma mère a travaillé des années pour Repco, les pièces détachées pour voitures, et elle y a eu droit quand on l'a remerciée.
- C'est un cas isolé.
- Pas pour le syndicat.
Il assenait le mot comme une gifle, ce qu'elle comprit très bien. Sa voix douce et féminine allait maintenant devenir cassante, odieuse.
- Autre chose ?
Ouais, écarte les cuisses sur le bureau, salope frigide, tu veux que je te bourre comme la sale pute que t'es ?
- Non.