Synopsis :
Paris. Camille et Fred, deux ados, deux amis d'enfance. Tous deux sur le fil, tous deux victimes collatérales de drames familiaux. Chacun sa came. Le cinéma pour Camille. L'alcool, les joints et plus si affinités, pour Fred. Soirée après soirée, voyage au bout de la nuit. Lassitude. Dégoût. Drame.
En chapitres très courts, trois pages maximun, Claudine Desmarteau nous dresse ici le portrait d'une jeunesse qui brule la chandelle par les deux bouts. Sexe, drogue, alcool font le quotidien de Camille, Fred et leurs amis.
Voulant échapper à un train-train qui l'ennuie et qui ne répond pas à ses questions, le personnage de Camille se cherche à travers les films qu'il ausculte à la loupe. Le lecteur redécouvre ainsi à travers ses yeux quelques scènes de films emblématiques : "L'amant", "Les liaisons dangereuses", "Trouble every day", "Sailor et Lula", "Cet obscur objet du désir", "Brokeback Montain"... Fil rouge de toutes ces séquences décrites minutieusement : le désir. De plan en plan, on comprend que Camille se cherche une identité sexuelle. A ce propos, l'auteure joue avec nous puisque rien ne détermine avec certitude le sexe de son personnage. Je pencherais plus pour un "il" qu'un "elle", ce qui justifierait à mon sens le titre du roman et les sentiments "troubles" que Camille éprouve pour son ami... Mais rien n'est moins sûr !
Côté écriture, elle est simple, cinématographique, ... Et, pourtant, sous cette apparente simplicité, se cachent tous les cris muets de ces adolescents en perdition.
"Je le regardais faire son mariole et je me demandais où il la planquait, sa soufffrance."
L'auteure fait ainsi mouche et nous touche en plein coeur, nous rappelant ce besoin d'absolu qui nous faisait commettre tant d'écarts. En tant qu'adulte, elle nous laisse aussi quelque peu désemparés face à ces écorchés de la vie. Dans le roman, les adultes brillent d'ailleurs tous par leur absence. A peine interviennent-ils une fois qu'il est (presque) trop tard ! Plus que tout le reste, cette démission est encore ce qui est le plus effroyable finalement... Les grands, aussi, auraient besoin d'être sauvés !
Malgré toute cette noirceur, toute cette violence, on garde l'espoir que Camille et les autres finissent par guérir de leurs démons, par accepter d'assumer qui ils sont et affronter leurs peurs : celles de vivre et... d'aimer !
"Quand les plaies seront refermées, les blessures cicatrisées, viendra le temps des bourgeons et des promesses."
Un roman coup de poing qui nous rappelle que c'est pas facile d'avoir 17 ans !
Pourtant, je dois l'avouer, malgré le sujet intéressant, le style d'écriture qui m'a rappelé le meilleur de Duras, une tension qui se tend à l'extrême au fil des pages, bizarrement, je suis un peu restée en dehors... Spectatrice d'un film à l'esthétisme parfait mais où je n'ai pu m'identifier à personne ni vraiment éprouver de sentiments quelconques envers les personnages principaux. Seul, le personnage de Kilian le puant m'a remué les tripes ! Au fil des pages, j'avais envie de lui crier : "Attention ! Ne les vois-tu pas venir avec leurs gros sabots ?"
Bref, une lecture qui m'a troublée et pour laquelle j'ai bien du mal à clarifier mes sentiments...
"Cet obscur objet du désir... J'en garderai un souvenir plutôt confus."
Lien :
http://lacoupeetleslevres.bl..