Adrien vit seul avec sa mère, son père a disparu et Adrien ne l'a jamais connu. Il a grandi dans un amour fusionnel et étouffant de sa mère. Au collège, il est victime de harcèlement par Geoffroy et sa bande, Elliot, Hugo, Yanis et Ryan : ceux-ci l'insultent, l'humilient et le harcèlent aussi sur les réseaux sociaux en créant des images pornographiques. Adrien souffre de
troubles de l'humeur, il est anxieux, il est suivi par son médecin et par un psychiatre. Il a notamment des insomnies et comme il refuse de prendre ses somnifères, il sort la nuit dans la forêt où il retrouve un homme étrange, Chris.
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Claudine Desmarteau grandit en région parisienne. Son père est photographe dans le secteur automobile. Elle doit son prénom à sa mère passionnée de littérature, comme un clin d'oeil à la Claudine de Colette. Elle est diplômée de l'École supérieure des arts appliqués Duperré. Elle travaille tout d'abord comme publicitaire puis directrice artistique dans la publicité, tout en dessinant pour la presse. Elle travaille notamment pour Télérama, L'Obs,
Les Inrockuptibles ou le Monde.
En 1999, elle rencontre
Brigitte Morel et Jacques Binsztok des éditions du Seuil et intègre le monde de la littérature d'enfance et de jeunesse, avec son premier album illustré Petit Guerrier. Elle abandonne la publicité en 2001, pour se consacrer à l'écriture.
Son répertoire varie, des albums illustrés à l'attention des plus jeunes, aux romans pour adolescents. le Petit Gus, écolier parisien à la vie trépidante, est l'un des personnages principaux de son univers. Elle ne fuit pas la comparaison avec le personnage du Petit Nicolas, tant elle qualifie
René Goscinny et
Jean-Marc Reiser de modèles. (...)
En 2017, elle indique : « Enfant, j'ai passionnément aimé Huckleberry Finn, Fifi Brindacier et Antoine Doinel - auquel je fais référence dans
Jan. (...) Ils sont fragiles et naïfs, mais aussi forts et libres. Ils refusent de se soumettre à l'autorité arbitraire et aux ordres des adultes. » - source : Wikipédia
Claudine Desmarteau a déjà publié une cinquantaine de titres en littérature pour la jeunesse. Elle a commencé par publier des albums au Seuil jeunesse dès 1999 (Maman était petite avant d'être grande, Petit Guerrier,
C'est écrit là-haut,
Dictionnaire le petit rebelle, Je veux un clone, Vu à la télé,
Tous jaloux, Dictionnaire des synonymes. Elle démarre dans le roman pour la jeunesse avec les séries Trouille land aux éditions du Panama et nous la connaissons alors surtout pour sa série le petit Gus, romans de bêtises pleins d'humour. Elle écrit alors des romans pour les adolescents, de plus en plus forts et dérangeants avec
Troubles chez Albin Michel en 2012,
Jan chez
Thierry Magnier en 2016,
T'arracher chez
Thierry Magnier en 2017 ou
Comme des frères en 2020 chez L'iconoclaste.
Au nom de Chris est sélectionné pour le prix Vendredi, premier grand prix national de littérature adolescente en langue française. le Prix Vendredi a été créé en 2016 par le groupe des éditeurs pour la jeunesse du Syndicat national de l'édition pour valoriser le dynamisme et la qualité de création de la littérature jeunesse contemporaine. Chaque année, une sélection de dix ouvrages francophones destinés aux plus de 13 ans, publiés entre le 1er octobre de l'année précédente et le 30 septembre de l'édition en cours, est soumise à un jury de professionnels.
Claudine Desmarteau nous emmène dans un thriller psychologique âpre et violent. Il y a tout d'abord cette relation familiale dysfonctionnelle d'une mère dévoreuse d'enfant, elle vit pour son seul fils, Adrien, elle n'a rien d'autre dans la vie, elle le veille, elle le surveille et Adrien étouffe de ce cocon d'enfance trop enveloppant, il a besoin de grandir. Il y a la violence du harcèlement scolaire décrit avec toute sa violence et sa crudité, Adrien est moqué, insulté et humilié, il est aussi victime de harcèlement sur les réseaux sociaux avec des images pornographiques détournées. le héros souffre de ce fait de
troubles de l'humeur et nous le suivons dans ses séances chez la psychiatre et psychothérapeute. Enfin, il y a cette rencontre énigmatique d'Adrien la nuit dans les bois.
Claudine Desmarteau entretient le suspense autour de ce personnage mystérieux à tel point que nous pouvons même nous interroger sur sa réalité, Adrien ne serait-il pas schizophrène ? Mais ce Chris, un homme passionné par le survivalisme, endoctrine peu à peu Adrien afin qu'il s'endurcisse, qu'il quitte le monde de l'enfance, qu'il devienne adulte et qu'il maîtrise sa vie.
Claudine Desmarteau n'a certainement pas choisi ce titre au hasard.
Nous assistons donc à l'éclosion d'un nouveau héros, rebelle, sauvage et abrupt dans ses réparties comme dans ses gestes. Adrien juge sa mère, sans ménagement, il se bat contre son persécuteur au collège et nous sentons poindre le drame.
La langue de
Claudine Desmarteau est de plus en plus sèche, elle enchaîne de courts chapitres, parfois d'une seule page, la langue s'étiole et quelques mots suffisent à décrire les émotions. Elle passe même à des pages qui ressemblent à des vers libres.
Le roman est découpé en quatre saisons, quatre saisons pour que la nature permette au héros d'éclore et de grandir. Si le dénouement obéit à une logique interne au récit, elle nous a quelque peu frustré car
Claudine Desmarteau choisit de ne pas conclure toutes les histoires du récit, seule, l'aventure du héros prend fin et avec elle, la résolution des questionnements de ce seul héros.