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Citations de Claudio Morandini (41)


Adelmo Farandola insultait la mère de la Faim, la mère du Froid, et aussi la mère du Sommeil, son ennemi le plus sournois, celui qui se présentait en ami mais qui en réalité voulait seulement que l'homme s'abandonne pour le livrer à la mort. (p. 60)
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Il va leur faire la fête dès qu’ils tendront la main pour le caresser. Cette honte du genre masculin se mettra sur le dos et réclamera d’autres caresses. Et s’ils lui demandent : « Où est Adelmo Farandola, mon cher ? ». Il répondra aussitôt : « Là-dedans mes très chers, dans une galerie de l’ancienne mine, glissé dans la roche comme un suppositoire dans un trou du cul. » « Ah oui ? Mille mercis, mon cher. » « Mais de rien mes amis, si vous voulez je vous accompagne. Au fait qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
Voilà ce que le bâtard fera. J’ai jamais aimé les chiens.
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En automne, dans les journées les plus chaudes, les bribes de champs qui résistent entre les amas de pierres se remplissent de sauterelles frénétiques, qui à la moindre alerte sautent sans objectif précis dans toutes les directions, comme prises de folie. Elles assaillent l'homme et le chien par vagues, pénètrent jusque dans leurs oreilles et dans leur bouche pour échapper à leurs pas. Adelmo Farandola et l'animal trouvent un certain plaisir dans cette frénésie, et ils marchent la mâchoire béante pour que les insectes atterrissent dedans. Le chien donne un coup de dent, pour la blague, et recrache la bouillie d'élytres et de pattes qu'il ne veut pas avaler. Adelmo Farandola mâche de façon plus méthodique, et la plupart des fois il déglutit.
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Vous autres de la ville, dire qu'il n'y a plus de saisons ça vous suffit, vous croyez qu'avec ça vous vous êtes remué les méninges. (...) Mais c'est facile, trop facile. Nous autres, on a toujours vécu au rythme des saisons, et on s'est aperçus que ce n'est pas qu'il n'y a plus de saisons : au contraire, il y en a trop, entassées les unes aux autres, elles se relaient à toute allure, comme si c'était des mois ou des semaines. (...) Il y a trop de saisons, c'est ça le problème, trop de saisons toutes mélangées.
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Les pluies de l'automne avaient lustré les pierres, et la rivière grossie par les pluies les déplaçait ici et là comme si elle jouait aux dames.
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A sa manière, c’est un chien sage, ou peut-être est-il seulement vieux, et son attitude désabusée n’est-elle due qu’à ses forces qui l’abandonnent. Des fois, pour le récompenser de cette résignation, Adelmo Farandola le laisse entrer dans la maison, où le chien renifle tout, avidement. L’homme ne sent plus rien depuis un moment. Depuis qu’il a arrêté de se laver il est anesthésié à ses propres odeurs, et les pets qu’il lance la nuit sous les couvertures ne sont que de chaudes caresses, qu’il cultive avec une alimentation adéquate.
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On se demande ce qui a poussé des hommes à s’installer ici, où le soleil vient si rarement que les enfants ne savent même pas le dessiner, ils tracent des lignes au hazard pour figurer les rayons, ils en font une sorte de pomme de terre, de gousse ou d’araignée selon leur humeur.
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Parfois, nous parviennent des sommets des montagnes des rayons intenses qui nous obligent à détourner les yeux. C'est le soleil qui, reflété par l'âme métallique des roches, se projette jusque dans nos maisons.
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Si on y prête attention, combien de sons, qui le jour nous semblent familiers, se chargent la nuit d'échos mystérieux.
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Il fut alors saisi d'une envie d'escapade à la mer, au chaud, d'une envie de sommeiller à demi nu sur une plage, sur une quantité infinie de sable, en l'absence du moindre souffle de vent, et même de lire un livre sot, ou de se tacher avec une glace, de toute façon, à la mer, personne ne se connaît.
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Pourtant, des vallées comme comme ça, il y en a par ici, des vallées solides que même les avalanches les plus terribles ne font pas bouger, que les torrents en crue rincent à peine et où les arbres ont l'air d'être en pierre eux aussi, leurs racines plantées dans le granit ne laissent pas une motte de terre glisser, ils retiennent tout, même le superflu, tous les débris moisis des forêts, comme s'ils s'en faisaient un point d'honneur.
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page 91 :
Quand le sentier qui mène à la vallée commence à se dégager et devient un mélange de boue et de pierre, Adelmo Farandole décide que le moment de descendre est venu. Il dérape plusieurs fois, fait des chutes sur les fesses qui lui promettent des bleus pour des semaines, jure chaque fois qu'à cause d'un faux pas il se retrouve enfoncé jusqu'au genoux dans des flaques de boue et de neige glacées. Autour de lui, le chien semble prendre la chose avec un autre état d'esprit et, béat, il s'enlise, boit cette boue, se roule en riant dans la neige noircie, se jette la truffe baissée sur les odeurs des premiers animaux qui se sont aventurés hors de leur tanière.
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La femme a la langue rompue au bavardage. Adelmo Farandola, quant à lui, accoutumé aux silences qui durent des mois, a perdu la capacité de parler, mais aussi celle d'écouter. (p. 11)
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« Il y a des pays où on mange du chien tous les jours. Je crois que ce n’est pas mauvais. Vous êtes des bêtes comme les autres. De la viande. Il suffit de ne pas rater la cuisson. »
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Ruminer sa vengeance l’apaise un peu, lui offre une petite satisfaction. Ce n’est pas comme le faire pour de vrai, mais enfin on s’en approche, surtout quand une solitude accumulée pendant des armées mélange la réalité véritable des choses et la réalité rêvée. À la fin d’un rêve yeux ouverts où tout le village est en proie aux flammes, des flammes hautes, hurlantes, contre lesquelles les silhouettes des pompiers se démènent en vain et au-dessus desquelles en vain tournent les pales des hélicoptères remplis d’eau – à la fin de ce rêve, Adelmo Farandola, calmé, s’assied sur un rocher et réussit même à sourire.
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Durant ces années de guerre Adelmo Farandola a appris combien il est réconfortant de parler tout seul.
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On dit que croire à la méchanceté des hommes est toujours plus rassurant que de soupçonner l'absence d'explication.
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Qu’importe si les gens se tiennent au large ou bien ouvrent grand les portes et les fenêtres à son passage, ou se couvrent la bouche avec les mains. Et même, c’est mieux comme ça, il ne faut pas se fier aux gens qui se lavent, vivent dans la propreté, changent leurs draps, lavent et étendent leur linge, aux gens qui se parfument et se coiffent, qui veulent paraître plus beaux que ce qu’ils le sont, qui font semblant de ne pas puer. Ce sont eux qui tombent malades à cause d’un rien, un courant d’air, un éternuement, un instant de distraction. Ce sont eux qui meurent sans raison, affaiblis par l’eau, étourdis par les parfums.
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Le chien jappe de nouveau, interrogateur. L’homme voudrait lui dire quelque chose, mais il ne sait pas quoi dire à un chien, et il reste silencieux. Peut-être qu’après je le sifflerai, pense-t-il. Les chiens aiment entendre siffler. Tout à l’heure, je lui lancerai quelques sifflements, on va voir comment il réagit. Le chien tire une langue interminable à cause de la soif et de la fatigue, et il se jette sur le bord du sentier pour laper l’eau putride d’une flaque.
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À force de ne pas parler pendant de longues périodes, il peine à faire sortir les phrases et chaque mot lui semble imprononçable.
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