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EAN : 9781092011464
120 pages
Anacharsis (15/03/2017)
3.91/5   79 notes
Résumé :
Avec "Le chien, la neige, un pied", Claudio Morandini compose un conte cruel, une de ces histoires fascinantes et terribles qu’on se raconte le soir à la veillée.
Adelmo Farandola vit seul dans son chalet perdu dans la montagne. Depuis un temps immémorial. Les années ont passé, identiques à elles-mêmes. Quoique. Adelmo Farandola n’a pas le souvenir très lucide. Les saisons s’empilent dans sa mémoire comme en un brouillard indistinct.

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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Adelmo Farandola est un ermite.
Plutôt du genre dégoûtant, habitué qu'il est à s'envelopper de ses odeurs comme d'une « aura de chaleur ». Il faut dire que son environnement immédiat l'oblige à s'organiser, pour lutter avec efficacité contre les éléments, notamment le froid. C'est dans un chalet en pleine montagne aride qu'il vit Adelmo, dans un recoin sujet aux éboulis de terrain. Tout seul. Enfin plus vraiment maintenant, depuis qu'un chien l'a suivi, au retour d'une de ses pérégrinations bis-annuelles au village le plus proche. du coup il est moins solitaire, et peut même taper un brin de causette. Avec le chien, s'entend. Car il parle, le chien.
Adelmo a en effet ce don, d'entrer en communication avec des êtres ou des choses auxquelles on ne pense pas généralement, vous et moi. La faim, le froid, le sommeil, le chien...
Mais a-t-il encore toute sa tête Adelmo ? L'épicière du village est surprise de le voir deux fois en une semaine, le garde chasse semble douter. La 4eme de couv' aussi : « Adelmo Farandola n'a pas le souvenir très lucide ».
Alors inutile de vous dire que quand un pied est retrouvé, jaillissant des débris d'une avalanche, j'ai commencé moi aussi à me poser des questions, au vu de sa réaction.
On me l'a fait pas comme ça, à moi ^^

Voilà un court roman qui vire au mauvais rêve glauque et lancinant, une histoire frémissante comme une légende de vallée qu'on se raconterait d'un ermite, mais vécue de l'intérieur. Malgré les grands espaces enneigés alentour, l'atmosphère devient claustro, à rester en compagnie de cet Adelmo qui aime à s'encloîtrer, et dont la tête n'est plus très sûre :
« Adelmo Farandola ignore s'il a vraiment retrouvé le souvenir de cet événement dans le grand désordre de sa tête, s'il se l'est remodelé sur la base des ruminations des derniers jours, s'il a mêlé un de ses rêves avec le souvenir d'un événement réel ou s'il est encore en train de rêver – un long rêve exaspérant et pénible, qui le mettra de mauvaise humeur toute la matinée, même quand il l'aura oublié. »

Venant d'Italie où il a eu un joli prix, c'est la photo de une de ce livre qui m'a tilté en librairie, bien m'en a pris de m'être laissé tenter. En bonus « l'histoire de l'histoire » de l'auteur, une bonne idée de l'éditeur.
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Adelmo Farandola est vieil homme qui vit en ermite dans un misérable chalet perdu dans la montagne. Depuis combien de temps, il ne saurait le dire, mais depuis longtemps en tout cas. Et après tout, pourquoi faudrait-il qu'il s'en souvienne ? Ce qui est sûr, c'est qu'Adelmo gagne en âge mais perd en odorat. Et tant mieux, parce que la couche de crasse sur sa peau lui tient chaud. Et puis cette puanteur ne dérange pas son chien. D'où sort-il, d'ailleurs, ce vieux clébard tout pelé ? Adelmo ne sait plus. Peut-être est-il avec lui depuis une semaine, ou depuis des années. Et après tout, pourquoi devrait-il s'en souvenir ?

Adelmo gagne en âge, et ce qui est sûr, c'est qu'il perd en mémoire. Il ne se rappelle pas qu'il est déjà descendu hier (ou était-ce la semaine dernière?) au village pour s'approvisionner pour l'hiver. Mais après tout, est-ce si important ? Ca lui fera juste quelques saucissons et bouteilles de rouge en plus pour passer l'hibernation. Parce que, à ces hauteurs-là, l'hiver est long et rude, et ensevelit le chalet sous des tonnes de neige.

Mais le printemps est là, enfin, et avec lui la fonte de la neige, et avec elle un pied humain qui surgit des restes d'une avalanche. A qui appartient-il, y a-t-il un corps entier au bout, est-ce juste un membre désarticulé ? Adelmo se souvient des événements de l'an passé, il croit se souvenir, il n'est sûr de rien, sa mémoire est un brouillard...

"Le chien, la neige, un pied" est une de ces histoires étranges qu'on raconte au coin du feu, une légende de la montagne vaguement inquiétante, captivante, parce qu'on ne sait plus trop quelle en est la part de vérité. Ce court roman est un conte cruel et fascinant, un brin cocasse et teinté de fantastique, sur la solitude, la vieillesse et une guerre ancienne. Et on ne saura pas, au final, laquelle des trois aura causé la perte d'Adelmo...
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«  Faim,, Froid et Sommeil s'asseyaient devant lui dans de sombres haillons » .
«  La neige a entièrement recouvert la cabane et pèse en silence sur toute chose . »
«  Entre les feuilles de bourrache et les touffes de saxifrages , des myriades d'araignées tissent des nids velus, dont les volutes blanches enlacent l'herbe jusqu'à la cacher ou presque » .
Trois extraits de ce conte cruel , une de ces histoires à donner le frisson que l'on se raconterait tard le soir , à la veillée..

C'est l'histoire d'Adelmo Farandola, un vieil ermite ,lunatique et acariâtre menant une existence revêche dans la montagne,, aux souvenirs flous lorsqu'un chien s'approche ,bavard et pétulant , ermite encore plus perdu que lui, un solitaire auquel l'âge a fait perdre ses repères .
Sa mémoire l'abandonne , il perd son odorat ….
Depuis bien longtemps , il a arrêté de se laver, et il laisse la puanteur former une aura de chaleur autour de lui .
Sur sa peau la sueur s'agrège à la saleté , à la terre portée par le vent et la poussière qui se soulève dans l'étable, aux peaux mortes . Il est devenu brun , couleur de brume et de boue durcies par le soleil .

Il descend rarement au village afin de faire quelques provisions .
De temps en temps, un jeune garde- chasse monte voir si tout se passe bien , pose quelques questions bienveillantes . le chien montre les dents et le vieil homme lui jette des pierres.

L'hiver coupe les chemins , le chalet est compressé sous des mètres et des mètres de neige , les sons arrivent feutrés .

Lorsque la fonte des neiges survient , le dégel met à jour un pied humain et le récit prend des allures de roman noir ….
Dans l'esprit engourdi d'Adelmo s'insinue une inquiétude croissante ..
N'en disons pas plus .
L'écriture est séduisante , envoûtante , cruelle et poétique, fascinante par son réalisme teinté de fantastique, , la précision de certaines descriptions et situations tissées au petit point .

Le récit , quoique court est très riche , entre passé et présent , complexe et nébuleux, ,juste comme il faut.
Un conte cruel, parfois cocasse , une légende de la montagne vaguement inquiétante , captivante , la zone grise entre deux mondes .
Une exploration très singulière des atmosphères de l'étrange , originale , une sorte de réalisme magique à l'italienne !
Merci à mon libraire !
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Le chien, la neige, un pied. Tout m'a attirée dans ce livre et tout m'a plu. le chien est bien celui de la couverture, la neige a beaucoup de choses à transfigurer et que dire du pied... Nous saurons le chausser mais il faudra attendre la fonte des neiges pour restituer à chacun son vrai visage et d'antan le paysage.
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Adelmo Farandola vit seul dans la montagne au dessus d'un village où il se rend parfois pour y faire ses courses. Il se réchauffe avec sa crasse, l'hygiène n'étant pas son fort. Des problèmes de mémoire. Des mois sans parler, ce qui va changer un peu lorsqu'un chien l'adoptera et qu'enfin ils se parleront. L'hiver est long, la faim tenaille.Ne vous approcher pas trop près de chez lui, sinon gare aux jets de pierres. Un court roman assez curieux sur la solitude et la marginalité. L'auteur, à la fin, décrit comment lui est venue l'inspiration de cet écrit.
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critiques presse (1)
Telerama
26 avril 2017
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Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Ici, à mi-côte, l'automne teint les mélèzes d'un jaune fané. Ce n'est pas l'automne pétulant et effronté du fond de la vallée, la palette outrancière des vignes et des forêts d'aulnes et de châtaigniers.
Ici, les feuilles meurent tout de suite, elles sèchent sur les branches avant même de tomber.

Autrefois, Adelmo Farandola se rendait plus souvent au village, pour écouter la fanfare les jours de fête religieuse. Il se cachait derrière les murs des maisons, et laisser la rumeur de la fanfare l'atteindre, confuse.
Mais il avait arrêté de le faire parce que quelqu'un l'avait vu, était venu vers lui, la main tendue pour lui serrer la sienne, et avait essayé d'échanger deux mots.
À présent, il lui arrive de descendre jusqu'au milieu du bois de hêtres et d'écouter la fanfare de là-haut, bien protégé par les feuilles et les troncs.
La musique monte, indistincte, un brouillamini d'échos de grosse caisse, de tubas et de son aigus de clarinette qui oscillent dans le vent. Mais ça lui suffit, et parfois il lui arrive de reconnaître une mélodie et il lui vient même l'envie de la fredonner, alors il le fait, tout bas, parce qu'il ne voudrait pas être découvert par quelqu'un qui passe par là, prêt à venir vers lui et à serrer la main et à ne plus lâcher et à lui demander des choses qu'il ne sait pas, ne se rappelle pas ou ne veut pas savoir ou ne veut pas dire.

Cependant, au bout de quelques minutes, la fanfare lui donne la nausée.
Ils lui paraissent trop nombreux, trop entassés, trop bruyants, trop joyeux.
Alors, il crache par terre, se tourne, reprend la côte vers chez lui en se disant que cette fanfare joue vraiment mal, que les habitants du village sont tous des imbéciles et que la musique ne sert à rien.
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L'odeur de terre et de putréfaction qui accompagne le dégel devient si forte qu'elle les tient réveillés tous les deux, chien et homme.
La neige se retire, elle expose à l'air, les bêtes emportées par les avalanches ou surprises par la mort, de froid ou de faim. Elle les laisse tiédir au vague soleil printanier, et les vapeurs savoureuses qui s'élèvent en volutes de ces carcasses, attirent les premières nuées d'insectes. Ces derniers arrivent en vrombissant et se posent pour lécher et sucer les membres fumants des carcasses.
Les oiseaux arrivent ensuite, disposés à manger n'importe quoi pour échapper à la faim, puis les premiers carnivores, que l'odeur est venue réveiller dans leurs tanières, les renards, les belettes. Ils trottinent jusqu'aux carcasses, les reniflent longuement, ravis, et s'accordent une dégustation.
Ils en font découvrir le goût à leurs derniers-nés. À leurs aînés que l'hiver à épargnés, ils laissent choisir les morceaux.
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L’homme ne sent plus rien depuis un moment. Depuis qu’il a arrêté de se laver il est anesthésié à ses propres odeurs, et les pets qu’il lance la nuit sous les couvertures ne sont que de chaudes caresses, qu’il cultive avec une alimentation adéquate.
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Le feu met longtemps avant de crépiter dans le poêle noirci amis, alimenté par le papier de vieilles revues humides, des brindilles et de l'alcool, il finit par prendre, et les flammes s'élèvent. C'est un feu qui n'éclaire pas et, pendant un moment, il n'est qu'une évocation de la chaleur. Au bout d'une demi-heure, quand dehors la nuit est tombée et que le froid est devenu insupportable, une chaleur définie commence à émaner du poêle. (p. 19)
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«  Pendant des générations, les hommes ont essayé de préserver des coins d’herbe dans cette cuvette ingrate , un peu de renoncules et de soldanelles , de primevères et de pulsatilles , de légumineuses et de graminées pour quelques vaches .
C’étaient des générations que la pauvreté et l’étroitesse des horizons rendaient obstinées . »
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Vidéo de Claudio Morandini
A l'occasion de Lire en Poche 2021, Claudio Morandini vous présente son ouvrage "Les Oscillants" aux éditions Anacharsis.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2541008/claudio-morandini-les-oscillants
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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