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EAN : 9791092011746
192 pages
Anacharsis (01/03/2019)
3.56/5   26 notes
Résumé :
Dans un pays de montagnes, les habitants des villages jumeaux de Sostigno (en bas) et Testagno (en haut) sont confrontés à un phénomène étrange : les pierres, rocs, cailloux, gravillons et autres galets de rivière se meuvent de par une volonté qui leur semble propre. Non sans malice parfois, ou suivant la logique énigmatique d’un aléatoire complet, les mouvements et apparitions inopinées des pierres ont chamboulé de fond en comble le monde des villageois.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les Pierres de Claudio Morandini est un récit hors du temps, un conte où la narration est une force véritable, happant le lecteur dans une électrisation des sens, une chute vers un horizon lointain d'une histoire fantastique. Claudio Morandini est un auteur italien, peu connu en France, seulement deux romans traduits, le premier le chien, la neige, un pied aux Éditeur l'Anacharsis en 2017 et ce dernier Les Pierres en 2019, ces deux romans ont en commun cette montage, et surtout cette écriture de l'étrange.
Le narrateur de cette fable sous les mots de Claudio Morandini résume à jamais ce roman par cette phrase ;
« Bon, voilà, j'ai appris une chose de la maitresse : le goût pour les histoires racontées avec soin, sans se presser, et sans vouloir quelque chose à tout prix. »
Narrer comme une fable au coin du feu sous une nuit étoilée, un conte orale aspirant le lecteur dans les méandres de son passé, devenant l'enfant ensorcelé par les paroles du conteur d'histoire, l'intrigue s'invite avec cette magie enfantine et envoutante, emprisonnant le temps dans une distorsion fantastique, une bulle figeant ces deux villages dans une absurdité inexplicable.
Un village double, l'un dans la vallée, l'autre dans les alpages pour la transhumance, Sostigno et Testagno, une bourgade tranquille, loin de tout, isolé de la ville et de la modernité, les habitants vivent aux rythmes de la nature, les traditions et les vieilles histoires sont le lot quotidien de ces villageois. Ce lieu devient le théâtre malicieux de phénomène extranaturel où les pierres sont des électrons libres gravitant de mouvances, petit à petit les rumeurs se murmurent de bouche à oreille, les petites histoires passées refont surfaces, le narrateur s'amusent de ces anecdotes pour parfaire cette fable ancienne, entre rire et étrangeté, comme une légende accrochée dans les vestiges du passé.
Au-delà de l'histoire de ce roman, Claudio Morandini perce le malaise de la campagne, de cette ruralité en berne d'une société urbaine, dévoreuse d'âmes.
« C'est le drame de la montagne. La vie est rude, les gens partent à la ville, les jeunes n'ont pas envie de passer leur vie derrière les bêtes, ils préfèrent un diplôme. C'est pareil partout. Vous avez vu un peu tous les villages abandonnés, en ce moment ? »
De cette petite satire amusante, se cache une dualité sourde, la modernité de notre époque face à une vie simple, comme celle de ce village, en proie à ces phénomènes. Aux doutes de ces villageois, s'invitent les curieux de toutes sortes, comme peu le dire le narrateur, nous en parlerons plus tard, attisant encore plus la curiosité de cette trouble intrigue villageoise. Les phénomènes dans cette vallée sont courants, comme le lit de la rivière se déplaçant au gré de son humeur, capricieuse. Les Pierres ont une existence curieuses dans cette vallée, hantant la maison d'un couple de citadin ayant choisi de vivre leur retraite dans ce paisible village, déclenchant des avalanches, tuant un troupeau de vaches, un jeune garçon incrédule du nom de Ruggero, grossissantes, étant présentes dans cette région comme des êtres vivants, les enfants jouant à des courses de Pierres s'étalant sur plusieurs décennies, ces pierres avançant doucement pour franchir la ligne d'arrivée seules, ces enfants devenus adultes, oubliant cette course surnaturelle.
L'être humain, derrière ses Pierres mystérieuses est à travers Claudio Morandini une étude de moeurs de ce peuple rurale perdue dans un interstice, entre ce prêtre Don Danilo égaré dans les strates d'une religion chrétienne manichéenne, entre l'éden et l'enfer, les forces du mal étant ces Pierres oeuvre d'un couple, les Saponara, lors de son sermon les fustigeant en place public comme des parias, comme quelques années au pare avant, citant les noms de plusieurs couples adultères. Ce couple citadin persécuté par ces pierres s'amassant dans leur salon, devenant de leur passé des personnes différentes, les isolants de ces autochtones, étant et devenant immigrés de cette tribut. Lui, Ettore, aimant regarder par la fenêtre, regarder le temps qui passe, solitaire de cette vie, réfractaire malgré lui de ce mode de vie rurale et petit à petit au fil de leur angoisse, de ces pierres persécutrices, ira vers ces habitants pour rompre ce clivage installé de leur statut sociale et surtout de cette malédiction des pierres, elle, Agnese, une institutrice vieillissante, perdant le goût de l'instruction, au fil des événements, s'enfermant dans un mutisme, dévoilant son infidélité par peur de ces pierres, ce couple partira vivre loin des cailloux, cherchant la tranquillité d'une nature plate sans montagne et autre forme de pierres. Les curieux s'entassent dans cette villa de l'étrange, les sorciers, les scientifiques, les gourous, les illuminés, les sceptiques et tant d'autres.
Dans cette vallée, c'est presque le désert, un petit restaurant et une boutique se battent dans cette pauvreté rurale, la presse locale, deux gazettes antagonistes luttent avec beaucoup d'amusement pour le lecteur, à s'opposer l'une à l'autre, une bataille de cours d'école, surtout lorsque ce petit village est en proie à ce phénomène de pierres dans la Villa des Saponara, il y aura même des soupes de pierres, des pierres décorées, des séjours pour citadins en manque de sensations, mais tout va demeurer à laisser ce village dans sa morosité, les enfants jouant dans la rue, les adultes cultivant, transhumant plusieurs fois par ans à cause des pierres, du torrent, ce petit monde rural, vestige d'un monde perdu, seulement quelque irréductible s'y accroche comme le narrateur, cet enfant devenu adulte, habitant encore ce modeste village de maison de bois, et cette fin ironique du journaliste partant du village en boitant, emportant avec lui du gravier s'étant glissé dans ses chaussures.

Comme pour prolonger l'intrique au-delà de l'imagination du lecteur, l'Apostille de Claudio Morandini invite le lecteur à une curiosité maladive, et, surtout à s'interroger sur ce petite village. Les pierres est un roman fantastique à la satire féroce, une belle lecture savoureuse.
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Des chroniques sur des villages de montagne, j'en ai lu un bon nombre et, si l'univers de la montagne se prête bien à celui du mystère, du divin, du surnaturel, voire du fantastique, grande déception pour moi à la lecture rapide (pour aller plus vite que les pierres) de cette histoire racontée en de courts chapitres tous plus lassants les uns que les autres.

Alors, les pierres bougent en montagne? Qui l'ignore? Mais dans ce village, elles entrent dans une maison, au grand dam du couple qui l'habite. Seulement, de cet événement mystérieux, qui va s'amplifier au fil du roman, l'auteur développe sans cesse la même ritournelle autour des pierres, émaillée de quelques personnages présumés capables de les dompter : curé, mage, etc. Si bien qu'il finit par ne rien se passer hormis l'empilement des pierres... et des pages.

Je n'ai vraiment pas accroché à cette histoire dans laquelle le fantastique rivalise avec l'absurde, et même avec la réalité des jeux de gamins, sans provoquer le moindre frisson, ni la moindre empathie à l'égard des protagonistes.

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AUTEUR : MORANDINI CLAUDIO TRADUCTION DE L'ITALIEN LAURA BIGNON
TITRE : LES PIERRES
EDITEUR : ANACHARSIS - TOULOUSE-
MARS 2019 -
ISBN –9791092011746

AUTEUR
Claudio Morandini est né en 1960 à Aoste. Il est enseignant en lettre « Les Pierres » est son deuxième roman traduit. L'histoire tire son origine dans des faits qui se seraient produit en 1908.

GENRE : ROMAN ADULTE FANTASTIQUE

RESUME :
Deux villages de montagne italiens où les habitants alternent en fonction des transhumances sont confrontés à un phénomène étrange. Ettore et Agnese Saponara, couple d'enseignant venu de la ville ont soudain dans leur belle villa, si différente des maisons du village, des pierres qui apparaissent. Bientôt les deux villages sont confrontés en entier à cette manifestations étrange. Des experts, le curé, des guérisseurs, des magnétiseurs, accompagnés des médias vont tenter d'apporter une réponse et une solution pour stopper cette invasion curieuse. Mais la rivière n'avait elle pas déjà des caprices, se déplaçant aux grés des crus saisonnières ?
AVIS CRITIQUE
Roman décalé, « Les pierres » présente un phénomène incompréhensible et magique. le style est facile à lire. le narrateur est un enfant du village qui a connu le début de cette invasion. Il rapporte ce qu'il a vu et ce que les villageois ont vu et raconté avec leur perception propre.
De fait, même les moments dramatiques sont traités de façon humoristique. Les personnages sont présentés dans un style caricatural à partir de leurs travers. Cette chronique paysanne est plaisante à lire et on savoure les portraits de la populations rurales.
J'ai aimé l'humour et la description des personnages. le curé notamment. Cela se lit très vite et avec plaisir. On sourit face aux péripéties des protagonistes.
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Chroniques villageoises mais d'un village très spécial, je devrais dire de deux villages, Sostigno le village du bas et Testagno, celui du haut. Nous sommes dans les Alpes italiennes et les villageois sont très attachés à leur particularité « Comment ils font ceux qui vivent en plaine, pour vivre en plaine ? » Bref, un village au bout du monde, isolé, où rien ne semble évoluer, un monde rural, pastoral, quasi immobile et normal
Plusieurs décennies auparavant, le village du haut n'était habité qu'en été, lorsque le troupeau montait à l'alpage. C'était alors la fête. « Aujourd'hui, on les envie, nos anciens. Il y a un demi-siècle encore, ils allaient et venaient une seule fois par an entre Sostigno, le village dans la vallée, et Testagno, le village sur les hauteurs, et ils passaient l'été là-haut, parmi les pâturages. »
Depuis plusieurs années, les pierres, rochers, galets bougent, à leurs rythmes, provoquant des dégâts mineurs ou des catastrophes, elles semblent vivre leur propre vie. Les villageois organisent même des concours de vitesse. Croyez-moi, vu la lenteur de déplacement des galets, cela peut durer plusieurs mois ! « Nous, des pierres, on en trouve partout, dans nos potagers, dans nos prés, dans nos chaussures et même dans nos maisons ». Les géologues le disent tous « sous son allure imposante, c'est une montagne faible, ses roches toute d'écailles cachent une fragilité terrible ».
Des histoires, il y en a et les villageois aiment à les raconter, dont celle de la maison des Saporana qui en a vu défiler du monde pour voir le mystère des pierres qui déboulent dans le salon avec force et fracas ! de l'ingénieur au charlatan en passant par le curé, Don Danilo qui n'a pas eu le temps de dégainer l'aspersoir que les pierres frappeuses ont frappé. Ces pages sur les charlatans sont un véritable délice de drôlerie. L'acmé du drame est la mort des troupeaux réfugiés, avec les habitants, à Testagno.
Métaphores sur l'étranger, sur l'invasion, sur la fin des petits villages de montagne, peut-être sur les effets du réchauffement climatique, bien qu'il n'en soit jamais question ouvertement

Le plus de ce livre est l'écriture de Claudio Morandini, son humour, la pétillance qu'il met à raconter cette histoire, merci à la traductrice Laura Bignon, et, par là, mon plaisir de lectrice. Outre les visites des charlatans, il y a la « lapidation » du curé, la bataille des journaux, le journaliste phraseur qui veut son scoop et son explication sanglante… de temps à autre, l'auteur interpelle le lecteur, comme pour être certain de bien retenir son attention. Un livre surréaliste décrit avec un réalisme délicieux.
Un plaisir de bonne lecture, partagée entre le besoin de continuer ma lecture et celui d'en garder pour plus tard (comme une gamine) et retrouver le plaisir.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un village de montagne sans histoire jusqu'au jour où les pierres envahissent la localité et semblent douées de leur propre volonté. Un couple d'enseignants est particulièrement visé. Choses vues à travers les yeux d'une enfant, oscillant étrangement d'un langage narratif classique à quelque chose de plus enfantin. L'effritement de la montagne et celui de la communauté villageoise (bien décrite) condamnée à multiplier ses va et vient de haut en bas et condamnée à subir l'imprévu apparaissent plus métaphoriques que réellement fantastiques.
Ce livre se prêterait à une adaptation en cinéma animation, de préférence non réaliste (stylisé en papiers découpés)
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Saponara se perdit à nouveau, pensant à combien il serait beau de vivre seul dans une forêt, dans un ermitage ignoré de tous, et de se nourrir de baies et de quelques bêtes qu'il aurait élevées, et de s'ensauvager dans l'ombre pérenne, dans le silence de la sylve, dans l'éternel chapelets de jours, mois et saisons monotones, à l'instar de certains vieillards solitaires de ces vallées qui quittaient la civilisation et désapprenaient à parler.
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Dehors, le temps se gâtait, et les longues ombres des nuages traversaient le vallon, poussées par le vent comme un troupeau; les montagnes étaient déjà obscures et l'air résonnait de cet écho lointain qui précède parfois l'averse.
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Vous autres de la ville, dire qu'il n'y a plus de saisons ça vous suffit, vous croyez qu'avec ça vous vous êtes remué les méninges. (...) Mais c'est facile, trop facile. Nous autres, on a toujours vécu au rythme des saisons, et on s'est aperçus que ce n'est pas qu'il n'y a plus de saisons : au contraire, il y en a trop, entassées les unes aux autres, elles se relaient à toute allure, comme si c'était des mois ou des semaines. (...) Il y a trop de saisons, c'est ça le problème, trop de saisons toutes mélangées.
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Pourtant, des vallées comme comme ça, il y en a par ici, des vallées solides que même les avalanches les plus terribles ne font pas bouger, que les torrents en crue rincent à peine et où les arbres ont l'air d'être en pierre eux aussi, leurs racines plantées dans le granit ne laissent pas une motte de terre glisser, ils retiennent tout, même le superflu, tous les débris moisis des forêts, comme s'ils s'en faisaient un point d'honneur.
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Il fut alors saisi d'une envie d'escapade à la mer, au chaud, d'une envie de sommeiller à demi nu sur une plage, sur une quantité infinie de sable, en l'absence du moindre souffle de vent, et même de lire un livre sot, ou de se tacher avec une glace, de toute façon, à la mer, personne ne se connaît.
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Videos de Claudio Morandini (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claudio Morandini
A l'occasion de Lire en Poche 2021, Claudio Morandini vous présente son ouvrage "Les Oscillants" aux éditions Anacharsis.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2541008/claudio-morandini-les-oscillants
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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