Claudio Morandini

Une jeune ethnomusicologue vient dans un village pour étudier de mystérieux chants de bergers. Elle décrit très bien l'atmosphère d'un petit village avec ses habitants haut en couleur. Elle apprendra qu'une haine inexpliquée et inexplicable les sépare d'un autre village où, contrairement à eux ils sont gais et de bonne humeur. Elle se liera d'amitié avec une simplette qui lui fera découvrir une partie du mystère de ces chants. Elle émaille son récit de quelques traits d'humour en racontant comment le maire l'invite à être conférencière mais elle ne dit pas un mot car le farfelu maire monopolise la parole.

Une nouvelle fois, la solitude est au centre de ce roman. Adelmo Farandola vit retiré dans la montagne italienne dans un chalet. Il vit seul tel un ermite, reclus à la mémoire vacillante. Il n’aime pas la compagnie des hommes. Il croise parfois le garde-chasse. Et quand vient l’été Il se réfugie dans une cabane, plus haut dans la montagne pour ne pas être dérangé par les randonneurs. Il n’aime pas parler, il est bourru. Son univers, se nourrir, ranimer le feu dans la cheminée, veiller à ce que ses vivres tiennent l’hiver. Passé et présent se confondent .

Puis un jour, il y a ce chien qui surgit, d’où vient-il ? Adelmo ne l’accepte pas tout de suite. Le chien passera de nombreuses nuits à sa porte. Peu à peu, il deviendra le seul ami de l’homme, Adelmo lui parlera. Les mois défilent.

Un jour, au printemps, le dégel est là, la nature reprend vie. Adelmo découvre un pied , un pied humain. Adelmo fouille sa mémoire, il ne se souvient pas. Qui a déposé ce pied ?

L’auteur nous livre un conte cruel, suscitant de nombreuses réflexions: la montagne, la solitude et autres folies.

En lisant, j’ai pensé à un autre auteur italien : Dino Buzatti.


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En pleine montagne, un vieil homme à moitié fou vit seul, flanqué d'un chien crasseux. Est-ce la solitude qui l'a mené à la folie, ou l'inverse ? Nous ne le saurons pas, pas plus que nous ne connaitrons jamais la réalité avec certitude. Car le lecteur n'a pour ainsi dire que le point de vue du vieux, dont les souvenirs sont épars et incertains. La réalité, les rêves et les souvenirs se mêlent en un tout fluctuant dont le lecteur devra bien se contenter. Si le chien, les corbeaux et même le cadavre parlent, est-ce parce que le roman flirte avec le conte, ou une simple hallucination du vieil homme ? Malgré le sujet, le récit n'est pas dénué d'humour, et il y a beaucoup de poésie dans l'écriture. En isolant le vieil homme et le chien durant de longues semaines, la nature, à laquelle le roman fait la part belle, les oblige à se révéler sans fard.

J'aimerais pouvoir écrire que j'ai aimé ce livre, car l'auteur m'a d'emblée paru sympathique, mais mon impression reste très mitigée. le sujet est assez simple : une jeune universitaire en ethnomusicologie part dans un village reculé étudier de mystérieux chants dont elle garde un souvenir remontant à son enfance.

Les villageois de Crottarda vivent sur le versant d'ombre d'une vallée, dans une obscurité et une humidité permanente. L'ambiance du roman tourne rapidement autour des enjeux de haine et d'envie entre Crottarda et Autelor, le village situé sur le versant ensoleillé de la vallée, les uns enviant les autres pour les avantages de leur lumière et de leur ombre respectivement. Ainsi raconté, cela pourrait passer pour une rêverie poétique métaphysique, mais le livre met en scène des villageois frustes et animés des pires instincts et intentions. Il en résulte une sorte de réalisme horrifique qui évoque diverses autres oeuvres montrant les habitants de région reculées sous un jour épouvantable -que j'ai plutôt vues au cinéma que lues, à vrai dire - de Délivrance de Boorman à Braguino de Cogitore, plus récemment. le récit est tourné dans un ton franchement ironique qui laisse apercevoir le plaisir pris par l'auteur à dépeindre ces comportements absurdes. Personnellement, j'ai rapidement trouvé la succession d'anecdotes et de micro-évènements vaguement kafkaïens vécus par l'héroïne assez ennuyeuse. Trop d'ironie et un certain manque de poésie qui laisse ce livre très loin derrière les Saisons de Maurice Pons, dont on trouve ici certains échos. le fond manichéen qui noue la relation entre les deux villages s'avère assez ridicule, ce qui est sans doute voulu mais ne m'a guère passionné. L'opposition entre la citadine universitaire et les ruraux désoeuvrés, dont on suppose qu'elle vise à montrer aussi bien la vanité de l'intellectualisme postmoderne que les égarements de son contraire, n'est pas non plus une thématique d'opposition qui emporte véritablement le lecteur. le dernier tiers du livre, avec son fébrile délire troglodyte, relève un peu l'intérêt, mais sans effacer l'ennui qui transpire dans de nombreuses pages au fil de cette lecture. Je retiens donc de cette lecture, essentiellement, l'atmosphère gentiment étrange et poisseuse, et l'écriture qui dans ses parties non dialoguées réserve quelques belles surprises évocatrices de lieux souterrains et mystérieux. Mais je conseillerai plus volontiers, pour des atmosphères proches, Les saisons de Maurice Pons, et La petite fille qui aimait trop les allumettes, de Gaëtan Soucy, trop tôt disparu.
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