Citations de Clifford D. Simak (329)
Toute la question est là, songea Jenkins. Qu’est-ce que c’est, un arc et une flèche ? Le début de la fin. Le sentier sinueux qui devient la route rugissante vers la guerre. Un jouet, une arme, un triomphe de l’ingénierie humaine.
Il a fallu des millénaires à l’homme pour transformer ses grognements en mots rudimentaires. Autant pour découvrir le feu, avant d’inventer l’arc et la flèche. Puis pour savoir labourer la terre et récolter ses fruits. Et encore autant pour quitter les grottes au profit de maisons bâties de ses mains. Un peu plus de mille ans après avoir appris à parler, on devait se débrouiller seuls – seuls à part Jenkins, bien sûr.
— Nos cerveaux ! Toi et moi, on les utilise enfin à plein. Pour saisir ce qu’on devrait savoir depuis toujours. Les facultés terriennes sont peut-être lentes et brouillées par nature. On est les crétins congénitaux de l’univers, figés au point de devoir tout faire à la dure. »
Mille ans, c'est beaucoup pour une bouteille de bon whisky.
Il y a Mel Adams, le banquier, et Tony Jones, le coiffeur, et le grand Dan Olsen, qui tient le drugstore, et une dizaine d'autres. Je crois que s'ils ont fini par céder, c'est pour pouvoir en parler. C'est pas tout le monde qui peut dire qu'il a un investissement sur la Lune.
Ce sont toujours les types antipathiques qui réussissent, apparemment.
C'était en quelque sorte une pierre divinatrice, très, très ancienne, très précieuse, très significative parce qu'il s'agissait d'un des rares objets que l'on pouvait sans le moindre doute attribuer à une peuplade tout à fait obscure ayant vécu sur une lointaine planète pratiquement inconnue, un peuple qui avait vécu là et s'était éteint ou était parti pour s'établir ailleurs bien avant que les humains ne découvrent cette planète inhabitée et ne s'y installent. (p.106)
De la grosseur d'un poing, l'objet avait la forme d'un oeuf et était encastré d'une dentelle d'or finement ciselée, De minuscules pierreries éclatantes y étaient incrustées. A travers la dentelle, on apercevait l'objet en argent, qui paraissait assez lourd. A l'extrémité du cadre en forme de poire, pendait une grosse chaîne qui semblait être aussi en or, mais n'avait pas le lustre de la dentelle,
Duncan tendit l'objet à Conrad et se pencha à nouveau pour regarder dans la tombe. Dans un coin, il aperçut un crâne grimaçant.
- Puisse Dieu t'apporter le repos, dit-il
Les deux hommes descendirent la colline, en direction de la .grotte
Le besoin de chaque être humain est de se sentir approuvé par ses semblables.
Si vous êtes une personne normalement constituée, vous passez votre temps à semer vos affaires. Vous les perdez, vous ne les retrouvez pas et vous parcourez la maison au pas de charge, hurlant des injures, des questions, des reproches.
C'est comme ça dans toutes les familles. (p.29)
Qu'est-ce qu'un arc et une flèche ?
C'est le commencement de la fin. C'est le sentier tortueux qui mène à la route où résonne le tonnerre de la guerre.
C'est un jeu et une arme tout à la fois et un triomphe de l'ingéniosité humaine.
C'est la première esquisse de la bombe atomique.
Abstraction faite de leur crête, ces créatures nues étaient parfaitement humanoïdes. D'où pouvaient elles venir? Si c'étaient des indigènes, Tupper m'en aurait parlé. Or il m'avait affirmé que les Fleurs étaient les seules habitantes de cette planète.
- Un jour viendra où l'humanité, si elle ne veut pas succomber sous le poids de sa bêtise, devra apprendre à résoudre ses problèmes sans avoir recours à la politique du coup de poing.
(Brad au général Billings)
La route était dégagée, la visibilité excellente. [...]
Ce fut alors que je percutai un obstacle.
On aurait dit que la voiture venait de heurter une barrière élastique. Il n'y eut ni choc, ni collision d'aucune sorte. Je perdais de la vitesse comme si j'avais freiné. Une panne, telle fut ma première pensée, profondément raisonnable. Ce sont les freins, justement, ou le moteur, ou n'importe quoi d'aussi stupide. Je levai le pied. La voiture s'arrêta, puis elle partit à reculons, lentement tout d'abord et de plus en plus vite, comme si l'élasticité du phénomène s'exerçait à présent en sens inverse et me repoussait.
Si j’en crois les témoignages du passé, l’égoïsme et l’absurdité de l’espèce humaine ne se sont jamais démentis au cours de sa longue histoire.
— Au fond, commença Joe, vous êtes des gens très seuls, vous autres humains. Vous n'avez jamais connu votre semblable. Vous ne pouvez pas le connaître parce qu'il vous manque le terrain d'entente commun qui vous permettrait de le comprendre. Vous avez des amis, bien sûr, mais vos amitiés se fondent seulement sur des émotions, jamais sur une compréhension véritable. Vous vous entendez les uns avec les autres, évidemment, mais par tolérance plutôt que par sympathie réelle. Vous arrivez à régler vos problèmes, mais des solutions que vous y apportez il ressort que toujours les plus forts ont raison de l'opposition des plus faibles.
LE PARADIS.
Quand je mourrai, je mourrai et tout le fracas de la gloire, toutes les bannières et toutes les sonneries de trompes ne m'avanceront à rien. Je ne saurai pas si j'ai eu une belle existence ou une vie misérable. […] La préservation de la race, le progrès de la race. Vous n'avez que ces mots-là à la bouche. […] La préservation de la race est un mythe… un mythe que vous avez tous accepté, un sordide produit de votre structure sociale. La race s'achève chaque jour. Quand un homme meurt, la race est finie pour lui : en ce qui le concerne, il n'y a plus de race.
LE RECENSEMENT.
Les mutations humaines n'étaient pas des phénomènes tellement rares. On en connaissait de nombreux exemples, chez des hommes qui occupaient une situation en vue. La plupart des membres du Comité Mondial étaient des mutants, mais les qualités et les facultés que leur avait conférés leur mutation avaient été modifiées par la vie sociale, par l'influence qui, à leur insu, donnait à leurs pensées et à leurs réactions un aspect plus conforme à l'attitude de la majorité.
Il avait toujours existé des mutants, sinon la race n'aurait pas progressé. Mais jusqu'au siècle dernier environ, on ne les avait pas reconnus pour tels. Jusqu'alors, les mutants ne se distinguaient qu'en ce qu'ils devenaient de grands hommes d'affaires, ou de grands savants, ou de grands escrocs. Ou au contraire des excentriques qui ne rencontraient que mépris ou pitié auprès d'une race qui ne tolérait pas qu'on s'éloignât de la norme.
LE RECENSEMENT.
Tandis qu'il préparait ses affaires, la pièce se mit à discuter avec lui, à lui tenir ce langage muet qu'utilisent les objets inanimés familiers pour s'adresser à l'homme.
« Tu ne peux pas y aller, dit la chambre. Tu ne peux pas t'en aller comme ça et me laisser. »
[…] Il allait devoir partir, et pourtant il s'en sentait incapable. Mais quand l'appareil serait là, quand le moment serait venu, il savait qu'il sortirait de la maison et s'embarquerait.
Il tendit son esprit dans cette direction, s'efforçant de chasser toute autre pensée que celle de son départ.
Mais les objets qui se trouvaient dans la pièce s'imposaient à son cerveau, comme s'ils avaient tous participé à une conspiration destinée à le retenir. […]
Il les contempla, d'abord malgré lui, puis avec un intérêt passionné, laissant leur image envahir son cerveau. Il les voyait comme les divers éléments d'une pièce qu'il considérait depuis des années comme un tout fini, sans jamais se rendre compte de la multitude d'objets qui entraient dans la composition de ce tout.
LA TANIÈRE.
— Je suis venu pour essayer de vous faire comprendre que vous avez tort de brûler ces maisons. Même si vous ne vous en rendez pas compte, les maisons sont des foyers de gens qui n'en ont pas d'autre. Des gens qui sont venus chercher refuge dans cette cité, et qui l'ont trouvé parmi nous. Dans une certaine mesure, nous sommes responsables d'eux.
— Absolument pas, gronda le maire. Tout ce qui leur arrive, c'est tant pis pour eux. Nous ne leur avons pas demandé de venir. Nous n'en voulons pas ici. Ils ne contribuent en rien au bien de la communauté. Vous allez me dire qu'ils sont des inadaptés. Eh bien ! qu'est-ce que j'y peux ? Vous allez me dire qu'ils ne peuvent pas trouver de travail. Et je vous répondrai qu'ils en trouveraient s'ils en cherchaient. Ce n'est pas le travail qui manque ; il y en a toujours. On leur a bourré le crâne de ces histoires de monde nouveau et ils s'imaginent que c'est à quelqu'un d'autre de trouver la place et le travail qui leur conviennent.
LA CITÉ.